Retraite suisse – caisse de pension : bien choisir son employeur – Épisode 4

Choisir un nouvel employeur n’est jamais évident. Outre le salaire, la caisse de pension est un sérieux élément à considérer.

Lors du dernier épisode, nous avons abordé l’histoire et le but du deuxième pilier. Voyons aujourd’hui comment vous financez votre caisse de pension et quels éléments vous devez évaluer pour choisir un nouvel employeur. Au delà du salaire, il convient de demander le niveau des prestations offertes via le deuxième pilier. Nous étudierons cela à travers un cas pratique.

Qu’est-ce qu’une caisse de pension et comment est financé mon deuxième pilier ?

Une caisse de pension est une épargne, qui est placée jusqu’à la retraite afin de produire des intérêts. Une fois à la retraite, nous récupérons une rente mensuelle ou ledit capital. Il est également possible d’obtenir un mix rente – capital en fonction du cas de chacun. Pour vous éclairer sur le bon choix à faire entre la rente et le capital, je vous invite à lire ici un article sur ce sujet.

Les caisses de pension utilisent donc le système de capitalisation : vous et votre employeur épargnez un pourcentage de votre salaire chaque mois afin de former le capital. Ce système est à opposer au système par répartition de l’AVS (vous trouvez ici l’épisode 1 sur l’AVS).

Pour la partie couvrant les risques du décès et de l’invalidité – qui mériterait un article séparé – un coût d’assurance en pourcentage du salaire est également prélevé chaque mois.

Le salaire assuré dans votre caisse de pension

La LPP fixe un plancher et un plafond de salaire assuré. Evitons de nous noyer sous trop de chiffres mais disons simplement que si vous êtes assuré au minimum légal, vous n’épargnez pas sur les premiers 21’330.- de votre revenu annuel et sur tout ce qui dépasse les 85’320.- annuel. Si votre salaire dépasse les 85’320.- par an, votre salaire assuré est au minimum de 60’435.-, ce qui correspond au « salaire coordonné LPP maximum ».

Ces barrières sont dans la loi, mais votre employeur peut tout à fait ne pas les « respecter » et vous couvrir mieux que la loi – pas moins bien. 😉 Il pourrait par exemple vous couvrir sur les 100% de votre salaire. Evidemment, cela a un coût pour l’entreprise qui vous emploie, puisque cette épargne est une dépense qui s’ajoute à l’ensemble de ses charges sociales.

Notez toutefois qu’il existe dans le deuxième pilier un salaire plafond assurable de 853’200.- par année. Si vous êtes responsable d’entreprise, profession libérale ou indépendant, et que vous souhaitez optimiser vos impôts, ou réfléchir à une planification financière efficace, contactez-moi : raphael.battu@maretraite.ch

Le taux d’épargne de votre caisse de pension

Un second élément à considérer est le taux d’épargne prélevé sur votre « salaire assuré », appelé taux de bonification. Lui aussi est encadré par la loi. Il commence à 7% du salaire assuré entre 25 ans et 34 ans puis monte par tranche de 10 ans pour atteindre 18% entre 55 ans et la retraite. Ce taux est généralement réparti par moitié entre vous et votre employeur. Toutefois, ce dernier peut en supporter une plus grande proportion (les deux tiers par exemple). Notez également qu’ici aussi, votre employeur peut faire mieux que la loi avec des taux de prélèvement supérieur.

Le rendement de votre caisse de pension

Pour conclure sur la réglementation, sachez que le capital (votre épargne) est rémunéré au taux ridicule minimum de 1% par an depuis 2017. Ici aussi, votre caisse de pension peut faire mieux que la loi. Le rendement qui vous est versé par la caisse dépend de sa capacité à gérer correctement les avoirs de ses pensionnés au fil des années, du niveau des réserves et aussi de la structure d’âge de la caisse (rapport entre les jeunes, les plus âgés, les pensionnés et les travailleurs).

En cas de nouvelle embauche, ce « package caisse de pension » est à considérer sérieusement et au vu du nombre de données à considérer, se faire assister par un conseiller financier pour ces questions peut toujours être utile – Contactez moi : raphael.battu@maretraite.ch

J’ai rien compris ! Un exemple pour étayer mes propos 🙂

Un salarié de 30 ans gagne 85’320.- par an. Il est assuré au minimum légal. Ainsi son « salaire assuré » se monte à 60’435.-. La bonification de retraite (le montant d’épargne) qui rejoint sa caisse de pension est fixé à 7% soit 4’230.45 par année. Une moitié est prélevée de son salaire brut alors que l’autre moitié est versée par son employeur. Cette épargne rejoint son capital retraite accumulé de par exemple 20’000.-. Ces 20’000.- sont rémunérés à 1% donnant, à la fin de l’année, 200.- d’intérêts. Le salarié de notre exemple se retrouve à la fin de l’année avec 24’430.45 (20’000.- existants + 4’230.45 nouveaux + 200.- d’intérêts).

Un cas pratique : comparons deux postes de travail, dans deux entreprises offrants une caisse de pension différente

Réalisons maintenant un cas pratique : un(e) salarié(e) de 40 ans compare un poste de manager pour un salaire de 150’000.- annuel dans deux entreprises différentes proposant des plans de pension différents.

Entreprise 1 :

Le salaire assuré en deuxième pilier est limité à la loi et s’élève à 60’435.-. La bonification de vieillesse (taux d’épargne) est également fixée au minimum légal de 10% annuel. Le rendement de la caisse est au minimum légal de 1% par an.

Entreprise 2 :

Hormis le salaire qui est identique, cette entreprise propose des prestations sensiblement meilleures, c’est à dire offrant mieux que la loi. Le revenu est assuré à 100% (pas de limite inférieure et supérieure), la bonification vieillesse est de 17% et nous pouvons observer que le rendement moyen des avoirs est de 3% annuel depuis 5 ans.

Comparaison après cinq ans de travail : en travaillant pour l’entreprise 1, notre salarié récupérera de sa caisse de pension 34’728.- alors qu’il pourrait s’attendre dans l’entreprise 2 à un montant épargné de 178’141.- soit plus de 5 fois plus !

Sur une vie de travail ? Je me suis « amusé » à calculer la différence de capital et de revenu que cela peut produire sur 45 ans de labeur entre être assuré au minimum légal versus obtenir d’excellentes conditions salariales. Le capital dans l’entreprise 1 se monte à 65 ans à 368’913.- contre 2’051’646.- pour l’entreprise 2, soit 5,6 fois plus dans l’entreprise 2. Quant aux rentes de retraite, elles sont respectivement de 25’086.- et 112’841.-.

Dans le tableau ci-dessous, vous trouvez le détail des calculs.

Vous pourrez aussi me rétorquer que la différence s’amenuise si l’on considère l’ensemble des revenus versés à court terme. Effectivement, dans le poste 1, votre revenu net, c’est à dire versé sur votre compte, sera plus élevé que dans le poste 2 puisque la cotisation allant dans la LPP est plus faible. Mais le jeu des intérêts composés et les gains fiscaux limitent à terme cette différence.

Un financement de la caisse de pension avec une asymétrie en votre faveur (2/3 financé par l’employeur et 1/3 financé par l’employé) est aussi un élément à prendre en compte.

Et pour conclure ?

Il semble évident que lors du choix d’un nouveau poste de travail, il faut être attentif aux avantages sociaux offerts à travers la caisse de pension. Ces avantages font partie intégrante du revenu. A poste égal, un salaire plus bas avec une caisse de pension plus avantageuse peut se révéler le bon choix.

Nous verrons la semaine prochaine les défis que posent aux caisses de pension les taux négatifs, l’allongement de la durée de vie et des considérations liées au baby-boom. Dans un second temps, vous trouverez des éléments pour vous aider à diminuer vos impôts ou à acheter votre résidence principale grâce à votre deuxième pilier.

Un de vos collègues cherche un emploi ? Partagez-lui cet article ! Vous pourriez l’aider à faire le bon choix.

Retraite suisse : histoire et but du deuxième pilier – Épisode 3

Histoire et but du deuxième pilier : salariés et chefs d’entreprises, nous parlons de votre patrimoine

Dans les deux derniers épisodes sur la prévoyance retraite suisse et les trois piliers, nous avons abordé principalement le premier pilier à travers l’AVS.

Vous pouvez consulter l’article sur le mode de financement de l’AVS et le mur du papy boom ici et celui sur l’aspect pratique de votre AVS ici.

Pour rappel, à travers le système de répartition de l’AVS conçu en 1948, les travailleurs actifs financent les rentes des retraités actuels. Nous constations que dans les prochaines années, au fur et à mesure que la génération du baby boom passera à la retraite, nous rencontrerons un déficit important des cotisations et donc une impossibilité de verser les rentes de retraites correspondantes.

Nous allons discuter dans les prochains épisodes du deuxième pilier, de son histoire, de son utilité, de son financement, des problèmes qu’il rencontre et surtout de comment vous pouvez vous en servir pour améliorer votre retraite ou le financement de votre résidence principale.

Avant de continuer, il est très important à mon sens de se souvenir que votre deuxième pilier fait partie de votre patrimoine et que pour la majorité des Suisses, il en constitue la plus grande partie.

Une brève histoire du deuxième pilier

En rédigeant cette partie sur l’histoire du deuxième pilier, je fus très surpris de constater que les premières caisses de pension ont été fondées – dès le 19e siècle – pour les policiers, le personnel enseignant ainsi que pour les employés communaux et cantonaux. C’est à dire les fonctionnaires.

En toute franchise, et au vu des débats politiques sur les réformes de retraite, je m’attendais à une création d’origine privée. J’avais bien en mémoire qu’avec l’explosion du chemin de fer et du travail hallucinant de Alfred Escher, les employés et les ouvriers du rail bénéficiaient des caisses de pension parmi les plus importantes du pays, mais je croyais que les premières caisses de pensions venaient majoritairement des entreprises privées. Ce n’est donc pas le cas.

C’est au cours de la Première Guerre mondiale que le nombre de caisses de pensions va croître considérablement. Ce développement fait suite à une exonération sur l’impôt fédéral sur les bénéfices de guerre (ancêtre de l’impôt fédéral direct) pour l’ensemble des versements réalisés par les entreprises dans leurs institutions de prévoyance.

Dès la fin de la Première Guerre mondiale, les employés de la Confédération, les entreprises de transport, les banques, les assurances et les grandes entreprises de l’industrie des machines feront bénéficier leurs employés d’une prévoyance vieillesse complémentaire à l’AVS.

Instaurer une caisse de pension sert aussi un but politique

Il existe une utilité politique à « offrir » une caisse de pension à son personnel. Dans le monde privé, les caisses de pensions permettent aux entreprises de stabiliser et de fidéliser leur main d’œuvre alors que dans le secteur public, elles permettent de s’assurer la loyauté des fonctionnaires et limitent les tentatives de corruption.

A partir des années 1920, le nombre de caisses ne va cesser de croître jusqu’à la mise en place de la Loi fédérale sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité (LPP) en 1985. Dès cette période, le nombre de caisses décroit drastiquement et se rationalise, passant de 17’000 institutions en 1978 à 2’191 en 2011.

Dans le même temps, le nombre de salariés au bénéfice d’une caisse de pension passe de 15% en 1941 à plus de 45% au début des années 1970, pour s’établir actuellement à près de 80% de la population active des secteurs secondaire et tertiaire.

1972 : les trois piliers dans la Constitution

C’est en 1972 que le peuple choisi à 75% (encore un score présidentiel algérien 🙂 ) d’inscrire dans la Constitution fédérale le principe des « trois piliers » avec l’instauration de la prévoyance professionnelle obligatoire (2e pilier) et de l’épargne individuelle (3e pilier).

Ce système de retraite est né sous la forme d’un contre-projet à l’initiative populaire « Pour une véritable retraite populaire » du Parti suisse du travail qui souhaitait que l’État, à travers l’AVS, couvre 60% du revenu des salariés. Les caisses de pensions auraient alors été dissoutes et intégrées au nouveau système de prévoyance étatique.

Le contre-projet, qui fut soutenu par les partis bourgeois, les organisations de l’économie, les assureurs privés, le Parti socialiste et les syndicats, créait donc la prévoyance vieillesse telle que nous la connaissons aujourd’hui.

La prévoyance professionnelle deviendra obligatoire dès 1985.

Si une passion naît en vous et que vous souhaitez approfondir vos connaissances de la prévoyance retraite, vous pouvez consulter ici le site de l’Office fédéral des assurances sociales qui m’a beaucoup aidé.

Voyons maintenant un peu plus en détails son but et son fonctionnement.

Pourquoi le deuxième pilier ?

Avant de détailler le fonctionnement du deuxième pilier, parlons en quelques mots de son but.

Il a été conçu dans l’optique de permettre aux retraités de conserver leur « niveau de vie antérieur ». Combiné avec l’AVS – qui doit couvrir les besoins vitaux – la pension complète doit théoriquement s’élever à 60% du dernier revenu.

Notons que ceci est vrai jusqu’à un certain niveau de salaire. Au delà de CHF 90’000.- de revenu annuel brut, ce n’est plus le cas.

Par exemple, un employé dont la rémunération est de 150’000.- par an et qui est assuré au minimum légal LPP touchera à la retraite environ 30% de son dernier revenu entre l’AVS et le deuxième pilier. Il est donc très important de prendre connaissance de son niveau de couverture et ce bien des années avant de prendre sa retraite afin d’adapter sa situation en conséquence.

Précisons, à toute fin utile, que la condition d’octroi des 60% ne sera pas non plus remplie si vous avez des lacunes dans vos cotisations AVS ou dans le deuxième pilier. Enfin, cotiser dans une « mauvaise » caisse de pension réduirait aussi la qualité de vie à la retraite.

Renseignez-vous, renseignez-vous, renseignez-vous…

Ici, je vous invite à prendre connaissance des conditions d’assurance que votre employeur a mises en place pour vous et vos collègues. Si les conditions ne sont pas intéressantes, ouvrez le dialogue avec la direction. Cela peut en valoir la peine. Un salarié doit être nommé comme représentant de ses collègues pour les questions traitant du deuxième pilier. Vous pouvez vous tourner vers lui pour vous informer de vos conditions de couverture et éventuellement « faire bouger » les lignes.

Si vous êtes indépendant ou chef d’entreprise, pensez à réviser le choix que vous avez fait à la création de votre entreprise ! S’il est évident qu’une prévoyance à minima permet de limiter les coûts au début d’un projet, je rencontre trop souvent des dirigeants qui n’ont pas révisé leur plan de retraite une fois que leur société a atteint son rythme de croisière. Sans forcément changer de caisse, vous pouvez améliorer simplement vos couvertures et votre niveau d’épargne. Gardez en tête que votre caisse de pension est un outil massue pour réduire vos impôts ! Et que vous pouvez la coupler au financement de votre résidence principale.

Nous verrons dans les prochains articles comment est financé votre deuxième pilier, les défis qu’il rencontre, comment vous pouvez vous en servir pour réduire vos impôts et quel lien vous pouvez faire entre votre deuxième pilier et votre résidence principale.

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Retraite suisse : AVS, aspects pratiques – Épisode 2

Découvrez les aspects pratiques de l’AVS, les éléments auxquels penser et comment planifier correctement votre retraite !

Dans l’épisode précédent, nous avons abordé la naissance de la prévoyance retraite suisse et notamment le système de répartition de l’Assurance-vieillesse et survivants (AVS), confronté au mur du papy boom.

Je vous propose ici de nous attarder sur les aspects pratiques de l’AVS qui peuvent vous être utile.

AVS, à combien ai-je droit ?

Pour bénéficier d’une « rente pleine » de CHF 2’370.- par mois, il faut remplir deux critères principaux : avoir cotisé 43 ans pour les femmes et 44 ans pour les hommes et avoir gagné en moyenne 85’320.- par année tout au long de sa carrière.

Pour un couple marié, la rente maximum se monte à une fois et demie la rente pleine soit 3’355.- par mois.

La rente minimum s’élève à 1’185.- par mois. Ici il n’existe pas de revenu minimum moyen à atteindre pour en bénéficier. Il faut également avoir cotisé 43 à 44 ans pour en bénéficier.

Si votre revenu moyen s’établit entre 14’220.- et 85’320.-, votre rentre sera comprise entre 1’185.- et 2’370.- par mois.

Pour connaître le montant auquel vous avez droit, vous pouvez demander un extrait de compte individuel auprès de l’AVS. Le document que vous recevrez chez vous, contient la somme de vos revenus gagnés depuis vos 18 ou 21 ans, ainsi que le nom de vos employeurs passés. Nostalgiques s’abstenir. 🙂 Aussi, vous verrez que, si vous êtes proche de la retraite, vous avez probablement gagné des millions de francs !

Pour déterminer votre rente, vous devez reporter la moyenne de vos revenus cotisés sur un tableau appelé « échelle 44 ».

Vous trouvez l’ensemble de ces documents sur le portail de l’AVS : https://www.ahv-iv.ch/fr/

Je veux partir en retraite anticipée

Il est possible de prendre une retraite anticipée avec une rente AVS deux ans avant l’âge légal fixé à 65 ans pour les hommes et à 64 ans pour les femmes. Ce choix n’est pas sans conséquence puisque la rente est diminuée, pour toute la durée de la retraite, de 6.8% pour une année anticipée et de 13.6% pour deux années.

En cas de décès, les rentes de veuve / veuf / orphelin sont également réduites.

Les personnes en retraite anticipée ont l’obligation de cotiser à l’AVS jusqu’à l’âge légal.

Je veux partir après l’âge légal de la retraite

Vous pouvez ajourner votre retraite jusqu’à 70 ans pour les hommes et 69 ans pour les femmes. La rente est par exemple majorée de 5.2% pour une année d’ajournement et jusqu’à 31.5% pour cinq ans.

L’augmentation reste acquise et en cas de décès, les rentes de veuve / veuf / orphelin sont également adaptées.

Quand demander l’AVS ?

La retraite légale commence le mois qui suit celui de votre anniversaire. Si vous êtes né le 1er d’un mois, vous êtes bons pour travailler jusqu’au dernier jour du mois de votre anniversaire. Moi qui suis né un 25, je devrais travailler 5 jours après mes 65 ans. Ma femme qui est né le premier devrait travailler 30 jours de plus (ah ah).

Idéalement, demandez la rente quatre mois avant le début de son versement.

Je vais statistiquement vivre jusqu’à 85 ans ! Ma prévoyance va-t-elle s’adapter au coût de la vie ?

La Suisse est sans doute l’un des pays occidentaux qui limite au mieux son inflation (évolution des prix). Sur les trente dernières années (1988 – 2018), l’indice des prix à la consommation a bondi de « seulement » 42.5% contre 67% pour la France ou près de 130% pour les États-Unis.

Il est évidemment difficile de prédire l’avenir. Mais sur cette base, votre rente AVS perd 12% de son pouvoir d’achat tous les 10 ans.

Les rentes s’adaptent à l’inflation tous les deux ans et sur décision du Conseil fédéral. Si l’inflation dépasse les 4%, les rentes s’adaptent l’année suivante.

Il est très important de planifier correctement sa retraite en projetant un minimum d’inflation. L’AVS s’adapte tout juste au coût de la vie et le second pilier ne s’y adapte pas. Perdre un à deux pourcents de revenu chaque année peut vite devenir problématique au bout de quelques années.

Youpie, je passe ma retraite à l’étranger !

Si vous êtes de nationalité suisse, vous percevrez votre rente où que vous vous rendiez.

Si vous êtes originaire de l’Union Européenne (ou d’un pays de l’AELE) et que vous souhaitez passer votre retraite en Union Européenne (ou en AELE), vous toucherez votre rente AVS. Les prestations complémentaires ne sont toutefois pas versées.

Enfin, si vous êtes ressortissant d’un autre État et que vous souhaitez y passer votre retraite, il faut vérifier si votre pays d’origine a signé une convention de sécurité sociale avec la Suisse.

Si c’est le cas (comme le Japon, les USA ou le Canada, par exemple), vous percevrez une rente de l’AVS.

S’il n’existe pas de convention entre la Suisse et votre pays (le Mexique, par exemple), vous avez théoriquement le droit de vous faire rembourser la somme de vos cotisations. Malgré la perception d’un capital qui peut sembler important, il apparaît que cette situation, contrainte, n’est pas forcément en faveur de l’assuré au regard de ce qu’il aurait perçu sous forme de rentes.

Et si je décède pendant ma retraite ?

En cas de décès, seule les veuves ont le droit a une rente de survivant. La rente de veuve se monte à 80% de la rente de vieillesse. Si l’épouse perçoit sa propre rente AVS, elle pourra conserver la rente la plus élevée entre la rente de veuve ou sa propre rente. Il n’y pas d’effet cumulatif.

Les veufs conservent leur rente acquise et n’ont pas le droit à une éventuelle rente de veuf plus élevée (que leur propre rente) sauf si des enfants de moins de 18 ans sont encore à la maison.

Les enfants de moins de 25 ans aux études ont également droit à des rentes dit d’orphelins. Si l’enfant n’est plus aux études, la rente d’orphelin s’arrête à ses 18 ans.

Conclusion sur l’AVS

Il est probable que l’AVS vive ses dernières années sous sa forme actuelle. Beaucoup de modifications sont nécessaires pour la faire perdurer et pour assurer des rentes aux retraités.

Le problème de la prévoyance par répartition intergénérationnelle touche la majorité des pays développés. Nous sommes sans doute mieux lotis que la plupart de nos voisins puisque deux autres piliers par capitalisation viennent compléter ce premier pilier. C’est ce que nous verrons dans les prochains articles sur ce thème de la prévoyance retraite suisse.

Si vous avez aimé cet article, vous êtes libre de le partager avec vos collègues, amis et familles 😉