Acheter son propre logement nécessite un certain niveau de revenu et une mise de départ.
Avant de chercher à acheter un bien, il va falloir déterminer si vous en avez les capacités. C’est ce qu’on appelle la faisabilité. Nous pouvons aussi définir la faisabilité par cette question : quel est le prix maximum du bien que je peux acheter ?
Cette
faisabilité est déterminée par deux éléments : vos revenus et votre épargne accumulée qui servira à payer les fonds propres et les frais de notaire.
La faisabilité en fonction de vos revenus
Les
charges annuelles liées au bien immobilier ne peuvent excéder le tiers (33.3%)
de vos revenus bruts.
Ces
charges sont composées de trois éléments majeurs : les intérêts d’emprunt, l’entretien
du bien et le remboursement de la
dette.
Chaque
prêteur définissant ses propres normes de calcul, la faisabilité variera d’un
établissement à un autre. Je peux toutefois vous dire que dans la grande
majorité des cas, les prêteurs comptent 4.5% pour les intérêts d’emprunt, 1%
pour l’entretien du bâtiment et 1% pour le remboursement de la dette.
Si vous
voulez avoir une idée assez proche de la réalité du prix maximum qu’il vous est possible de débourser,prenez la somme de vos revenus bruts annuels – en incluant la moitié de la moyenne de vos bonus perçus lors des trois
dernières années… vous suivez ? 😉 Puis
divisez le montant obtenu par 5.6% et divisez encore par trois (ce qui vous
permet d’obtenir le tiers du revenu).
Un
exemple. Prenons un couple qui gagne 180’000.- francs bruts par an brut et qui,
sur les trois dernières années, a perçu une moyenne de 40’000.- de bonus
annuel. Il pourra retenir la moitié des bonus donnant un revenu maximum de
200’000.-. Divisons ce revenu par 5.6% puis divisons ce quotient (le résultat
de la première division) par 3, et nous obtenons un prix d’achat maximum de
1’190’476.- (200’000.- / 5.6% / 3).
Retenez que le prix maximum n’est pas forcément le prix auquel il faut acheter. Acheter en deçà de la faisabilité maximale permet de garder une marge de sécurité intéressante en cas de pépin, et réduit aussi l’effort d’épargne nécessaire au remboursement de la dette. 🙂
Enfin,
vous pouvez compenser un « manque » de revenu en augmentant la part de
fonds propres. Justement, voyons ce que sont les fonds propres.
La faisabilité en fonction de vos fonds propres
Ici nous
parlons simplement de votre épargne disponible pour réaliser votre achat.
Cette
épargne peut être constituée de liquidités, d’une donation, d’un terrain, de
votre capital de 2e pilier, de vos 3e piliers, d’un prêt
familial, d’un héritage immobilier… Il existe sans doute autant de possibilités
que d’individus.
Voyons
ci-dessous le cas le plus fréquent et le plus standard.
En
Suisse, pour pouvoir acheter votre résidence principale, vous devrez investir
au minimum 20% du prix du bien de votre poche. Ce sont vos fonds propres.
Au moins
10% du prix du bien doivent être payé avec des avoirs ne provenant pas de votre
caisse de pension, c’est à dire en liquide, en 3e pilier ou encore
en bien immobilier (un héritage par exemple).
Certains
prêteurs exigent un minimum de 33.3% de fonds propres. C’est le cas de certains
assureurs ou de certaines banques, en particulier lorsque que vous achetez dans
des régions où les prix sont considérés comme très élevés. Par exemple, sur
l’arc lémanique et à Zurich, plusieurs prêteurs estiment que les prix sont
tellement hauts qu’ils se mettraient à risque de prêter les 80% habituels.
Ainsi, ils exigent un niveau de fond propres plus important pour se protéger
d’une éventuelle baisse des prix.
Notez que plus vous mettrez de fonds propres, plus vous augmenterez votre sécurité en cas de hausse des taux ou de baisse des prix.
Vous pourriez également nantir (mettre en garantie) votre caisse de pension en guise de fonds propres. L’avantage sera de ne pas impacter vos avoirs de retraite grâce à une dette plus importante. Au vu des taux bas et si vous en avez les moyens, c’est une solution très intéressante. J’en parle ici.
Si vous
acquérez un bien de rendement, il vous faudra débourser, dès le 1er janvier 2020, 25% de fonds propres. Ici il n’est pas permis d’utiliser votre
caisse de pension ou vos 3e piliers.
Les frais de notaire
Lorsque
l’on parle de « frais de notaire », il faut surtout comprendre :
taxe, taxe et encore taxe !
La
facture totale représente généralement 5% du prix d’achat sur Vaud, Genève et
Fribourg, aux environs de 4% à Neuchâtel et plutôt 3% en Valais.
Vous
aurez à payer le droit de mutation, les frais d’inscription au registre foncier
et les frais du notaire à proprement parler.
Le droit
de mutation est un impôt qui porte sur le montant du transfert de propriété
entre personnes. Cet impôt, à la charge de l’acheteur, est le coût le plus
lourd dans la transaction et représente 70% à 90% des frais de notaire. Sachez
qu’il peut aussi être payé par le vendeur ou encore à part égale entre
l’acheteur et le vendeur… Vous pouvez donc trouver ici un élément pour
négocier le prix du bien. 😉
Le registre
foncier est un service public où l’on trouve le nom des propriétaires d’un bien
ainsi que les gages sur les immeubles (comme la cédule hypothécaire, la servitude
etc.).
Encore des frais… 🙁 la cédule hypothécaire
Il est
possible que vous deviez ajouter à ces démarches la création ou l’augmentation
d’une cédule hypothécaire.
La
cédule hypothécaire est le document légal qui sera en quelque sorte la
contrepartie de votre dette hypothécaire. Elle permet au titulaire (qui devient
votre prêteur) de réaliser le gage (en d’autres termes : de vendre aux
enchères votre bien immobilier) dans le cas où vous ne parviendriez pas à payez
vos factures d’intérêts ou d’amortissement.
Ce
document est un papier valeur et laisse apparaître un montant qui est en général
au moins égal au montant du prêt. Je vous recommande vivement de laisser une
marge supplémentaire afin d’anticiper par exemple, de futurs travaux qui
nécessiteraient un nouvel emprunt dans le futur. Voyez loin, cela vous évitera
des frais inutiles…
Il
existe maintes façons de gager son bien immobilier. La cédule est la plus
courante en Suisse romande.
Cet article est extrait d’un bonus de 10 pages sur l’achat immobilier et qui sera bientôt disponible. 🙂
J’ai une question pour vous : est-ce que l’un de vos amis, ou l’un de vos collègues, ne sait pas s’il peut acheter sa résidence principale ? Si c’est le cas, envoyez lui cet article ! Vous lui rendrez service.
Jamais les prix de l’immobilier n’ont été aussi élevés et les taux d’emprunt aussi bas. Si vous hésitez entre acheter et louer votre résidence principale, lisez cet article.
Nous vivons dans une décennie paradoxale : jamais les prix de l’immobilier n’ont été aussi élevés et les taux d’emprunt aussi bas. Pourtant, malgré les prix élevés, acheter sa résidence principale n’a jamais coûté aussi peu cher. A contrario, sous la pression démographique, louer sa résidence principale est de plus en plus cher. Alors, faut-il acheter ou louer sa résidence principale ?
C’est une question à laquelle il est difficile de répondre d’autant que les prix élevés des biens immobiliers font qu’il existe une grosse barrière à l’entrée pour quiconque souhaite accéder à la propriété. Et bien que devenir propriétaire soit le souhait de nombreux suisses, la nécessité d’un apport en fonds propres conséquent limite le « rêve » pour beaucoup de personnes.
Au delà
d’un aspect sentimental quand il s’agit d’acheter sa maison, il convient de
considérer l’alternative qui existe pour l’utilisation des fonds propres. Si
ces derniers ne sont pas utilisés pour acheter sa résidence principale, ils
peuvent servir à un autre projet. C’est ce qu’on appelle le coût d’opportunité.
Je vous
propose ici de chiffrer, à travers un cas pratique, l’avantage réel (la
différence de coût) en cas d’achat de sa résidence principale par rapport à la
location.
Louer sa résidence principale. Quel coût ?
Pour les besoins de notre sujet, nous allons définir les éléments suivants : Mme et M. Suisse sont locataires de leur appartement de 4.5 pièces sur 110 mètres carrés (m2) au cœur de Lausanne (notre exemple fonctionne également sur Genève). Avec une vue sur le lac et trois chambres à coucher, leur appartement a été rénové récemment. Ils y ont vu naître leurs enfants et y sont attachés, d’autant que leur vie est articulée autour du quartier.
Leur
loyer s’élève à 2’770.- francs mensuels hors charges (33’240.- annuels).
Notre
couple se pose la question d’acheter un appartement répondant aux mêmes
critères et dans le même quartier.
Les fonds propres nécessaires pour acheter sa résidence principale
A
environ 10’000.- le m2, un appartement équivalent coûte approximativement
1’100’000.-. Devenir propriétaire d’un tel bien nécessite au minimum 20% de
fonds propres soit 220’000.-, auxquels il faut ajouter 55’000.- de « frais
de notaire » . Le total exigé pour l’acquisition de ce bien est au total de
275’000.-.
Notre
couple dispose de cette somme.
Le coût de la propriété
Devenir
propriétaire implique de payer des intérêts sur la dette hypothécaire. Dans
notre cas, cette dernière s’élèverait à 880’000.- (prix d’achat de 1’100’000.-
diminué des fonds propres de 220’000.-). Disons que le dossier d’emprunt de
notre famille est bon et qu’ils obtiendraient un prêt hypothécaire avec un
intérêt de 0.85% annuel sur 25 ans. Le coût de la dette se monterait à 624.-
par mois (7’480.- par an).
Première remarque ici : nous sommes très loin de leur loyer actuel de 2’770.- ! Près de 4.5 fois moins élevé. 🙂
Seconde remarque, et afin d’être complet, il convient d’ajouter l’impact fiscal de la valeur locative sur le coût réel de l’appartement. Voyons cela.
La valeur locative et les déductions pour propriétaire
La valeur locative est un revenu fictif qui s’ajoute, dans votre déclaration d’impôts, à vos revenus du travail et du patrimoine. Pour un bien de 110 m2 à Lausanne et de construction récente, le canton de Vaud détermine (selon une recette magique, 🙂 demandez-moi pour le détail) une valeur locative de 12’921.- annuelle. Si par exemple, vous gagnez 100’000.- annuels de salaire, acquérir un tel bien fera passer votre revenu fiscal à 112’921.-
De cette
valeur locative, vous pouvez déduire les intérêts de la dette de 7’480.- ainsi
qu’un montant forfaitaire pour entretien correspondant à 20% de la valeur
locative, soit 2’584.-. Notre valeur locative annuelle nette s’élève donc à
2’857.- (12’921.- moins 7’480.- moins 2’584.-).
Pour les
besoins de notre calcul, mentionnons que le taux marginal d’imposition de notre
famille suisse se monte à 35% – valeur arbitraire mais réaliste. 😉 La valeur
locative augmenterait leurs impôts de 1’000.- par année (35% multipliés par
2’857.-).
Leur
appartement en propriété leur reviendrait donc à 707.- par mois (8’480.- par
année) soit presque quatre fois moins cher que leur loyer actuel.
Alors ? Faut-il acheter ou louer sa résidence principale ?
Ces
calculs nous permettent de déterminer l’économie réalisée qui se monterait à
2’063.- par mois (24’756.- par année).
Rapportez cette économie au montant des fonds propres et des frais de notaire de 275’000.- et vous obtenez l’équivalent d’un » rendement annuel » de 9%. Plutôt pas mal !
Nous
obtenons ici le coût d’opportunité. En dehors de tout sentiment ou envie liés à
l’achat et si vous n’avez pas de projet avec une rentabilité supérieure à 9%,
il peut être intéressant de devenir propriétaire.
Ceci est
toutefois une vision simpliste de la réalité. Il faudrait considérer les risques
de taux d’emprunt et de prix ainsi que les projets alternatifs réalisables avec
ces fonds propres.
Économiser sur son loyer ! Pour quoi faire ?
Le
prêteur de l’hypothèque (banque ou assurance) ne demande en général que 1% du
montant du bien en remboursement de la dette soit 11’000.- par année dans notre
exemple. A ce rythme, il faut 80 ans pour rembourser sa dette.
Dans l’article que vous trouvez ici, je recommande vivement de rembourser sa dette hypothécaire, en tout cas indirectement, au plus tard d’ici à la retraite. L’avantage étant de s’assurer une retraite sereine, mais également de se protéger d’ici là de tout mouvement de prix ou de taux.
Si par
exemple notre couple achète son appartement à ses 40 ans, il pourrait viser de
rembourser indirectement sa dette sur les 25 années qui le séparent de la
retraite légale (65 ans).
En
l’absence de rendement, le montant à épargner s’élèverait à 2’930.- par mois (880’000.-
/ 25 ans = 35’200.- par an). Sachant que grâce à leur achat ils économiseraient
2’063.- par mois, leur effort ne serait « que » de 867.- par mois. En
réalité et avec l’hypothèse d’un rendement moyen conservateur de 2% annuel, il
ne faudrait consacrer que 2’290.- par mois au remboursement.
A noter
que si les époux épargnaient déjà le maximum en 3e pilier (569.- par
mois et par personne soit 1’138.- par mois à deux), il n’existerait en réalité pas
d’effort d’épargne supplémentaire !
Afin de
rembourser indirectement sa dette et de maintenir ses impôts bas, notre couple
pourrait combiner des épargnes sous forme de troisièmes piliers, de plan
d’épargne en fonds et de rachats de deuxième pilier. Ce mix offre l’avantage de
la diversification, de la sécurité, de la disponibilité et du rendement sur du
moyen à long terme.
Pour conclure
Il ne
faut pas confondre rendement sur une épargne et économie de loyer.
Dans
l’exemple cité, notre couple dépense un loyer moins élevé en étant propriétaire
que s’il en était locataire. Il ne fait pas de rendement sur une épargne.
S’il
avait l’opportunité de placer son argent (l’équivalent des fonds propres) à 9%
annuel, il serait plus intéressant de conserver ce placement plutôt que de
devenir propriétaire, notamment grâce au jeu des intérêts composés.
Effectivement, en 16 ans seulement, leurs 275’000.- atteindraient le prix de
l’appartement de 1’100’000.- (275’000.- X 1.09, composé pendant 16 ans).
Il faut aussi noter que les liquidités investies dans l’appartement ne sont plus disponibles pour réaliser d’autres projets.
Ceci étant
dit, réaliser actuellement 9% de rendement annuel est compliqué et pour peu
qu’on en ait les moyens, il peut s’avérer
très intéressant de devenir propriétaire, malgré les prix élevés.
Pour être tout à fait complet, il faudra veiller à se protéger des mouvements de prix (krach immobilier) ou de taux d’emprunt (hausse) en épargnant à minima l’économie de loyer. Vous ne serez ainsi pas dépendant de votre prêteur (banque ou assurance) et d’une éventuelle demande de remboursement anticipé.
Merci pour votre temps de lecture et pour vos commentaires. 😉
Vous souhaitez vous constituer un troisième pilier ? Vous ne savez pas par où commencer ? Lisez ceci, ce n’est pas très compliqué !
Lors des
derniers épisodes, nous avons vu le fonctionnement du premier et du deuxième
pilier. Je vous propose ici de résumer les lacunes du système des trois piliers
puis de voir les points importants à considérer pour vous construire un
troisième pilier intelligent.
AVS : le système est mort, vive le système !
L’AVS
est un système de répartition dont les jours sont probablement comptés.
La cause
majeure en est la démographie. La génération du baby boom a construit sa
retraite sur le fait que leurs enfants la payeront. Ils n’ont toutefois pas
fait suffisamment de bébés pour pérenniser ce système…
Aujourd’hui,
baby est devenu papy et d’ici à 2030, le dernier d’entre eux sera passé à la
retraite.
Les
graphiques ci-dessous sont sans équivoque. L’idée de la solidarité retraite
entre les générations, idée qui a émergé au début du XXe siècle (belle
pyramide) ne fonctionnera bientôt plus (pyramide inversée en 2045).
Deuxième pilier : Taux négatifs et allongement de la durée de vie, ça vous parle ?
Nous avons vu dans les articles précédents sur le deuxième pilier que chaque travailleur épargne pour lui-même et récupère à la retraite ses avoirs sous forme du capital ou sous forme de rente mensuelle à vie. Enfin ça, c’est « sur le papier ». En effet, le deuxième pilier fait face à deux facteurs dommageables.
Les intérêts négatifs, ou quand la notion de sécurité disparaît
Les intérêts négatifs, persistants depuis près de dix
ans, forment le facteur d’actualité le plus néfaste à la pérennisation de nos
caisses de pension. Le capital de votre caisse est majoritairement placé en
obligations, en actions et en immobilier. Lorsque vous entendez parler de taux
nuls ou négatifs, comprenez que c’est la part historiquement la plus
sécuritaire qui est impactée : les obligations.
Afin de
maintenir un rendement positif, les caisses de retraite se sont massivement
rapatriées sur l’immobilier suisse, l’avantage étant d’encaisser un revenu
régulier via les loyers. Le hic est que, répondant au jeu de l’offre et de la
demande, les prix de l’immobilier se sont envolés, faisant proportionnellement
s’effondrer les rendements (loyers).
Les
obligations et l’immobilier représentent, selon les caisses, de 50% à 80% de
leur fortune ! Vous comprenez ici leur difficulté à générer du rendement…
pour vous.
Dans la même veine, l’absence de rendement « oblige » certaines caisses à prélever du capital aux travailleurs actuels afin de verser des rentes aux retraités. En toute transparence, et à la rédaction de cette série d’articles, je ne vous cache pas que ma surprise a été grande. Effectivement, c’est le but même du deuxième pilier qui est remis en cause ici ! Une épargne individuelle qui se transforme en épargne collective.
une partie de la génération du baby boom va percevoir plus de rente à la retraite que ce qu’elle a cotisé pendant sa vie de travail
Une histoire de taux de conversion
Le second facteur préjudiciable est l’allongement de la durée de la vie. Bonne nouvelle, nous vivons plus longtemps en bonne santé. Et plus nous vivons longtemps, plus nous avons des chances de vivre… encore plus longtemps. 🙂
Lors de
la création du deuxième pilier, dans les années 1970, l’espérance de vie à la
naissance était inférieure à 79 ans pour les femmes et à 72 ans pour les
hommes. Aujourd’hui, elle est de 85.4 ans pour les femmes et de 81.7 ans pour
les hommes.
les rentes étant servies à vie, une partie de la génération du baby boom va percevoir plus de rente à la retraite que ce qu’elle a cotisé pendant sa vie de travail.
C’est l’espérance de vie qui a permis de fixer le taux de conversion actuel de 6.8%. Appliqué sur le capital, il fixe le montant de la rente. Révisé pour la dernière fois en 2005, il permet de distribuer le capital pendant 14.7 ans dès le départ en retraite, amenant les femmes à 78.7 ans et les hommes à 79.7 ans. Dans la réalité actuelle, le versement de la rente continue après 14.7 ans… au même taux et ce même si vous vivez 85 ans, 90 ans, 100 ans ou plus.
En toute
« logique mathématique », il devrait être proche des 6%.
Les différentes réformes portant sur la baisse de ce taux ont été refusées par le peuple. Notez qu’il est uniquement appliqué sur la partie légale définissant le minimum LPP, le taux sur la partie sur-obligatoire étant à la libre appréciation de la caisse. Vous trouvez ici plus de détail sur le deuxième pilier.
Exemples concrets du taux de conversion et des taux négatifs
En ce
qui concerne les taux négatifs :
prenons un salarié qui arrive aujourd’hui à la retraite avec un million de
franc de capital. Ce million est globalement composé de 50% d’épargne et de 50%
de rendement. A carrière et revenu égaux, son fils ou sa fille arrivera à la
retraite avec seulement 500’000.- francs, montant composé majoritairement d’épargne
(rendement très faible). Sa retraite sera donc deux fois plus petite.
Pour le taux de conversion : mettons que vous arrivez à la retraite avec 500’000.- de capital. Multipliez 6.8% de prélèvement par ce capital et vous trouvez votre rente annuelle de 34’000.-. En ponctionnant ce montant chaque année, votre capital serait théoriquement éteint après 14.7 ans. Dans les faits, et pour le moment, vous continuez de le percevoir.
Pourquoi faire un troisième pilier ?
Nous
l’avons vu, l’AVS est « mort » et le deuxième pilier se fait attaquer
par les intérêts négatifs et l’allongement de la durée de vie.
Autant
de problèmes qui incitent à se constituer une épargne supplémentaire. Afin
d’augmenter votre épargne retraite, vous êtes libre de constituer un troisième
pilier « lié à la retraite » et déductible de vos impôts. C’est ce
qu’on appelle le troisième pilier A.
Si vous
êtes salarié cotisant à un deuxième pilier, vous pouvez épargner au maximum le
montant de 6’826.- francs tandis que si vous êtes indépendant sans caisse de
pension, le maximum est de 34’128.- (chiffres de 2019).
Au vu de
la situation, se constituer ou non un troisième pilier n’est pas tellement une
question à se poser. Les questions à se poser sont plutôt de savoir combien je
dois épargner, comment je le constitue de manière intelligente, comment je peux
l’adapter à mes besoins et à mes objectifs de vie. C’est à l’ensemble de ces
questions que nous allons tenter de répondre.
Oui mais le troisième pilier, ce n’est pas pour moi !
J’entends
souvent : « de toute façon, je ne vivrai pas jusqu’à la retraite
alors autant vivre et tout dépenser maintenant ». Précisons que c’est bien
votre moi qui a de grandes chances de vivre de 65 à 85 ans et plus. Vous
pourriez vous poser la question : est-ce que je veux vraiment m’infliger
une retraite à 40% ou à 50% de mon train de vie actuel ? Faites les comptes
sérieusement : divisez votre revenu par deux et regardez si ça fonctionne
avec votre train de vie.
Quel montant épargner dans mon troisième pilier ?
La solution est assez simple : il « suffit » de s’habituer à vivre avec 5% de revenu en moins dès son premier travail et ce jusqu’à la retraite. Vous pourriez par exemple enlever 5% de loisirs, 5% de restaurants, 5% d’iPhone et 5% de vacances… et mettre cette épargne sur votre 3e pilier pour pouvoir ainsi, aisément, continuer à consommer 80% de loisirs, 80% de restaurants, 80% de vacances… à la retraite 😉
Cette règle des 5% est une bonne
indication si vous commencez tôt votre troisième pilier, c’est à dire dès votre
premier emploi.
Par exemple, si vous commencez à travailler à 25 ans avec un revenu de 5’000.-
brut, vous pourriez mettre 250.- chaque mois en troisième pilier. Si quelques
années plus tard, votre revenu augmente à 7’000.-, vous pourriez augmenter
votre épargne à 350.- par mois et ainsi de suite.
Si vous
attendez vos 45 ans, vous loupez le plus
grand atout qui tourne en votre faveur : le temps. En effet, lorsque vous
placez un capital, il travaille pour vous. C’est ce qui forme les intérêts composés : les intérêts
font des intérêts, qui font à leur tour des intérêts et ce sur de longues
années.
Pour illustrer mon propos, prenons le cas de Jean qui épargne 3’000.- par année dès ses 25 ans et comparons-le à Pierre, qui décide tardivement (à ses 45 ans) d’épargner le maximum de 6’826.-. A un taux de rendement moyen annuel de 3%, Jean récupérera 235’990.- et Pierre 195’746.-. C’est pourtant Pierre qui a mis le plus d’argent de sa poche…
Dans tous les cas, et peu importe votre âge, il est encore suffisamment tôt pour se poser la question et commencer à épargner.
Quel rabais d’impôts grâce à mon troisième pilier ?
Ajoutez
que vous obtiendrez un rabais d’impôt sur le montant épargné. Il est difficile
de vous dire précisément combien puisque qu’il dépendra de votre situation
personnelle. Prenons deux exemples :
Un salarié célibataire vivant à Lausanne avec un revenu brut de 5’000.- mensuel économisera environ 710.- d’impôts sur les 3’000.- de troisième pilier qu’il épargne, soit près de 24%. Un beau rendement 🙂
Un couple marié avec deux enfants, vivant à Lausanne et gagnant 17’000.- brut mensuel économisera environ 4879.- d’impôts sur les 13’652.- (2 fois 6’826.-), soit le montant maximal qu’ils sont autorisés à épargner en troisième pilier, ce qui représente près de 36% d’économie fiscale !
D’accord, mais comment je fais un troisième pilier ?
Avant de
choisir un troisième pilier, il est vivement recommandé de procéder à une
analyse globale de votre situation financière et de réfléchir un minimum à vos
objectifs de vie. Cela vous aidera à y voir plus clair et vous permettra de
faire le bon choix.
Votre
troisième pilier peut prendre la forme d’un dépôt bancaire ou d’une assurance
sur la vie.
Bien que
le but soit le même (constituer une épargne pour la retraite), le chemin pour y
arriver est différent.
Le troisième pilier bancaire
Dans une
banque, vous épargnez sur un dépôt, tout en restant dans la limite légale
annuelle. Ce dépôt peut être à rendement nul ou investi avec des perspectives
de rendements variables. Comptez entre 2% et 5% en moyenne annuelle. Certaines
années peuvent être négatives et inférieures à cette moyenne (comme 2008) et
d’autres au dessus (comme 2017). C’est la moyenne qui importe. Plus vous aurez
du temps devant vous, plus vous pourrez aller chercher du rendement.
Le troisième pilier assurance
Dans une
assurance, vous épargnez et profitez également de couvertures d’assurance telles
que la libération du paiement des primes, d’un capital en cas de décès ou
encore d’une rente invalidité. Évidemment, ces prestations d’assurances ont un
coût et une comparaison entre diverses
compagnies et différents produits est judicieuse.
Le
troisième pilier assurance est, pour simplifier, un copié-collé du
fonctionnement du deuxième pilier.
La libération du paiement des primes vous donnerait l’occasion
d’arrêter votre cotisation en cas d’invalidité liée à une maladie ou à un
accident. L’assureur épargnerait à votre place, vous permettant de toucher
votre capital à la retraite.
Le capital décès est assez évident à comprendre et
pourrait servir à rembourser votre dette hypothécaire par exemple.
Quant à la rente d’invalidité, elle permettrait
de toucher un revenu complémentaire aux deux premiers piliers en cas de maladie
ou d’accident à long terme.
Toutes
ces prestations ont un intérêt évident pour protéger votre famille et votre patrimoine, notamment immobilier.
Dans la même veine qu’un dépôt bancaire, une assurance peut être investie ou non. Une assurance classique sera rémunérée non pas à 0% mais au taux magnifique et réglementé de 0.25% annuel, alors qu’une assurance investie pourra aller chercher des rendements compris entre 2% et 5% sur du long terme. Enfin, notez que certains assureurs offrent une garantie minimum de capital à la retraite, indépendamment des rendements effectués pendant la durée d’assurance.
Je choisis quoi ?
Il existe autant de réponses que d’individus. Les critères sont nombreux et personnels : style de vie, envie de devenir propriétaire, montant de la dette hypothécaire, enfants et famille à protéger, lacunes existantes dans les premiers et deuxièmes piliers…
C’est un travail de planification financière à proprement parler. Vous pouvez vous faire aider. Si vous souhaitez vous constituer un troisième pilier intelligent, contactez moi 😉 raphael.battu@maretraite.ch
Quelques pistes de réflexion :
Si votre
fortune est déjà faite et que vous n’avez pas besoin de couvertures
complémentaires pour vous protéger ou protéger votre famille d’une invalidité
ou d’un décès, privilégiez le dépôt bancaire.
Par
expérience, si votre épargne annuelle est élevée (deux fois ou plus la limite
des 6’826.-) et que votre revenu dépasse le salaire couvert par les deux
premiers piliers (environ 100’000.- annuels), l’assurance sera souvent
judicieuse. Elle vous permettra de vous focaliser sur vos autres épargnes plus
flexibles tout en sécurisant votre famille et votre patrimoine.
Un mix
banque-assurance peut également offrir des avantages.
Pour ce
qui est des rendements, si votre horizon de temps est inférieur à cinq, voir à
dix ans, privilégiez un compte rémunéré à …0%. Ce n’est pas joyeux, mais cela
aura le mérite de vous protéger d’une mauvaise année type 2008. A contrario, si
vous avez du temps devant vous et un minimum de propension à l’investissement,
vous pouvez vous orienter vers un compte avec une proportion d’actions
importantes.
Je vous
invite à vous faire conseiller et assister pour faire le bon choix. Privilégiez du sur-mesure !
J’y vois plus clair, mais la vie n’est pas figée ! Comment je peux adapter mon troisième pilier à mes besoins et à mes objectifs de vie ?
Bonne question 🙂
D’abord,
sachez que si l’utilisation première du troisième pilier est la retraite
légale, il existe quelques dérogations. Vous pourriez utiliser votre capital de
troisième pilier ou votre police d’assurance dans les cas suivants :
Vous vous lancez comme indépendant,
Une retraite anticipée de cinq ans précédant l’âge légal,
Financer l’achat de votre résidence principale,
Faire des travaux apportant une plus value à votre résidence principale,
Vous en avez marre des montagnes ? Vous souhaitez partir vivre sous les palmiers ? Le départ à l’étranger fait partie des dérogations.
Votre banquier vous prête de l’argent pour acheter votre résidence principale mais vous demande une garantie : vous pouvez nantir (mettre en garantie) votre troisième pilier.
Enfin,
vous pouvez ouvrir jusqu’à cinq comptes ou assurances de troisièmes piliers.
J’y vois plusieurs avantages : flexibiliser l’utilisation de vos
troisièmes piliers, diversifier votre épargne et casser la progression fiscale
à la retraite lors du retrait du capital.
Pour conclure
Se
constituer un troisième pilier intelligent et sur mesure nécessite de faire un bilan
de votre patrimoine et demande une réflexion sur vos objectifs de vie. Je vous
recommande également de réévaluer et d’adapter régulièrement votre situation
afin de garder une cohérence entre votre vie et votre patrimoine.
Si l’un
de vos collègues, amis ou membres de votre famille n’a pas encore de troisième
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