Frais de garde : discrimination féminine en terre vaudoise

La fiscalité vaudoise et les frais de garde des enfants entraîne une discrimination à l’encontre des femmes et des familles.

Lors de l’arrivé d’un bébé dans une famille, les mamans sont confrontées à un dilemme bien moderne : choisir entre rester 100% du temps à la maison ou travailler à 100%. Les femmes choisissent souvent un « entre deux » grâce au temps partiel. Ce choix discriminant, qui impacte leur carrière et leur future retraite, est aussi pénalisant à court terme puisque leur revenu est frappé par les frais de garde et par une très forte progression fiscale. In fine, c’est le budget familial qui s’en retrouve amputé.

L’onpourrait me rétorquer qu’en changeant les mentalités, l’homme pourrait rester àla maison, mais dans les faits, ce sont bien les mamans qui s’occupent desenfants. En tout état de cause, cette situation ne discrimine pas tant lesfemmes que les familles. En effet, même si les hommes gardaient les enfants, lesméthodes de calcul resteraient ce qu’elles sont… et discrimineraient les hommes.C’est pourquoi je considère que ce sont les familles qui sont discriminées.

Les actifs supportent les jeunes et les retraités

Notresociété semble être devenue schizophrène : les femmes doivent choisirentre le travail et le foyer. Ce choix cornélien est dû à plusieurs facteurs.Il y a évidemment la volonté d’indépendance féminine mais aussi et surtoutl’augmentation inexorable du coût de la vie et du coût du vieillissement de lapopulation (coût de la santé et des retraites).

Notez qu’avec le vieillissement de la population et l’allongement de la durée de vie, les actifs, en diminution démographique vis à vis des passifs, doivent non seulement pourvoir à l’éducation de leurs enfants mais aussi contribuer pour une large part aux revenus des retraités, entre autres via l’AVS. Ce phénomène est appelé à fortement s’accentuer au cours des dix prochaines années.

Noussommes loin de la période où un salaire suffisait, comme il y a une quarantained’années, à faire vivre un foyer entier. Les impôts et les charges sociales onttellement progressé en 40 ans que les couples doivent trouver le soi-disant « équilibreentre vie professionnelle et vie familiale ».

Jevous propose de calculer ci-dessous le coût de garde réel d’un enfant et de lemettre en vis à vis du salaire de l’épouse.

Trois exemples de situations familiales sur le canton de Vaud

Nousallons passer en revue trois situations familiales.

Leschiffres sont basés sur des exemples de couples vivant en ville de Nyon, dansle canton de Vaud. Pour l’exemple, les charges sociales (permettant de passerdu revenu brut au revenu net) sont de 12%, le loyer est de 2’000.- francs parmois et les couples ont un enfant à charge.

Lesallocations familiales perçues s’élèvent au montant ridicule (mais loué par lespolitiques) de 3’600.- par année. Aucune déduction sur le salaire n’est priseen compte, hormis la déduction fiscale pour se nourrir, la déduction socialesur le loyer lorsqu’elle peut s’appliquer et les frais de garde. Cesderniers sont très malheureusement plafonnés et très loin de la réalité pourbeaucoup de famille. Les familles n’ont pas de fortune imposable.

Pour chacun des trois exemples, nous considérerons les deux situations extrêmes : Madame travaille au foyer et Madame travaille à 100%. Le temps partiel, qui représente un entre-deux, ne sera pas exposé à proprement parler puisque les deux cas étudiés sont respectivement le moins et le plus coûteux en termes de frais de garde et d’impôts.

Un premier couple qui perçoit moins que le salaire moyen suisse

Notrecouple perçoit un salaire brut de 5’000.- par mois et par personne sur 12 moissoit 60’000.- par an par personne. Ce salaire est inférieur à lamoyenne suisse.

Madame travaille au foyer. Un seul revenu pour la famille.

  • Frais de garde : 0.-
  • Impôts : 1’618.- paran
  • Reste dans le porte-monnaiede la famille (net, après impôts et charges sociales) : 54’782.- annuelssoit 4’665.-/mois

Madame travaille à 100% et l’enfant est gardé cinq jours par semaine.

  • Frais de garde :19’111.- ; maximum déductible des impôts, seulement :7’100.- !
  • Impôts : 11’290.-
  • Reste dans le porte-monnaiede la famille après impôts, charges sociales et frais de garde : 78’799.-annuels soit 6’567.-/mois

Restez assis 🙂 : Faire garder son enfant coûte à cette famille 28’783.- par année (19’111 + 11’290 – 1’618).

Letaux de ponction sur le salaire net de Madame (ou de Monsieur, comme vousvoulez) est de 48% ! Comment choisir entre n’avoir pas assez de quoi vivre(sur les 4’665.- restants, il faut payer le loyer, les caisses maladie etc.) etse faire taxer près de 50% de son revenu…

Pourêtre complet, il faudrait ajouter le reste de la facture sociale. Cette famillepayera dans le premier cas 5’220.- d’AVS par an soit 37% du revenu d’unretraité au bénéfice d’une rente AVS minimum et 73% dans le second cas.

Ilest intéressant de noter ici que dans le premier cas (Madame travaille aufoyer) les retraités retirent beaucoup plus que le reste de la collectivité (1’618.-d’impôt contre 5’220.- d’AVS soit 3,2 fois plus !).

Étudions la situation d’un deuxième couple gagnant le salaire moyen suisse

Notrecouple perçoit ici le salaire moyen (référence 2016) de 6’500.- brut mensuel parpersonne sur 12 mois soit 78’000.- par an.

Madame travaille au foyer. Un seul revenu pour la famille.

  • Frais de garde : 0.-
  • Impôts : 5’414.-
  • Reste dans le porte-monnaiede la famille : 66’826.- annuels soit 5’569.-/mois

Madame travaille à 100% et l’enfant est gardé cinq jours par semaine.

  • Frais de garde : 25’473.-
  • Impôts : 18’470.-
  • Reste dans le porte-monnaiede la famille : 97’087.- annuels soit 8’090.-/mois

Pourcette famille, faire garder son enfant lui coûte 38’529.- (j’ai faillim’étrangler).

Letaux de ponction sur le salaire net de Madame est donc de 56% ! Sij’ajoute les charges sociales, ce sont près de 62% du revenu brut quidisparaissent.

Cettefamille payera dans le premier cas 6’778.- d’AVS (encore une fois plus auxretraités qu’à la collectivité) soit 48% du revenu d’un retraité au bénéficed’une rente AVS minimum et 95% dans le second cas.

Prenons pour finir l’exemple d’un couple de cadres supérieurs

Notrecouple de cadres perçoit un salaire d’environ 12’500.- brut mensuel parpersonne sur 12 mois soit un total de 150’000.- annuels par personne.

Madame travaille au foyer. Un seul revenu pour la famille.

  • Frais de garde : 0.-
  • Impôts : 20’905.-
  • Reste dans le porte-monnaiede la famille : 114’695.- annuels soit 9’558.-/mois

Madame travaille à 100% et l’enfant est gardé cinq jours par semaine.

  • Frais de garde : 31’200.-
  • Impôts : 61’923.-
  • Reste dans le porte-monnaiede la famille : 174’477.- annuels soit 14’540.-/mois

Pourcette famille, faire garder son enfant revient à 72’218.- !

Letaux de ponction sur le salaire net de Madame est donc de 55%. Ajoutez à celales charges sociales et vous obtenez 60% du revenu brut qui passent à latrappe.

Cettefamille payera dans le premier cas 13’050.- d’AVS soit 92% du revenu d’unretraité au bénéfice d’une rente AVS minimum et 183% dans le second cas.

Ai-je besoin de conclure ?

Ilexiste en Suisse une absence totale de politique familiale. Les chargessociales sont en faveur des retraités et au détriment des enfants et desfamilles.

Il est grand temps d’offrir un avenir à notre pays et de se consacrer à une politique familiale digne de ce nom, seule garante des générations anciennes et futures.

Pourne pas conclure négativement, je propose quelques pistes de réflexionci-dessous. A moindre mal :

  • Augmenter au coût réel ladéduction des frais de garde dans les impôts cantonaux et communaux (c’est entrain de se faire au niveau fédéral).
  • Faire payer les frais degarde par la collectivité via les impôts ou les charges sociales. Cela auraitpour effet d’augmenter les impôts perçus puisque moins de personnes seposeraient la question du choix entre le travail et le foyer.
  • Une allocation naissancebien plus conséquente,
  • Des allocations familialesplus conséquentes.

Uneidée un peu plus « progressiste » :

  • Fournir un revenu minimum journalier aux mamans (ou papa) qui restent à la maison. Ce revenu serait imposable et éventuellement soumis à l’AVS. Ce revenu pourrait payer des frais de garde. Cela impliquerait d’avoir un tarif fixe de garde.

Le conseil fédéral devrait très prochainement revoir la taxation des couples. Affaire à suivre…

Vous avez des enfants ? Faites tourner cet article ! Et proposer vos idées en commentaire 😉

Volatilité : les marchés tanguent. Comment l’appréhender ?

Appréhendez au mieux la volatilité de votre portefeuille. Faites-en votre amie plutôt que de la subir et saisissez les opportunités qu’elle vous offre.

Depuis la fin des années 1950, la finance moderne évalue les marchés (en particulier les actions) en mesurant le rapport entre le rendement attendu et le niveau de risque pris. Est sous-entendu ici que plus vous augmentez votre niveau de risque, plus vous pouvez vous attendre à un rendement élevé. Le risque est défini par la volatilité du titre que vous visez puis est remis en perspective avec les autres titres : ceux de votre portefeuille ou ceux que vous pourriez acheter sur le marché (bourse). C’est pourtant le fait qu’un titre ou qu’un marché tangue qui crée l’opportunité d’acheter à bon compte et qui permet de dégager un bon rendement à long terme.

Je ne vous cache pas que je lutte à simplifier ces notions d’espérance, de rendement et de volatilité. Ne partez pas ! je vais vous fournir quelques dessins et graphiques explicatifs d’ici quelques lignes. 🙂

J’aimerais vous montrer dans cet article comment vous pouvez appréhender et vous servir de la volatilité plutôt que la subir. Les marchés sont volatils. C’est un gros avantage pour l’investisseur de long terme patient, prudent et résilient, pour qui les mouvements à court terme, même s’ils peuvent parfois être forts, ne sont qu’une étape dans la vie d’un portefeuille. Cette étape pouvant même offrir une opportunité.

Si vous avez compris qu’une grosse partie du risque était définie par notre psychologie, vous avez fait déjà l’essentiel du chemin 😉

La volatilité c’est quoi ?

La volatilité représente l’ampleur des variations du cours d’un actif financier. De manière synthétique, c’est la différence pour un actif entre les cours les plus hauts et les cours les plus bas par rapport à sa valeur moyenne dans le temps. Elle se mesure en pourcent.

Étude de la banque Pictet. Actions et obligations suisses. L’indice des prix correspond à l’inflation (perte du pouvoir d’achat).

Dans le graphique ci-dessus, vous pouvez observer les actions suisses et les obligations libellées en francs suisses sur la période comprise entre 1926 et 2018.

Le rendement moyen des actions suisses est de 9.50% avec une volatilité supérieure à 20%. S’il n’y avait pas de fluctuation (volatilité), nous aurions une courbe bien lisse. A la place, nous observons une courbe en forme de montagne russe (ou suisse 🙂 ) affichant des fluctuations de cours compris la plupart du temps entre +29.50% et -10.50%. Ces variations sont dues au « jeu » de l’offre et de la demande.

Tout comme nos propres vies ne peuvent être linéaires, un portefeuille ou un patrimoine ne peut être une ligne droite. Nous trouvons ici l’ambiguïté de l’investisseur qui cherche à investir sans risque ou sans volatilité. Si vous voulez « investir » sans volatilité (et donc sans opportunité), vous pourriez garder votre patrimoine en liquide (francs suisses, dollars, euros…) avec malheureusement la certitude de perdre chaque année l’inflation, les impôts et les frais.

Pourquoi investir malgré la volatilité ?

Sur le même graphique, vous pouvez voir la ligne « indices des prix », qui représente la baisse du pouvoir d’achat de la monnaie. Autrement dit, le pouvoir d’achat d’un billet de 100.- en 1926 vaut aujourd’hui 16.- de pouvoir d’achat. Notre billet de banque (ou son équivalent stocké sur un compte salaire) a perdu 84% de sa valeur. C’est le résultat de l’inflation. Ajoutez les impôts et les frais, et vous êtes proche de la valeur 0.

Sur la même période (1926-2018), les actions ont rapporté 150 fois plus que les liquidités et les obligations (beaucoup moins volatiles) 7.8 fois plus.

Conserver son pouvoir d’achat est donc la première raison de l’investissement. Investir est à mon sens le seul moyen de combattre l’inflation. Ainsi nous avons deux choix : refuser la volatilité et subir la perte régulière du pouvoir d’achat ou investir en acceptant une certaine volatilité qu’il est toutefois aisé de relativiser grâce au temps.

Les effets de la volatilité sur votre épargne

Afin de comprendre l’effet de la volatilité sur votre épargne, je vous propose une série de quatre graphiques.

Investissement d’un montant unique

Supposons que vous investissiez un montant unique de 100’000.- en l’an 1 sur une période de 25 ans. Mettons que l’ensemble des fruits de votre placement soit systématiquement réinvesti pour permettre de former des intérêts composés (les intérêts de l’an 1 sont réinvestis et portent intérêts à leur tour l’année 2 et ainsi de suite, année après année).

Dans le premier graphique ci-dessous, vous pouvez voir le « monde idéal » que nous cherchons à atteindre : un rendement continu de x% par an offrant une jolie courbe exponentielle, l’exponentielle étant formée par les intérêts composés. Dans le graphique, nous illustrons ce cas avec deux courbes : la première (verte) offre un rendement de 5% annuel et la seconde (bleu) un rendement de 10% annuel.

Premier graphique : investissement unique de CHF 100’000.-

Ce monde « sans risque » est idéal mais n’existe pas. Il faut compter avec les soubresauts de la vie économique et financière, appelée ici la volatilité.

Pour notre exemple, vous pouvez voir l’influence d’une volatilité de 10% sur la belle courbe exponentielle évoquée ci-dessus.

Deuxième graphique : volatilité appliquée sur un investissement unique de CHF 100’000.-

Quels enseignements pouvons-nous tirer à ce stade ?

D’abord, voyez que la volatilité de mon exemple est très régulière et pas du tout aléatoire comme elle peut l’être dans la vrai vie. Ensuite, elle est de 10% alors que nous avons vu précédemment que la volatilité des actions suisse est supérieure au double en s’établissant à 20%. Enfin, il n’y a pas d’années très négatives (2008 a vu les actions suisses reculer de 35% par exemple).

Toutefois, 10% de volatilité sur un patrimoine diversifié en classes d’actifs (pas que des actions dans le portefeuille) me semble une moyenne assez cohérente/représentative de la réalité/conforme à ce qu’on observe généralement.

L’enseignement principal de ces illustrations est que même avec une performance strictement positive, vous pouvez voir une performance de 0% à un moment donné et ce même après la cinquième année. Évidemment avec une année offrant un rendement inférieur à -10% (année du type de 2001, 2002, 2008 ou encore 2018) votre placement pourrait encore être négatif après cinq-six ans, à l’inverse d’un « run » positif comme entre 2003 et 2007.

Même exemple avec un investissement mensuel

Faisons le même exercice avec un investissement périodique. Imaginons un plan d’épargne mensuel de 2’000.- par mois réalisé sur 25 ans.

Vous pouvez vous rendre compte sur les deux graphiques ci-dessous, dont les rendements supposés sont identiques aux graphiques précédents, qu’il faut attendre près de 10 ans avant de voir réellement les deux courbes se séparer (d’un côté votre investissement, de l’autre votre investissement additionné du rendement).

Je ferai la même remarque que précédemment : la volatilité dans cet exemple est basse, régulière et il n’y a pas d’année record à la hausse ou à la baisse.

Troisième graphique : investissement périodique (mensuel) de CHF 2’000.-
Quatrième graphique : volatilité appliquée sur un investissement périodique (mensuel) de CHF 2’000.-

Le temps limite le risque

Les mathématiques de la volatilité nous montrent clairement qu’il faut du temps pour construire un patrimoine. Comme je l’écrivais dans cet article, seul le temps permet de construire un patrimoine résilient.

En complément, vous pouvez également trouver, dans cette étude sur les actions suisses, que depuis 1926, 89 périodes de dix ans d’investissement sur 92 offrent un rendement positif et seulement 3 périodes un rendement négatif. Passé 15 ans d’investissement, toutes les périodes sont positives ! Cela va dans le sens de nos exemples précédents.

Enfin, n’oubliez pas dans votre réflexion que les frais liés à votre investissement (les frais d’entrée, de modification, de suivi, de sortie etc.) peuvent vous faire « perdre » deux à trois années de rendements et ce surtout si les années où vous commencez à investir sont moyennes ou mauvaises.

En conclusion

Ne pas investir vous fait perdre du temps et de l’argent. Cela donne l’illusion tranquille d’avoir une belle ligne droite « sans risque ». C’est tout le contraire. Refuser la volatilité vous fait perdre du pouvoir d’achat inexorablement, année après année. A contrario, investir rendra votre épargne vivante et si vous êtes patient et tenace, cela lui évitera de se faire grignoter à long terme par l’inflation.

Je ne peux m’empêcher de citer à nouveau Warren Buffett :

 » Aujourd’hui les gens qui détiennent du cash ou l’équivalent se sentent en sécurité. Ils ne devraient pas. Ils ont choisi le pire actif possible à long terme. Un qui ne paie rien et qui est certain de perdre de la valeur avec le temps. « 

Warren Buffett

Mettez vos objectifs personnels en lien avec vos horizons de temps. Constituez une réserve de liquidités suffisante. Elle doit vous permettre de faire face aux aléas de la vie sans avoir à piocher à court terme dans vos investissements.

Gagner son indépendance financière n’est pas toujours évident, c’est pourquoi se faire conseiller dans la construction de son patrimoine peut être générateur de gain de temps et de profit. En réfléchissant et en clarifiant vos objectifs de vie, il sera finalement assez simple de construire un patrimoine résilient qui vous permettra d’atteindre votre indépendance financière.

Vous avez aimé cette série d’article sur l’indépendance financière ? Avez-vous appris des choses ? Si c’est le cas, je vous demande une chose 😉 : partagez l’article de la série sur l’indépendance financière que vous avez préféré avec l’un(e) de vos ami(e)s, de vos collègues de travail, de vos partenaires de sport ou encore avec un membre de votre famille.

Vous trouvez ici les liens pour l’épisode 1 : Qu’est-ce que l’indépendance financière ? L’épisode 2 : Comment construire votre patrimoine sûr et rentable. L’épisode 3 : Que mettre dans votre patrimoine ? et l’épisode 4 : comment gérer une crise. Le présent article sur la volatilité est le cinquième.

Baisse du marché : comment gérer une crise ?

«Gardez le calme dans la tempête et tenez fermement la barre» Guy Roux. Comme dans la vie, gérer correctement une crise vous permettra de tirer votre épingle du jeu.

Cet article aurait dû être le dernier de notre série sur l’indépendance financière ! Mais au vu de la quantité d’informations que je souhaite partager (et par manque de temps, il faut bien le reconnaître), je vais scinder la fin en deux posts. Je vous propose donc aujourd’hui de discuter des crises des marchés et de leurs incidences sur vos patrimoines. Nous verrons comment vous pouvez gérer une crise et comment tirer votre épingle du jeu avec quelques conseils distillés tout au long du présent papier.

Et promis, le prochain article parlera de la volatilité avec des graphiques de mon cru à l’appui. 🙂 Je vous souhaite une bonne lecture.

Nous sommes (presque) toujours en crise !

Selon Wikipedia, il y a eu 33 crises monétaires et financières depuis 1971 !

Sur les 47 dernières années, nous aurions donc passé près de 70% de notre temps en crise. D’ailleurs, si vous lisez ou regardez la presse, vous aurez l’impression que nous ne sommes pas en crise deux jours sur trois mais plutôt tous les jours ! C’est ce qui rend agaçant ce monde d’information en « continu » qui augmente, j’imagine, le niveau de stress général et les prises de décision trop rapides. Il est donc important de savoir gérer une crise.

En ce qui me concerne, je pratique depuis plusieurs années la « diète médiatique ». Cela me libère un temps important que je consacre à des recherches plus profondes et plus ciblées (livres, articles de fonds etc.). Je vous invite à essayer, l’effet est assez magique.

Nous sommes donc deux jours sur trois en crise, mais ces dernières ne nous concernent pas toutes. Pour nous, européens de l’ouest, la crise du rouble russe en 2014 ou celle de la livre turque en 2018 ont eu peu d’impact dans notre vie de tous les jours. Seuls certains commerçants en affaires avec ces pays ont pu bénéficier ou pâtir des mouvements monétaires du rouble et de la livre turque.

A contrario, nous avons tous subi à plus ou moins forte échelle la crise des subprimes de 2008. Certaines crises ont un effet local tandis que d’autres ont un effet global.

Une crise ? Quelle incidence ?

Je ne souhaite pas discuter dans ce billet de Smith, de Keynes, de Walras ou encore de Marx mais rester le plus « terre à terre » possible en vous donnant un éclairage sur les conséquences que peuvent avoir les crises économiques sur vos patrimoines et comment vous pourriez surmonter plus facilement un « passage à vide », voire comment vous pourriez en tirer profit.

Une rapide lecture (3 minutes maximum 😉 ) des principales théories économiques existantes pourrait toutefois vous apporter un plus.

Je définirai donc ainsi le terme de « crise » : une baisse de marché.

Une crise entraîne une baisse de valeur

L’un des points communs entre toutes les crises économiques est la baisse des marchés. Nous pouvons parler des marchés immobiliers (-40% en 1990 pour la Suisse), des matières premières (220% de hausse pour le pétrole entre 2003 et 2008), des obligations (-45% pour les bons du trésor américain entre 1977 et 1981), des actions suisses (-54% entre 2007 et 2009) etc.

En conscientisant ces chiffres, vous commencez déjà à gérer une crise.

Pour le côté émotionnel lié à la perte ou à la baisse de valeur, je vous renvoie à l’article dans lequel j’aborde la notion du risque sous son aspect psychologique.

Pour la suite de l’article, nous allons nous concentrer sur le marché des actions qui offre l’énorme avantage d’être coté en continu en plus d’être très liquide (contrairement à l’immobilier).

Une crise vous donne l’opportunité d’acheter bas

Lorsque qu’un marché baisse, vous avez l’opportunité d’acheter un actif à bas prix. Si vous êtes déjà investi, vous auriez l’occasion de baisser votre coût moyen d’acquisition en achetant à nouveau le même actif.

Un exemple très simple sur le prix moyen d’acquisition

Mettons que vous ayez achetés 1 titre de la société « géniale » à 100.- francs. Quelques mois plus tard, son cours baisse à 50.- malgré des fondamentaux inchangés (bénéfice, parts de marché etc.). Si vous jugez que l’opportunité reste intéressante, vous pourriez acheter 2 titres supplémentaires pour le même montant initial de 100.- et baisser ainsi votre prix moyen d’acquisition à 66.67 contre 100.- après le premier achat [(1 X 100.- + 2 X 50.-) / 3].

En procédant ainsi, vous seriez neutre après une hausse de « seulement » 33% (le cours passe de 50.- à 66.67) tandis qu’il faudrait une hausse de 100% pour retrouver l’équilibre sur le premier achat (50.- à 100.-).

Une baisse expliquée par un graphique

Le graphique ci-dessous présente un aperçu de la période 2000-2003, dans laquelle se sont enchaîné un ensemble d’événements négatifs : un ralentissement économique, l’éclatement de la « bulle internet », les attentats du 11 septembre, les guerres en Afghanistan (2001) puis en Irak (2003).

Indice américain Standard & Poor’s 500 (S&P 500) – réunissant les 500 plus grandes sociétés cotées sur les bourses aux Etats-Unis. Baisse de 48% entre le point le plus haut et le point le plus bas. Période 2000 – 2003.

Retenez que ce sont surtout le ralentissement économique (récession) et la hausse des taux d’emprunt qui font baisser les cours des bourses. Les marchés (bourses) étant gérés par des êtres humains émotionnels, les phénomènes qui accompagnent la récession sont des marqueurs supplémentaires qui augmentent l’intensité de la baisse et la nervosité des marchés (je vous renvoie à nouveau à cet article sur le risque et les émotions).

Tirer votre épingle du jeu

Benjamin Graham, père de l’investissement dans la valeur avec ses célèbres ouvrages Security analysis et L’investisseur intelligent, surnomme la bourse « Monsieur le Marché » et le nomme comme partenaire de l’investisseur. Ce partenaire sera tantôt euphorique (années 1928, 2000, 2007 etc.) et tantôt déprimé (1929, 2002 et 2008), ce qui permettra à l’investisseur que nous sommes de lui acheter (ou de compléter nos achats) à prix bas et de lui vendre nos titres à prix élevé.

Dans la plupart des marchés actions baissiers, et surtout s’ils sont violents, les entreprises en bonne santé voient aussi leurs prix chuter. C’est ici que vous pouvez tirer votre épingle du « jeu » en saisissant cette opportunité et en achetant ces titres « à bon compte ».

Apprendre à gérer une crise, c’est aussi être conscient que les marchés ne restent pas bas longtemps.

Oui, mais je n’ai pas de liquidités à investir puisque je suis déjà investi

Les périodes de hausse et de baisse sont aussi intéressantes pour pratiquer un rééquilibrage.

Selon une croyance bien établie, il faudrait avoir des liquidités prêtes à être investies pour pouvoir profiter d’une baisse de marché. Ce serait en effet idéal, mais c’est très rarement le cas. Aucun investisseur ne voit son patrimoine investi totalement en liquidités lors d’une chute des marchés. La majorité des investisseurs « long terme » n’ont qu’une partie de leurs portefeuilles en liquide et ils ne peuvent anticiper toutes les crises qui vont frapper l’économie.

A ma connaissance, seul Marty Mcfly pourrait avoir la chance de prédire l’avenir… 🙂

Cela dit, si votre patrimoine est asynchrone (s’il contient différentes classes d’actifs) ou s’il est suffisamment diversifié, vous pourriez vendre certains actifs hauts pour racheter certains actifs bas.

Par exemple en vendant des obligations pour acheter des actions ou en vendant des actions de grandes entreprises pour acheter des actions de petites et de moyennes entreprises (en général, en période de baisse, les grandes entreprises voient leur valeur diminuer moins fortement que les petites, ce qui vous donne l’opportunité d’arbitrer).

Augmenter votre épargne mensuelle ou annuelle pendant une période de crise est également une façon de vous différencier de la « foule » et de travailler à contre-courant. Il n’est pas évident d’aller à contre-courant, mais c’est une réelle façon de se distinguer sur le long terme.

Disclaimer

Attention toutefois à ne pas oublier de faire vos devoirs sur l’analyse approfondie de vos investissements et sur le maintien de la pertinence ou non de votre investissement. Votre conseiller financier est généralement de bon conseil et doit vous aider :), même si j’en ai vu certains recommander à leurs clients de vendre leurs portefeuilles fin 2008 et début 2009. Une histoire de pression psychologique, je vous dis…

Lors du prochain et – j’espère cette fois – dernier papier sur l’indépendance financière, nous parlerons de la volatilité. Je vous expliquerai pourquoi il faut du temps pour bâtir un patrimoine et montrerai que les espérances de rendement sont souvent déçues à court terme et réjouissantes à long terme. La volatilité y est pour beaucoup.

Au plaisir de lire vos commentaires sur cet article !