Grandes villes romandes : où payer le moins d’impôts ?

Quel a été votre plus grand décaissement en 2021 ? Votre loyer, vos intérêts hypothécaires, votre caisse maladie, vos charges sociales… ou vos impôts ?

En prenant en compte la part payée par l’employeur, ce sont probablement vos dépenses sociales qui pèsent le plus.

Ces dernières ne sont toutefois pas une « perte sèche » puisqu’une partie non négligeable rejoint votre deuxième pilier. Je rappelle l’importance de négocier ce point lors d’une embauche dans la mesure où votre salaire total est composé de votre revenu et des avantages annexes tels que l’épargne du 2e pilier. J’en parle ici.

Après les dépenses sociales viennent probablement vos impôts. La fiscalité forme avec l’immobilier l’un des sujets dont nous aimons le plus parler et sans doute le plus nous plaindre. Comment et où en payer le moins sont des questions récurrentes.

Avec la pandémie et l’arrivée du télétravail, vous avez peut-être l’occasion de vous offrir une certaine mobilité en faisant abstraction des distances entre votre lieu de travail et votre domicile.

Je vous propose aujourd’hui d’établir un classement des cantons romands et des grandes villes francophones en matière de taxes.

Petite mise à jour fiscale

Avant de vous livrer les chiffres, j’aimerai vous rappeler les principaux impôts qu’une famille ou un particulier est amené à payer.

Commençons par l’impôt sur le revenu – celui qui nous intéresse particulièrement ici. C’est le plus lourd de tous et c’est celui que nous cherchons à limiter. Trois entités le prélèvent : votre canton, votre commune et la confédération. Le canton est le plus gourmand. Cet impôt, progressif, suit une courbe partiellement exponentielle. En bref, plus vous gagnez, plus vous payez. Comme vous l’observerez dans les tableaux plus bas : vous pouvez percevoir deux fois plus de revenus, et payer six fois plus d’impôts sur le revenu.

Nombre de cantons ponctionnent également un impôt ecclésiastique. Au vu de la diversité cantonale, nous ne pouvons nous y arrêter ici. Le montant de cette taxe dépend généralement de la reconnaissance des religions vis-à-vis du canton et de la confession du contribuable. Nous relevons des exceptions comme dans le canton de Vaud qui ne prélève pas cet impôt. Vaud assure toutefois les dépenses du culte des deux églises qu’il admet : l’Église évangélique réformée et l’Église catholique romaine.

Vous pouvez trouver des impôts particuliers ou « personnel » dans certaines villes. Souvent négligeables et de toute façon spécifiques, je ne m’y attarderai pas ici.

Enfin, les cantons et les communes prélèvent la spécificité suisse, j’ai nommé : l’impôt sur la fortune. Cet impôt, également progressif, est calculé sur la fortune nette du contribuable (fortune totale moins les dettes). Selon le canton, des franchises s’appliquent et son taux varie généralement de quelques dixièmes de pour cent à 1%.

Hypothèses

Afin d’obtenir des séries homogènes et représentatives de la société, j’ai retenu cinq situations familiales :

  1. D’abord un couple avec un enfant, disposant du salaire moyen suisse de 6’609.- mensuel net (soit 79’308.- annuel pour la famille).
  2. Une famille avec le même revenu et avec deux enfants.
  3. Un couple avec un enfant disposant de deux salaires médians d’environ 5’688.- net par mois et par personne (soit 136’512.- annuel pour la famille).
  4. La même famille avec deux enfants
  5. Enfin, une famille avec deux enfants et deux revenus de 100’000.- nets par personne.

Vous pouvez retrouver les salaires moyens et médians ici.

Notez que par simplification, je ne tiendrai pas compte de la fortune (fortune = 0) et que les impôts ecclésiastiques ou particuliers sont inclus dans la taxe communale.

Encore par souci de simplicité, les conjoints sont mariés, gagnent leur salaire à parts égales, ont la confession majoritaire du canton et ne bénéficient d’aucune déduction particulière (cotisations au 3e pilier ou rachats de 2e pilier par exemple).

Qu’en conclure ?

C’est le canton du Valais qui monte en tête avec sur la première marche Martigny suivi de Sion. Et ce dans quasiment toutes les situations. La ville de Genève montre trois occurrences sur cinq et prendrait donc la troisième place. La ville du bout du lac se révèle très intéressante pour les ménages qui disposent du revenu moyen suisse.

En dernière place, nous trouvons les cantons de Neuchâtel et de Vaud. Notez que la ville de Nyon (l’une des villes les moins chères sur Vaud) ramène toutefois son canton dans la compétition.

Notez que ce qui est vrai pour l’impôt sur le revenu et également vrai pour l’impôt sur les capitaux de prévoyance. À la retraite, vos capitaux de 2e et de 3e piliers sont soumis à une taxe qui sera également plus faible dans les cantons gagnants ici.

Il n’y a pas que les impôts !

Si vous disposez d’une liberté d’établissement totale grâce notamment au télétravail, vous devriez aussi considérer les aspects sociaux (telles que les allocations familiales ou les déductions des droits de garde), le coût du logement, des assurances santé ou encore des taxes sur les véhicules.

Souvent tout cela va de pair : moins d’impôts sur le revenu égal moins de taxes sur les autos et des assurances santé moins chères. L’on déménage rarement pour des raisons uniquement fiscales et adopter une approche globale peut se révéler intéressant.

De ce point de vue, le Valais reste sans aucun doute devant les autres cantons, suivi de près par Fribourg.

Chacun devra encore déduire ses éléments propres tels que les cotisations aux 3es piliers, les rachats de 2es piliers, les travaux, etc.

Les impôts ont été calculés grâce au site de l’Administration fédérale des contributions.

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la finance, l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.

[Webinaire] MaRetraite.ch – financement et remboursement de sa résidence principale

Webinaire – mercredi 15 décembre, 18h00

J’aborderai durant ce webinaire les thèmes suivants :

  • Déterminer votre budget d’achat.
  • Quelle dette maximum vous pouvez vous permettre ?
  • Comment rembourser votre dette ?
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Webinaire Zoom accessible à toute personne sur inscription par email auprès de Raphaël Battu : raphael.battu@maretraite.ch

(dans votre email, merci de renseigner vos prénom, nom, année de naissance et code postal de résidence)

Votre résidence principale n’est pas un investissement

« Vous réalisez le meilleur investissement de votre vie en achetant votre résidence principale ». Cette phrase, vous l’avez sans doute entendue de la part de votre famille, de vos amis, de votre banquier et bien sûr du courtier immobilier. Elle me semble pourtant partiellement fausse. Je ne me ferai probablement pas beaucoup d’amis avec cet article, et je vais tenter de vous démontrer les raisons de cette affirmation en vous exposant quelques arguments.

J’avoue que ce raisonnement m’est apparu il y a quelques années en lisant « Père riche, père pauvre » de Robert Kiyosaki. J’étais resté dubitatif sur le moment, mais force est de reconnaître que l’auteur propose une réflexion pertinente, qui va à l’encontre de la doxa y compris dans le milieu financier. Je vais tenter de vous la retranscrire partiellement ici.

Le cas Peter Lynch et la pensée commune

Prenez par exemple un grand investisseur tel que Peter Lynch. Dans son livre « One Up on Wall Street », l’auteur considère l’achat d’une maison comme « un bon investissement […] qui vous fait gagner de l’argent dans 99 pour cent des cas ». Je lui accorde qu’une maison reste « un parfait remède contre l’inflation et un endroit idéal où s’abriter durant une récession ».

Peter Lynch poursuit son raisonnement de manière intéressante – surtout si l’on fait le lien avec une planification financière personnelle – en expliquant que les gens achètent une petite maison au début de leur vie, puis une plus grande à la naissance des enfants, pour enfin retourner dans une plus petite lorsque les enfants quittent le foyer. Ce schéma permet de réaliser une plus-value conséquente et nette d’impôts (ou quasi nette en Suisse) lors de la vente de la grande maison, puisqu’il y a arbitrage entre la grande et la petite.

En ce qui concerne les maisons, Lynch renie ainsi l’adage de Wall Street « n’investissez jamais dans quelque chose qui se nourrit ou se répare ».

Enfin, il admet que les raisons principales permettant de réaliser des gains grâce à sa résidence principale sont d’ordres psychologiques. Notamment le peu de chance que vous auriez de vendre votre maison dans la panique si les prix immobiliers venaient à s’effondrer. C’est, reconnaissez-le, ce que vous risqueriez de faire avec une action pendant un krach boursier massif. Il faut dire qu’un coup de téléphone ou un ordre sur internet suffiront pour vous séparer d’un titre en bourse tandis qu’il vous faudra planifier toute une série d’événements pour vous débarrasser de votre maison.

À en croire Lynch, qui recommande d’acheter une maison avant d’acheter une action, l’achat d’une résidence principale est donc un investissement gagnant sur le long terme.

Continuons la discussion.

Qu’est-ce qu’un investissement ?

Avant de poursuivre, nous devrions définir le terme « investissement » et le verbe « investir ».

Selon le dictionnaire le « Trésor de la langue française », un investissement peut se définir par l’application d’une certaine quantité de monnaie à la création de biens de production, d’équipement, de produits de consommation ou de services.

Nous pourrions ici soutenir que l’achat d’un bien immobilier ancien n’a rien d’un investissement tandis que construire ou rénover une maison crée une demande en produits de consommation et en services via les entreprises et les artisans employés.

Quant au verbe investir, et toujours selon le même dictionnaire, cela consiste à placer de l’argent dans un secteur de l’économie ou dans une entreprise, pour en tirer des revenus.

Or, et c’est bien le sujet, vous ne tirez aucun revenu de votre résidence principale. Hormis dépenser un certain flux d’argent, il ne me semble pas pouvoir obtenir un retour pécuniaire et pérenne des acteurs qui travaillent sur le chantier.

Avec l’apparition des taux nuls et négatifs, nous pourrions toutefois voir dans cette dépense une façon de geler ses avoirs à condition de n’assister à aucune baisse du marché immobilier. Et toujours aucun revenu en vue…

Des coûts, des coûts et encore des coûts

Donc, sauf à louer une partie de votre logement ou à pratiquer la colocation, vous ne pouvez espérer aucun fruit de votre résidence principale.

Au contraire, vous accumulerez une quantité de frais tels que les coûts d’entretien et de rénovation (généralement 1% de la valeur d’achat et pouvant monter jusqu’à 2,5% dans des bâtiments anciens), les intérêts de l’emprunt, l’impôt issu de la valeur locative, la taxe immobilière locale, etc.

Que pense Robert Kiyosaki ?

Kiyosaki emploie dans ses livres le langage de la comptabilité d’entreprise. Son but est de transmettre au plus grand nombre un schéma et des méthodes pour se construire un patrimoine.

Une société dispose d’actifs (investissements) qui lui procurent des revenus tels que des machines ou des outils… et de passifs formés par les dettes et le capital social (la part détenue par les propriétaires de la compagnie).

Les recettes de l’entreprise sont quant à elles opposées aux dépenses. Pour qu’un ménage privé s’enrichisse, il doit transformer une partie de ses revenus en actifs (épargne investie) et éviter d’en dépenser l’intégralité. Vous trouvez un article sur le sujet ici.

Actifs VS Passifs

Kiyosaki écrit qu’un actif met de l’argent dans votre poche contrairement aux passifs. Et il classe la résidence principale dans cette dernière colonne : un élément passif avec un lot de dépenses liées, comme je l’écris plus haut.

Je le cite : « Je voudrais faire remarquer que la plupart des gens travaillent toute leur vie pour payer une maison qu’ils ne possèdent jamais […] même si les gens reçoivent un dégrèvement d’impôt relativement aux intérêts de leurs versements hypothécaires, ils paient tous leurs autres frais avec des dollars après impôts ». Notez qu’il vit aux États-Unis et écrit pour les Nord-Américains. Vous pouvez remarquer l’analogie entre le système des hypothèques américaines et des intérêts déductibles fiscalement avec la Suisse.

Il continue ainsi : « les maisons ne prennent pas toujours de la valeur […] Si tout votre argent est immobilisé dans votre maison, il se peut que vous soyez forcé de travailler plus dur, car votre argent continue de fondre dans la colonne des dépenses au lieu de s’additionner dans la colonne de l’actif, ce qui représente le modèle classique de la marge d’autofinancement de la classe moyenne […] Il arrive trop souvent qu’une maison serve de facteur incitatif pour que vous contractiez un emprunt et que vous ayez ensuite à en payer les dépenses qui vont toujours en augmentant ».

Avez-vous déjà lu quelque chose comme ça ?

Robert (appelons le Robert 🙂 ) conclu sa tirade sur la résidence principale de cette manière : « les gens achètent généralement une maison trop dispendieuse pour leurs moyens au lieu de commencer à investir, dès que possible, dans un portefeuille de placements. Le résultat final influe sur un individu, tout au moins, des trois façons suivantes :

  1. Perte de temps, pendant lequel les autres actifs auraient pu prendre de la valeur.
  2. Perte d’un capital additionnel, qui aurait pu être investi au lieu de servir à défrayer des dépenses élevées d’entretien, liées directement à la maison
  3. Perte d’un enseignement (je ne suis pas d’accord sur ce point) ».

Oui, mais !

Alors même si j’approuve Robert sur le principe, il oublie toutefois de mentionner que nous avons besoin d’un toit sur notre tête et sur celle de notre famille. Et donc que la limite de son raisonnement s’arrête à la comparaison avec la location de son logement. Le locataire paie indirectement les mêmes charges que le propriétaire.

Je ne connais pas le marché de la location aux États-Unis, mais dans grand nombre de régions de Suisse, les loyers sont exorbitants. Et pour peu que vous habitiez sur l’arc lémanique ou à Zurich, le mot « exorbitant » peut vite devenir léger.

Alors qui a raison ?

Les deux mon capitaine !

Acheter un bien immobilier, et sauf à acheter au-dessus de vos moyens, devrait limiter et même baisser sur le long terme les coûts liés à votre logement.

Les intérêts bas actuels – malgré des prix d’achat à l’apparence élevés – permettent de quasi diviser par deux l’équivalent en location. Même en ajoutant l’entretien courant et de long terme, vous devriez rester 40% bénéficiaire chaque mois.

Cet excédent devrait donc être investi sans question pour construire votre patrimoine et pour vous protéger de la dette. Pour ces raisons, vous devriez privilégier une hypothèque à long terme et à faible coût. Je vous renvoie à cet article sur le sujet.

C’est en mixant les deux réflexions évoquées ici que vous pourriez trouver le bon équilibre entre d’un côté, obtenir moins de dépenses que de revenus afin d’épargner, et de l’autre combler l’envie profonde qui vous anime d’être chez vous. Car c’est finalement cela une résidence principale, le souhait d’être chez soi.

Contactez-moi si vous souhaitez discuter l’achat de votre résidence principale, rembourser votre dette, négocier votre hypothèque ou encore la renouveler.

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la finance, l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.