Comment placer son capital de 2e pilier à la retraite ?

Dans un précédent article, nous avons discuté des avantages qui existent à disposer librement de son capital de 2e pilier à la retraite. Nous avons vu que le retrait de ses avoirs nécessite de définir ses objectifs de retraité ainsi que son profil de risque.

C’est seulement après avoir éclairci ces points que vous pourrez vous attaquer aux choix des placements. Idéalement, un consultant expérimenté devrait vous accompagner dans vos réflexions. Nous pourrions assimiler la construction et la gestion d’un patrimoine à la conception d’une maison. Ainsi, votre conseiller, tel un architecte vous aidera à dessiner les plans, calculer les coûts et les impôts puis à structurer votre épargne.

D’ailleurs, en parlant de taxes, n’oubliez pas de provisionner et de garder sous forme de liquidités, l’impôt de sortie du capital – d’environ 12% (!) sur le canton de Vaud. L’administration fiscale vous enverra la facture quelques mois seulement après le versement.

Voyons donc aujourd’hui comment vous pourriez placer votre capital de 2e pilier.

Dans les faits, le 2e pilier représente la plus grosse partie du patrimoine des Suisses. Étant donné que ce capital doit vous servir sur une longue période, il convient de rester suffisamment prudent sur le long terme et de ne pas agir sous la pression émotionnelle.

Vous pourriez, pour commencer, vous inspirer de la structure des caisses de pension.

Comment est placé votre 2e pilier ?

La structure d’un portefeuille de 2e pilier est relativement conservatrice et assimilable à une gestion de «bon père de famille». En soustrayant votre capital à votre caisse de pension, vous devriez adopter la même vision conservatrice, de long terme, afin de préserver le plus longtemps possible votre avoir. Évidemment, les solutions que vous mettrez en place dépendront de votre fortune globale.

Selon l’article de Marco Rastaldi et les données compilées par UBS, les avoirs des caisses de pension sont répartis comme suit :

  • Liquidités : 5%
  • Obligations : 34% dont les deux tiers en Suisse
  • Actions : 28% dont le tiers en Suisse
  • Hedge funds : 3%
  • Private equity : 4%
  • Matières premières : 2%
  • Hypothèques : 1.5%
  • Immobilier : 21%
  • Autres : 1.5%

Notez la part élevée d’obligations et notamment des obligations libellées en francs suisses, qui peuvent représenter plus de 20% des actifs. En ajoutant les liquidités nécessaires au bon fonctionnement d’un portefeuille, c’est près de 30% du patrimoine qui est impacté par les taux négatifs ou nuls depuis plus de cinq ans.

Autant les caisses de pensions ont des règles à respecter en termes de structure, autant vous êtes libre de faire comme bon vous semble…

Partant de cette structure, somme toute complexe et difficile à répliquer dans des portefeuilles de taille modeste, vous pourriez adopter une approche simplifiée plus «rationnelle». Elle sera adaptée à votre «petit portefeuille». Bien que je vous le souhaite, il y a peu de chance que vous ayez à gérer plusieurs centaines de millions de francs.  Voici donc une version simplifiée qui devra encore passer la rampe de vos objectifs et de votre profil de risque.

Version simplifiée :

  • Liquidités : 5%
  • Obligations : 38%
  • Actions : 32%
  • Immobilier : 25%

Une part en or physique pourrait également compléter votre portefeuille afin de vous assurer des baisses de marchés liées à des chocs extrêmes tels que le covid ou autres tensions géopolitiques.

Quel rendement pour quel train de vie ?

Grâce aux fonds de placement, vous pourriez répliquer une telle structure. Cette dernière définira le rendement et le montant de capital que vous pourrez «consommer» chaque mois. Avec plus de 7000 fonds disponibles à la vente en Suisse, vous devrez procéder à un tri drastique et porter un regard critique sur les produits «maison» que votre banquier aura tendance à mettre en avant.  Ne perdez jamais de vue que sur le long terme, les frais représentent un véritable ennemi de la performance.

Les obligations. Ou comment quitter les taux négatifs ?

Nous l’avons évoqué ci-dessus, vous pourriez éliminer l’ensemble des contraintes légales qui pèsent sur les caisses de pension. Par exemple et si vous souhaitez conserver le même type de structure, avec presque 40% d’obligations, vous pourriez favoriser les obligations d’entreprises, de pays émergents ou encore High Yield.

Pour illustrer mon propos et vous donner un ordre d’idée: sur cinq ans et au 31 décembre 2019, le M&G Global bond fund réalisait un rendement annuel moyen de presque 2,9% en franc suisse, le J. P. Morgan Emerging Markets Debt 4,8% en USD et le Pictet EUR High Yield presque 3% en CHF. Bien entendu, ces produits comportent des risques spécifiques qu’il vous faudra comprendre et accepter. Comme on ne le répètera jamais assez, les performances passées ne garantissent pas les performances futures.

Les prix de l’immobilier suisse sont liés aux taux d’emprunt bas

La part d’immobilier pourrait également être revue à la hausse, à la condition de ne pas exposer trop fortement votre patrimoine global à ce secteur. Gardez une vision globale. Si votre patrimoine est déjà composé d’immobilier de rendement, ou de votre résidence principale, vous devriez y songer à deux fois avant d’alourdir cette partie, hautement dépendante des taux d’emprunts. Ici, le fonds du Credit Suisse Real Estate Siat, majoritairement investi en immeubles locatifs suisses, a performé sur la même période de 2,2% par année.

Selon la taille de votre patrimoine, vous pourriez également songer à un investissement en direct dans un bien de rendement. Attention toutefois aux contraintes et aux coûts qui diffèrent d’un fonds. Frais à l’achat, entretien et travaux à suivre, locataires à trouver… Si vous souhaitez lâcher l’accélérateur, ce n’est peut-être pas la meilleure solution.

Les actions sont les plus rentables, mais aussi les plus volatiles

Enfin, et en adoptant une vision de long terme, vous pourriez tout aussi bien favoriser les actions. Passé dix ou quinze ans, ce sont évidemment ces dernières qui offrent le plus de gain… mais elles sont plus volatiles que les deux classes d’actifs citées ci-dessus. L’étude annuelle de Pictet sur la performance des actions suisses fait état, au 31 décembre 2019, d’une rentabilité moyenne annuelle réelle (inflation déduite) proche de 8% «bon an, mal an» et cela depuis 1926.

Sans remonter jusqu’aux années 30, sur les 15 dernières années, le rendement annuel réel des actions suisses s’établit, toujours selon cette étude, à 7,41% tandis que celui des obligations se situe à 2,47%. Retenez que ce rendement plus élevé implique une volatilité supérieure. Comptez 20% de volatilité pour les actions et seulement 5% pour les obligations. Pour faire simple, cela signifie que les actions varient de plus ou moins 20% autour de la moyenne, tandis que les obligations se concentrent dans un canal de 5%… À voir comment votre cœur supporte tout cela.

Que faire dans ma situation ?

Qu’il vous faille compléter votre retraite AVS de quelques centaines ou de quelques milliers de francs chaque mois, une fois votre portefeuille mis en place, il sera facile d’organiser un ordre mensuel permanent sur votre compte salaire.

Vous êtes unique et votre situation personnelle et patrimoniale l’est également. Vous voyez au travers de ces deux articles que «Monsieur tout le monde» pourra difficilement se passer de l’accompagnement d’un expert.

Le taux de conversion du deuxième pilier (la rente servie) est généralement situé entre 5% et 6%. Vous devrez peser le pour et le contre avant de retirer votre avoir de 2e pilier. En déléguant sa gestion, vous pourrez vous approcher de la solution rente et mixer ainsi la tranquillité d’esprit de la gestion déléguée tout en disposant de votre capital.

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.

2e pilier : prendre et placer son capital à la retraite

En choisissant de retirer votre capital de 2e pilier à la retraite, vous devrez décider comment le placer après avoir défini vos objectifs d’investissement et votre profil de risque. Avez-vous besoin d’une rente mensuelle ? Votre épargne doit-elle vous servir dès aujourd’hui ou plutôt dans une dizaine d’années ? Devez-vous rembourser votre dette immobilière ? Quelle est votre expérience en matière de gestion ? Comment vivez-vous les fluctuations de marché ?

Vous devriez vous poser toutes ces questions avant d’aller de l’avant !

Ici, je ne peux que vous recommander de vous faire accompagner par un conseiller financier expérimenté. Car bien que disposer de son capital apporte beaucoup d’avantages, vous ne pourrez vous permettre de laisser libre cours à l’improvisation. Un peu d’anticipation, associée à une dose de rigueur, sera nécessaire pour réaliser les bons choix à long terme. Vous devriez aussi être capable de bannir les émotions dans les phases de volatilité telles que celle que nous venons de traverser.

Une fois que vous serez au clair avec ces questions, vous en saurez plus sur le rendement qu’il vous faudra obtenir ainsi que sur le type d’investissement que vous pourrez réaliser.

Quels avantages à prendre son 2e pilier

Retirer ses avoirs de deuxième pilier offre un grand nombre d’avantages. Nous pourrions les définir en un mot : liberté.

Liberté de disposer de votre capital comme bon vous semble, liberté d’effectuer des donations à vos enfants et à vos petits-enfants, liberté de rembourser votre dette immobilière, liberté de transmettre votre épargne après votre décès ou encore liberté dans le choix de vos placements.

En contrepartie de ces avantages, vous renoncez au taux de conversion fixe et à vie. Pour rappel, le taux de conversion représente le pourcentage auquel vous est distribué votre capital chaque année. Par exemple, un taux de conversion de 5% sur un capital de 100’000.- francs vous apportera chaque année une rente de 5’000.-.

Pour être tout à fait clair, ce taux fixe pourrait être revu dans les années à venir. Rappelons que lors de la première révision de la LPP, le taux de conversion légal minimal est passé progressivement de 7,2 à 6,8%. Dans le cadre de la réforme “Prévoyance vieillesse 2020”, le Conseil fédéral avait proposé une baisse à 6%. Le paquet réforme avait été rejeté par le peuple en 2017.

Trop de parties prenantes sont impliquées dans le deuxième pilier pour en faire un acquis immuable sur les prochaines décennies.

Du Conseil fédéral au peuple, en passant par le parlement, ces acteurs sont (et apparaîtront de plus en plus) soumis à la pression de la réalité démographique (vieillissement de la population). Dès lors, les règles qui régissent actuellement le 2e pilier pourraient changer à l’avenir.

N’oublions pas les assureurs et votre caisse de pension qui pourraient également influer sur ces différentes variables. Ainsi, un taux de conversion diminué, de nouveaux impôts ou encore l’introduction de charges sociales sur la rente ne peuvent plus être exclus à long terme.

Ces inconnues plaident pour l’option du capital même si je ne peux ici généraliser. Mais n’en venez pas à croire que retirer votre capital vous rendra de facto plus fort ou meilleur gestionnaire que ces acteurs réunis… Le choix entre la rente et le capital naît d’une analyse individuelle. Vous trouverez dans cet article un nombre de questions qui pourrait vous aider à prendre votre décision.

Pensez aussi à vos proches en cas de décès : seront-ils en mesure de gérer le capital hérité ? Un conseiller financier familial pourra accompagner votre famille sur plusieurs générations.

Quels sont vos objectifs ?

Nous avons énuméré en introduction plusieurs objectifs. Prenons quelques minutes pour les détailler et assumons le fait que vous retiriez votre capital.

Les deux premières questions que vous pourriez vous poser s’appuient sur le besoin, ou non, d’obtenir une rente mensuelle ainsi que sur l’ajournement pour servir cette rente. En bref, avez-vous besoin de compléter vos revenus du premier pilier et du travail (retraite anticipée ou reportée) et, si oui, dans combien de temps.

Ces questions définissent le cadre du délai de carence avant la consommation du capital et le rendement (donc le risque) que vous devez chercher à atteindre.

Si vous avez besoin, par exemple, de 2% de votre épargne chaque année dans dix ans, vous n’effectuerez pas forcément le même type de placement que si votre train de vie nécessite de dépenser 5% dès le mois prochain.

Un autre objectif patrimonial découle de la nécessité de diminuer votre dette immobilière, en fonction de votre prochaine échéance hypothécaire. Si le remboursement doit intervenir dans les trois, voire dans les cinq prochaines années, il pourrait être sage de conserver ce montant en liquide. Surtout en l’absence d’expérience ou de conseil extérieur. Dans ce cas, seul le capital restant après ce remboursement devra être considéré pour l’investissement retraite.

Enfin, et je ne cesse de le répéter, un budget devrait vous aider à définir vos objectifs.

Quel est votre profil de risque ?

Cette question (qui en regroupe en réalité une dizaine) vise à déterminer votre tolérance au risque et votre réaction en cas de volatilité des marchés.

Nous pourrions résumer ce point par l’interrogation : quid de votre expérience en matière de gestion financière ?

Ne prenez pas cela à la légère. Depuis la crise des subprimes, les conseillers financiers ont l’obligation de faire remplir à leurs clients un profil de risque afin de définir (ou tenter de définir…) leur attitude en cas de turbulences.

Là aussi, restons honnêtes. Seul le vécu vous dira comment vous dormez et comment vous réagissez en cas de panique boursière liée au covid ou autres subprimes. Ne voyez pas non plus tout en noir : un patrimoine correctement diversifié saura amortir, grâce au temps notamment, les chocs économiques et financiers.

Nous verrons dans le prochain article quelle pourrait être la structure d’un portefeuille ainsi que le train de vie qui pourrait en découler.

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.

Passer sa retraite à l’étranger: les bonnes questions à se poser avant de faire ses valises [#2/2]

Chaque année, un nombre croissant de retraités suisses s’exilent sous le soleil plus clément d’un autre pays. En plus du climat favorable, les jeunes retraités pourront trouver, selon la destination, une fiscalité plus douce et un train de vie souvent plus élevé qu’en Suisse.

Après les considérations d’ordre plus général de la première partie de cet article, nous nous penchons dans cette seconde partie sur des aspects plus particulièrement financiers et administratifs.

Rappelons que, selon mes parents dont vous avez pu lire les conseils pratiques dans la première partie de cet article, les contraintes administratives demeurent les plus complexes à traiter.

Quelle fiscalité ?

Même si vous souhaitez rester «nomade», retenez que beaucoup de nations vous considéreront comme résident fiscal au-delà d’un certain nombre de jours sur place. Ce nombre, variable selon les endroits, est souvent fixé à 181 jours par an. Au-delà, le pays d’accueil peut vous demander de payer vos impôts sur place.

Ne croyez pas facilement pouvoir échapper aux impôts locaux. La France par exemple, a mis en place à Avignon une brigade spéciale qui contrôle les habitants étrangers dans le sud. Notez également qu’avec les nouvelles règles internationales pour lutter contre l’évasion fiscale, une grande partie des pays échangent de manière systématique des renseignements fiscaux et financiers sur leurs résidents. Vouloir dissimuler des revenus risque de vous coûter cher.

Le choix des possibles apparaît trop large pour effectuer ici une généralisation des conditions d’imposition. Selon la destination, vous pourriez payer un impôt sur l’ensemble de vos revenus globaux ou uniquement sur les revenus entrants dans le pays. Votre taxation pourrait également prendre la forme d’un forfait négocié avec le fisc, tout comme vous pourriez ne rien payer. Ici, vous devriez vérifier le niveau de fiscalité avant de prendre une décision.

Faites-vous accompagner et gardez une porte de sortie financière

Je vous recommande vivement de vous faire accompagner par un avocat-fiscaliste local ou par un comptable spécialisé dans ce type de démarche avant de partir. Vous devriez également établir un bilan patrimonial avec l’aide de votre conseiller financier. Être au clair avec votre fortune et vos revenus vous aidera.

Je vous conseille également de «laisser» votre fortune liquide en Suisse (portefeuille d’investissement). Vous apprécierez, pour votre patrimoine, la neutralité de notre pays, ainsi que ses lois et sa stabilité politique, monétaire et économique.

La progressivité fiscale et «sociale» de l’impôt (modèle équivalent à la Suisse dans beaucoup de pays européens) peut se révéler largement défavorable à partir d’un certain niveau de rentes (France versus Suisse par exemple). A contrario, un taux d’imposition fixe comme il est pratiqué à Malte peut s’avérer intéressant. Ce pays taxe à hauteur de 15% les revenus entrants sur son territoire et délaisse les recettes restantes à l’étranger, à la condition de déclarer 13’500 euros de pension étrangère par année, pour un couple.

Les biens immobiliers et les loyers qui en découlent se déclarent généralement dans le pays de localisation du dit bien. Ainsi, votre bien de rendement ou votre résidence restera taxé en Suisse. Même s’ils ne sont pas imposés deux fois, vous devriez annoncer vos profits immobiliers à l’administration fiscale de votre pays d’accueil afin qu’ils déterminent le montant et le taux de prélèvements.

En vous installant hors de Suisse, vous n’aurez probablement plus à payer l’impôt sur la fortune qui reste une spécificité suisse.

Suis-je le bienvenu (financièrement parlant) ?

Vous devrez généralement prouver que vous avez la possibilité de subvenir à vos besoins. Les pays exigent souvent de gagner plus que le revenu moyen local avec les rentes de retraite. Certains états réclament aux nouveaux résidents de faire entrer un certain capital sur place. La vigilance s’impose sur les sommes que vous introduirez dans le pays d’accueil, car, si l’entrée de fonds est facile, certains pays en limitent par la suite la sortie.

Un autre point, qui peut sembler anecdotique, est la possession d’une voiture sur place et l’obligation éventuelle de vous procurer un permis de conduire international ou local. Au Maroc par exemple, l’entrée d’un véhicule étranger sur le territoire est limitée à six mois dans la même année. Pour les nomades, cela peut suffire. Si vous devenez résident marocain, vous pourrez acheter une voiture locale, mais vous ne pourrez plus conduire un véhicule immatriculé à l’étranger. Et vous pouvez être résident tout en conservant votre résidence fiscale suisse… la logique administrative reste souvent kafkaïenne.

Acheter ou louer son logement ?

En passant votre retraite à l’étranger, vous devrez chercher à vous loger. Si l’approche nomade vous fait aisément choisir la location, vous vous poserez probablement la question de l’achat en tant que résident.

Acquérir un bien immobilier en Suisse n’est pas une sinécure. Alors à l’étranger… En plus de devoir maîtriser la langue et le droit local, vous devrez parfois vous accommoder de la corruption ou passer par un «homme de paille» pour acquérir votre propriété. Cela peut vite devenir compliqué.

Beaucoup de retraités vous diront de privilégier la location de votre logement à l’étranger. Entre des impôts fantaisistes sur les plus-values et la restriction de sortie des fonds, il est préférable de réfléchir à deux fois avant de procéder à un achat. En cas de successions, c’est aussi le droit local qui peut s’appliquer ! Se faire ponctionner une taxe de 50% de la valeur du bien peut grandement amputer un patrimoine.

Dans certains pays, louer une résidence n’est «pas possible». Par exemple, si vous souhaitiez profiter du climat de l’Amérique centrale en vous établissant au Panama, vous devriez obligatoirement acquérir une propriété immobilière avant d’obtenir le «visa retraité». Ce dernier vous donnera le droit à une fiscalité allégée.

Là encore, bénéficier des conseils d’un avocat local est préférable.

Aurai-je les moyens de revenir en Suisse ?

Partir à un coût… revenir aussi. C’est l’un des points à intégrer avant de tout quitter.

Si vous choisissez le nomadisme, c’est assez facile. Vous gardez votre logement en Suisse, vos assurances, votre abonnement de téléphone portable, votre voiture, etc. Finalement, vous ne partez qu’en vacances prolongées. Vos dépenses fixes suisses continuent d’exister et vous devrez «simplement» réévaluer votre budget voyages.

Vous devrez aussi trouver un moyen facile et peu onéreux pour payer vos dépenses courantes à l’étranger. Une carte prépayée comme Revolut, par exemple, pourrait vous y aider et vous permettre d’économiser en frais de change de devises. Vous devriez également vérifier que vous êtes au bénéfice d’une assurance voyage complète afin de vous protéger des surprises (avion raté, inondation, Fukushima…) ou de vous permettre d’être rapatrié en cas de maladie ou d’accident.

Pour les résidents, le «retour à la réalité» peut s’avérer plus difficile. En effet, après quelques années à profiter d’un train de vie confortable, revenir en Suisse pour perdre 20%, 30% ou plus de pouvoir d’achat n’est guère réjouissant. Lors de votre retour, vous devrez parfois prouver à l’administration fiscale suisse que vous vous êtes bien acquitté de vos impôts pendant la période passée à l’étranger. Cette question fiscale n’est vraiment pas à prendre à la légère.

Une bonne préparation est donc une étape essentielle d’une retraite réussie à l’étranger.

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.