Prévoyance : quitter la Suisse

Vous êtes muté à l’étranger ? Vous souhaitez découvrir de nouveaux horizons ? Ou vous retournez dans votre pays natal, après quelques années de travail en Suisse ?

Quitter la Suisse pour l’une de ces raisons est assez fréquent et pose un grand nombre de questions sur le niveau de votre retraite. Est-ce que mes années de cotisations AVS sont perdues ? Ai-je le droit de récupérer mes 2e et 3e piliers ? Comment limiter les impôts de sortie ? À quoi penser pour l’avenir de ma prévoyance ?

Autant d’interrogations légitimes auxquelles nous allons essayer de répondre.

Cotiser à différents systèmes sociaux

Si au cours de votre carrière, vous êtes amené à travailler dans plusieurs pays, vous participerez à des stratégies de prévoyance très différente.

Prenons par exemple les cas de la France et de la Suisse. Le premier pays ne fonctionne quasiment que sur un système de répartition tandis que le second offre un mix entre répartition et capitalisation.

Dans une approche de répartition, ce sont les montants de vos cotisations actuelles qui déterminent le niveau de votre allocation de retraite futur. Nous cotisons en général une quarantaine d’années dans une telle structure, sans former d’épargne. En Suisse, le premier pilier (AVS) fonctionne ainsi sur 44 ans de contributions pour les hommes et 43 ans pour les femmes.

L’épargne est plus simple à comprendre : au travers des caisses de pensions et du 3e pilier suisses, vous accumulez un avoir qui vous sera rendu sous forme de rentes mensuelles ou de capital à la retraite.

Au fil du temps et de vos déplacements, vous construisez un puzzle de systèmes dont le tableau final ne vous apparaîtra que dans 20 ans, 30 ans ou plus. Vous avez donc tout intérêt à y accorder un minimum d’attention et de suivi afin de vous éviter des montagnes de formalités administratives la retraite venue. Mon premier conseil : gardez les preuves de vos cotisations.

L’AVS

Vous devriez conserver vos certificats de salaires annuels (reçus en début d’année pour l’année précédente). Ce document recense vos revenus perçus ainsi que le montant de vos cotisations AVS et du deuxième pilier.

Avant de quitter le pays, je vous invite également à commander un extrait individuel auprès de l’AVS. Ce dernier vous permettra de vérifier l’exactitude des salaires cotisants en plus de vous servir comme preuve à archiver. Demandez-le avant de quitter le territoire pour pouvoir échanger (et éventuellement réagir) facilement et rapidement avec l’administration ou avec un ancien employeur. Vous pouvez commander votre extrait en cliquant ici.

Vous pourrez exiger vos prestations AVS au plus tôt deux ans avant l’âge légal de la retraite, soit à 65 ans pour les hommes et à 64 ans pour les femmes. Une rente anticipée (avec un impact négatif sur la rente) peut être demandée à respectivement 63 ans et 62 ans.

Notez que, comme tout système de répartition en occident, les choses sont amenées à fortement évoluer dans les prochaines années. Le vieillissement très prononcé de la population pèsera de plus en plus lourdement sur ce dispositif. Je vous renvoie à ma série d’articles sur le sujet.

Étant donné qu’une rente pleine nécessite 43 ans à 44 ans (femmes, hommes) de cotisations, vous bénéficierez très probablement d’un montant inférieur au maximum possible.

Lorsque vous aurez atteint l’âge légal de départ à la retraite, vous devrez « simplement » vous adresser à l’AVS.

Pensez aussi que les grandes sociétés et les organismes publics peuvent proposer une expatriation avec une affiliation au système de retraite suisse. Renseignez-vous auprès de votre employeur.

L’épargne du deuxième pilier

Dans le deuxième pilier, vous capitalisez chaque mois une fraction de votre salaire avec le concours de votre employeur. Cette épargne s’accumule dans votre caisse de pension et vous rapporte des intérêts – souvent ridicules, mais c’est un autre sujet. 

Lors d’un départ définitif de Suisse, vous pourriez récupérer tout ou partie de votre avoir selon l’endroit où vous élisez domicile.

Tentons de faire simple. Si vous vous installez en dehors de l’Union européenne, vous avez le droit de mettre la main sur 100% de votre capital.  À contrario, en vous établissant en UE, vous aurez l’obligation de laisser en Suisse une portion de votre deuxième pilier jusqu’à votre retraite. Cette partie forme ce que l’on appelle l’avoir minimum selon la Loi sur la Prévoyance Professionnelle (LPP). Vous trouvez ce chiffre sur votre certificat annuel. Ce montant correspond au minimum des cotisations légales que vous avez épargnées. La part excédentaire peut se libérer sans condition d’utilisation. Vous êtes par exemple au bénéfice d’un capital de 100’000.- francs dont 20’000.- dépendant de la LPP, doivent rester en Suisse.

Retenez que ce n’est pas parce que la loi vous permet de prendre tout ou partie de votre deuxième pilier que vous devez le faire… Si vous quittez la Suisse avec 100’000.-, 200’000.- ou 1’000’000.- de francs, vous devriez vous assurer que votre nouveau pays offre les mêmes niveaux de sécurité politique et financière que la Suisse. Avant de retirer votre capital, demandez-vous pourquoi des épargnants du monde entier placent leur fortune en Suisse… Vous pourriez continuer de bénéficier des structures existantes.

Gardez en mémoire qu’indépendamment du lieu où vous emménagez, les conditions de libération valables en Suisse le sont également à l’étranger. Nous trouvons par exemple l’achat de sa résidence principale ou la retraite anticipée de cinq ans avant l’âge légal (65 ans ou 64 ans).

Que faire de mon deuxième pilier ?

Si vous décidez de laisser votre argent en Suisse, vous devrez ouvrir un compte de libre passage auprès d’une banque ou une police de libre passage dans une assurance.

Choisissez un plan qui vous offrira des rendements dans la durée. Réaliser 2% à 5% « bon an, mal an » est raisonnable si vous avez du temps devant vous. Prenez cette thématique au sérieux : 200’000.- placé à 3% entre vos 40 ans et vos 65 ans vaudront 418’000.- à la retraite. Tandis que 200’000.- juste « stockés » à 0% vaudront… 200’000.-. Traduit en termes de rente, c’est un manque à gagner d’environ 10’000.- par année !

Le troisième pilier

Que vous épargniez votre troisième pilier dans une police d’assurance ou sur un compte bancaire, les réflexions qui s’offrent à vous s’apparentent à celles du deuxième pilier. La principale différence est que vous êtes totalement libre de récupérer vos avoirs et ce, peu importe l’endroit où vous vous installerez.

Faites toutefois attention à une utilisation réfléchie de vos contrats d’assurance. Ils devraient être adaptés à votre nouvelle situation. Les rentes et la libération du paiement des primes en cas d’incapacité de gain ne pourront pas toujours être conservées et vous devrez transformer votre contrat de 3A (lié à la retraite) à 3B (libre) puisque vous ne pourrez plus bénéficier des avantages fiscaux suisses.

Un contrat d’assurance conclu récemment (une dizaine d’années) pourrait par exemple être libéré du paiement des primes (vous arrêtez de cotiser et l’argent épargné continue de porter intérêt jusqu’au retrait, généralement la retraite) ou aligné avec votre nouvelle situation. Vous devriez évaluer avant de partir vos besoins nouveaux en termes de prévoyance et de protection familiale afin d’ajuster en conséquence le niveau des cotisations et des prestations.

Pour ce qui est du troisième pilier bancaire, c’est un peu plus simple. Si vous disposez d’une dizaine d’années devant vous, vous devriez l’investir – même dans un plan conservateur – afin de maintenir au minimum la valeur de votre argent dans le temps (combattre l’inflation).

Minimiser les impôts en cas de retrait de ma prévoyance

En retirant l’un ou l’autre de vos piliers, vous serez confrontés au paiement d’un impôt de sortie sur le versement en capital.

Cet impôt est fonction de votre canton de résidence au moment du retrait du capital. Vous avez ici tout intérêt à faire transférer vos avoirs de prévoyance dans un canton qui offre une fiscalité plus avantageuse. À votre départ, vous déciderez librement du canton où votre deuxième pilier sera investi. Cela ne peut évidemment s’effectuer que lors de votre départ, sauf si vous souhaitez vous installer quelques jours à Zug ou à Schwytz…

Afin de comprendre la différence fiscale, prenons le cas de monsieur Mutation appelé à déménager dans les prochaines semaines. Domicilié à Lausanne, marié et père de deux enfants, son avoir de deuxième pilier se monte à CHF 400’000.-. Le prélèvement fiscal sur le canton de Vaud s’élèverait à 43’039.-, une sacrée somme due à l’un des cantons les plus chers du point de vue de l’impôt. En bon prévoyant, Monsieur Mutation décide d’ouvrir un dépôt de libre passage dans le canton de Schwyz et de retirer son avoir plus tard. Il divisera ainsi son impôt par presque 2 à 23’000.- !

Plus de conseils pour gérer vos avoirs de retraite

Commencez par imaginer où vous passerez votre retraite. Cela vous donnera une feuille de route sur les montants qui apparaîtront nécessaires à ce moment-là. Le coût de la vie apparaîtra comme très différent selon que vous vous installiez en France, en Espagne, aux États-Unis, à Singapour, en Thaïlande ou en Suisse. En 2021, vous viverez confortablement avec 3’000.- par mois en Europe du Sud tandis que la même somme apparaîtra insuffisante pour la Suisse.

Traitez votre capital retraite avec soin sur le long terme. Cette épargne « forcée » offre l’avantage de croître année après année et même les cigales en tireront profit. L’investir est « obligatoire » pour à minima maintenir son pouvoir d’achat. Si vous bénéficiez de suffisamment de temps devant vous, vous devriez chercher à faire mieux que juste battre l’inflation.

Vous pourriez utiliser vos avoirs de prévoyance pour acquérir votre résidence principale à l’étranger. Attention toutefois à bien étudier votre marché avant de procéder. Contrairement à une idée reçue, l’immobilier subit aussi des revers assez violents (-30% à -50% en 1990 et en 2008). Certaines régions comme l’Amérique du Nord sont connues pour être volatiles à moyen terme.

Au-delà du foncier et si vous bénéficiez d’une expérience importante en gestion de patrimoine, vous pourriez gérer vos avoirs vous-même en passant par des actifs liquides. Prêtez toutefois attention à vos émotions. Nous parlons de votre retraite, c’est-à-dire de la période où vous ne disposerez plus de salaire pour payer la vie courante.

Dans ce cas, pourquoi ne pas laisser votre fortune en Suisse ? En gardant un pied à terre patrimoniale en Suisse, votre dépôt sera préservé des banqueroutes bancaires. Peu de pays peuvent en dire autant. Je pense notamment à la France, qui, malgré le discours de François Hollande en 2012 : « mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance », a supprimé le dernier degré de protections des épargnants contre les faillites bancaires. Assez cocasse non ?

Si vous cherchez à placer correctement votre deuxième pilier, contactez-moi. Nous trouverons ensemble une solution qui vous correspond.

Quelles solutions pour planifier sa retraite ?

Apprenez en plus sur la planification de votre retraite tout en économisant beaucoup d’impôts !

Vous pouvez y arriver en dix ans seulement.

Dans les articles précédents sur l’AVS et le deuxième pilier, nous avons vu, à travers l’exemple de Luc et de Marie, la perte à laquelle notre couple peut s’attendre en anticipant de deux ans leur retraite. Voyons maintenant comment ils peuvent planifier leur retraite pour faire face à ces défis.

Pour rappel, Luc et Marie ont actuellement 53 et 54 ans. Du fait de leur différence d’âge, Luc aura 63 ans lorsque Marie en aura 64. L’idée de Luc est de prendre sa retraite deux ans en avance sur la retraite ordinaire de 65 ans afin qu’ils puissent commencer à profiter en même temps de leur « nouvelle vie ».

Dans les grandes lignes, et en procédant ainsi, l’AVS et le deuxième pilier de Luc seront amputés de 13,6% par rapport à la retraite légale, et ce, à vie. Nous avons également vu que le revenu de notre couple à la retraite sera équivalent à moins de 50% de leur revenu actuel (16’700.- francs bruts aujourd’hui contre 7’806.- demain).

Notez que même si Luc ne prenait pas de retraite anticipée, et bien qu’ils aient tous les deux travaillé et cotisé toute leur vie, leur revenu de retraite serait proche des 50% de leur revenu actuel ! Une bonne raison pour planifier sa retraite à l’avance.

Heureusement, Luc et Marie anticipent de dix ans leur retraite, ce qui leur laisse le temps de planifier un atterrissage « en douceur ». Tentons de voir ici, comment Luc et Marie pourraient se préparer efficacement à cette baisse soudaine de revenu.

Revenu versus train de vie

En planifiant votre retraite, vous devez chercher des chiffres de référence pour y voir clair et pour trouver la bonne direction.

Dans le cas de Luc et de Marie, nous connaissons deux chiffres intéressants : leur revenu actuel de 16’700.- mensuel et leur revenu probable de retraite de 7’806.-.

À votre avis, quelle autre donnée pourrait les aider à combler leur lacune de revenu à la retraite ?

C’est leur train de vie ou autrement dit, leur budget. Ils ne dépensent pas forcément ce qu’ils gagnent : épargne, impôts, charges sociales… autant de « dépenses » qui n’auront pas le même poids à la retraite.

Faire un budget est primordial lorsque l’on planifie sa retraite. Et bien que la vie soit remplie de surprise, il existe toute une série de charges fixes ou peu variables qui sont facilement identifiables.

À vrai dire, le budget est la pierre angulaire, à tout âge, d’une bonne planification financière.

Tentons maintenant de mettre en lumière ces dépenses.

Les charges encore présentes à la retraite.

L’un des postes que notre couple continuera de payer à la retraite est l’assurance maladie. Vous pouvez prendre vos factures actuelles et les augmenter du chiffre exorbitant de 4,12% par année d’ici à votre retraite.

Avec le vieillissement de la population, l’augmentation sera probablement plus élevée encore. Je me suis contenté de prendre l’inflation des primes de la LAMal entre 1999 et 2019 sur le site de l’Office fédéral de la statistique.

Pour vous donner un ordre d’idée : si vous payez 8’400.- par année aujourd’hui pour la LAMal et les complémentaires, vous payerez demain 12’600.-. Il faut également ajouter pour un grand nombre de complémentaires les paliers d’âges propres à chaque assureur.

Pour vos autres dépenses courantes comme les assurances choses, vos courses, les habits, le loyer si vous êtes locataire, les frais de votre maison si vous êtes propriétaire, l’énergie, les communications… vous pouvez prendre vos chiffres actuels et appliquer une inflation de 1,1% par an (inflation officielle moyenne des 40 dernières années. 100.- aujourd’hui vaudra 111.- et des poussières dans dix ans).

Si vous êtes propriétaire, vous devriez avoir les moyens d’effacer votre dette à la retraite. Aussi, vous avez peut-être actuellement la possibilité de renégocier pour longtemps et au-delà de votre retraite, votre dette hypothécaire. Prenez votre coût renégocié.

Par prudence, et si vous n’avez pas la possibilité de changer votre charge d’intérêt, vous pouvez prendre le taux hypothécaire moyen historique de 4,5%. Ce taux sert de référence aux prêteurs (banques et assurances) pour le calcul de la faisabilité hypothécaire.

**Astuce hypothécaire**

Je peux vous proposer en ce moment des taux exceptionnels aux environs de 1% sur 25 ans, avec une quasi-absence de contrainte en cas de résiliation avant l’échéance. C’est de mon point de vue révolutionnaire dans le monde suisse de l’hypothèque et cela permet de planifier sereinement l’effacement de sa dette.

Contactez-moi si vous souhaitez en discuter raphael.battu@maretraite.ch

Les charges qui disparaîtront ou qui seront diminuées à la retraite :

En réalisant votre budget, vous identifierez également des charges qui n’auront plus lieu d’être. Ce sont les dépenses liées au travail comme les charges sociales, les frais de voiture ou les abonnements de transports publics ou les frais liés aux enfants qui auront quitté la maison.

Les autres « dépenses » que vous pourrez éliminer concernent votre épargne. En effet, si vous avez vécu suffisamment prudemment, vous n’aurez plus à rembourser de dette immobilière. De fait, l’amortissement de la dette hypothécaire, et vos troisièmes piliers seront clos.

Enfin, les impôts ne seront plus basés sur votre revenu du travail (16’700.- mensuel pour Luc et Marie), mais sur votre nouveau revenu de retraite (7’806.- dans notre exemple).

Attention toutefois à ne pas les sous-estimer : beaucoup de dépenses ne seront plus déductibles : épargne en 3e pilier, rachat de 2e pilier, dépenses liées à l’activité professionnelle, présence des enfants à la maison, etc. Luc et Marie payeront vraisemblablement plus de 1’100.- d’impôts par mois sur Lausanne (!) en l’absence de fortune. Leur taux moyen d’imposition passera de 19% à 14%.

Les nouvelles dépenses de retraite à planifier.

A contrario de ce que nous venons de voir et selon le mode de vie que vous choisirez, de nouvelles dépenses pourront s’ajouter. Elles sont cependant difficiles à prévoir.

Vous aurez probablement 50% de revenu en moins, mais 100% de temps en plus qu’il faudra bien occuper.

Passer du temps avec vos petits-enfants, au théâtre ou au musée ne vous coûtera pas excessivement cher. Il n’en sera pas de même pour les voyages, la location d’un appartement (si vous vendiez votre maison par exemple) ou la location d’une résidence secondaire qu’il faudra anticiper.

**Astuce**

Si vous vous êtes habitué tôt à vivre avec 80% de votre revenu net, il sera facile de passer la marche de la retraite sans consommer votre épargne trop rapidement.

Vous pourriez vous passer d’un budget dans le cas où vous décideriez volontairement d’épargner 20% à 30% de votre revenu, tout au long de votre vie, et ce quoiqu’il arrive.

Si vous cherchez à acquérir l’indépendance financière, vous pourriez adopter un mode de vie un peu plus frugal que la moyenne de vos contemporains en épargnant jusqu’à 40%, voir 50%… de vos revenus. En investissant cette épargne, vous gagnerez tôt en liberté financière.

Effacer sa lacune de retraite

Luc et Marie ont réalisé leur budget et ont identifié que sans leurs enfants, ils dépenseront environ 9’000.- par mois, soit 1’200.- de plus que ce qu’il est prévu de gagner (7’806.-).

Grâce aux taux hypothécaires actuellement bas, ils décident de figer leur loyer sur 25 ans soit jusqu’à leurs 80 ans. Leur dette leur coûtera environ 500.- par mois. Une belle économie de réalisée si l’on regarde les 1’300.- qu’ils payaient jusqu`à aujourd’hui.

La combinaison de ces éléments leur permet dès lors d’épargner 2’500.- par mois (30’000.- par année) et ce malgré la présence des enfants aux études supérieures (ils ont commencé à épargner dès la naissance des enfants pour ce poste).

Notons que leur maison des années 60 aura probablement des frais importants dans les années qui viennent (chaudière, façade). Ce poste est également à planifier.

Planifier sa retraite et structurer son épargne.

Notre couple décide de maximiser les économies d’impôts et va répartir son épargne sur trois axes à raison de 10’000.- par poste (30’000.- d’épargne divisée par 3 postes = 10’000.-)

Réaliser des travaux dans sa maison.

Tout d’abord, ils vont garder des liquidités pour faire face aux travaux de la maison en y consacrant 10’000.- par an.

Avec cette épargne de 120’000.- sur dix ans, ils pourront changer la chaudière, refaire les façades et améliorer quelques pièces comme la cuisine et les salles de bain. Grâce aux économies d’impôts qu’ils réaliseront au fur et à mesure des années, ils pourront garder une réserve supplémentaire pour d’éventuels aléas ou travaux dans plusieurs années.

En procédant ainsi, et en mettant à jour leur maison, ils se donnent la possibilité de revendre leur bien assez facilement et pourraient donc changer leurs plans à tout moment.

Racheter son deuxième pilier.

Planifier sa retraite passe souvent par le rachat du deuxième pilier. Luc et Marie ont la possibilité de racheter 120’000.- sur leurs caisses de pension. Cela tombe bien, car racheter sa caisse de pension dans les 10 dernières années de sa vie active est très intéressant en ce qui concerne les économies d’impôts et le rendement.

Ils pourront donc consacrer 10’000.- de leur épargne annuelle pour les rachats.

Ici, il faut distinguer la partie d’épargne qui ira dans la partie obligatoire LPP (qui servira une rente à 6,8%) de la partie qui ira dans le surobligatoire (servant une rente plus faible de 5,25%).

Grâce à ces rachats, ils augmenteront leur revenu de retraite de 500.- par mois.

Notez aussi que l’économie d’impôt qui résultera de ce rachat se montera à 3’500.- par année (!) soit 35’000.- sur dix ans.

Maximiser son 3e pilier « A ».

Qu’est-ce que planifier sa retraite sans le 3e pilier ? Luc et Marie mettront le maximum déductible en 3e pilier « A ». En 2020, chaque salarié affilié à un deuxième pilier a le droit d’épargner 6’826.- par année sous la forme d’un troisième pilier lié à la retraite. Ils pourront mettre 13’652.- sous cette forme chaque année.

Pour se faire, ils consacreront les 10’000.- d’épargne disponible additionnée des 3’500.- d’économies d’impôts réalisées grâce aux rachats des deuxièmes piliers.

Cerise sur le gâteau, cette structure d’épargne leur apporte encore 4’400.- d’économie d’impôt supplémentaire ! En combinant le rachat du deuxième pilier et l’épargne en 3e pilier, ils réaliseront chaque année près de 8’000.- d’économie d’impôts soit 80’000.- sur dix ans. À laquelle il faudra ajouter les économies réalisées grâce aux travaux dans la maison.

Ils privilégieront des comptes de 3e pilier bancaires et investis afin de viser un rendement faible, mais conservateur aux environs de 2,5% moyen annuel.

À leur retraite, cette épargne se montera aux environs de 136’000.- net d’impôts et leur apportera environ 600.- par mois de revenu supplémentaire.

**Astuce**

Lors du retrait du capital de 3e pilier, un impôt « de sortie » sera prélevé. Afin de casser la progression fiscale et de baisser cet impôt, Marie (ou Luc) retirera son 3e pilier une année avant sa retraite.

Ils économiseront ainsi 25% de cet impôt de sortie !

Un arrêt récent (2019) du tribunal fédéral confirme et valide cette pratique 🙂

Un plan d’épargne en fonds flexible

Enfin, le solde des économies d’impôts réalisées d’environ 400.- mensuel sera épargné dans un plan d’épargne en fonds. Notre couple pourrait aller chercher 3% ou 4% de rendement par an.

Planifier sa retraite peut aussi passer par une épargne libre, flexible et disponible à tout moment.

Luc et Marie pourront également verser à leur bon vouloir dans ce plan la réserve non dépensée des travaux de la maison.

Cette épargne supplémentaire de 400.- mensuel représentera environ 55’000.- grâce à laquelle ils pourront augmenter leur revenu de retraite de plus ou moins 200.- par mois.

Le résultat de cette planification retraite

En maximisant leur épargne, leurs économies d’impôts et tout en cherchant le bon compromis entre le rendement et le risque, leur lacune de retraite de 1’200.- sera allégrement comblé.

De plus, leur maison sera dans un état impeccable, ce qui leur permettra de garder toute la flexibilité et la liberté dont ils pourront avoir besoin.

Une bonne planification doit rester flexible, mais être volontaire. Chaque situation est unique. Faites-vous accompagner par un conseiller financier pour ne rater aucune économie d’impôt et planifier correctement votre retraite 😉

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Prendre une retraite anticipée grâce à son deuxième pilier.

Découvrez l’impact d’une retraite anticipée sur votre deuxième pilier.

Nous avons vu ici quelle incidence peut avoir une retraite anticipée de deux ans sur la rente AVS. Je vous propose aujourd’hui de discuter de l’impact d’une retraite anticipée de deux ans sur le deuxième pilier.

Petit rappel sur le deuxième pilier.

Le deuxième pilier est une épargne « forcée » que vous constituez tout au long de votre carrière, via la caisse de pension de votre employeur. Cette épargne fait partie de votre fortune et vous sera versée à la retraite sous forme de rente ou de capital.

La Loi sur la Prévoyance Professionnelle (LPP) fixe un minimum de cotisation par tranche d’âge.

Selon le bon vouloir de la société qui vous emploie, vous pourriez cotiser le « minimum légal » ou un montant supérieur.

Notez que le deuxième pilier fait face à des défis structurels : l’allongement de la durée de vie, les taux bas et négatifs ou encore le nombre croissant de retraités. La LPP est et va continuer d’être sous pression à moyen long terme. Vous trouvez un article sur le sujet ici.

**Astuce : bien choisir son employeur.**

De nombreuses personnes croient que ce qui rend une caisse bonne est le niveau de répartition de l’épargne annuelle entre l’employeur et l’employé. La LPP stipule que les deux parties doivent cotiser à parts égales (moitié-moitié) dans la caisse de pension. Pour beaucoup de travailleurs, c’est le cas, mais certaines entreprises versent par exemple deux tiers des cotisations et le salarié épargne le tiers restant. Ce n’est pas forcément cette méthode qui vous est profitable.

Une caisse de pension peut présenter un intérêt lorsque l’employeur offre un plan supérieur au minimum légal.

Voyons un exemple simple : si vous gagnez 100’000.- francs par an, votre employeur a l’obligation de calculer votre épargne retraite sur 60’435.- de revenu uniquement (chiffre 2020). Un plan plus généreux que le minimum légal peut être de cotiser sur la base des 100’000.- de revenu. Et ce, même si vous devez en payer la moitié. 🙂

Vous trouvez plus d’informations sur « comment bien choisir son employeur » ici.

Le taux de conversion du deuxième pilier.

La retraite ordinaire est fixée à 65 ans pour les hommes et à 64 ans pour les femmes. Vous trouvez le montant de votre rente et de votre capital espérés à cet âge sur votre certificat de prévoyance annuel. Vous y trouverez également le montant de votre capital accumulé à ce jour.

Vous trouvez ici un exemple pour vous aider à décortiquer votre certificat.

Le niveau de votre rente de retraite est en général déterminé par le capital attendu à votre retraite. Pour déterminer le niveau de rente, on applique un pourcentage sur le capital. C’est le taux de conversion.

Votre capital (et la rente qui en découlera) est « découpé » en deux grandes parties. La première dépend du minimum légal selon la LPP et est soumise au taux de conversion de 6,8%, tandis que la seconde partie, dépassant le minimum légal et appelé surobligatoire, est traitée à un taux de conversion librement choisi par la caisse, par exemple 5,25%.

Marie et Luc ont la cinquantaine et souhaitent prendre leur retraite dans dix ans.

Reprenons notre « couple exemple » de l’article précédent : Luc et Marie.

En ce qui concerne leurs deuxièmes piliers, Luc disposera vraisemblablement d’un capital de 700’000.- à ses 65 ans et Marie de 250’000.- à ses 64 ans.

Les 700’000.- de Luc sont formés de 300’000.- selon le minimum LPP et de 400’000.- de capital surobligatoire. La part LPP lui servira une rente de 1’700.- mensuel (300’000.- converti à 6.8% soit 20’400.- annuel), tandis que le capital surobligatoire serai converti à 5,25% pour une rente de 1’750.- par mois (21’000.- par année).

Au total, Luc aura le droit à 3’450.- par mois de son deuxième pilier.

Marie quant à elle voit son capital de fonds de pension traité uniquement par la LPP et converti au taux légal de 6.8%. Sa rente s’élèvera donc à 1’416.- par mois (17’000.- par an).

Ensemble, Luc et Marie percevront 4’866.- mensuel en provenance du second pilier.

Le taux selon la LPP de 6,8% est en théorie figé par la loi. Toutefois et au vu des défis à venir, il est possible qu’il vienne à être revu, même pour les personnes déjà en retraite.

La retraite anticipée et le deuxième pilier

Nous avons vu qu’en prenant une retraite anticipée de deux ans, soit à 63 ans, Luc verra sa rente AVS diminuer de 13.6% par an et à vie.

Venons-en maintenant aux possibilités de retraite anticipée via le deuxième pilier.

La LPP ne prévoit pas de retraite anticipée. Toutefois, le règlement de votre caisse peut le prendre en compte et vous permettre de percevoir votre rente (ou votre capital) en avance.

Si votre caisse le permet, votre rente sera, tout comme l’AVS, plus basse que celle de la retraite ordinaire.

Notez que certaines caisses incluent la possibilité, grâce au rachat volontaire, de financer sa retraite anticipée avec un départ à 58 ans. L’idée est de transposer la rente due à 65 ans dès ses 58 ans. Ne vous méprenez pas, cela coûte cher.

Si vous souhaitiez absolument prendre deux ans de retraite anticipée comme Luc, mais que votre caisse de pension ne le prévoit pas dans son règlement, il vous faudrait démissionner et renoncer à la rente. Vous percevrez le capital.

Ce n’est pas forcément négatif si le reste de votre patrimoine vous permet de maintenir votre niveau de vie antérieur ou si vous souhaitez partir vivre à l’étranger, dans un pays où la vie est moins chère par exemple. Tout cela se calcule.

Luc anticipe sa retraite de deux années.

La caisse de pension de l’entreprise de Luc permet de prendre une retraite anticipée.

Le certificat de prévoyance de Luc l’informe que sa rente de retraite ordinaire est prévue de se monter à 3’450.- par mois et de diminuer à 2’980.- à l’âge de 63 ans, soit une baisse de 13,6% dans le même esprit que l’AVS. Cela représente un manque à gagner de 470.- par mois.

Ainsi, lors de sa retraite anticipée, Luc percevra de son deuxième pilier un taux de conversion moyen de 5,11% « à vie ».

**Astuce : rente ou capital ?**

La rente n’est pas la meilleure solution dans tous les cas. Cela dépend de votre état de santé, de votre train de vie, du niveau de votre fortune, si vous êtes propriétaire de votre résidence principale, de l’état de vos dettes immobilières, etc. Faites-vous assister par un conseiller financier pour planifier une retraite sereine. Vous trouvez un article sur ce thème ici.

Quelle perte de revenu à la retraite ?

En anticipant la retraite de deux ans, et si aucune modification des lois AVS et LPP ou des règlements de caisse de pension ne vient modifier ces chiffres, les rentes des premiers et deuxièmes piliers de Luc et Marie se monteront probablement à 7’806.- par mois.

Si l’on compare avec leur salaire actuel de 16’700.- brut mensuel, la pension de 7’806.- peut sembler maigre. Leur rente se montera à moins de 47% de leur revenu actuel ! C’est le cas pour la majorité des personnes dans notre pays, même en l’absence d’anticipation.

Nous verrons lors d’un prochain article comment notre couple pourrait optimiser sa situation en profitant des dix années qui les séparent de la retraite.

Vous avez aimé cet article ? Si vous avez des amis ou des parents qui partent à la retraite dans une dizaine d’années, partagez-leur cet article, vous pourriez les aider à y voir plus clair 😉