Inflation : quels actifs pour votre patrimoine 1/2

Depuis plus d’une année, l’inflation est de retour et vous vous demandez quels actifs pourraient protéger votre patrimoine ?

Dans un article précédent, j’affirmais que vos avoirs devaient croître d’au moins 2% par année pour conserver leur pouvoir d’achat. En bref : vous gagnez réellement de l’argent au-delà de 2% de rendement annuel. Avec un gain égal à 2% vous maintenez votre pouvoir d’achat et en dessous, vous perdez de la valeur. Ceci semble se confirmer depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Tentons de voir dans le présent article comment les actifs qui composent votre patrimoine se sont comportés face à l’inflation dans le passé.

Les économies sous l’oreiller

Beaucoup de personnes adhèrent à cette solution. Éprouvant généralement une aversion aux banques, ces personnes pensent que c’est la réponse la plus sécuritaire pour leur pécule. C’est mignon, mais c’est faux.

Cette stratégie de sauvegarde fonctionne dans un système monétaire « métal » (or ou argent par exemple), puisque la quantité de monnaie est par essence finie. C’est-à-dire que la qualité d’or ou d’argent en votre possession ne peut être diluée.

Néron, le premier faux-monnayeur ?

Notons toutefois que la dilution des monnaies métalliques fut pratiquée dans l’histoire. Afin de pallier le manque de pièces et pour éviter des hausses d’impôts, l’empereur Néron a initié cette pratique qui allait perdurer près de deux siècles. Néron a transformé l’état en faux-monnayeur. Au fur et à mesure de la collecte de l’impôt, l’administration refondait les pièces d’or et d’argent pour les allier avec des métaux de moindre valeur. L’argent était notamment mélangé avec du cuivre. Cette dilution était opérée à très faible échelle sous Néron (90% d’argent pour 10% de cuivre) jusqu’à atteindre moins de 40% d’argent pur deux siècles plus tard. En multipliant les pièces, Néron marque le début de l’inflation à Rome.

Dans notre système actuel d’unités de comptes, la quantité de monnaie est en perpétuelle évolution, et il n’est plus besoin de faire fondre du métal pour pratiquer la dilution monétaire.

Cette variation continue est organisée par les banques centrales et par les banques commerciales. Les banques centrales adaptent la création de monnaie et les taux d’intérêt de l’argent en fonction de la situation économique du moment tandis que les banques commerciales émettent des crédits (des prêts hypothécaires par exemple).

Pour faire simple, et en laissant votre argent en dehors du système, vous ne pouvez profiter de ces adaptations et vous n’en subissez que les inconvénients.

Si vous craignez les banques, je vous recommande plutôt de comparer leurs niveaux de fonds propres – gage de leur stabilité financière et de leur résistance aux crises – avant de décider à laquelle confier vos sous.

Malgré cela, une solution en compte bancaire courant (« compte salaire ») ou en compte épargne n’est peut-être pas le meilleur remède…

Les comptes salaires et épargne

Depuis l’apparition des taux négatifs en 2015, ces solutions ressemblent beaucoup à celle de l’oreiller.

Un compte courant rémunère aujourd’hui vos avoirs à hauteur de 0% tandis qu’un compte épargne les rétribue par un taux compris entre 0% et 0,25%. Des plafonds sont généralement fixés à 100’000.- ou à 50’000.- maximum.

Au-delà de ces montants, attendez-vous à payer des intérêts négatifs sur votre épargne ! De nombreux établissements infligent un taux négatif de 0,75% si les plafonds sont dépassés.

Nous sommes bien loin des rémunérations pratiquées pendant la décennie 1970-1979, avec des taux ayant atteint par exemple 5,22% en 1974. Ce n’est donc pas grâce aux comptes bancaires que vous allez battre l’inflation.

Investir

Si vous souhaitez conserver la valeur de votre argent, investir votre épargne semble apparaître comme la seule solution.

Mais alors quels investissements réagissent le mieux à l’inflation ?

Tentons d’y voir plus clair en nous éclairant grâce au passé.

Dans l’article précédent, nous avons identifié une décennie de forte inflation : 1970-1979 avec les « chocs pétroliers » de 1973 et de 1979. Je vous propose d’observer l’évolution des cours des actifs pendant cette période.

Notez que chaque époque diffère l’une de l’autre. Tirer une conclusion définitive de cet article et l’appliquer à la situation présente serait inopportun. Un patrimoine nécessite une construction sur mesure et adaptée à vos besoins. Vous devriez vous faire accompagner par un conseiller financier expérimenté et effectuer vos propres recherches.

Les matières premières

Bien entendu, lorsque nous parlons d’inflation, nous pensons tout de suite aux matières premières. Pour étudier les cours de ces dernières, j’ai ressorti mon « CRB commodity yearbook » de 2006.

Nous nous intéressons ici à l’indice Reuters-CRB. Cet indice est composé de matières premières que nous consommons tous les jours. Vous y trouverez évidemment les cours de matières énergétiques telles que le pétrole brut ou le gaz, mais également le cours des métaux comme l’or, le cuivre ou le nickel ou encore des matières agricoles avec les cours du maïs, du coton ou du bétail.

La décennie qui nous intéresse a vu naître deux marchés haussiers importants. Le premier entre 1971 et 1974, avec une augmentation de 147%, et le second entre 1977 et 1980, avec une progression de 83%.

In fine, l’indice a été multiplié par 3 en 10 ans.

Détenir des matières premières à cette époque aura donc été payant.

Aparté sur la matière principale de notre économie : le pétrole

Le pétrole brut affiche évidemment la hausse la plus importante au sein des matières premières pendant la période étudiée. En dollars américains, le cours du WTI Crude Oil (West Texas Intermediate) a été décuplé (!) entre 1970 et 1980.

En 1970, le baril de brut valait environ 3.35 USD avant d’aller chercher les 32.50 dollars au début de l’année 1980. Remarquons que le cours a ensuite flotté aux environs de 20 dollars jusqu’en 2004, soit pendant 25 ans. Cette année 2004 sonnera le départ d’un rallye haussier qui aboutira en 2008 à un cours de 145 dollars par baril.

Vivant dans un monde pétrodépendant, cette commodité fait varier les prix de la plupart des autres matières premières. Le pétrole apparaît également comme un outil politique et une monnaie d’échange dont le cours peut sans doute se distinguer (à la hausse ou à la baisse) de sa valeur intrinsèque.

Avec l’électrification de nos sociétés et de la mobilité à moyenne échéance, le pétrole ne jouera peut-être plus autant son aspect refuge en cas d’inflation.

Source

Une autre matière importante : l’or

Valeur refuge par excellence, l’or mériterait un article à part entière. Avec son acolyte l’argent, ils sont attestés comme valeur de référence depuis le 3e millénaire avant Jésus-Christ.

Ce métal précieux n’est théoriquement plus une monnaie depuis que les États-Unis ont suspendu la convertibilité du dollar en or en 1971 (fin des accords de Bretton Woods) et introduit les taux de change flottants.

Dans les faits, l’or reste une monnaie d’échange à part entière qui possède un grand réservoir de confiance dans notre imaginaire collectif. J’évoque ci-dessous plusieurs éléments qui plaident dans ce sens.

D’abord, toutes les banques centrales détiennent de l’or en réserve. Par exemple, le bilan de la Banque Nationale Suisse est composé de 5% d’or à la fin 2021 (à peu près 1’000 tonnes pour 55 milliards de francs).

Ensuite, la majorité des pays sous embargo commerciaux, tels que l’Iran ou le Venezuela payent leurs importations avec de l’or (et avec du pétrole).

Durant la période qui nous intéresse (1970-1979), l’or est passé d’environ 40 USD par once (31,104 grammes) à près de 456$ en 1979 avec des pics dépassant les 660$ en 1980. Tout comme le pétrole, son prix a ensuite décliné pour flotter aux environs des 400$ jusqu’en 2004.

Source

Durant la période observée, l’or a offert une bonne protection contre l’inflation. Notons que la hausse actuelle des taux d’intérêt pratiquée par les banques centrales pourrait rendre plus attractives les obligations d’État au détriment de l’or.

Hyperinflation ? Pas pour tout le monde !

Pour rendre cette analyse complète, nous devons mettre en parallèle le cours des matières premières et le taux de change du dollar américain. En effet, les matières premières et à fortiori le pétrole WTI sont cotés en USD.

Notre pays, la Suisse, a vu le cours du dollar américain passer de 4.37 francs (pour 1 USD) en 1970 à 1.66 franc en 1980. Autant dire que cette dévalorisation du dollar de 62% a absorbé une bonne partie de la hausse des matières premières.

En comparaison, la baisse du dollar vis-à-vis du franc français a été beaucoup plus contenue. Il fallait compter 4.22 en 1980 contre 5.55 francs en 1970. Cette baisse de seulement 24% a laissé la place à une inflation beaucoup plus forte en France qu’en Suisse, tout comme en 2021 et au début de 2022.

Nous verrons dans un prochain article le lien entre l’inflation et d’autres actifs tels que l’immobilier, les actions et les obligations.

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la finance, l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.

Inflation : quel risque pour votre patrimoine ?

La croissance économique que nous vivons actuellement est accompagnée d’une donnée oubliée depuis presque 20 ans : l’inflation. À quels risques est exposé votre patrimoine et comment pouvez-vous l’en protéger ?

En 2021, deux écoles « s’affrontaient » quant à la durée de l’inflation que nous voyions naître. Certains analystes la considéraient comme temporaire tandis que d’autres apercevaient les prémisses d’un cycle haussier des prix des matières premières.

La première école l’expliquait par les dégâts du covid : les fermetures d’usines et les ruptures des chaînes d’approvisionnement entraînaient une inflation transitoire. Lorsque la situation reviendra à la normale, l’inflation cessera.

La seconde école voit naître depuis une année un cycle haussier des prix des matières premières. En ce début d’année 2022, nombreux sont ceux qui se rangent à l’avis d’une inflation longue qui perdurera au-delà de 2022 et de 2023. Le dernier « super cycle haussier » des matières premières a pris fin en 2008 avec la crise des subprimes, mais la croissance des prix durant cette période (1990 – 2008) était restée faible en Suisse. À la différence de cette époque, l’inflation que nous percevons aujourd’hui ressemble bien plus aux flambées des années 70.

Une (très) brève explication de l’inflation

0.6%. C’est l’inflation officielle pour le mois de mars 2022. Oui, vous avez bien lu. Votre plein d’essence vous a coûté plus de 30% plus cher qu’en février, mais l’Office fédéral de la statistique vous le dit : + 0.6% d’inflation en mars 2022. Étant donné que le prix du pétrole pèse sur toutes les autres matières premières, je doute un peu. Retenez toutefois que même si ce chiffre est juste, cela nous donne plus de 7% d’inflation en rythme annuel ! Pas observé depuis les années 70.

Évidemment, la « vraie inflation » (celle que vous subissez en faisant vos courses, en remplissant votre citerne de mazout ou le réservoir de votre voiture…) reste une donnée sensible pour les milieux économiques et politiques. Les premiers ne veulent pas augmenter les salaires tandis que les seconds ne veulent pas être accusés de l’envolée des prix.

Inflation et impression d’argent

Expliquer brièvement d’où vient l’inflation n’est pas une chose aisée, car de nombreux facteurs influent sur cette dernière. L’inflation se situe dans la différence de valeur entre la création monétaire et la croissance économique anticipée (vente des biens et services produits).

Pour illustrer mon propos, vous trouvez ci-dessus le graphique du bilan de la banque fédérale américaine. Nous pouvons observer trois grandes périodes de création monétaire : 2008-2009, 2014-2015 et enfin 2020 pour le coronavirus. Notez deux choses : l’expansion du bilan de la FED en 2020 a représenté en valeur absolue trois fois plus qu’en 2008 et la phase 2008 – 2019 n’a pas généré d’inflation démesurée.

Vous trouvez ci-dessous le bilan de la Banque Nationale suisse qui suit la même tendance.

Ces liquidités se sont en partie transformées en épargne pour les ménages, qui disposent ainsi de plus d’argent pour une quantité de biens et services restés peu ou prou la même (voir moins pendant les fermetures d’usines). Et comme le prix des biens et des services finit toujours par rattraper la monnaie créée, nous assistons à la hausse générale des prix.

Qu’en pense le gourou des matières premières Jim Rogers ?

Jim Rogers explique également l’augmentation des prix par la création monétaire de 2020 :

“I have been saying we should buy commodities for the last few months and even longer because we had seen a lot of money printing. Whenever there is money printing, prices go higher and especially if there is a war. I do not like making money from war but I would rather make money than lose it and I am going to own commodities when the war stops as well because there is going to be more inflation and more rise in commodity prices.”

Nous payons le prix de la sauvegarde de l’économie en 2020. Additionnée d’une croissance hors norme, que même la crise en Ukraine ne paraît pas éroder, l’inflation semble s’installer pour durer.

Comment prendre en compte l’inflation dans votre patrimoine ?

Vous ne souhaitez pas investir ? Et vous privilégiez votre compte bancaire ou votre compte épargne ? Sachez qu’entre l’an 2000 et jusqu’à la fin 2020, vous perdiez « officiellement » 0,4% par année. En ajoutant à cela les frais de tenue de compte, les intérêts négatifs et les impôts… vous perdiez 2% l’an !

Sur une année ou deux, renoncer à 2% l’an est peut-être acceptable, mais sur 20 ans, cela représente 40% de pouvoir d’achat envolé. Entre l’an 2000 et l’an 2022, un billet de 100.- francs s’est transformé en un billet de 60.- francs !

Le cas d’une personne âgée de 65 ans

Prenons une vision un peu plus longue. Si vous avez 65 ans aujourd’hui, vous avez subi dans la période qui vous sépare de votre premier travail dans les années 1980, une hausse des prix de 100%. Votre épargne « cash » vaut donc la moitié de ce qu’elle valait en 1980, 40 ans plus tôt. Et encore une fois, nous parlons de l’inflation officielle…

Vous devez ajouter à l’inflation les impôts et, depuis six ou sept ans, les intérêts négatifs éventuels. Ces éléments ont encore aggravé le maintien du pouvoir d’achat dans le temps.

Cela me permet d’affirmer qu’une épargne ou un patrimoine qui ne croit pas d’environ 2% par an perd irrémédiablement de la valeur à long terme.

Croissance économique et inflation au XXe siècle ?

Je l’écrivais précédemment, nous vivons une croissance économique forte. La première période qui me vient en tête lorsque l’on évoque croissance plus inflation est « les trente glorieuses ». Cette période s’est étendue de 1945 à 1975. Durant ces 30 années, l’inflation a quasiment atteint les 150% soit environ 1.20% l’an en Suisse (officiellement s’entend).

L’inflation observée comme la plus forte au XXe siècle (en dehors des deux guerres mondiales) se trouve dans la décennie qui s’étend de 1970 à 1979. Avec les ruptures d’approvisionnement en pétrole (ça vous rappelle quelque chose ?), le franc suisse a perdu en 10 ans 50% de son pouvoir d’achat. Cela revient à réaliser un rendement négatif de 4% l’an pendant 10 ans. Vous trouverez même des pics à 8.8% en 1973 ou à 9.9% en 1974.

Si l’on en croit la Banque Nationale, les banques rémunéraient, ce qui pourrait paraître comme généreux aujourd’hui, l’épargne de ses clients jusqu’à 5.22% pour l’année 1974. Cet intérêt compensait 50% à 80% de l’inflation selon l’année. Sur 10 ans, la part non couverte par le rendement de l’épargne revenait toutefois au même que pour la période des trente glorieuses soit un peu plus de 1% l’an.

Rendement annuel minimum de votre patrimoine : 2% !

En y ajoutant les impôts et les frais divers, nous revenons toujours à ces 2% perdus chaque année. La différence majeure avec les années 1970 vient des intérêts négatifs qui alourdissent la facture.

Nous vivons pourtant dans l’un des pays qui conservent le mieux sa monnaie. En comparaison, l’inflation française s’est élevée à 169% sur la période 1970-1980.

Nous l’avons vu, une épargne non rémunérée, c’est-à-dire dormant sur un compte simple ou sous l’oreiller, perd en moyenne 2% par année avec des pics pouvant atteindre les 10%. Placer la majeure partie de ses avoirs consiste au moins à contrer cette baisse de pouvoir d’achat à long terme.

Nous aborderons dans un prochain article les solutions qui existent pour se protéger de l’inflation.

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la finance, l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.

Patrimoine : maximiser vos rendements

Voilà une question qui vous intéresse sans doute. Comment maximiser vos rendements ? Cette question va souvent de pair avec la recherche de sécurité. Pour beaucoup de personnes, on ne peut obtenir de rendements élevés sans prendre un minimum de risques. La finance nous vend d’ailleurs les placements dans ce sens. Voyons si tout cela est vrai et comment optimiser vos rendements.

La diversification

Il va de soi que pour ne pas perdre vos économies, vous devez diversifier votre portefeuille. Si vous n’achetez qu’une seule entreprise (un titre), vous maximisez votre risque de perte en cas de faillite de ladite entreprise. Et si en plus vous choisissez une startup plutôt qu’une société bien établie telle que Coca-Cola, ABB ou Michelin c’est sûr que vous risquez de vous planter.

La diversification est l’un des éléments les plus reconnus et les plus faciles à comprendre pour réduire les risques de perte dans son portefeuille.

Mais attention, la diversification a ses limites.

D’abord, vous ne pourrez diversifier au sein d’une même classe d’actif le risque dit « de marché ». Pour l’écrire simplement : si vous n’êtes investi qu’en actions, et sauf à entreprendre une démarche de protection de votre portefeuille, vous ne pourrez pas vous prémunir contre la baisse générale du marché (comme en mars 2020, en 2008 et en 1929, par exemple, où les cours des bons grains suivaient presque la même pente que l’ivraie).

Ensuite, vous trouvez une limite mathématique à la diversification d’actifs. Avec 2 titres en portefeuille vous diminuez votre risque de 46% et avec 4 positions, vous aurez décru votre risque de 72%. Vous atteindrez les 93% de risque éliminé dès 16 entreprises et au-delà d’une trentaine d’entreprises, vous ne diversifierez plus grand-chose puisque vous réduirez le risque de 96%…

Enfin, et pour citer Warren Buffett, vous devriez connaître vos investissements : « la diversification est une protection contre l’ignorance ». Votre conseiller financier doit vous aider à choisir des placements que vous comprenez.

Trop c’est trop

En adoptant une trop grande diversification, vous réaliserez le rendement du marché ou de « Madame et monsieur tout le monde ». Un minimum de concentration apparaît donc comme bienvenu afin de distinguer votre rendement de celui du voisin.

Au-delà de la quantité d’entreprises investies, vous pouvez diversifier la géographie de vos placements (bien que la corrélation soit élevée entre les marchés actions mondiaux) et les secteurs d’activités de vos entreprises par exemple.

Une diversification à l’échelle de votre patrimoine (et pas forcément votre portefeuille uniquement), consiste à introduire des éléments décorrélés les uns des autres. Vous pourriez par exemple détenir des fonds de matières premières, des métaux précieux, des obligations ou encore de l’immobilier.

Définir le bon horizon de temps

La prudence impose de conserver une réserve de sécurité en liquide (liquidités, comptes courants et épargnes) afin de faire face aux imprévus. Vous pouvez tabler selon votre situation sur deux à six mois de revenus ou de dépenses nets de charges sociales, d’impôts et d’épargne.

Une fois cette réserve définie et obtenue, vous pourrez sereinement allouer votre épargne mensuelle et votre fortune à l’atteinte de vos objectifs personnels.

L’horizon de temps est primordial ici. Plus vous avez du temps devant vous, plus vous augmentez vos possibilités d’atteindre des rendements élevés et moins vous prenez de risque.

La banque Pictet met à jour chaque année une étude très intéressante sur le rendement et sur le risque des actions suisses vis-à-vis de la période de détention.

« … un investisseur disposant d’un horizon de placement à 10 ans n’aurait enregistré une performance négative que si l’investissement initial avait été effectué durant trois périodes, toutes liées à la crise de 1929. Aucun investisseur ayant investi dans des actions suisses sur une durée de 13 ans n’aurait accusé de perte sur son investissement initial depuis 1926. »

Ce propos est illustré dans le tableau ci-dessous. Sur 87 périodes de 10 ans observées, seules 3 affichent un rendement négatif.

Pour conclure ce chapitre, retenez que vous ne devriez pas investir les fonds nécessaires à l’atteinte d’objectifs de court terme. Bien que cette notion dépende de chacun, moins de trois ou quatre années m’apparaissent comme une bonne définition du court terme.

Profiter de la volatilité

Il me reste un élément à discuter : la volatilité. La finance moderne cherche à réduire au maximum cette dernière, qui permet pourtant de générer du rendement à long terme. Sans volatilité (i.e. 0%), pas de rendement. Pour faire simple, ce sont les mouvements des marchés. C’est ce qui fait qu’un rendement de 5% l’an ne ressemble pas à ça :

Mais plutôt à ça :

Et ce sont aussi les pics de volatilité qui vous feront râler lorsque votre investissement, réalisé dix ans plus tôt, viendra égaler ou dépasser à la baisse votre placement initial pendant plusieurs mois. C’est le cas typique de l’année 2008.

Pourtant, sans cette volatilité, appelée souvent « risque » : pas de rendement possible.

Systématisez et mensualisez vos investissements !

Le postulat de l’étude de Pictet (tout comme les graphiques ci-dessus) consiste à investir au début de la période de 10 ans, sans réaliser de placements subséquents. C’est ce qui nous amène à obtenir une perte en 1939 pour un financement unique débuté en 1929 (au plus haut des bourses).

Un investisseur de long terme aurait pu toutefois faire mieux. Comment ? En réinjectant des fonds dans les phases de baisse.

Alors je vous arrête tout de suite. Si vous pensez pouvoir faire du « market timing » en vous croyant plus fort que le reste de la communauté financière, vous vous trompez. Oh certes, vous pourriez réussir une fois ou l’autre, mais sur le long terme cela ne fonctionne pas.

N’oubliez pas que – pour citer Benjamin Graham – « le pire ennemi de l’investisseur, ce n’est pas la bourse, c’est lui-même ». L’égo et la peur sont les deux éléments dont vous devriez le plus vous méfier tout au long de votre vie d’investissement.

Non, je parle ici d’une méthode beaucoup plus simple et beaucoup moins chronophage : réaliser un placement sur une base régulière. Cela peut par exemple prendre la forme d’une mensualité fixe (100.- francs, 1’000.-…) investie dans des fonds de placement tout au long de la période qui vous sépare de votre objectif. En procédant ainsi, vous lisserez votre prix d’achat moyen et vous profiterez de la volatilité plutôt que de la subir.

Votre placement pourrait alors ressembler à ceci :

Vous venez de lire ici un « son de cloche » sans doute un peu différent de ce que vous entendez généralement sur la diversification, le temps et la volatilité. Bien appréhendé, ces éléments vous permettront de maximiser vos rendements à long terme.

Afin de réussir vos investissements et d’atteindre vos objectifs de vie, vous devriez vous faire épauler par un conseiller financier qui connaît son sujet et avec lequel vous pourrez travailler sur une longue période. La stabilité est aussi un facteur de réussite.

Je conclurai cet article par une autre citation de Warren Buffett, fort à propos avec la crise que nous traversons : « Uncertainty actually is the friend of the buyer of long-term values. »

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la finance, l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.