Lors de la souscription d’un 3e pilier A, mes clients me posent souvent cette question : à quoi servira mon 3e pilier à la retraite ?
Nous comprenons bien que les lacunes de notre système de prévoyance nous obligent à épargner dans un 3e pilier, mais nous n’en saisissons pas toujours la finalité. Tentons d’éclaircir ce point.
Un 3e pilier c’est quoi ?
Avant de répondre à l’utilité du 3e pilier, voyons en quoi il consiste. Si vous avez le temps, vous pouvez lire cet article qui traite en détail du 3e pilier.
En quelques mots, un 3e pilier A est une épargne individuelle que nous constituons pour la retraite afin de compléter la lacune des deux premiers piliers.
Le 3e pilier a été créé pour maintenir le pouvoir d’achat des années précédant la retraite. Si l’on prend les définitions sociales, l’AVS a pour but de couvrir les besoins vitaux et, l’ajout du 2e pilier doit permettre de garder le niveau de vie antérieur à la retraite.
À l’origine, l’AVS et la caisse de pension devaient apporter 60% de l’ancien salaire. Le 3e pilier aurait dû offrir 70% à 80% du train de vie préretraite et, éviter une trop grande baisse de revenu.
Nous avons vu le déficit à venir de l’AVS lors de la votation de septembre 2022.
De nombreuses études indiquent qu’au-delà de 2030 les retraités percevront 30% à 50% de leur niveau de vie antérieure. J’en parle ici. Le 3e pilier n’apparaît donc plus comme un « luxe » mais comme un outil nécessaire pour préserver une vie décente à la retraite.
Quels sont les formes et les avantages du 3e pilier ?
Un 3e pilier consiste donc en une épargne individuelle, déductible de votre revenu imposable et dont le montant est plafonné à 6’883.- francs pour les personnes salariées disposant d’un 2e pilier. Notons que vous ne pourrez excéder les 20% de votre revenu soumis à l’AVS et que la limite pour les indépendants sans 2e pilier s’affiche à 34’416.-.
Le montant maximum déductible progresse d’une centaine de francs tous les ans ou tous les deux ans en s’adaptant à l’inflation.
Maintes formes de souscription existent : compte en banque, dépôt d’investissement dans une banque et assurance sur la vie. Votre revenu, votre situation personnelle et votre niveau de votre fortune influenceront votre choix.
Votre situation est unique et je vous invite à me contacter pour trouver une solution sur mesure et adaptée à vos besoins.
Je peux toutefois vous partager les trois schémas qui suivent.
Si vous disposez d’un haut revenu et que la construction de votre patrimoine ne fait que commencer, vous devriez préférer une solution en assurance. Ceci est d’autant plus vrai avec une propriété immobilière et des enfants.
Avec un revenu moyen ou faible, vous pourriez privilégier une solution mixte « assurance et banque ». L’important ici consiste à allouer une partie seulement de votre épargne pour votre prévoyance. Pensez également au moyen terme !
Enfin, avec un patrimoine mûr et duquel vous tirez des revenus intéressants, vous pourriez ne souscrire qu’à un 3e pilier bancaire.
Dans tous les cas, et si vous avez dix ans ou plus devant vous, votre 3e pilier devrait être investi afin de chercher un rendement moyen compris entre 3% et 5% par année.
Retenez qu’il existe un nombre incalculable de solutions. Le 3e pilier permet vraiment le « sur-mesure », et les erreurs de conseil commises au début peuvent vous coûter très cher à la retraite. Tous les moyens mis en place à un moment donné doivent pouvoir se réviser à l’avenir. La vie n’est pas figée. Faites-vous accompagner pour les calculs des lacunes, des économies fiscales et des projections estimées à la retraite.
Fiscalité du 3e pilier
Vous pouvez déduire le montant que vous injectez dans votre 3e pilier de votre revenu imposable.
Selon votre situation personnelle, vous pouvez espérer une baisse d’impôts comprise généralement entre 20% et 45% du montant investi, soit une réduction d’impôts de 1’370.- à 3’100.- par année pour le montant investi maximum de 6’883.-.
En contrepartie, le montant que vous récupérerez à la retraite est imposé. Le montant d’impôt dépend évidemment de votre domicile fiscal et du montant retiré. En habitant à Lausanne, un couple marié se voit taxer son capital à un taux allant de 3.7% à plus de 6.5%.
Notez que vous pouvez échelonner dans le temps les retraits de capitaux afin de réduire cet impôt dit progressif. Si vous êtes deux (mariés sur la même déclaration d’impôts) ou si vous disposez de plusieurs 3e piliers, vous devriez répartir les retraits sur plusieurs années. Vous avez la possibilité de sortir vos 3e piliers cinq années avant la retraite. Attention, certaines administrations fiscales n’acceptent pas cette façon de procéder… mais vous pouvez toujours essayer.
Un petit exemple
Thomas Suisse épargne en 3e pilier depuis son premier travail la cotisation maximum autorisée.
Pour plus de simplicité, retenons le montant de 6’883.- déductible par année.
Entre ses 26 ans et ses 65 ans, Thomas aura épargné 268’437.-, lui permettant d’économiser 67’000.- d’impôts soit une moyenne de 25% de la valeur totale.
Thomas aura aussi eu la bonne idée d’investir son 3e pilier dans deux produits : une assurance vie investie en fonds de placement et un dépôt bancaire investi à 50% en actions. Avec un rendement moyen annuel de 3.5%, le capital accumulé représente à ses 65 ans la somme de 555’000.- duquel il devra déduire l’impôt « de sortie » se montant à 43’855.-.
La situation présentée ici est évidemment idéale. L’économie fiscale est faible avec les premiers revenus et plus élevée en arrivant à la retraite. De plus, il n’est souvent pas possible d’épargner la somme maximum avec ses premiers salaires, mais l’objectif est de tendre vers cet exemple.
L’utilité du 3e pilier
Venons-en, enfin, à l’utilité du 3e pilier.
C’est en réalité très simple. Son but principal est de compléter le niveau de vie offert à la retraite par les deux premiers piliers. L’AVS et votre caisse de pension vous apporteront des revenus mensuels tandis que vous percevrez votre troisième pilier sous forme de capital. De là, vous pourrez « consommer » votre épargne sur les années de retraite. L’espérance de vie s’élève à 85 ans, je vous laisse effectuer le calcul.
Dans les faits, votre avoir de 3e pilier rejoint le reste de votre fortune, de laquelle vous tirez une rente régulière. Un accompagnement professionnel est requis ici.
Si votre budget l’autorise, vous pouvez également vous faire plaisir avec un grand voyage, une voiture de collection… les possibilités sont infinies.
Vos enfants peuvent également se trouver aux études au moment de votre passage à la retraite. Dans ce cas, vos 3e piliers peuvent financer une partie de leurs études supérieures. Là aussi, si votre budget à long terme le permet, vous pouvez envisager un don à vos enfants.
Enfin, l’autre destination traditionnelle pour un 3e pilier est l’augmentation des fonds propres de votre résidence familiale. Vous serez, peut-être, amené à diminuer votre dette immobilière. Cette dernière ne doit effectivement pas dépasser les deux tiers de la valeur de votre bien à la retraite.
Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la finance, l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.