Immobilier : construire ses fonds propres rapidement

Savoir garder ses objectifs, y compris en période trouble est primordial.

Vous le constatez tous les jours devant les vitrines des agences immobilières et sur internet : les prix n’ont jamais été aussi élevés.

A contrario, les taux d’emprunt sont au plancher, ce qui permet de régler mensualité hypothécaire ridicule au regard du loyer payé à un propriétaire.

Les prix hauts impliquent de dégager un volume de fonds propres conséquent. Il faut généralement apporter 20 % du coût d’achat additionné des frais de notaire compris entre 3 % et 5 % en Suisse romande.

Je vous propose, à travers un exemple concret, un schéma d’épargne fiscalement optimisé pour construire vos fonds propres rapidement. Nous verrons aussi comment mettre votre famille à l’abri d’un coup dur (comme une maladie ou un décès) et comment rembourser votre dette immobilière le plus vite possible.

Envie versus réalité

Illustrons cela avec un couple romand qui gagne 200’000.- francs par an.

Les Romands sont actuellement locataires d’un 4,5 pièces de 100 m2 dont le loyer s’élève à presque 3’000.- par mois.

En regardant les annonces immobilières, ils constatent qu’un appartement avec une surface équivalente se paie aux alentours de 1,1 million de francs.

Grâce à leurs revenus en progression, c’est exactement le type de bien qu’ils pourraient se permettre d’acquérir. Se faisant, ils verseraient un loyer trois fois moins cher et aux environs de 1’000.- francs mensuels, charges incluses !

Notre couple s’interroge toutefois sur la taille de leur futur foyer. En effet, si 100 m2 de surface est adapté à leur situation actuelle, ce ne sera plus forcément le cas à l’avenir avec la venue d’un ou de plusieurs enfants. Ils préfèrent donc se fixer comme objectif l’achat d’un appartement ou d’une maison de 5 pièces de 130 m2 pour environ 1.4 million.

Revenus et fonds propres : respecter la faisabilité hypothécaire

Notre couple se retrouve confronté à deux obstacles qui limitent leur faisabilité hypothécaire : des salaires et des fonds propres insuffisants.

Leur premier défi concerne le revenu. La somme des charges du bien ne doit pas en excéder le tiers (33,3 %) des salaires. Ces charges sont composées du coût théorique de l’emprunt, du remboursement partiel de la dette et des frais d’entretien du bâtiment.

Avec un prix d’acquisition de 1,4 million et en se contentant de l’apport minimum (20 % pour le bien et 5 % de frais de notaire), notre couple obtient dans le meilleur des cas une faisabilité supérieure à 38 %.

En « jouant » sur l’autre facteur essentiel des fonds propres, les Romands pourraient réduire cette charge. Vous pouvez voir cela comme un vase communicant : en cas de revenus insuffisants, vous pourriez mettre plus de fonds propres. L’inverse fonctionne également jusqu’à la limite théorique des 80 % d’emprunt.

Avec leur revenu actuel, notre couple devrait débourser au minimum 370’000.- de fonds propres plus 70’000.- de frais de notaire soit un total de 440’000.-.

C’est leur second obstacle, car leurs disponibilités, servant de réserve de sécurité, se montent aujourd’hui à 40’000.- et ne pourront raisonnablement pas être investies dans ce projet immobilier.

Voyons donc comment les Romands pourraient construire ces 440’000.- le plus rapidement possible tout en privilégiant la sécurité de leur famille et les économies d’impôts.

Objectifs et épargne font bon ménage

Leur premier atout est de poursuivre un objectif précis. Ce sera beaucoup plus facile de mettre en œuvre une stratégie pour l’atteindre.

Enjoués et motivés, les Romands établissent un budget cohérent afin de définir leur capacité d’épargne. Cela leur a pris moins de quinze minutes. Ils constatent pouvoir mettre de côté sans effort une trentaine de milliers de francs par année.

En étudiant leur patrimoine de plus près, ils remarquent avoir déjà constitué 100’000.- dans leurs deuxièmes piliers auxquels viennent s’ajouter 12’000.- chaque année (par employé et employeur). Cette épargne « forcée » est la bienvenue puisqu’ils pourront la mobiliser pour acquérir leur résidence principale.

Ils espèrent que les politiques et les baby-boomers, forts de leur poids électoral, n’interdiront pas à l’avenir le retrait du capital pour l’achat immobilier…

Ici, et en épargnant tout en liquide, il leur faudra près de huit ans pour accéder à la propriété.

En plus de leur paraître un peu longue, cette solution présente trois inconvénients majeurs.

La faisabilité doit être maintenue en tout temps. Ainsi, l’absence de couverture en cas de décès ou d’invalidité pourrait mettre la famille en difficulté. C’est le premier handicap.

Ensuite, cette solution simple les contraindrait à vider tous leurs comptes, y compris la LPP, le jour de l’achat et sans autre choix possible.

Enfin et sans profiter de rendements à long terme, près de 30 ans seront nécessaires pour se débarrasser de leur dette.

Structurer son épargne

Ne lâchant rien, ils explorent les possibilités qui s’offrent à eux. Construire son patrimoine nécessite de le diversifier et de le structurer sur différents horizons de temps. Je vous recommande de toujours voir loin et au-delà de la prochaine échéance (achat immobilier ici) .

En économisant pour sa résidence principale, notre couple commence à sérieusement bâtir son avenir financier. Ces premières pierres, si elles sont posées intelligemment, leur procureront de la sécurité, des rendements et une économie importante de temps.

Cette solution « facile » (épargne en liquide) ne présente donc pas d’avantage.

Quelques concessions

Très motivés à l’idée d’acquérir leur logement rapidement, ils décident de couper quelques dépenses superflues et d’élever leur épargne à 35’000.- par an.

Les rabais d’impôts augmentent votre épargne

Notre couple romand se penche sur les placements « sociaux » et fiscalement déductibles du revenu. Le deuxième et le troisième pilier de notre système de prévoyance permettent l’achat de la propriété tout en économisant des taxes. Ne sachant par où commencer, les Romands se rapprochent d’un conseiller financier neutre et indépendant.

Après lui avoir expliqué leur projet et leurs objectifs de vie, le conseiller leur recommande d’adopter une stratégie d’épargne en trois étapes : économiser en 3e pilier, racheter leur deuxième pilier et épargner mensuellement en fonds de placements.

Outre les économies d’impôts substantielles, ne telle structure a le mérite de générer des rendements et de gagner du temps aussi bien pour l’achat à moyen terme que pour le remboursement de la dette à long terme.

Un troisième pilier intelligent

Le conseiller leur loue l’avantage de combiner un 3e pilier bancaire à un 3e pilier assurance. La solution bancaire pourra servir de fonds propres purs tandis que l’assurance permettra de protéger la famille en cas d’invalidité ou de décès vis-à-vis du prêteur.

En investissant chacun 6’826.- par année (maximum autorisé), ils obtiendront 32 % de rabais d’impôt (!) soit près de 4’400.- à eux deux. Cette somme viendra immédiatement accroître leur épargne qui passera de 35’000.- à 39’400.- par année. 

Le rachat du deuxième pilier

Racheter son deuxième pilier, et à condition d’y être autorisé, permet également de faire des économies fiscales. Les Romands optent pour un rachat de 10’000.- annuel (5’000.- chacun) qui permettront d’ajouter 3’200.- de rabais fiscaux à leur épargne annuelle.

Attention toutefois, lorsque l’on souhaite payer sa résidence principale avec sa caisse de pension : 10 % du prix du bien doit être réglé avec autre chose que le deuxième pilier. Cela peut se faire grâce aux liquidités, aux 3e piliers, ou par un fonds propre en nature comme des travaux.

Retenez également que la facture du notaire devra être acquittée en liquide et sans l’aide du deuxième ou du troisième pilier.

Ce constat nous amène à définir un montant minimum de fonds hors caisse de pension de 210’000.- dont au moins 70’000.- en liquide.

En gonflant leurs 2es piliers, notre couple se donne la possibilité de nantir ses fonds de pension plutôt que de les retirer. Ce choix offre l’avantage de ne pas impacter leur retraite future et d’éviter l’impôt de sortie LPP d’une vingtaine de milliers de francs dans leur cas.

Grâce à cette stratégie, les Romands économiseront 7’400.- d’impôts par an et augmenteront leur épargne d’autant, la faisant passer de 35’000.- à plus de 42’000.-.

Épargner en fonds

Si vous êtes encore là et que vous avez suivi 😉 il reste un peu plus de 18’000.- d’économie annuelle non utilisée. Le conseiller financier suggère de les investir mensuellement dans un plan d’épargne en fonds.

Avec un horizon de temps relativement serré de 5 à 10 ans, notre couple devrait privilégier un profil d’investissement « à l’équilibre ».

Au-delà du rendement, je vois plusieurs avantages à épargner en fonds. C’est une solution simple à mettre en oeuvre qui peut être automatisée. Les capitaux épargnés restent disponibles en tout temps même s’il faut idéalement respecter l’horizon de temps supérieur à 5 ans. Enfin, en cas de volatilité des marchés, un plan mensuel permet de pratiquer le coût moyen d’achat, ce qui augmente la sécurité.

Combien d’année et d’argent gagné ?

En suivant ce plan, et avec l’aide de quelques rendements, notre duo romand pourra passer à l’achat en moins de 7 ans.

Au-delà de l’année gagnée, vous remarquerez sur le tableau ci-dessous « structurer son épargne » que, après 10 ans, la fortune de notre couple s’élèverait à près de 50 % de la valeur de leur bien.

À plus long terme, et en intégrant à leur épargne l’économie de loyer générée par l’achat (2’000.- par mois), leur maison sera totalement payée en 18 ans contre près de 29 ans dans la première solution. Plus de 10 ans de gagner ! Sur une vie, ça commence à compter. 

Ils se seront également protégés l’un et l’autre en cas de pépin afin de laisser intacte leur faisabilité grâce à des capitaux décès notamment.

Avec un tel raisonnement, notre couple pourra rapidement songer à anticiper sa retraite de plusieurs années ou à s’offrir un destin « sur mesure » avec par exemple quelques années sabbatiques.

Lors d’un prochain article, nous verrons que l’achat d’un bien immobilier ne se limite pas à trouver un taux. Une planification globale intégrant notamment le remboursement de la dette, la planification de la retraite ou le droit successoral est gage de réussite et de sécurité.

Vous retrouvez cet article également sur investir.ch

Retraite : cotiser au troisième pilier ou au deuxième pilier ?

Vous souhaitez épargner pour préparer votre retraite ?

Devez-vous cotiser au troisième pilier ou racheter votre deuxième pilier ?

En lisant cet article, vous comprendrez les avantages et les inconvénients du deuxième et du troisième pilier.

Le deuxième et le troisième pilier ne sont pas les solutions uniques pour planifier sa retraite, mais ont le mérite de vous procurer des rabais d’impôts substantiels. Une sorte de rendement « garanti » par l’état.

Nous avons vu dans un précédent article la part d’épargne que vous devriez idéalement consacrer à votre prévoyance retraite afin de vivre sereinement vos « grandes vacances ». Maintenant que vous avez une idée plus précise de ce montant, vous devez encore choisir comment l’investir.

Le troisième pilier en priorité

Le premier outil que vous devriez utiliser est le troisième pilier, car chaque année non investie est définitivement perdue et vous ne pourrez la rattraper à l’avenir. Les parlementaires réfléchissent à modifier cette règle afin d’autoriser le rachat des années passées. La gauche est contre.

Si vous êtes salarié et en attendant que les parlementaires aient fini de réfléchir, vous pouvez épargner au maximum 6’826.- francs par an en troisième pilier.

En tant qu’indépendant et sans affiliation à la LPP, vous avez le droit d’épargner dans un troisième pilier 20% de votre revenu AVS avec un plafond de 34’128.- annuel. Veillez à bien vous faire accompagner ici, car un deuxième pilier pourrait être préférable.

Vous pouvez ouvrir plusieurs contrats de troisièmes piliers. L’un des avantages — outre la diversification — est de casser la progression fiscale en retirant sur plusieurs années vos avoirs à la retraite. En bref, vous payeriez moins de taxes en retirant deux troisièmes piliers sur deux années fiscales plutôt que sur une même année.

Attention : les impôts pourraient dans ce cas vous reprocher une pratique d’évasion fiscale. Notez toutefois que le Tribunal cantonal vaudois a annulé une décision de l’Administration cantonale des impôts en 2019. Le fisc vaudois avait retoqué la facture d’impôt d’un contribuable qui avait retiré sur trois années fiscales ses trois troisièmes piliers (CDAP du 17 juillet 2019, FI.2018.0086).

Adoptez une solution sur mesure

Dans la pratique et avec mes clients, je me rends compte qu’un ou deux troisièmes piliers sont souvent suffisants. Ce n’est pas parce que la loi « permet » quelque chose que vous devez forcément l’appliquer. Une réponse individualisée est à privilégier et je vous conseille, lors de la construction de votre patrimoine, de ne jamais favoriser la fiscalité au détriment de vos objectifs de vie.

Troisième pilier : banque ou assurance ?

Le troisième pilier peut être conclu au travers d’une police d’assurance ou d’un compte bancaire. La première option offre de la sécurité et la seconde de la flexibilité quant au montant que vous pouvez verser.

Une assurance fonctionne comme un deuxième pilier avec l’atout de pouvoir choisir le type d’investissement qui la compose. De plus, elle offrira l’avantage de protéger votre famille en cas de décès ou d’invalidité.

Avec un horizon de temps de quelques années, vous pouvez investir vos troisièmes piliers dans des fonds de placement afin d’en dégager un rendement plus intéressant qu’un compte de base. Réaliser 3 % à 5 % de gain moyen par année est courant. Plus alléchant que le 0 % actuel non ? 

Un usage intéressant de vos troisièmes piliers peut être de les utiliser comme fonds propres pour l’achat de votre résidence principale ou pour garantir le remboursement de votre dette hypothécaire. Dans ces deux cas, et si vos revenus le permettent, il faudra privilégier le nantissement au retrait.

Si vous êtes salarié et selon vos possibilités, épargner le montant maximum en troisième pilier vous fera économiser entre 1’200. — et 3’000. — d’impôts chaque année. Réinvestissez cette nouvelle épargne !

Faites analyser votre situation par un conseiller financier indépendant afin de trouver la réponse la mieux adaptée à votre cas. Le conseiller devra prendre en compte votre situation financière globale ainsi que l’historique de vos cotisations AVS et l’état de votre deuxième pilier.

Le rachat du deuxième pilier

Une fois que vous aurez trouvé une solution de 3e pilier, vous pourrez racheter votre caisse de pension à la condition que votre épargne l’autorise.

Votre certificat de caisse de retraite vous indique le montant de rachat disponible (sinon demandez cette valeur à la caisse). Certains fonds de retraite permettent de financer un départ à la retraite anticipée dès 58 ans. Encore une fois, si votre épargne le permet, cela peut avoir un intérêt.

Maximiser le « gain fiscal » !

Il vaut la peine d’être un brin stratégique. Pour l’exemple, imaginons que votre caisse vous autorise à racheter 200’000.- pour financer votre départ à 65 ans. Dans ce cas, vous auriez intérêt à racheter un montant « faible » le plus longtemps possible plutôt que de racheter de grosses sommes en peu de temps. Ainsi, vous pourriez répartir le coût du rachat sur dix années en y consacrant 20’000.- par an au lieu d‘investir 100’000.- par année sur deux ans.

Sur Lausanne, un couple marié avec deux enfants et un revenu de 200’000.- par an, économisera 67’210.- d’impôts dans le premier cas contre 53’244.- dans le second cas. Une différence de presque 30 % !

Considérez également que si vous voulez maximiser le gain de ce rachat, vous devrez laisser cette épargne le moins longtemps possible dans votre caisse de pension. Le rabais d’impôt sera « divisé » par le nombre d’années entre l’entrée et la sortie des fonds. Diviser 35% de rabais d’impôts par dix ans (3,5% par an) est plus prolifique que de le diviser par vingt ans (1,75%). Il faudra ajouter le rendement servi par la caisse pour obtenir le résultat global puis encore déduire l’impôt de sortie…

Avec plus de vingt années de travail devant vous, une stratégie intéressante serait d’épargner dans un portefeuille d’investissement (fonds, actions, obligations, etc.) pour ensuite racheter votre deuxième pilier durant les des dix années précédant votre retraite. Vos salaires seront au plus hauts… et vos impôts aussi. Donc votre gain fiscal sera à son maximum.

Il n’y a pas que le système social dans la vie !

Les mérites d’épargner dans ces deux piliers réside dans les avantages fiscaux, l’utilisation possible pour l’achat de son domicile ou encore le financement d’une activité indépendante.

Pour le deuxième pilier, gardez à l’esprit que vous n’êtes ni maître des lois ni décisionnaire au sein de la caisse. Le peuple, le parlement, le Conseil fédéral et votre employeur peuvent être à même de modifier les conditions de cotisations, de rendement ou de retrait à l’avenir. Les politiques pourraient, par exemple, interdire la sortie du capital pour la retraite ou pour l’achat de sa résidence principale.

Les montants investis dans ces piliers doivent rester raisonnables vis-à-vis de votre capacité d’épargne. Quarantenaire, vous ne devriez pas dédier la totalité de votre épargne à la retraite ! La vie reste longue avant cette étape.

Alors même si ne pas allouer une part de son épargne à la prévoyance est « suicidaire » tant les déficits du système social sont nombreux, trop en consacrer vous empêcherait de réaliser vos rêves de moyen terme.

Vous faire accompagner par un conseiller financier afin de planifier votre retraite ou au sens plus large vos projets de vie vous fera d’ailleurs gagner beaucoup de temps… et d’argent.

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.

Combien d’épargne consacrer à sa prévoyance retraite ?

Selon le baromètre des préoccupations 2019 du Credit Suisse, et pour la troisième année consécutive, la prévoyance vieillesse est la principale inquiétude des Suisses. Fait intéressant : ce thème ressort comme le premier chez toutes les personnes interrogées, qu’elles aient 18 ou plus de 65 ans. Voyons combien d’épargne vous devriez consacrer à votre prévoyance retraite.

Il faut dire que depuis l’invention de l’Assurance-vieillesse et survivants en 1948, le monde a bien changé tandis que le premier pilier n’a que peu évolué. Pourtant, en 70 ans, la période de revenu sans travail que représente la retraite est passée de quelques mois à plus de 18 ans !

Au-delà de l’allongement de la vie, dix personnes actives contribuaient à l’AVS en 1948 et permettaient de financer un retraité. D’ailleurs, vous payez — avec votre employeur — près d’un dixième de votre salaire en cotisation. Aujourd’hui et avec le vieillissement de la population, nous sommes moins de trois travailleurs par retraité. Aux environs de 2030 et lorsque le dernier baby-boomer passera à la retraite, moins de deux actifs subventionneront une rente.

Les dernières grandes réformes datent des années 1970 et concernaient principalement le deuxième et le troisième pilier. Depuis, trois projets ont échoué devant le peuple. La baisse des rentes ou le recul de l’âge du départ à la retraite ne semblent pas populaires.

Si vous ajoutez les taux négatifs persistants depuis plus de cinq ans, vous obtenez une situation intenable à plus ou moins brève échéance.

Dédier aujourd’hui une épargne plus importante, que n’ont pu le faire nos aïeux durant leur carrière, à la prévoyance retraite est devenu primordial.

Les questions que vous devez vous poser.

Bien qu’il existe autant de réponses que de cas particulier, je vous propose quelques pistes pour définir la part d’épargne qu’une personne de quarante ans devrait consacrer à sa prévoyance vieillesse. Cela peut vous donner une référence utile dans votre situation.

Lorsque l’on parle d’épargne, la première étape consiste à définir vos projets de vie. Grâce à ces grands objectifs, vous serez à même de structurer votre épargne selon trois échéances principales : le court, le moyen et le long terme.

Quels sont mes besoins de court, de moyen et de long terme ?

Quel rapport entre projets de vie et prévoyance me direz-vous ? Regardons deux exemples simples.

Si vous prévoyez d’acheter votre résidence principale à un moment de votre vie, vous pourrez habilement (ou non) utiliser l’épargne de votre prévoyance pour se faire.

Vous pourriez aussi vous dire que la retraite ne fera pas partie de vos plans, car votre vie d’entrepreneur ou de salarié est trépidante. Dans ce cas, vous pourriez consacrer moins d’épargne pour le long terme et la redistribuer sur le moyen terme.

Vous pouvez fixer la durée des trois échéances comme bon vous semble. Personnellement, je les répartis de la manière suivante :

  • L’épargne de court terme consiste en une réserve de liquidités (cash, compte salaire ou épargne) à laquelle vous pouvez ajouter les dépenses certaines des trois prochaines années. Vous ne pouvez investir cette épargne et vous devriez idéalement détenir entre deux et quatre salaires de réserves.
  • Le moyen terme devrait recevoir la majorité de votre épargne mensuelle puisque vous n’aurez que trois à quinze ans pour la faire croître. Elle servira vos projets de moyenne échéance comme les études des enfants, un achat immobilier, des travaux ou encore des années sabbatiques.
  • Le long terme est la partie de votre patrimoine qui « travaille » avec un horizon de temps supérieur à quinze ans. C’est entre autres votre prévoyance vieillesse formée du deuxième et du troisième pilier.

Distinguer l’épargne disponible de l’épargne non disponible.

À ce stade, vous aurez compris qu’une partie de votre épargne restera accessible en tout temps. C’est le cas des liquidités et des placements de moyen terme (fonds, actions, obligations, métaux précieux). La partie prévoyance ne sera mobilisable qu’à la retraite ou pour l’achat d’une résidence principale, comme nous le verrons plus bas.

Quelles sont mes lacunes de retraite ?

Connaître ses lacunes de retraite est le deuxième point important. L’AVS considère qu’un actif commence à travailler entre 18 et 21 ans. Pourtant, aujourd’hui et avec l’explosion du secteur des services, beaucoup de personnes étudient longtemps et commencent à travailler vers trente ans.

Le deuxième pilier oblige quant à lui à cotiser pour la retraite dès ses 25 ans. Nous sommes confrontés au même problème. Si vous avez commencé à travailler à 28 ans, vous auriez presque dix ans de lacune AVS et trois ans de lacune dans le deuxième pilier.

L’avantage du deuxième pilier et que vous pourrez racheter cette lacune tout en bénéficiant de rabais d’impôts !

Quelle épargne consacrer à ma prévoyance retraite ?

Avec l’allongement de la durée de la vie, les héritages sont versés beaucoup plus tard que par le passé. Ainsi, la majorité des héritiers perçoivent tout ou partie du patrimoine de ses parents après le début de la retraite.

Cela amène à ne compter que sur soi et son salaire. Idéalement, consacrez 20 % de votre salaire à l’épargne. Cela vous procure deux avantages : en vous habituant à vivre avec 80 % de votre revenu, vous ne ressentirez quasiment aucune douleur lors du passage à la retraite et surtout, vous pourrez réaliser des projets plus importants à moyenne échéance.

Un premier bilan

À ce stade, vous avez défini vos grands objectifs de vie et vous savez si vous deviendrez ou non propriétaire. Restez quand même flexible, vous pourriez changer d’avis…

Consacrer 5 % de votre rémunération ou une trentaine de pour cent de votre épargne pour la prévoyance est raisonnable avec des lacunes faibles. À l’opposé, si vous êtes arrivés tardivement sur le marché du travail ou si vous vous réveillez à la dernière minute, n’hésitez pas à doubler cette partie.

Retenez bien que chaque situation nécessite une réponse individuelle. Si vous pensez passer votre retraite en dehors de la Suisse, une rente de retraite plus faible pourra faire l’affaire. Méfiez-vous quand même de vos convictions et de vos envies actuelles, surtout si elles sont éloignées de 15 ans, 20 ans ou plus de l’échéance discutée.

Lors d’un prochain article, je reviendrai sur l’utilité d’épargner au travers du deuxième et du troisième pilier ainsi que sur l’ordre de priorité à accorder aux versements.

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.