Quel revenu pour quel train de vie à la retraite ?

Selon l’AVS, nous travaillons pendant une quarantaine d’années avant de pouvoir entamer une seconde vie de retraité. Alors que pendant ces années de labeur, vos revenus n’ont probablement cessé de croître, du jour au lendemain ils vont baisser de 35% dans le meilleur des cas et de plus de 50% si vous n’avez pas pris les devants.

Notez que plus votre salaire actuel est élevé, plus votre lacune à la retraite sera importante. Au-delà de 80’000.- francs de rémunération annuelle, le manque à gagner s’accroît très rapidement.

Mieux vaut donc épargner tôt. Repousser le « problème » aux calendes grecques ne fera qu’augmenter la douleur lorsque vous arriverez à la retraite. D’autant que l’espérance de vie en bonne santé s’approche d’une quinzaine d’années !

Je vous propose dans le présent article d’estimer votre futur revenu de retraite. S’il vous reste suffisamment de temps (plus de cinq ans), je vous renvoie à mon post « Combien d’épargne consacrer à sa prévoyance retraite ? » afin de trouver des solutions.

Quel revenu de retraite du premier pilier ?

Si pendant vos années de travail, une seule entreprise à la fois payait votre salaire, lors de vos « grandes vacances », plusieurs entités y pourvoiront.

La première d’entre elles est l’assurance-vieillesse et survivants (AVS, premier pilier). Son calcul peut sembler compliqué. Je vais me contenter de vous guider dans sa version la plus simple et sans discuter des bonifications complémentaires, des lacunes de cotisation, du divorce, etc.

Afin de définir votre droit à l’AVS, vous devez vous munir de votre extrait de compte individuel et de l’échelle 44.

Cet extrait résume vos revenus cotisants tout au long de votre carrière. Vous pouvez le commander en cliquant ici. Si vous ne savez quelle caisse choisir, sélectionnez-en une dans votre canton de domicile (22 pour Vaud par exemple).

À la fin du formulaire, cliquez bien sur « je désire un extrait de tous les comptes individuels tenus à mon nom dans l’AVS (b). »

Vous recevrez ce document quelques jours plus tard par courrier postal. Il résume vos salaires passés et vos années de cotisation. Définissez votre revenu annuel moyen en divisant la somme des paies de votre carrière par le nombre d’années de cotisation.

Vous pourrez ensuite associer ce revenu moyen à ce que l’AVS appelle l’échelle 44 que vous trouvez en cliquant ici. Cherchez simplement sur la première page votre salaire moyen dans la colonne « revenu annuel moyen déterminant » et déduisez-en le montant correspondant dans la colonne de droite « rente de vieillesse ».

Par exemple, si votre revenu moyen annuel est de 62’000.-, votre rente sera de 2’048.- par mois. Votre calcul sera d’autant plus juste que votre retraite sera proche. Une échéance lointaine augmente l’inconnu des prochains salaires.

Quel revenu de retraite du deuxième pilier ?

Maintenant que vous avez estimé votre rente AVS, vous pouvez définir la pension probable de deuxième pilier.

Ici, c’est beaucoup plus simple ! Relevez sur votre certificat LPP la rente prévue à la retraite.

Vous recevez votre certificat au moins une fois par année.

Quel revenu attendre de votre fortune liquide à la retraite ?

L’épargne accumulée tout au long de votre vie complétera vos revenus de retraite. Cette dernière est généralement composée de vos investissements actuels (actions, obligations, métaux précieux, matières premières, fonds de placement…), et des prestations que vous toucherez à la retraite telles que vos capitaux de 3e pilier ou de 2e pilier.

Les donations ou les successions à recevoir font également partie de votre futur patrimoine. Il reste toutefois difficile de les anticiper correctement. L’allongement de la durée de la vie a pour conséquence de faire cohabiter plusieurs générations de retraités. Essayez de vous en passer, du moins pour les calculs.

En fonction de la qualité, de la durabilité et de la structure de votre portefeuille d’investissement, vous pourriez en tirer 2% à 5% « bon an mal an ». Avec un rythme de consommation de 2%, vous devriez préserver votre capital tandis qu’avec une ponction supérieure à 5%, vous le dépenserez sur une vingtaine d’années.

Puis-je consommer entièrement mon portefeuille à la retraite ?

Je ne peux pas répondre à cette question pour vous. Avez-vous des enfants ? Souhaitez-vous les aider dans un projet ? Êtes-vous propriétaire ou locataire ? Prédisez-vous un avenir radieux du système de prévoyance retraite (premier et deuxième pilier) ? Pensez-vous que les impôts vont baisser à l’avenir ?

Je recommande de conserver son indépendance financière ad vitam æternam et donc de préserver votre capital. En adoptant une vision de très long terme, vous orienterez votre épargne sur la sécurité et vous fuirez la spéculation.

Quelle dette hypothécaire à la retraite ?

Si vous êtes propriétaire, vous devriez être au minimum « dette neutre » au moment de la retraite. Cela signifie que votre fortune liquide devrait égaler au minimum le montant de votre hypothèque afin de vous protéger de plusieurs scénarios.

Le premier d’entre eux est une chute des prix de l’immobilier. Dans le cas où la valeur de votre résidence venait à baisser, vous devriez maintenir le ratio d’endettement inférieur à 65%. Ce taux, calculé sur le prix de votre bien, est le maximum admis à la retraite, à la condition que vos revenus supportent la faisabilité.

Pour illustrer mon propos, supposons que la valeur de votre maison baisse de 20%. Ipso facto, votre niveau d’endettement passe de 65% à plus de 80%. Pour revenir dans les clous, vous devriez procéder à un amortissement (remboursement) de 15% de la nouvelle valeur, sous peine de devoir vous séparer de votre maison.

Un second scénario pourrait voir les taux d’emprunt s’envoler. Si à l’échéance de votre hypothèque, les taux montent à 3% et que votre coût, jusqu’alors, ne dépassait pas 1.5%, le doublement de votre facture d’intérêt diminuerait d’autant votre train de vie. En remboursant la moitié de votre dette, vous ne changeriez rien au coût de votre vie.

Dans ce dernier cas, vous devrez arbitrer (c’est-à-dire mettre en opposition en vue de choisir la meilleure solution) entre la rentabilité de votre fortune liquide et le coût de votre dette.

Aidez-vous d’un budget pour définir votre train de vie de retraite !

Maintenant que vous connaissez votre futur revenu, il ne vous reste plus qu’à savoir si vous pourrez vivre avec.

Opposer votre revenu à votre train de vie est intéressant. Afin de définir ce dernier, je vous invite à le calculer grâce à votre budget que vous trouvez ici.

N’oubliez pas les impôts !

Bonne nouvelle : vous ne paierez plus de charges sociales (AVS, chômage, LAA, LPP, etc.).

Mauvaise nouvelle : vos impôts vont baisser, mais pas dans la même proportion que la diminution de vos revenus. Ne négligez pas cette ponction future.

Je vous propose une méthode très simple pour définir vos impôts. Prenez votre dernière déclaration fiscale puis adaptez là à votre vie de retraité.

Si vous utilisez un logiciel cantonal comme VaudTax ou GeTax, vous pouvez facilement remplacer les revenus du travail par les rentes du premier et du deuxième piliers. Le tour est joué.

Attendez-vous d’ici à 2030 (le temps pour les baby-boomers de passer complètement à la retraite) à payer des charges sociales sur vos rentes de retraite et à subir des hausses d’impôts. La démographie défavorable et l’allongement de l’espérance de vie vont s’accentuer et creuser des inégalités trop fortes pour les actifs.

Éviter l’expulsion de la maison familiale lors d’un décès

Nous aimerions ne pas y penser ! Il est pourtant assez simple de protéger sa famille et son conjoint d’une expulsion après un décès.

Dans un couple marié et en cas de décès d’un conjoint, la continuité de la tenue des charges de la maison familiale est posée. En effet, avec la disparition d’un revenu, le fameux ratio des charges immobilières, qui ne doit excéder le tiers du revenu, est souvent dépassé et une expulsion n’est pas à exclure.

Et bien que le premier et le deuxième pilier servent des rentes de veuf ou de veuve, ces dernières peuvent se révéler insuffisantes au maintien de ce ratio.

Notez que les couvertures du système social suisse sont différentes dans le cas d’une maladie et d’un accident. Comment peut-on se protéger d’un tel événement ? Je vous propose un bref rappel théorique suivi d’un cas pratique pour illustrer mes propos.

Les rentes de veuve et de veuf en cas de décès du conjoint à la suite d’une maladie

En comparaison avec l’accident, décéder à la suite d’une maladie est le cas statistique le plus fréquent. Que prévoient les assurances sociales dans le cas du décès par maladie d’une personne salariée ?

Les deux premiers piliers (AI et LPP) peuvent fournir, sous certaines conditions, des revenus de substitution au partenaire survivant. Vous trouvez un article qui en parle ici.

Le prêteur hypothécaire exige en tout temps que le revenu de la famille soit au moins trois supérieurs à l’ensemble des charges théoriques du bien. Y compris après un tel drame.

Ces charges sont formées de l’entretien du bâtiment, du remboursement de la dette et des charges d’intérêts hypothécaires.

Le premier pilier verse au conjoint et, sous certaines conditions, jusqu’à 80% de l’ancien salaire avec un plafond situé à 22’752.- francs par an. En cas de lacunes de cotisation ou de revenu faible les premières années de l’activité lucrative, cela peut aussi être beaucoup moins.

La rente de conjoint du deuxième pilier quant à elle varie grandement selon la caisse de pension du défunt. Un employeur qui offre des prestations sociales intéressantes peut servir jusqu’à l’intégralité du revenu sous forme de rente ou de capital. À l’inverse, un patron radin pourrait servir le minimum selon la Loi sur la Prévoyance Professionnelle (LPP).

Si vous êtes employé dans une entreprise de taille relativement importante, vos chances d’influer sur ces rentes seront limitées. Cela vaut toutefois la peine de vous rapprocher de votre représentant salarial pour le deuxième pilier afin d’obtenir de bonnes couvertures.

Les rentes de veuve et de veuf en cas de décès à la suite d’un accident

Dans le cas d’un accident, c’est la Loi sur l’Assurance Accident (LAA) qui servirait une rente au conjoint survivant.

La LAA assure les salariés qui travaillent plus de huit heures par semaine avec un revenu inférieur à 148’200.- par an. La rente de conjoint est limitée à 40% de l’ancien revenu. Ici aussi, un employeur généreux peut faire mieux que la loi. Renseignez-vous.

La rente de conjoint selon la LAA est également servie sous certaines conditions (mariage, enfant en commun, etc.).

Le premier pilier apporterait parallèlement une rente au conjoint survivant, dans les mêmes conditions que pour la maladie.

Enfin, la caisse de pension peut fournir si son règlement le permet, un complément de revenus sous forme de rente ou de capital.

Le cas de l’indépendant

Une personne qui travaille à son propre compte n’a pas l’obligation de s’affilier à un deuxième pilier, à un troisième pilier ou à la LAA. Elle est donc libre de composer sa prévoyance sur mesure. La liberté qui en découle est intéressante pour construire une prévoyance avantageuse, mais cela peut aussi se révéler être à double tranchant.

En effet, par manque de temps et d’intérêt, trop d’indépendants repoussent à « plus tard » l’étude complète de leur situation. Tant que tout va bien…

De mauvais conseils peuvent aussi conduire à une situation bancale. En quelques heures, et avec l’aide d’un conseiller expérimenté, vous pourriez combler l’ensemble des lacunes de retraite, d’invalidité et de décès.

En l’absence de couverture complémentaire, seules les rentes du premier pilier seraient servies. Cela peut amener la famille à une situation dangereuse autant pour éviter l’expulsion de la maison que pour continuer à vivre « normalement ».

Les rentes d’orphelin

Le premier pilier, le deuxième pilier et la LAA versent des rentes aux enfants survivants. Ces rentes d’orphelins correspondent respectivement à 40% (AI), 20% (LPP) et 15% (LAA) de la rente de conjoint.

Certains prêteurs immobiliers pourront considérer ces rentes comme faisant partie intégrante du revenu de la famille et d’autres les excluront.

Notez qu’un tuteur pourrait également en limiter l’utilisation jusqu’à la majorité des enfants. Dans tous les cas, je vous invite à protéger votre famille devant un notaire en rédigeant des testaments et un contrat de mariage. Vous trouvez plus de détails sur ce sujet ici.

Quand après un décès la faisabilité de la maison devient impossible à tenir ! Un cas pratique

Pour comprendre les conséquences d’un décès sur la faisabilité hypothécaire de la maison, prenons l’exemple d’un couple qui gagne 180’000.- par année, à parts égales soit 90’000.- chacun.

La famille est également composée de deux enfants. Les parents sont assurés dans la moyenne suisse et ils sont propriétaire de leur appartement acheté 1’070’000.- il y a quelques années.

Lors de l’achat, ils ont contracté une hypothèque de 856’000.- et leur faisabilité était au maximum possible de 33%. C’est-à-dire que l’ensemble des charges théoriques calculées par le prêteur se montait à 60’000.- par an (60’000.- fois 3 = 180’000.-).

Dans le cas où l’un des époux viendrait à disparaître, le conjoint survivant et les enfants toucheraient aux environs de 54’000.- par année. Ainsi, le nouveau revenu de la famille passerait à 144’000.-. Dans ce cas, et à condition que le prêteur prenne en compte les rentes d’orphelins, la faisabilité passerait de 33% à 42% (60’000.- divisé par 144’000.-). Notez que si le prêteur excluait de son calcul les rentes d’orphelins, la faisabilité exploserait à près de 50%.

Ici, la banque ou l’assurance qui aurait prêté l’hypothèque, serait en droit de demander des garanties supplémentaires à hauteur de 273’000.-.

Cela signifie que pour éviter une vente forcée du bien, la famille devrait apporter 273’000.- de garanties supplémentaires au prêteur. Cette somme pourrait prendre plusieurs formes : des liquidités, un portefeuille d’investissement ou, pourquoi pas, la caisse de pension du conjoint survivant.

Étant donné que la majeure partie de la fortune des Suisses est composée de la caisse de pension et des fonds propres de la maison familiale, cette somme soudainement nécessaire n’existe tout simplement pas.

Alors, comment éviter d’ajouter de la difficulté financière à de la peine ? Voyons cela.

Ajouter un capital décès grâce à un 3e pilier assurance permet de conserver la maison

Rester libre d’un système et libre de la dette contractée pour acheter sa résidence principale me semble pertinent.

Beaucoup de pays en Europe obligent les contractants d’une dette immobilière à assurer le cas du décès. La Suisse ne l’oblige pas et le prêteur l’exige rarement. Mais ce n’est pas parce qu’on ne vous le demande pas qu’il ne faut pas le faire. 🙂

Une façon assez simple pour notre couple suisse de se protéger pourrait être de contracter une assurance de 3e pilier et d’y inclure un capital décès afin d’être en mesure, en tout temps, de conserver la maison.

Avec l’aide d’un conseiller financier, notre famille pourrait calculer son besoin exact et se couvrir en conséquence tout en évitant une sous assurance ou une sur assurance.

Elle devrait idéalement ajouter à ce capital décès les nouvelles dépenses consécutives à la perte d’un conjoint.

Enfin, notre couple serait bien avisé de profiter de cette analyse pour combler ses lacunes de retraite, surtout dans un système qui part à la dérive.

Cette assurance de 3e pilier peut dans certains cas être déductible des impôts, être constitutive d’épargne et offrir une sécurité supplémentaire à la famille en cas d’invalidité.

Un conseil sur mesure s’applique ici. Pensez à revoir votre situation régulièrement !

Notez que s’assurer n’exclue pas le fait d’épargner pour rembourser sa dette.

Cet article vous a éclairé ? Un pouce bleu est bienvenu 🙂

Quelles solutions pour planifier sa retraite ?

Apprenez en plus sur la planification de votre retraite tout en économisant beaucoup d’impôts !

Vous pouvez y arriver en dix ans seulement.

Dans les articles précédents sur l’AVS et le deuxième pilier, nous avons vu, à travers l’exemple de Luc et de Marie, la perte à laquelle notre couple peut s’attendre en anticipant de deux ans leur retraite. Voyons maintenant comment ils peuvent planifier leur retraite pour faire face à ces défis.

Pour rappel, Luc et Marie ont actuellement 53 et 54 ans. Du fait de leur différence d’âge, Luc aura 63 ans lorsque Marie en aura 64. L’idée de Luc est de prendre sa retraite deux ans en avance sur la retraite ordinaire de 65 ans afin qu’ils puissent commencer à profiter en même temps de leur « nouvelle vie ».

Dans les grandes lignes, et en procédant ainsi, l’AVS et le deuxième pilier de Luc seront amputés de 13,6% par rapport à la retraite légale, et ce, à vie. Nous avons également vu que le revenu de notre couple à la retraite sera équivalent à moins de 50% de leur revenu actuel (16’700.- francs bruts aujourd’hui contre 7’806.- demain).

Notez que même si Luc ne prenait pas de retraite anticipée, et bien qu’ils aient tous les deux travaillé et cotisé toute leur vie, leur revenu de retraite serait proche des 50% de leur revenu actuel ! Une bonne raison pour planifier sa retraite à l’avance.

Heureusement, Luc et Marie anticipent de dix ans leur retraite, ce qui leur laisse le temps de planifier un atterrissage « en douceur ». Tentons de voir ici, comment Luc et Marie pourraient se préparer efficacement à cette baisse soudaine de revenu.

Revenu versus train de vie

En planifiant votre retraite, vous devez chercher des chiffres de référence pour y voir clair et pour trouver la bonne direction.

Dans le cas de Luc et de Marie, nous connaissons deux chiffres intéressants : leur revenu actuel de 16’700.- mensuel et leur revenu probable de retraite de 7’806.-.

À votre avis, quelle autre donnée pourrait les aider à combler leur lacune de revenu à la retraite ?

C’est leur train de vie ou autrement dit, leur budget. Ils ne dépensent pas forcément ce qu’ils gagnent : épargne, impôts, charges sociales… autant de « dépenses » qui n’auront pas le même poids à la retraite.

Faire un budget est primordial lorsque l’on planifie sa retraite. Et bien que la vie soit remplie de surprise, il existe toute une série de charges fixes ou peu variables qui sont facilement identifiables.

À vrai dire, le budget est la pierre angulaire, à tout âge, d’une bonne planification financière.

Tentons maintenant de mettre en lumière ces dépenses.

Les charges encore présentes à la retraite.

L’un des postes que notre couple continuera de payer à la retraite est l’assurance maladie. Vous pouvez prendre vos factures actuelles et les augmenter du chiffre exorbitant de 4,12% par année d’ici à votre retraite.

Avec le vieillissement de la population, l’augmentation sera probablement plus élevée encore. Je me suis contenté de prendre l’inflation des primes de la LAMal entre 1999 et 2019 sur le site de l’Office fédéral de la statistique.

Pour vous donner un ordre d’idée : si vous payez 8’400.- par année aujourd’hui pour la LAMal et les complémentaires, vous payerez demain 12’600.-. Il faut également ajouter pour un grand nombre de complémentaires les paliers d’âges propres à chaque assureur.

Pour vos autres dépenses courantes comme les assurances choses, vos courses, les habits, le loyer si vous êtes locataire, les frais de votre maison si vous êtes propriétaire, l’énergie, les communications… vous pouvez prendre vos chiffres actuels et appliquer une inflation de 1,1% par an (inflation officielle moyenne des 40 dernières années. 100.- aujourd’hui vaudra 111.- et des poussières dans dix ans).

Si vous êtes propriétaire, vous devriez avoir les moyens d’effacer votre dette à la retraite. Aussi, vous avez peut-être actuellement la possibilité de renégocier pour longtemps et au-delà de votre retraite, votre dette hypothécaire. Prenez votre coût renégocié.

Par prudence, et si vous n’avez pas la possibilité de changer votre charge d’intérêt, vous pouvez prendre le taux hypothécaire moyen historique de 4,5%. Ce taux sert de référence aux prêteurs (banques et assurances) pour le calcul de la faisabilité hypothécaire.

**Astuce hypothécaire**

Je peux vous proposer en ce moment des taux exceptionnels aux environs de 1% sur 25 ans, avec une quasi-absence de contrainte en cas de résiliation avant l’échéance. C’est de mon point de vue révolutionnaire dans le monde suisse de l’hypothèque et cela permet de planifier sereinement l’effacement de sa dette.

Contactez-moi si vous souhaitez en discuter raphael.battu@maretraite.ch

Les charges qui disparaîtront ou qui seront diminuées à la retraite :

En réalisant votre budget, vous identifierez également des charges qui n’auront plus lieu d’être. Ce sont les dépenses liées au travail comme les charges sociales, les frais de voiture ou les abonnements de transports publics ou les frais liés aux enfants qui auront quitté la maison.

Les autres « dépenses » que vous pourrez éliminer concernent votre épargne. En effet, si vous avez vécu suffisamment prudemment, vous n’aurez plus à rembourser de dette immobilière. De fait, l’amortissement de la dette hypothécaire, et vos troisièmes piliers seront clos.

Enfin, les impôts ne seront plus basés sur votre revenu du travail (16’700.- mensuel pour Luc et Marie), mais sur votre nouveau revenu de retraite (7’806.- dans notre exemple).

Attention toutefois à ne pas les sous-estimer : beaucoup de dépenses ne seront plus déductibles : épargne en 3e pilier, rachat de 2e pilier, dépenses liées à l’activité professionnelle, présence des enfants à la maison, etc. Luc et Marie payeront vraisemblablement plus de 1’100.- d’impôts par mois sur Lausanne (!) en l’absence de fortune. Leur taux moyen d’imposition passera de 19% à 14%.

Les nouvelles dépenses de retraite à planifier.

A contrario de ce que nous venons de voir et selon le mode de vie que vous choisirez, de nouvelles dépenses pourront s’ajouter. Elles sont cependant difficiles à prévoir.

Vous aurez probablement 50% de revenu en moins, mais 100% de temps en plus qu’il faudra bien occuper.

Passer du temps avec vos petits-enfants, au théâtre ou au musée ne vous coûtera pas excessivement cher. Il n’en sera pas de même pour les voyages, la location d’un appartement (si vous vendiez votre maison par exemple) ou la location d’une résidence secondaire qu’il faudra anticiper.

**Astuce**

Si vous vous êtes habitué tôt à vivre avec 80% de votre revenu net, il sera facile de passer la marche de la retraite sans consommer votre épargne trop rapidement.

Vous pourriez vous passer d’un budget dans le cas où vous décideriez volontairement d’épargner 20% à 30% de votre revenu, tout au long de votre vie, et ce quoiqu’il arrive.

Si vous cherchez à acquérir l’indépendance financière, vous pourriez adopter un mode de vie un peu plus frugal que la moyenne de vos contemporains en épargnant jusqu’à 40%, voir 50%… de vos revenus. En investissant cette épargne, vous gagnerez tôt en liberté financière.

Effacer sa lacune de retraite

Luc et Marie ont réalisé leur budget et ont identifié que sans leurs enfants, ils dépenseront environ 9’000.- par mois, soit 1’200.- de plus que ce qu’il est prévu de gagner (7’806.-).

Grâce aux taux hypothécaires actuellement bas, ils décident de figer leur loyer sur 25 ans soit jusqu’à leurs 80 ans. Leur dette leur coûtera environ 500.- par mois. Une belle économie de réalisée si l’on regarde les 1’300.- qu’ils payaient jusqu`à aujourd’hui.

La combinaison de ces éléments leur permet dès lors d’épargner 2’500.- par mois (30’000.- par année) et ce malgré la présence des enfants aux études supérieures (ils ont commencé à épargner dès la naissance des enfants pour ce poste).

Notons que leur maison des années 60 aura probablement des frais importants dans les années qui viennent (chaudière, façade). Ce poste est également à planifier.

Planifier sa retraite et structurer son épargne.

Notre couple décide de maximiser les économies d’impôts et va répartir son épargne sur trois axes à raison de 10’000.- par poste (30’000.- d’épargne divisée par 3 postes = 10’000.-)

Réaliser des travaux dans sa maison.

Tout d’abord, ils vont garder des liquidités pour faire face aux travaux de la maison en y consacrant 10’000.- par an.

Avec cette épargne de 120’000.- sur dix ans, ils pourront changer la chaudière, refaire les façades et améliorer quelques pièces comme la cuisine et les salles de bain. Grâce aux économies d’impôts qu’ils réaliseront au fur et à mesure des années, ils pourront garder une réserve supplémentaire pour d’éventuels aléas ou travaux dans plusieurs années.

En procédant ainsi, et en mettant à jour leur maison, ils se donnent la possibilité de revendre leur bien assez facilement et pourraient donc changer leurs plans à tout moment.

Racheter son deuxième pilier.

Planifier sa retraite passe souvent par le rachat du deuxième pilier. Luc et Marie ont la possibilité de racheter 120’000.- sur leurs caisses de pension. Cela tombe bien, car racheter sa caisse de pension dans les 10 dernières années de sa vie active est très intéressant en ce qui concerne les économies d’impôts et le rendement.

Ils pourront donc consacrer 10’000.- de leur épargne annuelle pour les rachats.

Ici, il faut distinguer la partie d’épargne qui ira dans la partie obligatoire LPP (qui servira une rente à 6,8%) de la partie qui ira dans le surobligatoire (servant une rente plus faible de 5,25%).

Grâce à ces rachats, ils augmenteront leur revenu de retraite de 500.- par mois.

Notez aussi que l’économie d’impôt qui résultera de ce rachat se montera à 3’500.- par année (!) soit 35’000.- sur dix ans.

Maximiser son 3e pilier « A ».

Qu’est-ce que planifier sa retraite sans le 3e pilier ? Luc et Marie mettront le maximum déductible en 3e pilier « A ». En 2020, chaque salarié affilié à un deuxième pilier a le droit d’épargner 6’826.- par année sous la forme d’un troisième pilier lié à la retraite. Ils pourront mettre 13’652.- sous cette forme chaque année.

Pour se faire, ils consacreront les 10’000.- d’épargne disponible additionnée des 3’500.- d’économies d’impôts réalisées grâce aux rachats des deuxièmes piliers.

Cerise sur le gâteau, cette structure d’épargne leur apporte encore 4’400.- d’économie d’impôt supplémentaire ! En combinant le rachat du deuxième pilier et l’épargne en 3e pilier, ils réaliseront chaque année près de 8’000.- d’économie d’impôts soit 80’000.- sur dix ans. À laquelle il faudra ajouter les économies réalisées grâce aux travaux dans la maison.

Ils privilégieront des comptes de 3e pilier bancaires et investis afin de viser un rendement faible, mais conservateur aux environs de 2,5% moyen annuel.

À leur retraite, cette épargne se montera aux environs de 136’000.- net d’impôts et leur apportera environ 600.- par mois de revenu supplémentaire.

**Astuce**

Lors du retrait du capital de 3e pilier, un impôt « de sortie » sera prélevé. Afin de casser la progression fiscale et de baisser cet impôt, Marie (ou Luc) retirera son 3e pilier une année avant sa retraite.

Ils économiseront ainsi 25% de cet impôt de sortie !

Un arrêt récent (2019) du tribunal fédéral confirme et valide cette pratique 🙂

Un plan d’épargne en fonds flexible

Enfin, le solde des économies d’impôts réalisées d’environ 400.- mensuel sera épargné dans un plan d’épargne en fonds. Notre couple pourrait aller chercher 3% ou 4% de rendement par an.

Planifier sa retraite peut aussi passer par une épargne libre, flexible et disponible à tout moment.

Luc et Marie pourront également verser à leur bon vouloir dans ce plan la réserve non dépensée des travaux de la maison.

Cette épargne supplémentaire de 400.- mensuel représentera environ 55’000.- grâce à laquelle ils pourront augmenter leur revenu de retraite de plus ou moins 200.- par mois.

Le résultat de cette planification retraite

En maximisant leur épargne, leurs économies d’impôts et tout en cherchant le bon compromis entre le rendement et le risque, leur lacune de retraite de 1’200.- sera allégrement comblé.

De plus, leur maison sera dans un état impeccable, ce qui leur permettra de garder toute la flexibilité et la liberté dont ils pourront avoir besoin.

Une bonne planification doit rester flexible, mais être volontaire. Chaque situation est unique. Faites-vous accompagner par un conseiller financier pour ne rater aucune économie d’impôt et planifier correctement votre retraite 😉

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