L’achat immobilier est un vaste domaine où certaines idées préconçues ont la vie dure. Les réglementations ajoutent de la complexité au sujet et le vocabulaire employé est souvent spécifique. Je vous propose de passer en revue cinq et une idées reçues sur l’immobilier.
Lors de l’achat, je n’ai pas le droit d’utiliser plus de 10% de mon 2e pilier
Au printemps 2012, la FINMA (l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers) a introduit une nouvelle mesure quant à la source des fonds propres utilisés pour acquérir sa résidence principale.
Cette réglementation est souvent mal interprétée. Précédemment, les fonds propres pouvaient venir en totalité de la caisse de pension. Dorénavant, un minimum de 10% de la valeur du bien doit être apporté sous une autre forme qu’une mise en gage ou qu’un retrait anticipé de son fonds de pension.
Cela signifie que l’acheteur doit payer comptant, en nature ou en 3e pilier, les dix premiers pour cent de la valeur du bien, avant d’avoir recours à son 2e pilier. L’acheteur peut ensuite librement et totalement vider sa caisse de pension jusqu’à ses 50 ans. Passé cet âge, il pourra retirer le montant le plus élevé entre la moitié de sa caisse et le montant dont il disposait à ses 50 ans.
Le notaire s’en met plein les poches !
En Suisse romande, les « frais de notaire » pour l’achat immobilier sont élevés et s’établissent entre 3% et 5% selon qu’on est domicilié en Valais ou sur Vaud. Une idée préconçue affirme que les notaires encaissent une très grande partie de cet argent.
Alors même s’il est vrai que vous ne pourrez vous passer du notaire pour concrétiser votre achat, dans la réalité, ces frais sont majoritairement des taxes.
L’impôt le plus important (70% à 90% de la facture) est le droit de mutation. Il permet de transférer, auprès du registre foncier, la propriété vers l’acquéreur.
Les frais de notaire incluent également l’inscription au registre foncier et les honoraires du notaire à proprement parler.
Pensez que vous devrez peut-être réaliser des démarches supplémentaires telles que la création de cédules hypothécaires ou de servitudes par exemple. Ces étapes alourdiront la note globale du notaire.
Vous savez sans doute que la somme des charges de votre bien ne peut excéder le tiers de votre revenu. C’est-à-dire que si vous gagnez 168’000.- francs par an, les frais de l’immeuble ne pourront dépasser les 56’000.-. Ces dernières sont composées des intérêts hypothécaires, de l’entretien du bâtiment et du remboursement de la dette.
Lors d’un achat immobilier et avec des taux bas, de l’ordre du pour cent annuel, l’on se dit que les charges annuelles pour le calcul de la faisabilité diminuent.
Dans les faits, les prêteurs calculent avec des taux d’emprunts bien plus élevés que ce que vous pourriez obtenir dans la réalité soit un taux compris entre 4% et 5,25% en fonction de l’entreprise.
Ainsi, pour un bien d’un million de francs et une dette de 800’000.-, le coût (fictif) de l’emprunt s’élèvera à 36’000.- pour un taux de 4,5%. Vous devrez ajouter pour l’évaluation 10’000.- de remboursement et 10’000.- d’entretien. Le total dans ce cas se monte à 56’000.- qui nous donne un revenu annuel nécessaire d’au minimum 168’000.-.
Seules les banques prêtent de l’argent
Dans les faits, tout le monde peut vous prêter de l’argent pour acheter un bien immobilier. Vous aurez souvent affaire à une société financière. Le premier prêteur hypothécaire auquel on pense est la banque, mais vous pourriez aussi vous diriger vers un assureur ou une caisse de pension.
Il vaut la peine de comparer les différentes solutions. Les banques vous offriront plus de flexibilité, notamment si vous devez réaliser des travaux d’importance. Les assureurs pourraient vous consentir une hypothèque à des taux plus avantageux et sur des durées plus longues.
Notez toutefois qu’une caisse de pension ou une assurance n’entrera pas forcément en matière pour financer un bien de rendement.
Je peux rompre mon contrat hypothécaire à tout moment
Si vous êtes propriétaire et que vous souhaitez procéder à un nouvel achat immobilier, vous pourriez être amené à rompre votre contrat hypothécaire.
Vous pourrez généralement le faire mais les frais qui en résultent vous en dissuaderont. Outre les intérêts restants dus pour la période, les établissements prêteurs peuvent ajouter des pénalités et des frais de dossier.
Je ne peux que vous recommander de lire en entier votre « contrat-cadre » hypothécaire. Vous serez ainsi au clair avec les conséquences d’une rupture anticipée.
Facteur aggravant : depuis décembre 2019, une décision du Tribunal Fédéral remet en question le principe de déductibilité des intérêts restants dus. Pour faire simple, auparavant, vous pouviez soustraire de votre revenu imposable une grosse partie de la facture à payer.
Aujourd’hui, trois cas de figure s’appliquent. Si vous rompez un contrat pour en reprendre un nouveau dans le même établissement prêteur, vous pourrez déduire le montant de la facture de votre revenu imposable. Dans le cas où vous arrêteriez votre contrat en vue de changer d’établissement, vous ne pourrez plus retrancher votre pénalité. Enfin, en cas de rupture anticipée faisant suite à une vente prématurée, les frais seront à déduire de l’impôt sur les gains immobiliers.
Il y a fort à parier que les administrations fiscales cantonales appliquent cette jurisprudence à l’avenir.
En Suisse je ne rembourse pas ma dette hypothécaire, car ça augmente les impôts…
Cette phrase est partiellement juste. Elle devrait plutôt être écrite de la manière suivante : « En Suisse je ne rembourse pas – directement – ma dette hypothécaire, car ça augmente les impôts. Mais je me constitue un patrimoine sur 15 à 25 ans (maximum retraite) afin de pouvoir éteindre ma dette si le besoin s’en faisait sentir. »
Cela peut s’avérer utile avec des petits revenus de retraite, des taux qui augmentent trop fortement ou des prix de l’immobilier qui baissent et incitent à diminuer le volume de dette.
Vous trouvez plusieurs articles sur le remboursement de la dette ici et ici.
En complétant le formulaire ci-dessous, vous pourrez recevoir le guide « Éviter les pièges immobiliers : 16 notions indispensables » 😉
Apprenez en plus sur la planification de votre retraite tout en économisant beaucoup d’impôts !
Vous pouvez y arriver en dix ans seulement.
Dans les articles précédents sur l’AVS et le deuxième pilier, nous avons vu, à travers l’exemple de Luc et de Marie, la perte à laquelle notre couple peut s’attendre en anticipant de deux ans leur retraite. Voyons maintenant comment ils peuvent planifier leur retraite pour faire face à ces défis.
Pour
rappel, Luc et Marie ont actuellement 53 et 54 ans. Du fait de leur différence
d’âge, Luc aura 63 ans lorsque Marie en aura 64. L’idée de Luc est de prendre
sa retraite deux ans en avance sur la retraite ordinaire de 65 ans afin qu’ils
puissent commencer à profiter en même temps de leur « nouvelle vie ».
Dans
les grandes lignes, et en procédant ainsi, l’AVS et le deuxième pilier de Luc
seront amputés de 13,6% par rapport à la retraite légale, et ce, à vie. Nous
avons également vu que le revenu de notre couple à la retraite sera équivalent
à moins de 50% de leur revenu actuel (16’700.- francs bruts aujourd’hui contre
7’806.- demain).
Notez que même si Luc ne prenait pas de retraite anticipée, et bien qu’ils aient tous les deux travaillé et cotisé toute leur vie, leur revenu de retraite serait proche des 50% de leur revenu actuel ! Une bonne raison pour planifier sa retraite à l’avance.
Heureusement, Luc et Marie anticipent de dix ans leur retraite, ce qui leur laisse le
temps de planifier un atterrissage « en douceur ». Tentons de voir
ici, comment Luc et Marie pourraient se préparer efficacement à cette baisse
soudaine de revenu.
Revenu versus train de vie
En
planifiant votre retraite, vous devez chercher des chiffres de référence pour y
voir clair et pour trouver la bonne direction.
Dans
le cas de Luc et de Marie, nous connaissons deux chiffres intéressants :
leur revenu actuel de 16’700.- mensuel et leur revenu probable de retraite de
7’806.-.
À
votre avis, quelle autre donnée pourrait les aider à combler leur lacune de
revenu à la retraite ?
C’est
leur train de vie ou autrement dit, leur budget. Ils ne dépensent pas
forcément ce qu’ils gagnent : épargne, impôts, charges sociales… autant de
« dépenses » qui n’auront pas le même poids à la retraite.
Faire
un budget est primordial lorsque l’on planifie sa retraite. Et bien que la vie soit
remplie de surprise, il existe toute une série de charges fixes ou peu
variables qui sont facilement identifiables.
À
vrai dire, le budget est la pierre angulaire, à tout âge, d’une bonne
planification financière.
Tentons
maintenant de mettre en lumière ces dépenses.
Les charges encore présentes à la retraite.
L’un
des postes que notre couple continuera de payer à la retraite est l’assurance
maladie. Vous pouvez prendre vos factures actuelles et les augmenter du
chiffre exorbitant de 4,12% par année d’ici à votre retraite.
Pour
vous donner un ordre d’idée : si vous payez 8’400.- par année aujourd’hui pour
la LAMal et les complémentaires, vous payerez demain 12’600.-. Il faut également
ajouter pour un grand nombre de complémentaires les paliers d’âges propres à
chaque assureur.
Pour vos autres dépenses courantes comme les assurances choses, vos courses, les habits, le loyer si vous êtes locataire, les frais de votre maison si vous êtes propriétaire, l’énergie, les communications… vous pouvez prendre vos chiffres actuels et appliquer une inflation de 1,1% par an (inflation officielle moyenne des 40 dernières années. 100.- aujourd’hui vaudra 111.- et des poussières dans dix ans).
Si
vous êtes propriétaire,
vous devriez avoir les moyens d’effacer votre dette à la retraite. Aussi, vous
avez peut-être actuellement la possibilité de renégocier pour longtemps et
au-delà de votre retraite, votre dette hypothécaire. Prenez votre coût renégocié.
Par prudence, et si vous n’avez pas la possibilité de changer votre charge d’intérêt, vous pouvez prendre le taux hypothécaire moyen historique de 4,5%. Ce taux sert de référence aux prêteurs (banques et assurances) pour le calcul de la faisabilité hypothécaire.
**Astuce hypothécaire**
Je
peux vous proposer en ce moment des taux exceptionnels aux environs de 1% sur
25 ans, avec une quasi-absence de contrainte en cas de résiliation avant
l’échéance. C’est
de mon point de vue révolutionnaire dans le monde suisse de l’hypothèque et
cela permet de planifier sereinement l’effacement de sa dette.
Les charges qui disparaîtront ou qui seront diminuées à la retraite :
En
réalisant votre budget, vous identifierez également des charges qui n’auront plus
lieu d’être. Ce sont les dépenses liées au travail comme les charges
sociales, les frais de voiture ou les abonnements de transports publics ou les
frais liés aux enfants qui auront quitté la maison.
Les
autres « dépenses » que vous pourrez éliminer concernent votre
épargne. En effet, si vous avez vécu suffisamment prudemment, vous n’aurez
plus à rembourser de dette immobilière. De fait, l’amortissement de la dette
hypothécaire, et vos troisièmes piliers seront clos.
Enfin, les impôts ne seront plus basés sur votre revenu du travail (16’700.-
mensuel pour Luc et Marie), mais sur votre nouveau revenu de retraite (7’806.-
dans notre exemple).
Attention
toutefois à ne pas les sous-estimer : beaucoup de dépenses ne seront plus
déductibles :
épargne en 3e pilier, rachat de 2e pilier, dépenses liées
à l’activité professionnelle, présence des enfants à la maison, etc. Luc et
Marie payeront vraisemblablement plus de 1’100.- d’impôts par mois sur Lausanne
(!) en l’absence de fortune. Leur taux moyen d’imposition passera de 19% à 14%.
Les nouvelles dépenses de retraite à planifier.
A
contrario de ce que nous venons de voir et selon le mode de vie que vous
choisirez, de nouvelles dépenses pourront s’ajouter. Elles sont cependant
difficiles à prévoir.
Vous
aurez probablement 50% de revenu en moins, mais 100% de temps en plus qu’il faudra bien occuper.
Passer
du temps avec vos petits-enfants, au théâtre ou au musée ne vous coûtera pas
excessivement cher. Il n’en sera pas de même pour les voyages, la location d’un
appartement (si vous vendiez votre maison par exemple) ou la location d’une
résidence secondaire qu’il faudra anticiper.
**Astuce**
Si
vous vous êtes habitué tôt à vivre avec 80% de votre revenu net, il sera facile
de passer la marche de la retraite sans consommer votre épargne trop
rapidement.
Vous
pourriez vous passer d’un budget dans le cas où vous décideriez volontairement
d’épargner 20% à 30% de votre revenu, tout au long de votre vie, et ce quoiqu’il
arrive.
Si vous cherchez à acquérir l’indépendance financière, vous pourriez adopter un mode de vie un peu plus frugal que la moyenne de vos contemporains en épargnant jusqu’à 40%, voir 50%… de vos revenus. En investissant cette épargne, vous gagnerez tôt en liberté financière.
Effacer sa lacune de retraite
Luc
et Marie ont réalisé leur budget et ont identifié que sans leurs enfants, ils
dépenseront environ 9’000.- par mois, soit 1’200.- de plus que ce qu’il est
prévu de gagner (7’806.-).
Grâce
aux taux hypothécaires actuellement bas, ils décident de figer leur loyer sur
25 ans soit jusqu’à leurs 80 ans. Leur dette leur coûtera environ 500.- par
mois. Une belle économie de réalisée si l’on regarde les 1’300.- qu’ils
payaient jusqu`à aujourd’hui.
La
combinaison de ces éléments leur permet dès lors d’épargner 2’500.- par mois
(30’000.- par année) et ce malgré la présence des enfants aux études supérieures
(ils ont commencé à épargner dès la naissance des enfants pour ce poste).
Notons
que leur maison des années 60 aura probablement des frais importants dans les
années qui viennent (chaudière, façade). Ce poste est également à planifier.
Planifier sa retraite et structurer son épargne.
Notre
couple décide de maximiser les économies d’impôts et va répartir son épargne
sur trois axes à raison de 10’000.- par poste (30’000.- d’épargne divisée par 3
postes = 10’000.-)
Réaliser des travaux dans sa maison.
Tout
d’abord, ils vont garder des liquidités pour faire face aux travaux de la
maison en y consacrant 10’000.- par an.
Avec
cette épargne de 120’000.- sur dix ans, ils pourront changer la chaudière,
refaire les façades et améliorer quelques pièces comme la cuisine et les salles
de bain. Grâce aux économies d’impôts qu’ils réaliseront au fur et à mesure des
années, ils pourront garder une réserve supplémentaire pour d’éventuels aléas
ou travaux dans plusieurs années.
En
procédant ainsi, et en mettant à jour leur maison, ils se donnent la possibilité
de revendre leur bien assez facilement et pourraient donc changer leurs plans à
tout moment.
Racheter son deuxième pilier.
Planifier sa retraite passe souvent par le rachat du deuxième pilier. Luc et Marie ont la possibilité de racheter 120’000.- sur leurs caisses de pension. Cela tombe bien, car racheter sa caisse de pension dans les 10 dernières années de sa vie active est très intéressant en ce qui concerne les économies d’impôts et le rendement.
Ils
pourront donc consacrer 10’000.- de leur épargne annuelle pour les rachats.
Ici,
il faut distinguer la partie d’épargne qui ira dans la partie obligatoire LPP (qui
servira une rente à 6,8%) de la partie qui ira dans le surobligatoire (servant
une rente plus faible de 5,25%).
Grâce
à ces rachats, ils augmenteront leur revenu de retraite de 500.- par mois.
Notez
aussi que l’économie d’impôt qui résultera de ce rachat se montera à 3’500.-
par année (!) soit 35’000.- sur dix ans.
Maximiser son 3e pilier « A ».
Qu’est-ce que planifier sa retraite sans le 3e pilier ? Luc et Marie mettront le maximum déductible en 3e pilier « A ». En 2020, chaque salarié affilié à un deuxième pilier a le droit d’épargner 6’826.- par année sous la forme d’un troisième pilier lié à la retraite. Ils pourront mettre 13’652.- sous cette forme chaque année.
Pour
se faire, ils consacreront les 10’000.- d’épargne disponible additionnée des 3’500.-
d’économies d’impôts réalisées grâce aux rachats des deuxièmes piliers.
Cerise
sur le gâteau, cette structure d’épargne leur apporte encore 4’400.- d’économie
d’impôt supplémentaire ! En combinant le rachat du deuxième pilier et
l’épargne en 3e pilier, ils réaliseront chaque année près de
8’000.- d’économie d’impôts soit 80’000.- sur dix ans. À laquelle il faudra
ajouter les économies réalisées grâce aux travaux dans la maison.
Ils
privilégieront des comptes de 3e pilier bancaires et investis afin
de viser un rendement faible, mais conservateur aux environs de 2,5% moyen
annuel.
À
leur retraite, cette épargne se montera aux environs de 136’000.- net d’impôts
et leur apportera environ 600.- par mois de revenu supplémentaire.
**Astuce**
Lors
du retrait du capital de 3e pilier, un impôt « de sortie »
sera prélevé. Afin de casser la progression fiscale et de baisser cet impôt, Marie
(ou Luc) retirera son 3e pilier une année avant sa retraite.
Ils
économiseront ainsi 25% de cet impôt de sortie !
Un arrêt récent (2019) du tribunal fédéral confirme et valide cette pratique 🙂
Un plan d’épargne en fonds flexible
Enfin, le solde des économies d’impôts réalisées d’environ 400.- mensuel sera épargné dans un plan d’épargne en fonds. Notre couple pourrait aller chercher 3% ou 4% de rendement par an.
Planifier sa retraite peut aussi passer par une épargne libre, flexible et disponible à tout moment.
Luc
et Marie pourront également verser à leur bon vouloir dans ce plan la réserve
non dépensée des travaux de la maison.
Cette
épargne supplémentaire de 400.- mensuel représentera environ 55’000.- grâce à
laquelle ils pourront augmenter leur revenu de retraite de plus ou moins 200.-
par mois.
Le résultat de cette planification retraite
En
maximisant leur épargne, leurs économies d’impôts et tout en cherchant le bon
compromis entre le rendement et le risque, leur lacune de retraite de 1’200.-
sera allégrement comblé.
De
plus, leur maison sera dans un état impeccable, ce qui leur permettra de garder
toute la flexibilité et la liberté dont ils pourront avoir besoin.
Une
bonne planification doit rester flexible, mais être volontaire. Chaque
situation est unique. Faites-vous accompagner par un conseiller financier pour
ne rater aucune économie d’impôt et planifier correctement votre retraite 😉
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avez aimé cet article ? Faites-le savoir en le partageant à votre
entourage !
Vous souhaitez vous constituer un troisième pilier ? Vous ne savez pas par où commencer ? Lisez ceci, ce n’est pas très compliqué !
Lors des
derniers épisodes, nous avons vu le fonctionnement du premier et du deuxième
pilier. Je vous propose ici de résumer les lacunes du système des trois piliers
puis de voir les points importants à considérer pour vous construire un
troisième pilier intelligent.
AVS : le système est mort, vive le système !
L’AVS
est un système de répartition dont les jours sont probablement comptés.
La cause
majeure en est la démographie. La génération du baby boom a construit sa
retraite sur le fait que leurs enfants la payeront. Ils n’ont toutefois pas
fait suffisamment de bébés pour pérenniser ce système…
Aujourd’hui,
baby est devenu papy et d’ici à 2030, le dernier d’entre eux sera passé à la
retraite.
Les
graphiques ci-dessous sont sans équivoque. L’idée de la solidarité retraite
entre les générations, idée qui a émergé au début du XXe siècle (belle
pyramide) ne fonctionnera bientôt plus (pyramide inversée en 2045).
Deuxième pilier : Taux négatifs et allongement de la durée de vie, ça vous parle ?
Nous avons vu dans les articles précédents sur le deuxième pilier que chaque travailleur épargne pour lui-même et récupère à la retraite ses avoirs sous forme du capital ou sous forme de rente mensuelle à vie. Enfin ça, c’est « sur le papier ». En effet, le deuxième pilier fait face à deux facteurs dommageables.
Les intérêts négatifs, ou quand la notion de sécurité disparaît
Les intérêts négatifs, persistants depuis près de dix
ans, forment le facteur d’actualité le plus néfaste à la pérennisation de nos
caisses de pension. Le capital de votre caisse est majoritairement placé en
obligations, en actions et en immobilier. Lorsque vous entendez parler de taux
nuls ou négatifs, comprenez que c’est la part historiquement la plus
sécuritaire qui est impactée : les obligations.
Afin de
maintenir un rendement positif, les caisses de retraite se sont massivement
rapatriées sur l’immobilier suisse, l’avantage étant d’encaisser un revenu
régulier via les loyers. Le hic est que, répondant au jeu de l’offre et de la
demande, les prix de l’immobilier se sont envolés, faisant proportionnellement
s’effondrer les rendements (loyers).
Les
obligations et l’immobilier représentent, selon les caisses, de 50% à 80% de
leur fortune ! Vous comprenez ici leur difficulté à générer du rendement…
pour vous.
Dans la même veine, l’absence de rendement « oblige » certaines caisses à prélever du capital aux travailleurs actuels afin de verser des rentes aux retraités. En toute transparence, et à la rédaction de cette série d’articles, je ne vous cache pas que ma surprise a été grande. Effectivement, c’est le but même du deuxième pilier qui est remis en cause ici ! Une épargne individuelle qui se transforme en épargne collective.
une partie de la génération du baby boom va percevoir plus de rente à la retraite que ce qu’elle a cotisé pendant sa vie de travail
Une histoire de taux de conversion
Le second facteur préjudiciable est l’allongement de la durée de la vie. Bonne nouvelle, nous vivons plus longtemps en bonne santé. Et plus nous vivons longtemps, plus nous avons des chances de vivre… encore plus longtemps. 🙂
Lors de
la création du deuxième pilier, dans les années 1970, l’espérance de vie à la
naissance était inférieure à 79 ans pour les femmes et à 72 ans pour les
hommes. Aujourd’hui, elle est de 85.4 ans pour les femmes et de 81.7 ans pour
les hommes.
les rentes étant servies à vie, une partie de la génération du baby boom va percevoir plus de rente à la retraite que ce qu’elle a cotisé pendant sa vie de travail.
C’est l’espérance de vie qui a permis de fixer le taux de conversion actuel de 6.8%. Appliqué sur le capital, il fixe le montant de la rente. Révisé pour la dernière fois en 2005, il permet de distribuer le capital pendant 14.7 ans dès le départ en retraite, amenant les femmes à 78.7 ans et les hommes à 79.7 ans. Dans la réalité actuelle, le versement de la rente continue après 14.7 ans… au même taux et ce même si vous vivez 85 ans, 90 ans, 100 ans ou plus.
En toute
« logique mathématique », il devrait être proche des 6%.
Les différentes réformes portant sur la baisse de ce taux ont été refusées par le peuple. Notez qu’il est uniquement appliqué sur la partie légale définissant le minimum LPP, le taux sur la partie sur-obligatoire étant à la libre appréciation de la caisse. Vous trouvez ici plus de détail sur le deuxième pilier.
Exemples concrets du taux de conversion et des taux négatifs
En ce
qui concerne les taux négatifs :
prenons un salarié qui arrive aujourd’hui à la retraite avec un million de
franc de capital. Ce million est globalement composé de 50% d’épargne et de 50%
de rendement. A carrière et revenu égaux, son fils ou sa fille arrivera à la
retraite avec seulement 500’000.- francs, montant composé majoritairement d’épargne
(rendement très faible). Sa retraite sera donc deux fois plus petite.
Pour le taux de conversion : mettons que vous arrivez à la retraite avec 500’000.- de capital. Multipliez 6.8% de prélèvement par ce capital et vous trouvez votre rente annuelle de 34’000.-. En ponctionnant ce montant chaque année, votre capital serait théoriquement éteint après 14.7 ans. Dans les faits, et pour le moment, vous continuez de le percevoir.
Pourquoi faire un troisième pilier ?
Nous
l’avons vu, l’AVS est « mort » et le deuxième pilier se fait attaquer
par les intérêts négatifs et l’allongement de la durée de vie.
Autant
de problèmes qui incitent à se constituer une épargne supplémentaire. Afin
d’augmenter votre épargne retraite, vous êtes libre de constituer un troisième
pilier « lié à la retraite » et déductible de vos impôts. C’est ce
qu’on appelle le troisième pilier A.
Si vous
êtes salarié cotisant à un deuxième pilier, vous pouvez épargner au maximum le
montant de 6’826.- francs tandis que si vous êtes indépendant sans caisse de
pension, le maximum est de 34’128.- (chiffres de 2019).
Au vu de
la situation, se constituer ou non un troisième pilier n’est pas tellement une
question à se poser. Les questions à se poser sont plutôt de savoir combien je
dois épargner, comment je le constitue de manière intelligente, comment je peux
l’adapter à mes besoins et à mes objectifs de vie. C’est à l’ensemble de ces
questions que nous allons tenter de répondre.
Oui mais le troisième pilier, ce n’est pas pour moi !
J’entends
souvent : « de toute façon, je ne vivrai pas jusqu’à la retraite
alors autant vivre et tout dépenser maintenant ». Précisons que c’est bien
votre moi qui a de grandes chances de vivre de 65 à 85 ans et plus. Vous
pourriez vous poser la question : est-ce que je veux vraiment m’infliger
une retraite à 40% ou à 50% de mon train de vie actuel ? Faites les comptes
sérieusement : divisez votre revenu par deux et regardez si ça fonctionne
avec votre train de vie.
Quel montant épargner dans mon troisième pilier ?
La solution est assez simple : il « suffit » de s’habituer à vivre avec 5% de revenu en moins dès son premier travail et ce jusqu’à la retraite. Vous pourriez par exemple enlever 5% de loisirs, 5% de restaurants, 5% d’iPhone et 5% de vacances… et mettre cette épargne sur votre 3e pilier pour pouvoir ainsi, aisément, continuer à consommer 80% de loisirs, 80% de restaurants, 80% de vacances… à la retraite 😉
Cette règle des 5% est une bonne
indication si vous commencez tôt votre troisième pilier, c’est à dire dès votre
premier emploi.
Par exemple, si vous commencez à travailler à 25 ans avec un revenu de 5’000.-
brut, vous pourriez mettre 250.- chaque mois en troisième pilier. Si quelques
années plus tard, votre revenu augmente à 7’000.-, vous pourriez augmenter
votre épargne à 350.- par mois et ainsi de suite.
Si vous
attendez vos 45 ans, vous loupez le plus
grand atout qui tourne en votre faveur : le temps. En effet, lorsque vous
placez un capital, il travaille pour vous. C’est ce qui forme les intérêts composés : les intérêts
font des intérêts, qui font à leur tour des intérêts et ce sur de longues
années.
Pour illustrer mon propos, prenons le cas de Jean qui épargne 3’000.- par année dès ses 25 ans et comparons-le à Pierre, qui décide tardivement (à ses 45 ans) d’épargner le maximum de 6’826.-. A un taux de rendement moyen annuel de 3%, Jean récupérera 235’990.- et Pierre 195’746.-. C’est pourtant Pierre qui a mis le plus d’argent de sa poche…
Dans tous les cas, et peu importe votre âge, il est encore suffisamment tôt pour se poser la question et commencer à épargner.
Quel rabais d’impôts grâce à mon troisième pilier ?
Ajoutez
que vous obtiendrez un rabais d’impôt sur le montant épargné. Il est difficile
de vous dire précisément combien puisque qu’il dépendra de votre situation
personnelle. Prenons deux exemples :
Un salarié célibataire vivant à Lausanne avec un revenu brut de 5’000.- mensuel économisera environ 710.- d’impôts sur les 3’000.- de troisième pilier qu’il épargne, soit près de 24%. Un beau rendement 🙂
Un couple marié avec deux enfants, vivant à Lausanne et gagnant 17’000.- brut mensuel économisera environ 4879.- d’impôts sur les 13’652.- (2 fois 6’826.-), soit le montant maximal qu’ils sont autorisés à épargner en troisième pilier, ce qui représente près de 36% d’économie fiscale !
D’accord, mais comment je fais un troisième pilier ?
Avant de
choisir un troisième pilier, il est vivement recommandé de procéder à une
analyse globale de votre situation financière et de réfléchir un minimum à vos
objectifs de vie. Cela vous aidera à y voir plus clair et vous permettra de
faire le bon choix.
Votre
troisième pilier peut prendre la forme d’un dépôt bancaire ou d’une assurance
sur la vie.
Bien que
le but soit le même (constituer une épargne pour la retraite), le chemin pour y
arriver est différent.
Le troisième pilier bancaire
Dans une
banque, vous épargnez sur un dépôt, tout en restant dans la limite légale
annuelle. Ce dépôt peut être à rendement nul ou investi avec des perspectives
de rendements variables. Comptez entre 2% et 5% en moyenne annuelle. Certaines
années peuvent être négatives et inférieures à cette moyenne (comme 2008) et
d’autres au dessus (comme 2017). C’est la moyenne qui importe. Plus vous aurez
du temps devant vous, plus vous pourrez aller chercher du rendement.
Le troisième pilier assurance
Dans une
assurance, vous épargnez et profitez également de couvertures d’assurance telles
que la libération du paiement des primes, d’un capital en cas de décès ou
encore d’une rente invalidité. Évidemment, ces prestations d’assurances ont un
coût et une comparaison entre diverses
compagnies et différents produits est judicieuse.
Le
troisième pilier assurance est, pour simplifier, un copié-collé du
fonctionnement du deuxième pilier.
La libération du paiement des primes vous donnerait l’occasion
d’arrêter votre cotisation en cas d’invalidité liée à une maladie ou à un
accident. L’assureur épargnerait à votre place, vous permettant de toucher
votre capital à la retraite.
Le capital décès est assez évident à comprendre et
pourrait servir à rembourser votre dette hypothécaire par exemple.
Quant à la rente d’invalidité, elle permettrait
de toucher un revenu complémentaire aux deux premiers piliers en cas de maladie
ou d’accident à long terme.
Toutes
ces prestations ont un intérêt évident pour protéger votre famille et votre patrimoine, notamment immobilier.
Dans la même veine qu’un dépôt bancaire, une assurance peut être investie ou non. Une assurance classique sera rémunérée non pas à 0% mais au taux magnifique et réglementé de 0.25% annuel, alors qu’une assurance investie pourra aller chercher des rendements compris entre 2% et 5% sur du long terme. Enfin, notez que certains assureurs offrent une garantie minimum de capital à la retraite, indépendamment des rendements effectués pendant la durée d’assurance.
Je choisis quoi ?
Il existe autant de réponses que d’individus. Les critères sont nombreux et personnels : style de vie, envie de devenir propriétaire, montant de la dette hypothécaire, enfants et famille à protéger, lacunes existantes dans les premiers et deuxièmes piliers…
C’est un travail de planification financière à proprement parler. Vous pouvez vous faire aider. Si vous souhaitez vous constituer un troisième pilier intelligent, contactez moi 😉 raphael.battu@maretraite.ch
Quelques pistes de réflexion :
Si votre
fortune est déjà faite et que vous n’avez pas besoin de couvertures
complémentaires pour vous protéger ou protéger votre famille d’une invalidité
ou d’un décès, privilégiez le dépôt bancaire.
Par
expérience, si votre épargne annuelle est élevée (deux fois ou plus la limite
des 6’826.-) et que votre revenu dépasse le salaire couvert par les deux
premiers piliers (environ 100’000.- annuels), l’assurance sera souvent
judicieuse. Elle vous permettra de vous focaliser sur vos autres épargnes plus
flexibles tout en sécurisant votre famille et votre patrimoine.
Un mix
banque-assurance peut également offrir des avantages.
Pour ce
qui est des rendements, si votre horizon de temps est inférieur à cinq, voir à
dix ans, privilégiez un compte rémunéré à …0%. Ce n’est pas joyeux, mais cela
aura le mérite de vous protéger d’une mauvaise année type 2008. A contrario, si
vous avez du temps devant vous et un minimum de propension à l’investissement,
vous pouvez vous orienter vers un compte avec une proportion d’actions
importantes.
Je vous
invite à vous faire conseiller et assister pour faire le bon choix. Privilégiez du sur-mesure !
J’y vois plus clair, mais la vie n’est pas figée ! Comment je peux adapter mon troisième pilier à mes besoins et à mes objectifs de vie ?
Bonne question 🙂
D’abord,
sachez que si l’utilisation première du troisième pilier est la retraite
légale, il existe quelques dérogations. Vous pourriez utiliser votre capital de
troisième pilier ou votre police d’assurance dans les cas suivants :
Vous vous lancez comme indépendant,
Une retraite anticipée de cinq ans précédant l’âge légal,
Financer l’achat de votre résidence principale,
Faire des travaux apportant une plus value à votre résidence principale,
Vous en avez marre des montagnes ? Vous souhaitez partir vivre sous les palmiers ? Le départ à l’étranger fait partie des dérogations.
Votre banquier vous prête de l’argent pour acheter votre résidence principale mais vous demande une garantie : vous pouvez nantir (mettre en garantie) votre troisième pilier.
Enfin,
vous pouvez ouvrir jusqu’à cinq comptes ou assurances de troisièmes piliers.
J’y vois plusieurs avantages : flexibiliser l’utilisation de vos
troisièmes piliers, diversifier votre épargne et casser la progression fiscale
à la retraite lors du retrait du capital.
Pour conclure
Se
constituer un troisième pilier intelligent et sur mesure nécessite de faire un bilan
de votre patrimoine et demande une réflexion sur vos objectifs de vie. Je vous
recommande également de réévaluer et d’adapter régulièrement votre situation
afin de garder une cohérence entre votre vie et votre patrimoine.
Si l’un
de vos collègues, amis ou membres de votre famille n’a pas encore de troisième
pilier, faites-lui suivre cet article, il vous sera certainement reconnaissant.