Immobilier : construire ses fonds propres rapidement

Savoir garder ses objectifs, y compris en période trouble est primordial.

Vous le constatez tous les jours devant les vitrines des agences immobilières et sur internet : les prix n’ont jamais été aussi élevés.

A contrario, les taux d’emprunt sont au plancher, ce qui permet de régler mensualité hypothécaire ridicule au regard du loyer payé à un propriétaire.

Les prix hauts impliquent de dégager un volume de fonds propres conséquent. Il faut généralement apporter 20 % du coût d’achat additionné des frais de notaire compris entre 3 % et 5 % en Suisse romande.

Je vous propose, à travers un exemple concret, un schéma d’épargne fiscalement optimisé pour construire vos fonds propres rapidement. Nous verrons aussi comment mettre votre famille à l’abri d’un coup dur (comme une maladie ou un décès) et comment rembourser votre dette immobilière le plus vite possible.

Envie versus réalité

Illustrons cela avec un couple romand qui gagne 200’000.- francs par an.

Les Romands sont actuellement locataires d’un 4,5 pièces de 100 m2 dont le loyer s’élève à presque 3’000.- par mois.

En regardant les annonces immobilières, ils constatent qu’un appartement avec une surface équivalente se paie aux alentours de 1,1 million de francs.

Grâce à leurs revenus en progression, c’est exactement le type de bien qu’ils pourraient se permettre d’acquérir. Se faisant, ils verseraient un loyer trois fois moins cher et aux environs de 1’000.- francs mensuels, charges incluses !

Notre couple s’interroge toutefois sur la taille de leur futur foyer. En effet, si 100 m2 de surface est adapté à leur situation actuelle, ce ne sera plus forcément le cas à l’avenir avec la venue d’un ou de plusieurs enfants. Ils préfèrent donc se fixer comme objectif l’achat d’un appartement ou d’une maison de 5 pièces de 130 m2 pour environ 1.4 million.

Revenus et fonds propres : respecter la faisabilité hypothécaire

Notre couple se retrouve confronté à deux obstacles qui limitent leur faisabilité hypothécaire : des salaires et des fonds propres insuffisants.

Leur premier défi concerne le revenu. La somme des charges du bien ne doit pas en excéder le tiers (33,3 %) des salaires. Ces charges sont composées du coût théorique de l’emprunt, du remboursement partiel de la dette et des frais d’entretien du bâtiment.

Avec un prix d’acquisition de 1,4 million et en se contentant de l’apport minimum (20 % pour le bien et 5 % de frais de notaire), notre couple obtient dans le meilleur des cas une faisabilité supérieure à 38 %.

En « jouant » sur l’autre facteur essentiel des fonds propres, les Romands pourraient réduire cette charge. Vous pouvez voir cela comme un vase communicant : en cas de revenus insuffisants, vous pourriez mettre plus de fonds propres. L’inverse fonctionne également jusqu’à la limite théorique des 80 % d’emprunt.

Avec leur revenu actuel, notre couple devrait débourser au minimum 370’000.- de fonds propres plus 70’000.- de frais de notaire soit un total de 440’000.-.

C’est leur second obstacle, car leurs disponibilités, servant de réserve de sécurité, se montent aujourd’hui à 40’000.- et ne pourront raisonnablement pas être investies dans ce projet immobilier.

Voyons donc comment les Romands pourraient construire ces 440’000.- le plus rapidement possible tout en privilégiant la sécurité de leur famille et les économies d’impôts.

Objectifs et épargne font bon ménage

Leur premier atout est de poursuivre un objectif précis. Ce sera beaucoup plus facile de mettre en œuvre une stratégie pour l’atteindre.

Enjoués et motivés, les Romands établissent un budget cohérent afin de définir leur capacité d’épargne. Cela leur a pris moins de quinze minutes. Ils constatent pouvoir mettre de côté sans effort une trentaine de milliers de francs par année.

En étudiant leur patrimoine de plus près, ils remarquent avoir déjà constitué 100’000.- dans leurs deuxièmes piliers auxquels viennent s’ajouter 12’000.- chaque année (par employé et employeur). Cette épargne « forcée » est la bienvenue puisqu’ils pourront la mobiliser pour acquérir leur résidence principale.

Ils espèrent que les politiques et les baby-boomers, forts de leur poids électoral, n’interdiront pas à l’avenir le retrait du capital pour l’achat immobilier…

Ici, et en épargnant tout en liquide, il leur faudra près de huit ans pour accéder à la propriété.

En plus de leur paraître un peu longue, cette solution présente trois inconvénients majeurs.

La faisabilité doit être maintenue en tout temps. Ainsi, l’absence de couverture en cas de décès ou d’invalidité pourrait mettre la famille en difficulté. C’est le premier handicap.

Ensuite, cette solution simple les contraindrait à vider tous leurs comptes, y compris la LPP, le jour de l’achat et sans autre choix possible.

Enfin et sans profiter de rendements à long terme, près de 30 ans seront nécessaires pour se débarrasser de leur dette.

Structurer son épargne

Ne lâchant rien, ils explorent les possibilités qui s’offrent à eux. Construire son patrimoine nécessite de le diversifier et de le structurer sur différents horizons de temps. Je vous recommande de toujours voir loin et au-delà de la prochaine échéance (achat immobilier ici) .

En économisant pour sa résidence principale, notre couple commence à sérieusement bâtir son avenir financier. Ces premières pierres, si elles sont posées intelligemment, leur procureront de la sécurité, des rendements et une économie importante de temps.

Cette solution « facile » (épargne en liquide) ne présente donc pas d’avantage.

Quelques concessions

Très motivés à l’idée d’acquérir leur logement rapidement, ils décident de couper quelques dépenses superflues et d’élever leur épargne à 35’000.- par an.

Les rabais d’impôts augmentent votre épargne

Notre couple romand se penche sur les placements « sociaux » et fiscalement déductibles du revenu. Le deuxième et le troisième pilier de notre système de prévoyance permettent l’achat de la propriété tout en économisant des taxes. Ne sachant par où commencer, les Romands se rapprochent d’un conseiller financier neutre et indépendant.

Après lui avoir expliqué leur projet et leurs objectifs de vie, le conseiller leur recommande d’adopter une stratégie d’épargne en trois étapes : économiser en 3e pilier, racheter leur deuxième pilier et épargner mensuellement en fonds de placements.

Outre les économies d’impôts substantielles, ne telle structure a le mérite de générer des rendements et de gagner du temps aussi bien pour l’achat à moyen terme que pour le remboursement de la dette à long terme.

Un troisième pilier intelligent

Le conseiller leur loue l’avantage de combiner un 3e pilier bancaire à un 3e pilier assurance. La solution bancaire pourra servir de fonds propres purs tandis que l’assurance permettra de protéger la famille en cas d’invalidité ou de décès vis-à-vis du prêteur.

En investissant chacun 6’826.- par année (maximum autorisé), ils obtiendront 32 % de rabais d’impôt (!) soit près de 4’400.- à eux deux. Cette somme viendra immédiatement accroître leur épargne qui passera de 35’000.- à 39’400.- par année. 

Le rachat du deuxième pilier

Racheter son deuxième pilier, et à condition d’y être autorisé, permet également de faire des économies fiscales. Les Romands optent pour un rachat de 10’000.- annuel (5’000.- chacun) qui permettront d’ajouter 3’200.- de rabais fiscaux à leur épargne annuelle.

Attention toutefois, lorsque l’on souhaite payer sa résidence principale avec sa caisse de pension : 10 % du prix du bien doit être réglé avec autre chose que le deuxième pilier. Cela peut se faire grâce aux liquidités, aux 3e piliers, ou par un fonds propre en nature comme des travaux.

Retenez également que la facture du notaire devra être acquittée en liquide et sans l’aide du deuxième ou du troisième pilier.

Ce constat nous amène à définir un montant minimum de fonds hors caisse de pension de 210’000.- dont au moins 70’000.- en liquide.

En gonflant leurs 2es piliers, notre couple se donne la possibilité de nantir ses fonds de pension plutôt que de les retirer. Ce choix offre l’avantage de ne pas impacter leur retraite future et d’éviter l’impôt de sortie LPP d’une vingtaine de milliers de francs dans leur cas.

Grâce à cette stratégie, les Romands économiseront 7’400.- d’impôts par an et augmenteront leur épargne d’autant, la faisant passer de 35’000.- à plus de 42’000.-.

Épargner en fonds

Si vous êtes encore là et que vous avez suivi 😉 il reste un peu plus de 18’000.- d’économie annuelle non utilisée. Le conseiller financier suggère de les investir mensuellement dans un plan d’épargne en fonds.

Avec un horizon de temps relativement serré de 5 à 10 ans, notre couple devrait privilégier un profil d’investissement « à l’équilibre ».

Au-delà du rendement, je vois plusieurs avantages à épargner en fonds. C’est une solution simple à mettre en oeuvre qui peut être automatisée. Les capitaux épargnés restent disponibles en tout temps même s’il faut idéalement respecter l’horizon de temps supérieur à 5 ans. Enfin, en cas de volatilité des marchés, un plan mensuel permet de pratiquer le coût moyen d’achat, ce qui augmente la sécurité.

Combien d’année et d’argent gagné ?

En suivant ce plan, et avec l’aide de quelques rendements, notre duo romand pourra passer à l’achat en moins de 7 ans.

Au-delà de l’année gagnée, vous remarquerez sur le tableau ci-dessous « structurer son épargne » que, après 10 ans, la fortune de notre couple s’élèverait à près de 50 % de la valeur de leur bien.

À plus long terme, et en intégrant à leur épargne l’économie de loyer générée par l’achat (2’000.- par mois), leur maison sera totalement payée en 18 ans contre près de 29 ans dans la première solution. Plus de 10 ans de gagner ! Sur une vie, ça commence à compter. 

Ils se seront également protégés l’un et l’autre en cas de pépin afin de laisser intacte leur faisabilité grâce à des capitaux décès notamment.

Avec un tel raisonnement, notre couple pourra rapidement songer à anticiper sa retraite de plusieurs années ou à s’offrir un destin « sur mesure » avec par exemple quelques années sabbatiques.

Lors d’un prochain article, nous verrons que l’achat d’un bien immobilier ne se limite pas à trouver un taux. Une planification globale intégrant notamment le remboursement de la dette, la planification de la retraite ou le droit successoral est gage de réussite et de sécurité.

Vous retrouvez cet article également sur investir.ch

Ai-je les moyens d’acheter mon logement ? La faisabilité.

Acheter son propre logement nécessite un certain niveau de revenu et une mise de départ.

Avant de chercher à acheter un bien, il va falloir déterminer si vous en avez les capacités. C’est ce qu’on appelle la faisabilité. Nous pouvons aussi définir la faisabilité par cette question : quel est le prix maximum du bien que je peux acheter ?

Cette faisabilité est déterminée par deux éléments : vos revenus et votre épargne accumulée qui servira à payer les fonds propres et les frais de notaire.

La faisabilité en fonction de vos revenus

Les charges annuelles liées au bien immobilier ne peuvent excéder le tiers (33.3%) de vos revenus bruts.

Ces charges sont composées de trois éléments majeurs : les intérêts d’emprunt, l’entretien du bien et le remboursement de la dette.

Chaque prêteur définissant ses propres normes de calcul, la faisabilité variera d’un établissement à un autre. Je peux toutefois vous dire que dans la grande majorité des cas, les prêteurs comptent 4.5% pour les intérêts d’emprunt, 1% pour l’entretien du bâtiment et 1% pour le remboursement de la dette.

Si vous voulez avoir une idée assez proche de la réalité du prix maximum qu’il vous est possible de débourser, prenez la somme de vos revenus bruts annuels – en incluant la moitié de la moyenne de vos bonus perçus lors des trois dernières années… vous suivez ? 😉 Puis divisez le montant obtenu par 5.6% et divisez encore par trois (ce qui vous permet d’obtenir le tiers du revenu).

Un exemple. Prenons un couple qui gagne 180’000.- francs bruts par an brut et qui, sur les trois dernières années, a perçu une moyenne de 40’000.- de bonus annuel. Il pourra retenir la moitié des bonus donnant un revenu maximum de 200’000.-. Divisons ce revenu par 5.6% puis divisons ce quotient (le résultat de la première division) par 3, et nous obtenons un prix d’achat maximum de 1’190’476.- (200’000.- / 5.6% / 3).

Retenez que le prix maximum n’est pas forcément le prix auquel il faut acheter. Acheter en deçà de la faisabilité maximale permet de garder une marge de sécurité intéressante en cas de pépin, et réduit aussi l’effort d’épargne nécessaire au remboursement de la dette. 🙂

Enfin, vous pouvez compenser un « manque » de revenu en augmentant la part de fonds propres. Justement, voyons ce que sont les fonds propres.

La faisabilité en fonction de vos fonds propres

Ici nous parlons simplement de votre épargne disponible pour réaliser votre achat.

Cette épargne peut être constituée de liquidités, d’une donation, d’un terrain, de votre capital de 2e pilier, de vos 3e piliers, d’un prêt familial, d’un héritage immobilier… Il existe sans doute autant de possibilités que d’individus.

Voyons ci-dessous le cas le plus fréquent et le plus standard.

En Suisse, pour pouvoir acheter votre résidence principale, vous devrez investir au minimum 20% du prix du bien de votre poche. Ce sont vos fonds propres.

Au moins 10% du prix du bien doivent être payé avec des avoirs ne provenant pas de votre caisse de pension, c’est à dire en liquide, en 3e pilier ou encore en bien immobilier (un héritage par exemple).

Certains prêteurs exigent un minimum de 33.3% de fonds propres. C’est le cas de certains assureurs ou de certaines banques, en particulier lorsque que vous achetez dans des régions où les prix sont considérés comme très élevés. Par exemple, sur l’arc lémanique et à Zurich, plusieurs prêteurs estiment que les prix sont tellement hauts qu’ils se mettraient à risque de prêter les 80% habituels. Ainsi, ils exigent un niveau de fond propres plus important pour se protéger d’une éventuelle baisse des prix.

Notez que plus vous mettrez de fonds propres, plus vous augmenterez votre sécurité en cas de hausse des taux ou de baisse des prix.

Vous pourriez également nantir (mettre en garantie) votre caisse de pension en guise de fonds propres. L’avantage sera de ne pas impacter vos avoirs de retraite grâce à une dette plus importante. Au vu des taux bas et si vous en avez les moyens, c’est une solution très intéressante. J’en parle ici.

Si vous acquérez un bien de rendement, il vous faudra débourser, dès le 1er janvier 2020, 25% de fonds propres. Ici il n’est pas permis d’utiliser votre caisse de pension ou vos 3e piliers.

Les frais de notaire

Lorsque l’on parle de « frais de notaire », il faut surtout comprendre : taxe, taxe et encore taxe !

La facture totale représente généralement 5% du prix d’achat sur Vaud, Genève et Fribourg, aux environs de 4% à Neuchâtel et plutôt 3% en Valais.

Vous aurez à payer le droit de mutation, les frais d’inscription au registre foncier et les frais du notaire à proprement parler.

Le droit de mutation est un impôt qui porte sur le montant du transfert de propriété entre personnes. Cet impôt, à la charge de l’acheteur, est le coût le plus lourd dans la transaction et représente 70% à 90% des frais de notaire. Sachez qu’il peut aussi être payé par le vendeur ou encore à part égale entre l’acheteur et le vendeur… Vous pouvez donc trouver ici un élément pour négocier le prix du bien. 😉

Le registre foncier est un service public où l’on trouve le nom des propriétaires d’un bien ainsi que les gages sur les immeubles (comme la cédule hypothécaire, la servitude etc.).

Encore des frais… 🙁 la cédule hypothécaire

Il est possible que vous deviez ajouter à ces démarches la création ou l’augmentation d’une cédule hypothécaire.

La cédule hypothécaire est le document légal qui sera en quelque sorte la contrepartie de votre dette hypothécaire. Elle permet au titulaire (qui devient votre prêteur) de réaliser le gage (en d’autres termes : de vendre aux enchères votre bien immobilier) dans le cas où vous ne parviendriez pas à payez vos factures d’intérêts ou d’amortissement.

Ce document est un papier valeur et laisse apparaître un montant qui est en général au moins égal au montant du prêt. Je vous recommande vivement de laisser une marge supplémentaire afin d’anticiper par exemple, de futurs travaux qui nécessiteraient un nouvel emprunt dans le futur. Voyez loin, cela vous évitera des frais inutiles…

Il existe maintes façons de gager son bien immobilier. La cédule est la plus courante en Suisse romande.

Cet article est extrait d’un bonus de 10 pages sur l’achat immobilier et qui sera bientôt disponible. 🙂

J’ai une question pour vous : est-ce que l’un de vos amis, ou l’un de vos collègues, ne sait pas s’il peut acheter sa résidence principale ? Si c’est le cas, envoyez lui cet article ! Vous lui rendrez service.

Acheter ou louer ? Le paradoxe de l’immobilier

Jamais les prix de l’immobilier n’ont été aussi élevés et les taux d’emprunt aussi bas. Si vous hésitez entre acheter et louer votre résidence principale, lisez cet article.

Nous vivons dans une décennie paradoxale : jamais les prix de l’immobilier n’ont été aussi élevés et les taux d’emprunt aussi bas. Pourtant, malgré les prix élevés, acheter sa résidence principale n’a jamais coûté aussi peu cher. A contrario, sous la pression démographique, louer sa résidence principale est de plus en plus cher. Alors, faut-il acheter ou louer sa résidence principale ?

C’est une question à laquelle il est difficile de répondre d’autant que les prix élevés des biens immobiliers font qu’il existe une grosse barrière à l’entrée pour quiconque souhaite accéder à la propriété. Et bien que devenir propriétaire soit le souhait de nombreux suisses, la nécessité d’un apport en fonds propres conséquent limite le « rêve » pour beaucoup de personnes.

Au delà d’un aspect sentimental quand il s’agit d’acheter sa maison, il convient de considérer l’alternative qui existe pour l’utilisation des fonds propres. Si ces derniers ne sont pas utilisés pour acheter sa résidence principale, ils peuvent servir à un autre projet. C’est ce qu’on appelle le coût d’opportunité.

Je vous propose ici de chiffrer, à travers un cas pratique, l’avantage réel (la différence de coût) en cas d’achat de sa résidence principale par rapport à la location.

Louer sa résidence principale. Quel coût ?

Pour les besoins de notre sujet, nous allons définir les éléments suivants : Mme et M. Suisse sont locataires de leur appartement de 4.5 pièces sur 110 mètres carrés (m2) au cœur de Lausanne (notre exemple fonctionne également sur Genève). Avec une vue sur le lac et trois chambres à coucher, leur appartement a été rénové récemment. Ils y ont vu naître leurs enfants et y sont attachés, d’autant que leur vie est articulée autour du quartier.

Leur loyer s’élève à 2’770.- francs mensuels hors charges (33’240.- annuels).

Notre couple se pose la question d’acheter un appartement répondant aux mêmes critères et dans le même quartier.

Les fonds propres nécessaires pour acheter sa résidence principale

A environ 10’000.- le m2, un appartement équivalent coûte approximativement 1’100’000.-. Devenir propriétaire d’un tel bien nécessite au minimum 20% de fonds propres soit 220’000.-, auxquels il faut ajouter 55’000.- de « frais de notaire » . Le total exigé pour l’acquisition de ce bien est au total de 275’000.-.

Notre couple dispose de cette somme.

Le coût de la propriété

Devenir propriétaire implique de payer des intérêts sur la dette hypothécaire. Dans notre cas, cette dernière s’élèverait à 880’000.- (prix d’achat de 1’100’000.- diminué des fonds propres de 220’000.-). Disons que le dossier d’emprunt de notre famille est bon et qu’ils obtiendraient un prêt hypothécaire avec un intérêt de 0.85% annuel sur 25 ans. Le coût de la dette se monterait à 624.- par mois (7’480.- par an).

Première remarque ici : nous sommes très loin de leur loyer actuel de 2’770.- ! Près de 4.5 fois moins élevé. 🙂

Seconde remarque, et afin d’être complet, il convient d’ajouter l’impact fiscal de la valeur locative sur le coût réel de l’appartement. Voyons cela.

La valeur locative et les déductions pour propriétaire

La valeur locative est un revenu fictif qui s’ajoute, dans votre déclaration d’impôts, à vos revenus du travail et du patrimoine. Pour un bien de 110 m2 à Lausanne et de construction récente, le canton de Vaud détermine (selon une recette magique, 🙂 demandez-moi pour le détail) une valeur locative de 12’921.- annuelle. Si par exemple, vous gagnez 100’000.- annuels de salaire, acquérir un tel bien fera passer votre revenu fiscal à 112’921.-

De cette valeur locative, vous pouvez déduire les intérêts de la dette de 7’480.- ainsi qu’un montant forfaitaire pour entretien correspondant à 20% de la valeur locative, soit 2’584.-. Notre valeur locative annuelle nette s’élève donc à 2’857.- (12’921.- moins 7’480.- moins 2’584.-).

Pour les besoins de notre calcul, mentionnons que le taux marginal d’imposition de notre famille suisse se monte à 35% – valeur arbitraire mais réaliste. 😉 La valeur locative augmenterait leurs impôts de 1’000.- par année (35% multipliés par 2’857.-).

Leur appartement en propriété leur reviendrait donc à 707.- par mois (8’480.- par année) soit presque quatre fois moins cher que leur loyer actuel.

Alors ? Faut-il acheter ou louer sa résidence principale ?

Ces calculs nous permettent de déterminer l’économie réalisée qui se monterait à 2’063.- par mois (24’756.- par année).

Rapportez cette économie au montant des fonds propres et des frais de notaire de 275’000.- et vous obtenez l’équivalent d’un  » rendement annuel  » de 9%. Plutôt pas mal !

Nous obtenons ici le coût d’opportunité. En dehors de tout sentiment ou envie liés à l’achat et si vous n’avez pas de projet avec une rentabilité supérieure à 9%, il peut être intéressant de devenir propriétaire.

Ceci est toutefois une vision simpliste de la réalité. Il faudrait considérer les risques de taux d’emprunt et de prix ainsi que les projets alternatifs réalisables avec ces fonds propres.

Économiser sur son loyer ! Pour quoi faire ?

Le prêteur de l’hypothèque (banque ou assurance) ne demande en général que 1% du montant du bien en remboursement de la dette soit 11’000.- par année dans notre exemple. A ce rythme, il faut 80 ans pour rembourser sa dette.

Dans l’article que vous trouvez ici, je recommande vivement de rembourser sa dette hypothécaire, en tout cas indirectement, au plus tard d’ici à la retraite. L’avantage étant de s’assurer une retraite sereine, mais également de se protéger d’ici là de tout mouvement de prix ou de taux.

Si par exemple notre couple achète son appartement à ses 40 ans, il pourrait viser de rembourser indirectement sa dette sur les 25 années qui le séparent de la retraite légale (65 ans).

En l’absence de rendement, le montant à épargner s’élèverait à 2’930.- par mois (880’000.- / 25 ans = 35’200.- par an). Sachant que grâce à leur achat ils économiseraient 2’063.- par mois, leur effort ne serait « que » de 867.- par mois. En réalité et avec l’hypothèse d’un rendement moyen conservateur de 2% annuel, il ne faudrait consacrer que 2’290.- par mois au remboursement.

A noter que si les époux épargnaient déjà le maximum en 3e pilier (569.- par mois et par personne soit 1’138.- par mois à deux), il n’existerait en réalité pas d’effort d’épargne supplémentaire !

Afin de rembourser indirectement sa dette et de maintenir ses impôts bas, notre couple pourrait combiner des épargnes sous forme de troisièmes piliers, de plan d’épargne en fonds et de rachats de deuxième pilier. Ce mix offre l’avantage de la diversification, de la sécurité, de la disponibilité et du rendement sur du moyen à long terme.

Pour conclure

Il ne faut pas confondre rendement sur une épargne et économie de loyer.

Dans l’exemple cité, notre couple dépense un loyer moins élevé en étant propriétaire que s’il en était locataire. Il ne fait pas de rendement sur une épargne.

S’il avait l’opportunité de placer son argent (l’équivalent des fonds propres) à 9% annuel, il serait plus intéressant de conserver ce placement plutôt que de devenir propriétaire, notamment grâce au jeu des intérêts composés. Effectivement, en 16 ans seulement, leurs 275’000.- atteindraient le prix de l’appartement de 1’100’000.- (275’000.- X 1.09, composé pendant 16 ans).

Il faut aussi noter que les liquidités investies dans l’appartement ne sont plus disponibles pour réaliser d’autres projets.

Ceci étant dit, réaliser actuellement 9% de rendement annuel est compliqué et pour peu qu’on en ait les moyens, il peut s’avérer très intéressant de devenir propriétaire, malgré les prix élevés.

Pour être tout à fait complet, il faudra veiller à se protéger des mouvements de prix (krach immobilier) ou de taux d’emprunt (hausse) en épargnant à minima l’économie de loyer. Vous ne serez ainsi pas dépendant de votre prêteur (banque ou assurance) et d’une éventuelle demande de remboursement anticipé.

Merci pour votre temps de lecture et pour vos commentaires. 😉