« Je suis président des États-Unis et j’ai fini de rembourser mon prêt étudiant il y a 8 ans à peine. Michelle et moi ne sommes pas issus de familles riches, lorsqu’on a enfin été diplômés on était criblés de dettes. On s’est mariés et on est devenus pauvres tous les deux (…) Nous avons dépensé plus d’argent pour notre prêt étudiant que pour l’emprunt de notre appartement les 8 premières années de notre mariage. »
Extrait du discours de Barack Obama, prononcé en avril 2012.
Les familles sous-estiment souvent le coût d’un enfant aux études supérieures. Nous allons voir que planifier cette dépense tôt est bénéfique. Comme dans toute épargne, plus la dépense est planifiée longtemps à l’avance, moins elle revient chère.
Nous n’habitons pas les États-Unis et heureusement, les prêts étudiants ne sont pas monnaie courante en Suisse. Ce n’est pas pour autant que les études en Suisse ne pèsent rien. Bien au contraire.
Selon l’Office Fédérale de la Statistique, plus de 34% des femmes et près de 46% des hommes disposent d’une formation professionnelle supérieure et ont suivi l’Université ou une Haute École Spécialisée.
Que coûte en moyenne un enfant réalisant des études supérieures ?
Pour répondre à cette question, j’ai recoupé plusieurs sources, notamment celles de l’OFS, de l’Université de Lausanne et de l’Université de Neuchâtel et ai établi des moyennes. Étant donné la disparité de frais et des situations (années partielles à l’étranger, logement familial, nombre d’années d’études variables…), la moyenne donne – à mon sens – une bonne indication, mais ne reflétera pas toujours votre réalité.
Les dépenses apparaissent comme multiples : frais administratifs, livres, nourriture, déplacement, cotisation AVS, assurance santé, argent de poche, téléphonie, hébergement, etc.
Les Universités de Lausanne et Neuchâtel annoncent des chiffres quasi identiques : un coût moyen annuel de CHF 14’000.- par année pour un étudiant logé dans sa famille et 26’000.- pour un étudiant devant se loger.
Ajoutez une, deux ou trois années à l’étranger, et le surcoût financier monte en flèche. Selon l’OFS, près d’un étudiant sur 5 est parti à l’étranger pour une partie ou la totalité de ses études.
La contribution la plus importante reste le logement. Environ 60% des étudiants logent en dehors du foyer familial pour leurs études (foyer, colocation, hébergement individuel…). Ce poste représente la dépense la plus importante avec une moyenne de 12’000.- par année.
De l’utilité de planifier les coûts des études supérieures
En résumé, le coût moyen total des études supérieures pour un étudiant restant en Suisse s’élève à 100’000.-. La fourchette allant de 28’000.- à plus de 200’000.-. Si l’on ajoute une ou des années à l’étranger, les montants explosent.
Afin de ne pas avoir d’impact négatif sur votre train de vie familiale, épargner longtemps à l’avance (10 à 20 ans) s’avère donc très utile . Ceci est encore plus vrai si vous prévoyez une retraite anticipée qui risque de tomber au moment des études supérieures de votre (vos) enfant(s).
Un risque méconnu pour votre enfant
Un autre élément que l’on oublie souvent de prendre en compte est le risque d’invalidité (à la suite d’une maladie ou d’un accident) chez nos enfants. Les parents sont généralement assurés par les deux premiers piliers en cas d’invalidité, mais on ne pense pas que cela puisse arriver à nos enfants.
Or l’Assurance Invalidité (1er pilier) ne verse que 1’560.- par mois à un enfant ou étudiant invalide, mais seulement dès ses 18 ans ! Ce montant ne paie qu’un loyer, et encore… Assurer nos enfants pour ce risque en augmentant la rente de quelques milliers de francs est donc pertinent. Les assureurs versent les prestations à vie ou jusqu’à l’âge de la retraite de l’enfant.
Une solution fiscalement intéressante pour planifier les études supérieures
Ma recommandation revient à combiner, au sein d’un même produit d’assurance, une part d’épargne et la couverture de ce risque d’invalidité. Conclu sous forme de 3e pilier B, ce contrat peut, dans certains cantons, se déduire de votre revenu imposable (Genève et Fribourg par exemple).
Le principe apparaît simple : l’enfant et l’un des parents s’assurent ensemble. Le but premier est de former un capital pour les 18-20 ans de l’enfant. En commençant le plus tôt possible, à la naissance par exemple, vous disposez d’un horizon de temps long. Vous pouvez ainsi choisir un fonds d’investissement dynamique. La majorité de la prime est consacrée à cette épargne et la fortune constituée reste la propriété du parent. L’utilisation des fonds à l’échéance reste donc libre.
Trois risques sont assurés : l’invalidité de l’enfant ou du parent et le décès du parent. En cas d’invalidité de l’enfant, ce dernier percevrait une rente mensuelle de 2’000.- par exemple. Si le parent venait à décéder ou à souffrir d’invalidité, le produit s’autofinancerait. Autrement dit, vous arrêteriez d’épargner et l’assureur constituerait le capital à votre place jusqu’aux 18-20 ans de l’enfant.
Cette solution financera partiellement les coûts futurs. Vous devriez idéalement la compléter par un plan d’épargne mensuel, dans un portefeuille d’investissements, qui accroîtra votre fortune globale.
Lors de la souscription d’un 3e pilier A, mes clients me posent souvent cette question : à quoi servira mon 3e pilier à la retraite ?
Nous comprenons bien que les lacunes de notre système de prévoyance nous obligent à épargner dans un 3e pilier, mais nous n’en saisissons pas toujours la finalité. Tentons d’éclaircir ce point.
Un 3e pilier c’est quoi ?
Avant de répondre à l’utilité du 3e pilier, voyons en quoi il consiste. Si vous avez le temps, vous pouvez lire cet article qui traite en détail du 3e pilier.
En quelques mots, un 3e pilier A est une épargne individuelle que nous constituons pour la retraite afin de compléter la lacune des deux premiers piliers.
Le 3e pilier a été créé pour maintenir le pouvoir d’achat des années précédant la retraite. Si l’on prend les définitions sociales, l’AVS a pour but de couvrir les besoins vitaux et, l’ajout du 2e pilier doit permettre de garder le niveau de vie antérieur à la retraite.
À l’origine, l’AVS et la caisse de pension devaient apporter 60% de l’ancien salaire. Le 3e pilier aurait dû offrir 70% à 80% du train de vie préretraite et, éviter une trop grande baisse de revenu.
Nous avons vu le déficit à venir de l’AVS lors de la votation de septembre 2022.
De nombreuses études indiquent qu’au-delà de 2030 les retraités percevront 30% à 50% de leur niveau de vie antérieure. J’en parle ici. Le 3e pilier n’apparaît donc plus comme un « luxe » mais comme un outil nécessaire pour préserver une vie décente à la retraite.
Quels sont les formes et les avantages du 3e pilier ?
Un 3e pilier consiste donc en une épargne individuelle, déductible de votre revenu imposable et dont le montant est plafonné à 6’883.- francs pour les personnes salariées disposant d’un 2e pilier. Notons que vous ne pourrez excéder les 20% de votre revenu soumis à l’AVS et que la limite pour les indépendants sans 2e pilier s’affiche à 34’416.-.
Le montant maximum déductible progresse d’une centaine de francs tous les ans ou tous les deux ans en s’adaptant à l’inflation.
Maintes formes de souscription existent : compte en banque, dépôt d’investissement dans une banque et assurance sur la vie. Votre revenu, votre situation personnelle et votre niveau de votre fortune influenceront votre choix.
Votre situation est unique et je vous invite à me contacter pour trouver une solution sur mesure et adaptée à vos besoins.
Je peux toutefois vous partager les trois schémas qui suivent.
Si vous disposez d’un haut revenu et que la construction de votre patrimoine ne fait que commencer, vous devriez préférer une solution en assurance. Ceci est d’autant plus vrai avec une propriété immobilière et des enfants.
Avec un revenu moyen ou faible, vous pourriez privilégier une solution mixte « assurance et banque ». L’important ici consiste à allouer une partie seulement de votre épargne pour votre prévoyance. Pensez également au moyen terme !
Enfin, avec un patrimoine mûr et duquel vous tirez des revenus intéressants, vous pourriez ne souscrire qu’à un 3e pilier bancaire.
Dans tous les cas, et si vous avez dix ans ou plus devant vous, votre 3e pilier devrait être investi afin de chercher un rendement moyen compris entre 3% et 5% par année.
Retenez qu’il existe un nombre incalculable de solutions. Le 3e pilier permet vraiment le « sur-mesure », et les erreurs de conseil commises au début peuvent vous coûter très cher à la retraite. Tous les moyens mis en place à un moment donné doivent pouvoir se réviser à l’avenir. La vie n’est pas figée. Faites-vous accompagner pour les calculs des lacunes, des économies fiscales et des projections estimées à la retraite.
Fiscalité du 3e pilier
Vous pouvez déduire le montant que vous injectez dans votre 3e pilier de votre revenu imposable.
Selon votre situation personnelle, vous pouvez espérer une baisse d’impôts comprise généralement entre 20% et 45% du montant investi, soit une réduction d’impôts de 1’370.- à 3’100.- par année pour le montant investi maximum de 6’883.-.
En contrepartie, le montant que vous récupérerez à la retraite est imposé. Le montant d’impôt dépend évidemment de votre domicile fiscal et du montant retiré. En habitant à Lausanne, un couple marié se voit taxer son capital à un taux allant de 3.7% à plus de 6.5%.
Notez que vous pouvez échelonner dans le temps les retraits de capitaux afin de réduire cet impôt dit progressif. Si vous êtes deux (mariés sur la même déclaration d’impôts) ou si vous disposez de plusieurs 3e piliers, vous devriez répartir les retraits sur plusieurs années. Vous avez la possibilité de sortir vos 3e piliers cinq années avant la retraite. Attention, certaines administrations fiscales n’acceptent pas cette façon de procéder… mais vous pouvez toujours essayer.
Un petit exemple
Thomas Suisse épargne en 3e pilier depuis son premier travail la cotisation maximum autorisée.
Pour plus de simplicité, retenons le montant de 6’883.- déductible par année.
Entre ses 26 ans et ses 65 ans, Thomas aura épargné 268’437.-, lui permettant d’économiser 67’000.- d’impôts soit une moyenne de 25% de la valeur totale.
Thomas aura aussi eu la bonne idée d’investir son 3e pilier dans deux produits : une assurance vie investie en fonds de placement et un dépôt bancaire investi à 50% en actions. Avec un rendement moyen annuel de 3.5%, le capital accumulé représente à ses 65 ans la somme de 555’000.- duquel il devra déduire l’impôt « de sortie » se montant à 43’855.-.
La situation présentée ici est évidemment idéale. L’économie fiscale est faible avec les premiers revenus et plus élevée en arrivant à la retraite. De plus, il n’est souvent pas possible d’épargner la somme maximum avec ses premiers salaires, mais l’objectif est de tendre vers cet exemple.
L’utilité du 3e pilier
Venons-en, enfin, à l’utilité du 3e pilier.
C’est en réalité très simple. Son but principal est de compléter le niveau de vie offert à la retraite par les deux premiers piliers. L’AVS et votre caisse de pension vous apporteront des revenus mensuels tandis que vous percevrez votre troisième pilier sous forme de capital. De là, vous pourrez « consommer » votre épargne sur les années de retraite. L’espérance de vie s’élève à 85 ans, je vous laisse effectuer le calcul.
Dans les faits, votre avoir de 3e pilier rejoint le reste de votre fortune, de laquelle vous tirez une rente régulière. Un accompagnement professionnel est requis ici.
Si votre budget l’autorise, vous pouvez également vous faire plaisir avec un grand voyage, une voiture de collection… les possibilités sont infinies.
Vos enfants peuvent également se trouver aux études au moment de votre passage à la retraite. Dans ce cas, vos 3e piliers peuvent financer une partie de leurs études supérieures. Là aussi, si votre budget à long terme le permet, vous pouvez envisager un don à vos enfants.
Enfin, l’autre destination traditionnelle pour un 3e pilier est l’augmentation des fonds propres de votre résidence familiale. Vous serez, peut-être, amené à diminuer votre dette immobilière. Cette dernière ne doit effectivement pas dépasser les deux tiers de la valeur de votre bien à la retraite.
Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la finance, l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.
Cet article aurait pu s’intituler sobrement : « hausse des taux hypothécaires : quelles implications pour vous ? ». Je n’ai toutefois pas choisi mon titre au hasard : un krach immobilier apparaît comme la suite logique d’une trop forte hausse des taux d’emprunt hypothécaires.
À l’heure où j’écris ces lignes (été 2022), le coût des hypothèques ne semble pas remettre en question le niveau des prix du foncier. Même si le journal Le Temps relate dans son article du 10 août que « les mises en vente de logements explosent », les prix ne paraissent pas encore fléchir. Nous assistons sans doute à un effet d’inertie sur les prix, et la rareté des biens disponibles sur le marché observée les dernières années était telle, qu’il faudra peut-être un peu de temps avant de voir un ralentissement de la demande.
Notons également, que le niveau des taux actuels et peu ou prou le même qu’il y a 10 ans. Cela signifie qu’en renouvelant votre dette aujourd’hui, vous obtiendrez un tarif proche de ce que vous aviez au début des années 2010. Avec les hypothèses évanouies d’emprunt à 1%, ce sont les nouveaux acquéreurs qui remettent en question la pertinence d’un achat. En effet, au vu des prix encore enlevés de l’immobilier, la location redevient compétitive.
Si, à très court terme, une chute des prix ne semble pas d’actualité, vous devriez rester attentif aux hausses de taux à venir. La Banque Nationale Suisse doit combattre l’inflation latente et la majorité des analystes s’attendent à une ou deux hausses du taux directeur d’ici la fin de l’année. Une trop forte progression des coûts d’emprunts pourrait à moyen terme entraîner une baisse de valeur du marché et, in fine, inciter les prêteurs (banques, assurances, fonds de pension) à exiger des remboursements partiels de crédit.
Je vous propose d’étudier aujourd’hui quelques stratégies afin de faire face aux hausses de taux ou à un remboursement anticipé de votre prêt hypothécaire
Krach immobilier et histoire récente
« La pierre est une valeur refuge »
Demandez aux personnes qui ont dû brader leur maison à moins 40% par rapport à leur prix d’achat ce qu’ils pensent de cette phrase !
Dans les années 90, les taux s’étaient emballés jusqu’à atteindre plus de 8%. Certains emprunteurs ne disposaient pas des revenus suffisants pour payer ce loyer élevé et n’ont eu d’autres choix que de se séparer de leur bien. Ils accusaient ainsi la perte de leurs fonds propres (les traditionnels 20%) et se retrouvaient parfois avec une facture à régler au prêteur. Cette facture correspondait à la différence entre le prix de vente, et le montant de la dette additionné des intérêts dus et des pénalités de rupture anticipée. Lourde addition à rembourser une vie durant.
De mon point de vue, le plus déconcertant fut la vitesse à laquelle les taux hypothécaires ont augmenté. Deux ans auront suffi pour les voir se multiplier par 4. L’effet de surprise digéré, il était trop tard pour faire face à la situation et s’y préparer tranquillement.
C’est entre autres pour éviter ce genre d’événements tragiques que j’accompagne mes clients dans la construction de leur patrimoine. La sérénité pour affronter de tels aléas financiers passe par la recherche de liberté financière.
Plus récemment, par suite de la crise des subprimes de 2008, le marché immobilier suisse aurait dû subir le même sort que celui des États-Unis, de l’Espagne ou de certaines campagnes françaises si la BNS n’avait pas abaissé son taux directeur.
Vous pouvez vous en rendre compte sur le présent graphique, emprunté au Crédit Suisse, une pause significative dans la hausse des prix en 2009. Certaines régions ont vu leurs prix décroître d’une dizaine de pour cent pendant quelques années, mais nous sommes restés loin des chutes de prix observés dans les pays mentionnés plus haut.
Oui, mais aujourd’hui c’est différent
En finance, la phrase « oui, mais aujourd’hui c’est différent » est bien connue tant elle sonne faux. Les événements semblent désespérément se répéter.
À vrai dire, je ne sais pas si nous allons au-devant d’un krach. Mais ce n’est pas ça qui est important. L’essentiel est que vous puissiez dormir sur vos deux oreilles, en sachant que pourriez faire face à un tel événement.
Je dois renouveler ma dette et je n’ai rien préparé contre la hausse des taux hypothécaires
Votre hypothèque arrive bientôt à échéance et le taux que vous convoitiez depuis quelques années (le fameux 1% sur 15 ans) vient de disparaître. Vous n’y aurez pas accès et vous vous demandez comment apprivoiser cette nouvelle donne supérieure à 2% sur 10 ans.
Si vous êtes comme la majorité des propriétaires, votre patrimoine est composé d’un peu de liquidités, de vos deuxièmes et troisièmes piliers et de votre résidence principale. La somme de ces éléments forme votre fortune brute de laquelle vous déduisez les emprunts, notamment hypothécaires, afin d’obtenir votre fortune nette.
Dans cette situation, vous ne disposez pas de marge de manœuvre pour diminuer votre dette sauf à entamer votre retraite. Pour réduire votre charge d’intérêt et donc votre hypothèque, vous devriez en rembourser une partie en piochant dans vos avoirs de retraite. Vous auriez pu vous offrir de la souplesse dans la gestion de votre patrimoine sur le long terme en construisant un capital liquide tel qu’un portefeuille d’investissement.
Disclaimer
Ne voyez pas de conseils propres à votre situation dans les lignes ci-dessous. Approchez-vous d’un consultant spécialisé pour vous donner une solution sur mesure. Votre âge, votre contexte familial, et votre aptitude à épargner détermineront grandement la réponse à apporter. Vous devriez idéalement maintenir élevé votre capacité d’épargne mensuelle.
Il n’est pas trop tard pour commencer à capitaliser dans un portefeuille d’investissement, mais ça ne résoudra pas la question du moment. Ici vos deuxièmes et troisièmes piliers devraient vous aider à garder le coût de la dette à des niveaux acceptables. Mais attention, vous devrez les reconstituer d’ici la retraite.
Un exemple
Retenons l’exemple qui suit. Âgés de 50 ans et dans le but de diminuer votre loyer, ou de vous conformer à la volonté de votre banque, vous vous voyez obligé de réduire votre dette hypothécaire. Admettons que cette dernière s’élève actuellement à CHF 800’000.- et que vous devez la baisser de 200’000.- afin de la ramener à 600’000.-. Ne disposant pas d’une épargne libre, votre seule alternative consiste à « piocher » ces 200’000.- dans vos caisses de pensions ou dans vos 3e piliers. En prenant le postulat que ce capital vous aurait rapporté 2% en moyenne par an dans votre caisse de pension, il aurait valu 270’000.- au moment de la retraite, soit à vos 65 ans.
Ce retrait de liquidité affecte évidemment vos niveaux de rentes futures (à la retraite) d’environ 1’300.- par mois. Afin de combler ce manque à gagner, vous n’avez d’autres choix que de reconstituer ce capital d’ici la retraite.
Afin de reconstruire cet avoir, vous pourriez placer de l’argent dans un plan d’épargne en fonds sur les 15 prochaines années. En retenant l’hypothèse d’un rendement annuel moyen de 5%, vous devrez investir un peu plus de 1’000.- par mois pendant 15 ans. Ce faisant, vous reconstituez votre capital de retraite sur le long terme et rien ne vous empêche donc de ponctionner dans vos piliers aujourd’hui.
Vous êtes préparé grâce à une épargne commencée il y a plusieurs années
Si vous disposez d’autres atouts dans votre patrimoine tel qu’un portefeuille d’investissement, vous disposerez d’une plus grande flexibilité.
Rappelons l’avantage de l’effet de levier : épargner un montant qui rapporte bon an mal an plus que le taux d’emprunt hypothécaire.
Ici aussi, vous devriez maintenir votre capacité d’épargne élevée. C’est le bon équilibre à trouver entre le montant et le coût de la dette versus le montant et le rendement de l’épargne libre (investissement).
Prenez en considération vos piliers ! Ils sont parts intégrantes de votre fortune totale. Si vos placements libres offrent par exemple un rendement annuel moyen de 5% et votre deuxième pilier une rentabilité de 1% ou 2%, vous devriez privilégier le retrait de ce dernier. À ce stade, tenez compte des impôts dans vos calculs et avant de procéder.
Dans ces cas de figure, nous avons évoqué « comment réduire la dette ? ». Cela peut être utile si son coût devient prohibitif par rapport à vos revenus ou si l’établissement prêteur le demande. Voyons maintenant vers quels types de taux vous devriez vous orienter.
Quel taux hypothécaire choisir ?
Le choix du taux répond également à la question de l’analyse individuelle. Je resterai donc très général.
Il existe deux critères basiques pour choisir le taux : votre âge (de combien de temps disposez-vous d’ici à la retraite) et le niveau de votre fortune globale (êtes-vous en mesure de faire face à une hausse soudaine des taux). En deuxième ordre, nous retrouvons les questions liées à la fiscalité, à la situation maritale, à la capacité d’épargne et au fait d’avoir ou de vouloir des enfants.
Les prêteurs évaluent votre faisabilité d’emprunt avec le coût historique hypothécaire moyen de 4.5%. Vous devriez également utiliser ce pourcentage dans vos calculs et épargner « sans discuter » l’écart entre le taux réellement payé et cette moyenne.
Si vous ne disposez pas encore d’une fortune suffisante et que la marge de manœuvre dans votre budget est limitée, vous devriez privilégier un taux fixe afin de vous protéger d’une hausse trop violente des taux. Ce loyer constant, sécurisé sur une dizaine d’années par exemple, vous permettra d’épargner au moins la différence avec les 4.5% moyen sur la même période. Vous disposerez ainsi de plus de flexibilité dans dix ans, année à laquelle vous vous reposerez la question de la durée.
Avec un patrimoine plus important, équivalent par exemple à la moitié de la dette, vous pourriez vous décider pour des taux à court terme tel que le SARON, pour tout ou partie de l’emprunt. Un exemple est de choisir un taux fixe à dix ans pour une moitié de la dette et un taux SARON pour l’autre moitié.
Ici, vous devez absolument lier la durée de votre hypothèque et l’horizon de temps de votre épargne. Pensez à la portée de l’effet de levier et au fait que votre fortune a besoin de temps pour croître. Dix ans peuvent vous paraître longs, mais pour un portefeuille d’investissement c’est très court.
Le retour du taux court : le SARON
De 2015 à 2021, les investisseurs en immobilier – habitués à des taux moins chers à court terme – se permettaient de fixer leurs dettes sur des périodes longues à bas prix. En 2022, fini les anomalies de taux : le long terme redevient vraiment plus cher que le court terme.
Au fur et à mesure que les taux longs montent, les taux à court terme reviennent sur le devant de la scène et c’est l’occasion d’évoquer le tout « nouveau » SARON. Ce taux introduit pour les hypothèques au courant de l’année 2021, remplace l’ancien libor. Le Swiss Average Rate Overnight apparaît aujourd’hui comme une alternative intéressante tant pour les investisseurs que pour les particuliers.
Dans les faits, plusieurs méthodes de calculs du SARON existent, mais pour faire simple, vous pouvez retenir qu’il est calculé sur le coût auquel les banques se prêtent l’argent à court terme. Il vous est revendu avec une marge définie par l’établissement prêteur qui est comprise entre 0.50% et 1.50%. Sa durée fluctue généralement de 3 à 12 mois. Selon les contrats, vous pouvez être lié à l’établissement plus longtemps, et ce même si votre taux varie tous les 3 mois (engagement de trois ans avec révision du taux chaque trimestre). Certains établissements vous permettront de le rembourser sans pénalité à l’échéance intermédiaire, et sans dénoncer le contrat.
Faites jouer la concurrence
Toujours par simplification, retenez que le taux de référence du SARON correspond au taux directeur de la BNS. Bien que ce dernier soit aujourd’hui négatif, les prêteurs ajoutent leurs marges sur une base à 0%. Il est appelé à quitter le territoire négatif d’ici la fin d’année 2022 et pourrait s’établir à court terme entre 0.25% et 1%, amenant le taux client entre 0.75% et 2.50% si l’on inclut le revenu du financeur.
Attention donc à ne pas trop vouloir gagner en se trompant de stratégie. Même si le SARON est historiquement moins cher que les taux fixes, l’emprunteur doit connaître sa capacité de résilience aux mouvements de taux.
Pour conclure, vous pouvez vous rendre compte que la hausse des taux fait revivre un marché resté plusieurs années moroses et que la concurrence renaît. Au-delà du prix, les conditions (les petites lignes des contrats…) d’emprunt ET de remboursement sont aussi à considérer, qu’il s’agisse d’une nouvelle acquisition ou d’un renouvellement. Faites-vous accompagner par un conseiller financier, vous gagnerez probablement beaucoup de temps… et d’argent.
Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la finance, l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.