Nous avons vu lors du précédent article ce qu’est – en tout cas de mon point de vue – l’indépendance financière. Rentrons aujourd’hui dans le vif du sujet : comment construire des bases saines pour développer un patrimoine sûr et rentable. Et voyons plus particulièrement l’intérêt d’un budget et la question du temps.
Toutefois et avant de commencer, j’aimerais revenir sur le terme de frugalité abordé lors du dernier article et qui fait partie de ce que j’appelle le trio gagnant pour atteindre l’indépendance financière : frugalité, investissement et se mettre à son compte.
Gourmandise rime rarement avec liberté financière
Si vous souhaitez vous construire votre patrimoine et atteindre votre indépendance financière, je vous conseille de limiter vos dépenses et donc votre consommation de voiture, d’iPhone, de vêtements… et en général de tous les biens « inutiles ».
Attention, je ne prêche pas pour une vie monacale, mais l’argent que vous ne dépenserez pas en futilités pourra être investi pour financer des projets plus importants dans le futur. Avec du temps et de la patience, vous pourrez vous offrir des expériences bien plus enrichissantes que la possession d’un objet inerte.
Par exemple, si au lieu d’acheter un iPhone neuf à 1’000.- francs chaque année pendant 40 ans, vous investissiez cet argent dans la bourse suisse, vous récupéreriez à la fin de cette période près de 260’000.- francs.
Encore une fois (j’en vois venir certains 🙂 ), ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : il est important de vivre et de se faire plaisir. Sans aucun doute. Je dis juste que si vous avez un salaire dans la moyenne ou même au dessus de la moyenne et que vous aimez les Ferrari, il sera préférable de toutes les essayer sur tous les circuits d’Europe (ou du monde) plutôt que de n’en posséder qu’une seule. Si votre patrimoine vous permet de faire les deux, tant mieux.
Cela nous amène à l’intérêt d’établir un budget. Voyons cela.
Faites un budget en lien avec vos objectifs pour déterminer votre capacité d’épargne et augmenter votre indépendance financière
C’est la BASE. Avec un budget, vous connaitrez vos dépenses et il ne vous restera plus qu’à les déduire de vos revenus pour obtenir votre capacité d’épargne.
Cela prend tout au plus 15 minutes ! Et une fois fait, le gros avantage et qu’il ne devra être mis à jour que lors de changements importants, comme un déménagement ou la naissance d’un enfant. En effet, une fois établi, vous n’avez qu’à ajouter les postes nouveaux ou à supprimer les postes anciens en quelques minutes.
Celui que j’utilise personnellement a une dizaine d’années et seul un déménagement et la venue des enfants me l’ont fait modifier. Excel m’est d’une grande aide. 😉
Ne vous limitez pas et essayez d’être cohérent, c’est tout. Si vous êtes juste à 90% c’est ok. Une fois toutes vos dépenses listées, faites la somme et ajoutez 5% de marge.
Si vous êtes plus pointilleux, une méthode « simple » est de garder tous vos tickets pendant trois mois. En faisant abstraction de juillet, d’août et de décembre, un trimestre est généralement suffisant pour vous donner une bonne idée de vos dépenses courantes.
Pour les dépenses moins courantes telle que les vacances ou les week-ends, faites la moyenne des trois dernières années.
Pensez aux postes « cachés » comme l’électricité, les taxes d’immatriculation de votre voiture, Seraf (Billag), etc.
Dans un couple, il n’est pas forcément évident de parler finance et budget, faites-vous accompagner par un conseiller financier.
Pas d’épargne, pas de patrimoine, pas d’indépendance financière…
Visez les 20% d’épargne et payez-vous en premier ! C’est à dire que votre épargne doit être votre première dépense du mois.
Une autre façon de déterminer votre capacité d’épargne et de renoncer à 20% du salaire que vous touchez et donc de vous habituer à vivre avec 80% de votre revenu pour satisfaire toutes vos dépenses.
Lorsque l’on est célibataire, c’est assez « facile » de vivre avec 80% de son revenu (vous pourriez même épargner plus que 20%), ensuite avec des enfants en bas âge, c’est un peu plus compliqué. Puis lorsque les enfants entrent à l’école, c’est de nouveau plus facile jusqu’à ce qu’ils fassent des études supérieures… Une fois les enfants partis c’est « open bar » (vous pouvez augmentez votre train de vie et votre épargne, notamment en rachetant votre deuxième pilier).
Afin de maximiser votre épargne, je vous recommande également de payer vos factures en cash autant que possible plutôt qu’à crédit.
Vous avez fait votre budget ? Parfait, cherchons maintenant à comprendre l’incidence que le temps joue sur vos finances.
Le Temps, votre meilleur allié pour construire votre patrimoine sûr et rentable
“Le succès en investissement prend du temps, de la discipline et de la patience. Peu importe les efforts et le niveau de talent, il faut accepter le fait que certaines choses prennent simplement du temps. On ne peut pas faire un bébé en un mois en mettant neuf femmes sur l’affaire.”
Warren Buffett
Une chose est certaine : pour être financièrement indépendant et se détacher quelque peu du système tel qu’il est conçu, il est nécessaire de se construire un patrimoine. Ce dernier permet de créer des revenus alternatifs tout en augmentant la sécurité financière de votre famille.
Le temps est votre meilleur allié pour construire votre patrimoine sûr et rentable. La patience est primordiale. Rome ne s’est pas construite en un jour et votre patrimoine ne se construira pas en quelques années. Si vous recherchez la sécurité, oubliez également les gains à court terme, ils risqueront de vous faire perdre de l’argent et donc du temps. Visez le long terme et restez discipliné.
Nous n’avons qu’une vie et le temps est notre ressource la plus précieuse. Si vous pouvez démultiplier (et perdre ou dépenser) l’argent, vous ne pouvez pas gagner du temps de vie.
Être indépendant financièrement permet également de se libérer du travail qui est la première source de revenu. Dans la réalité, pour être financièrement indépendant, et quoi que vous entrepreniez, il vous faudra fournir une charge de travail plus ou moins intense avant d’en récolter le moindre fruit.
Ensuite, une fois un certain niveau de patrimoine atteint, il vous faudra entretenir la « flamme » qui permet de maintenir le niveau de revenu adéquat. Même un patrimoine immobilier demande un effort constant et régulier pour assurer la pérennité des revenus.
Connaissez-vous votre avenir ? Pas besoin de boule de cristal.
Le futur va arriver : c’est sûr !
L’une des plus grosses difficultés que nous rencontrons en tant qu’humain est de pouvoir se projeter dans le temps. Afin d’y voir plus clair, et même si tous les événements ne sont pas prévisibles, dites vous qu’une partie du futur est écrit et est « certain ».
Dans 10 ans, vous aurez 10 ans de plus, c’est certain. Dans 20 ans, vos enfants auront 20 ans de plus, c’est également certain.
Et si vous achetez une maison avec une dette hypothécaire échue dans 10 ans – mettons en 2030 – cette échéance va arriver, c’est certain !
Maintenant dites-vous que si vous planifiez en amont une épargne suffisante pour vous protéger des risques que vous fait courir cette échéance hypothécaire (une hausse des taux ou une baisse des prix de l’immobilier par exemple), cela pourra éloigner votre famille de plusieurs années maigres, voir de la perte de votre logement. Votre train de vie et votre patrimoine seront aussi préservés. Planifiez. 🙂
« Les intérêts composés » : le temps, c’est de l’argent
Seul le temps vous permet de développer la puissance des intérêts composés. Ces derniers sont les intérêts qui portent… intérêts.
Mettons que vous placiez 100.- francs dans la bourse suisse au début de l’an 1 et assumons que le rendement moyen soit de 9.50% annuel (selon une étude du groupe Pictet que vous trouvez ici : sur le long terme et bon an, mal an – c’est à dire y compris des mauvaises années comme 1929 ou 2008 – la bourse suisse progresse de 9.50% par année. 7.40% inflation déduite). A la fin de l’an 1, vous obtiendrez 109.50
Avec ces 109.50 investis, vous obtiendrez à la fin de l’année 2, non pas 9.50 de gain supplémentaire mais 10.40 car les 9.50 de l’an 1 porteront intérêts à leur tour. A la fin de l’an 2, vous aurez donc 119.90 francs.
Et parce qu’un dessin est souvent plus parlant qu’un long texte (merci Jérôme pour la suggestion), vous trouvez ici l’incidence que le temps donne sur une épargne donnée.
Découpez et structurez votre temps !
Le temps est donc votre meilleur allié pour construire un patrimoine sûr et rentable. Vous pouvez le découper en trois grandes échéances :
- Le court terme : moins de trois ans,
- Le moyen terme : entre cinq et quinze ans,
- Et le long terme soit plus de quinze ans.
Vous pouvez adapter évidemment ces échéances selon votre patrimoine, votre rythme d’épargne, vos connaissances, vos besoins etc.
Vous trouvez sur le dessin ci-dessous trois exemples d’événements, répondant à trois échéances différentes, posés sur une ligne de vie.
La ligne de vie est simplement une ligne droite sur laquelle vous pouvez glisser vos âges, l’âge de vos enfants, et toutes les échéances financières probables que vous connaissez aujourd’hui. Échéance de dette, études des enfants, tour du monde etc.
Notez qu’à court terme, vous devriez garder deux à quatre salaires net d’impôt et charge sociale afin de prévenir un pépin important. Ajoutez-y vos dépenses planifiées des trois prochaines années, et vous obtenez le montant à garder en liquide (sur un compte à la banque, hein, pas forcément sous le matelas. 🙂 )
La vie, ou parce que vous ne pouvez pas tout connaître à l’avance…
Tout cela posé, nous changeons souvent d’avis (comme de chemises…J) et nous ne pouvons pas tout planifier à l’avance. Heureusement, diront certains, tandis que d’autres préféreraient la sécurité d’une vie sans changement.
Afin d’y voir plus clair, je vous propose ci-dessous quelques schémas représentant ce que peut être l’évolution d’un patrimoine le long d’une vie.
Dans le premier dessin, vous trouvez un schéma représentant une vie d’épargne assez ennuyeuse. Ce long fleuve tranquille reste le schéma standard de vie que nous vend la société. Il a le mérite pour notre exemple de représenter schématiquement la construction d’un patrimoine pendant une vie… sans aléas.
Vous trouvez dans le second graphique une vie beaucoup plus proche de la réalité, avec des aléas et des événements de vie planifiés. Globalement la courbe est la même, à la différence près qu’il n’y a pas que l’épargne qui est considérée mais aussi sa consommation pour réaliser des projets plus ou moins important comme les études supérieures des enfants, un achat immobilier ou encore un tour du monde.
To be continued
Nous avons vu que la frugalité alliée à la discipline d’un budget permet de nourrir son patrimoine. Si vous ajoutez la patience, vous détenez les premières clefs du succès pour la construction de votre patrimoine.
Dans une société qui veut tout tout de suite, il sera parfois frustrant d’attendre avant de réaliser de grand projet. C’est pourtant le « prix à payer » pour concrétiser certains rêves.
Lors d’un prochain épisode, nous traiterons des éléments (les actifs et les passifs) qui peuvent composer votre patrimoine et nous aborderons l’importance qu’il y a à garder une vision globale sur vos finances.
Et vous ? Êtes-vous patient, frugal et discipliné ou plutôt dépensier ? Dites le moi en commentaire 🙂