Inflation : quel risque pour votre patrimoine ?

La croissance économique que nous vivons actuellement est accompagnée d’une donnée oubliée depuis presque 20 ans : l’inflation. À quels risques est exposé votre patrimoine et comment pouvez-vous l’en protéger ?

En 2021, deux écoles « s’affrontaient » quant à la durée de l’inflation que nous voyions naître. Certains analystes la considéraient comme temporaire tandis que d’autres apercevaient les prémisses d’un cycle haussier des prix des matières premières.

La première école l’expliquait par les dégâts du covid : les fermetures d’usines et les ruptures des chaînes d’approvisionnement entraînaient une inflation transitoire. Lorsque la situation reviendra à la normale, l’inflation cessera.

La seconde école voit naître depuis une année un cycle haussier des prix des matières premières. En ce début d’année 2022, nombreux sont ceux qui se rangent à l’avis d’une inflation longue qui perdurera au-delà de 2022 et de 2023. Le dernier « super cycle haussier » des matières premières a pris fin en 2008 avec la crise des subprimes, mais la croissance des prix durant cette période (1990 – 2008) était restée faible en Suisse. À la différence de cette époque, l’inflation que nous percevons aujourd’hui ressemble bien plus aux flambées des années 70.

Une (très) brève explication de l’inflation

0.6%. C’est l’inflation officielle pour le mois de mars 2022. Oui, vous avez bien lu. Votre plein d’essence vous a coûté plus de 30% plus cher qu’en février, mais l’Office fédéral de la statistique vous le dit : + 0.6% d’inflation en mars 2022. Étant donné que le prix du pétrole pèse sur toutes les autres matières premières, je doute un peu. Retenez toutefois que même si ce chiffre est juste, cela nous donne plus de 7% d’inflation en rythme annuel ! Pas observé depuis les années 70.

Évidemment, la « vraie inflation » (celle que vous subissez en faisant vos courses, en remplissant votre citerne de mazout ou le réservoir de votre voiture…) reste une donnée sensible pour les milieux économiques et politiques. Les premiers ne veulent pas augmenter les salaires tandis que les seconds ne veulent pas être accusés de l’envolée des prix.

Inflation et impression d’argent

Expliquer brièvement d’où vient l’inflation n’est pas une chose aisée, car de nombreux facteurs influent sur cette dernière. L’inflation se situe dans la différence de valeur entre la création monétaire et la croissance économique anticipée (vente des biens et services produits).

Pour illustrer mon propos, vous trouvez ci-dessus le graphique du bilan de la banque fédérale américaine. Nous pouvons observer trois grandes périodes de création monétaire : 2008-2009, 2014-2015 et enfin 2020 pour le coronavirus. Notez deux choses : l’expansion du bilan de la FED en 2020 a représenté en valeur absolue trois fois plus qu’en 2008 et la phase 2008 – 2019 n’a pas généré d’inflation démesurée.

Vous trouvez ci-dessous le bilan de la Banque Nationale suisse qui suit la même tendance.

Ces liquidités se sont en partie transformées en épargne pour les ménages, qui disposent ainsi de plus d’argent pour une quantité de biens et services restés peu ou prou la même (voir moins pendant les fermetures d’usines). Et comme le prix des biens et des services finit toujours par rattraper la monnaie créée, nous assistons à la hausse générale des prix.

Qu’en pense le gourou des matières premières Jim Rogers ?

Jim Rogers explique également l’augmentation des prix par la création monétaire de 2020 :

“I have been saying we should buy commodities for the last few months and even longer because we had seen a lot of money printing. Whenever there is money printing, prices go higher and especially if there is a war. I do not like making money from war but I would rather make money than lose it and I am going to own commodities when the war stops as well because there is going to be more inflation and more rise in commodity prices.”

Nous payons le prix de la sauvegarde de l’économie en 2020. Additionnée d’une croissance hors norme, que même la crise en Ukraine ne paraît pas éroder, l’inflation semble s’installer pour durer.

Comment prendre en compte l’inflation dans votre patrimoine ?

Vous ne souhaitez pas investir ? Et vous privilégiez votre compte bancaire ou votre compte épargne ? Sachez qu’entre l’an 2000 et jusqu’à la fin 2020, vous perdiez « officiellement » 0,4% par année. En ajoutant à cela les frais de tenue de compte, les intérêts négatifs et les impôts… vous perdiez 2% l’an !

Sur une année ou deux, renoncer à 2% l’an est peut-être acceptable, mais sur 20 ans, cela représente 40% de pouvoir d’achat envolé. Entre l’an 2000 et l’an 2022, un billet de 100.- francs s’est transformé en un billet de 60.- francs !

Le cas d’une personne âgée de 65 ans

Prenons une vision un peu plus longue. Si vous avez 65 ans aujourd’hui, vous avez subi dans la période qui vous sépare de votre premier travail dans les années 1980, une hausse des prix de 100%. Votre épargne « cash » vaut donc la moitié de ce qu’elle valait en 1980, 40 ans plus tôt. Et encore une fois, nous parlons de l’inflation officielle…

Vous devez ajouter à l’inflation les impôts et, depuis six ou sept ans, les intérêts négatifs éventuels. Ces éléments ont encore aggravé le maintien du pouvoir d’achat dans le temps.

Cela me permet d’affirmer qu’une épargne ou un patrimoine qui ne croit pas d’environ 2% par an perd irrémédiablement de la valeur à long terme.

Croissance économique et inflation au XXe siècle ?

Je l’écrivais précédemment, nous vivons une croissance économique forte. La première période qui me vient en tête lorsque l’on évoque croissance plus inflation est « les trente glorieuses ». Cette période s’est étendue de 1945 à 1975. Durant ces 30 années, l’inflation a quasiment atteint les 150% soit environ 1.20% l’an en Suisse (officiellement s’entend).

L’inflation observée comme la plus forte au XXe siècle (en dehors des deux guerres mondiales) se trouve dans la décennie qui s’étend de 1970 à 1979. Avec les ruptures d’approvisionnement en pétrole (ça vous rappelle quelque chose ?), le franc suisse a perdu en 10 ans 50% de son pouvoir d’achat. Cela revient à réaliser un rendement négatif de 4% l’an pendant 10 ans. Vous trouverez même des pics à 8.8% en 1973 ou à 9.9% en 1974.

Si l’on en croit la Banque Nationale, les banques rémunéraient, ce qui pourrait paraître comme généreux aujourd’hui, l’épargne de ses clients jusqu’à 5.22% pour l’année 1974. Cet intérêt compensait 50% à 80% de l’inflation selon l’année. Sur 10 ans, la part non couverte par le rendement de l’épargne revenait toutefois au même que pour la période des trente glorieuses soit un peu plus de 1% l’an.

Rendement annuel minimum de votre patrimoine : 2% !

En y ajoutant les impôts et les frais divers, nous revenons toujours à ces 2% perdus chaque année. La différence majeure avec les années 1970 vient des intérêts négatifs qui alourdissent la facture.

Nous vivons pourtant dans l’un des pays qui conservent le mieux sa monnaie. En comparaison, l’inflation française s’est élevée à 169% sur la période 1970-1980.

Nous l’avons vu, une épargne non rémunérée, c’est-à-dire dormant sur un compte simple ou sous l’oreiller, perd en moyenne 2% par année avec des pics pouvant atteindre les 10%. Placer la majeure partie de ses avoirs consiste au moins à contrer cette baisse de pouvoir d’achat à long terme.

Nous aborderons dans un prochain article les solutions qui existent pour se protéger de l’inflation.

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la finance, l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.

Patrimoine : maximiser vos rendements

Voilà une question qui vous intéresse sans doute. Comment maximiser vos rendements ? Cette question va souvent de pair avec la recherche de sécurité. Pour beaucoup de personnes, on ne peut obtenir de rendements élevés sans prendre un minimum de risques. La finance nous vend d’ailleurs les placements dans ce sens. Voyons si tout cela est vrai et comment optimiser vos rendements.

La diversification

Il va de soi que pour ne pas perdre vos économies, vous devez diversifier votre portefeuille. Si vous n’achetez qu’une seule entreprise (un titre), vous maximisez votre risque de perte en cas de faillite de ladite entreprise. Et si en plus vous choisissez une startup plutôt qu’une société bien établie telle que Coca-Cola, ABB ou Michelin c’est sûr que vous risquez de vous planter.

La diversification est l’un des éléments les plus reconnus et les plus faciles à comprendre pour réduire les risques de perte dans son portefeuille.

Mais attention, la diversification a ses limites.

D’abord, vous ne pourrez diversifier au sein d’une même classe d’actif le risque dit « de marché ». Pour l’écrire simplement : si vous n’êtes investi qu’en actions, et sauf à entreprendre une démarche de protection de votre portefeuille, vous ne pourrez pas vous prémunir contre la baisse générale du marché (comme en mars 2020, en 2008 et en 1929, par exemple, où les cours des bons grains suivaient presque la même pente que l’ivraie).

Ensuite, vous trouvez une limite mathématique à la diversification d’actifs. Avec 2 titres en portefeuille vous diminuez votre risque de 46% et avec 4 positions, vous aurez décru votre risque de 72%. Vous atteindrez les 93% de risque éliminé dès 16 entreprises et au-delà d’une trentaine d’entreprises, vous ne diversifierez plus grand-chose puisque vous réduirez le risque de 96%…

Enfin, et pour citer Warren Buffett, vous devriez connaître vos investissements : « la diversification est une protection contre l’ignorance ». Votre conseiller financier doit vous aider à choisir des placements que vous comprenez.

Trop c’est trop

En adoptant une trop grande diversification, vous réaliserez le rendement du marché ou de « Madame et monsieur tout le monde ». Un minimum de concentration apparaît donc comme bienvenu afin de distinguer votre rendement de celui du voisin.

Au-delà de la quantité d’entreprises investies, vous pouvez diversifier la géographie de vos placements (bien que la corrélation soit élevée entre les marchés actions mondiaux) et les secteurs d’activités de vos entreprises par exemple.

Une diversification à l’échelle de votre patrimoine (et pas forcément votre portefeuille uniquement), consiste à introduire des éléments décorrélés les uns des autres. Vous pourriez par exemple détenir des fonds de matières premières, des métaux précieux, des obligations ou encore de l’immobilier.

Définir le bon horizon de temps

La prudence impose de conserver une réserve de sécurité en liquide (liquidités, comptes courants et épargnes) afin de faire face aux imprévus. Vous pouvez tabler selon votre situation sur deux à six mois de revenus ou de dépenses nets de charges sociales, d’impôts et d’épargne.

Une fois cette réserve définie et obtenue, vous pourrez sereinement allouer votre épargne mensuelle et votre fortune à l’atteinte de vos objectifs personnels.

L’horizon de temps est primordial ici. Plus vous avez du temps devant vous, plus vous augmentez vos possibilités d’atteindre des rendements élevés et moins vous prenez de risque.

La banque Pictet met à jour chaque année une étude très intéressante sur le rendement et sur le risque des actions suisses vis-à-vis de la période de détention.

« … un investisseur disposant d’un horizon de placement à 10 ans n’aurait enregistré une performance négative que si l’investissement initial avait été effectué durant trois périodes, toutes liées à la crise de 1929. Aucun investisseur ayant investi dans des actions suisses sur une durée de 13 ans n’aurait accusé de perte sur son investissement initial depuis 1926. »

Ce propos est illustré dans le tableau ci-dessous. Sur 87 périodes de 10 ans observées, seules 3 affichent un rendement négatif.

Pour conclure ce chapitre, retenez que vous ne devriez pas investir les fonds nécessaires à l’atteinte d’objectifs de court terme. Bien que cette notion dépende de chacun, moins de trois ou quatre années m’apparaissent comme une bonne définition du court terme.

Profiter de la volatilité

Il me reste un élément à discuter : la volatilité. La finance moderne cherche à réduire au maximum cette dernière, qui permet pourtant de générer du rendement à long terme. Sans volatilité (i.e. 0%), pas de rendement. Pour faire simple, ce sont les mouvements des marchés. C’est ce qui fait qu’un rendement de 5% l’an ne ressemble pas à ça :

Mais plutôt à ça :

Et ce sont aussi les pics de volatilité qui vous feront râler lorsque votre investissement, réalisé dix ans plus tôt, viendra égaler ou dépasser à la baisse votre placement initial pendant plusieurs mois. C’est le cas typique de l’année 2008.

Pourtant, sans cette volatilité, appelée souvent « risque » : pas de rendement possible.

Systématisez et mensualisez vos investissements !

Le postulat de l’étude de Pictet (tout comme les graphiques ci-dessus) consiste à investir au début de la période de 10 ans, sans réaliser de placements subséquents. C’est ce qui nous amène à obtenir une perte en 1939 pour un financement unique débuté en 1929 (au plus haut des bourses).

Un investisseur de long terme aurait pu toutefois faire mieux. Comment ? En réinjectant des fonds dans les phases de baisse.

Alors je vous arrête tout de suite. Si vous pensez pouvoir faire du « market timing » en vous croyant plus fort que le reste de la communauté financière, vous vous trompez. Oh certes, vous pourriez réussir une fois ou l’autre, mais sur le long terme cela ne fonctionne pas.

N’oubliez pas que – pour citer Benjamin Graham – « le pire ennemi de l’investisseur, ce n’est pas la bourse, c’est lui-même ». L’égo et la peur sont les deux éléments dont vous devriez le plus vous méfier tout au long de votre vie d’investissement.

Non, je parle ici d’une méthode beaucoup plus simple et beaucoup moins chronophage : réaliser un placement sur une base régulière. Cela peut par exemple prendre la forme d’une mensualité fixe (100.- francs, 1’000.-…) investie dans des fonds de placement tout au long de la période qui vous sépare de votre objectif. En procédant ainsi, vous lisserez votre prix d’achat moyen et vous profiterez de la volatilité plutôt que de la subir.

Votre placement pourrait alors ressembler à ceci :

Vous venez de lire ici un « son de cloche » sans doute un peu différent de ce que vous entendez généralement sur la diversification, le temps et la volatilité. Bien appréhendé, ces éléments vous permettront de maximiser vos rendements à long terme.

Afin de réussir vos investissements et d’atteindre vos objectifs de vie, vous devriez vous faire épauler par un conseiller financier qui connaît son sujet et avec lequel vous pourrez travailler sur une longue période. La stabilité est aussi un facteur de réussite.

Je conclurai cet article par une autre citation de Warren Buffett, fort à propos avec la crise que nous traversons : « Uncertainty actually is the friend of the buyer of long-term values. »

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la finance, l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.

Rééquilibrer votre patrimoine après votre achat immobilier

Vous venez d’acheter votre résidence principale et votre patrimoine ressemble plus à un champ de bataille qu’à un serviteur en ordre de marche ?

C’est le moment parfait pour « penser long terme ». Dans 10 ans, 15 ans ou 20 ans, vous devrez faire face à l’échéance de votre dette. Deux inconnues se présenteront à vous : l’évolution du niveau des taux d’emprunt et des prix du marché immobilier.

Ces deux facteurs pourront influencer positivement ou négativement votre rythme de vie (budget mensuel) et votre patrimoine.

L’avenir, cet inconnu

Prenons un coût d’emprunt hypothécaire qui reviendrait à sa moyenne historique des 170 dernières années, soit 4.5% au terme de votre contrat. Dans ce cas, votre charge d’intérêts serait multipliée par trois ou quatre en comparaison du niveau actuel. Si dans le même temps vous faites « face » aux études de vos enfants ou au début de votre retraite (probablement 50% de revenu en mois), ce serait vite la galère. Vous devriez rogner sur votre épargne ou sur l’un ou l’autre poste de votre budget (vacances, voiture, sorties, habillement, etc.).

Une solution pour conserver un train de vie stable consisterait à rembourser les trois quarts de votre emprunt. Dans la réalité, vous arbitreriez certainement entre un remboursement anticipé et une hausse des coûts hypothécaires. Je vous laisse effectuer le calcul pour votre situation. Avec un facteur 4 et une dette de 800’000.-, vous devriez amortir 600’000.- pour maintenir inchangé votre rythme de vie.

L’effet ciseau : taux d’emprunt / prix de marché immobilier

Voyons maintenant l’effet de l’autre inconnue, à savoir l’évolution des cours de l’immobilier. Si les prix montent : pas de problème, vous pourriez même emprunter plus ! C’est notamment la réalité pour ceux qui ont acheté il y a dix à vingt ans. Dans le cas contraire, si les prix affichent -30% ou -40% (scénario extrême, il faut bien le préciser) à l’expiration de votre crédit, vous pourriez vous retrouver handicapé. Ce phénomène n’a rien de grave à long terme, mais si l’année 1992 se pointe pile au renouvellement de votre dette, votre créancier vous demandera de diminuer votre prêt avant de discuter d’une possible prolongation hypothécaire du montant restant.

Un exemple simple : mettons que vous avez acquis récemment votre maison 1 million de francs grâce à un emprunt de 800’000.-, soit le maximum généralement admis de 80%. L’effet de levier fonctionne ici en sens inverse. Avec un marché inférieur de 30%, vous devriez rembourser 240’000.- pour revenir dans « les clous » des 80% avant de pouvoir espérer proroger le crédit restant de 560’000.-. Votre prêteur pourrait vous demander de rembourser cette différence, et ce, même avant l’échéance de votre contrat. C’est ce qui s’est produit aux États-Unis pendant la crise des subprimes et en Suisse dans les années 1990. C’est d’ailleurs inscrit dans les petites lignes des crédits hypothécaires.

Notez que ces deux phénomènes peuvent avoir lieu en même temps puisque les hausses de taux ont comme effet de mettre sous pression les emprunteurs hypothécaires et donc par effet domino les prix de l’immobilier. Au vu du niveau actuel des taux, ce scénario n’a rien d’hypothétique.

L’importance des réserves de liquidités

Maintenant que vous savez quoi anticiper à long terme, il convient d’auditer votre patrimoine après l’achat et les derniers travaux. Vous devez remettre de l’ordre.

Le plus urgent consiste à reconstruire vos réserves de liquidités. Vous trouvez un article sur le sujet ici. Retenez qu’une réserve équivalente à quatre mois de dépenses hors impôts et charges sociales suffit à faire face aux pépins courants. Je vous recommande d’y ajouter les frais probables des deux ou trois prochaines années (chaudière, voiture…).

Une fois votre épargne de sécurité reconstituée, vous redevenez libre de vous orienter vers le moyen et le long terme.

Disponibilité versus immobilier

En injectant tout ou partie de votre patrimoine dans votre résidence principale, vous avez transformé certains avoirs très liquides (cash, portefeuille d’investissement…) en actif immobilisé (c’est-à-dire votre résidence ou votre appartement). Vous ne pourrez pas vendre quelques pierres de la maison pour récupérer des francs suisses en cas de besoin.

C’est le moment pour recommencer (ou commencer) un plan d’épargne. Ce dernier aura le mérite d’être rentable et mobilisable rapidement. Des fonds de placements, des actions, des obligations, des métaux précieux ou des matières premières peuvent le constituer.

Outre la disponibilité et le rendement, vous aurez l’avantage de diversifier votre fortune.

Ray Dalio, le fondateur de Bridgewater Associates, fonctionne avec des principes clairs de diversification. A son image, une de mes règles en investissement consiste à limiter le poids d’un secteur (immobilier ici) à 75% au maximum de tout mon patrimoine. À vous de fixer votre propre norme « sécuritaire ». Dans ce cadre 75/25, je serai théoriquement en mesure de résister à une baisse des prix immobiliers de l’ordre de 30%.

Retenez ici que si une grosse partie de votre patrimoine manque de liquidité, vous devriez prioritairement le diversifier avec des actifs non corrélés, rentables à long terme et disponibles en tout temps.

Le systématisme et la vision à long terme

Rome ne s’est pas construite en un jour… et l’épargne que vous avez accumulée pendant de nombreuses années avec comme objectif de devenir propriétaire est, en quelque sorte, à recommencer. Réjouissez-vous : tout continue maintenant. Acheter son habitation est le palier le plus difficile, car le « ticket d’entrée » est élevé en Suisse. Grâce à la « baisse de loyer » que vous avez normalement réalisée en devenant propriétaire, vous devriez directement passer à la deuxième étape de votre plan « liberté » : vous émanciper rapidement de votre prêteur.

La quasi seule façon de vous construire un patrimoine en recommençant à « zéro » est d’épargner systématiquement, mois après mois. Le principal avantage de cette stratégie est de faire fi des aléas émotionnels liés à notre propre nature ou à des facteurs externes tels que la volatilité des marchés financiers.

Pour conclure, je vous invite évidemment à vous faire coacher par un planificateur financier neutre et indépendant. Faire appel à un conseiller financier n’est pas une question de taille de patrimoine, mais plutôt une « envie d’éviter certaines erreurs ». Votre coach pourra vous accompagner pour trouver votre hypothèque, mettre en place le plan d’amortissement exigé par le prêteur et vous aider à construire de manière optimale votre patrimoine sur le long terme.

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la finance, l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.