Baisse du marché : comment gérer une crise ?

«Gardez le calme dans la tempête et tenez fermement la barre» Guy Roux. Comme dans la vie, gérer correctement une crise vous permettra de tirer votre épingle du jeu.

Cet article aurait dû être le dernier de notre série sur l’indépendance financière ! Mais au vu de la quantité d’informations que je souhaite partager (et par manque de temps, il faut bien le reconnaître), je vais scinder la fin en deux posts. Je vous propose donc aujourd’hui de discuter des crises des marchés et de leurs incidences sur vos patrimoines. Nous verrons comment vous pouvez gérer une crise et comment tirer votre épingle du jeu avec quelques conseils distillés tout au long du présent papier.

Et promis, le prochain article parlera de la volatilité avec des graphiques de mon cru à l’appui. 🙂 Je vous souhaite une bonne lecture.

Nous sommes (presque) toujours en crise !

Selon Wikipedia, il y a eu 33 crises monétaires et financières depuis 1971 !

Sur les 47 dernières années, nous aurions donc passé près de 70% de notre temps en crise. D’ailleurs, si vous lisez ou regardez la presse, vous aurez l’impression que nous ne sommes pas en crise deux jours sur trois mais plutôt tous les jours ! C’est ce qui rend agaçant ce monde d’information en « continu » qui augmente, j’imagine, le niveau de stress général et les prises de décision trop rapides. Il est donc important de savoir gérer une crise.

En ce qui me concerne, je pratique depuis plusieurs années la « diète médiatique ». Cela me libère un temps important que je consacre à des recherches plus profondes et plus ciblées (livres, articles de fonds etc.). Je vous invite à essayer, l’effet est assez magique.

Nous sommes donc deux jours sur trois en crise, mais ces dernières ne nous concernent pas toutes. Pour nous, européens de l’ouest, la crise du rouble russe en 2014 ou celle de la livre turque en 2018 ont eu peu d’impact dans notre vie de tous les jours. Seuls certains commerçants en affaires avec ces pays ont pu bénéficier ou pâtir des mouvements monétaires du rouble et de la livre turque.

A contrario, nous avons tous subi à plus ou moins forte échelle la crise des subprimes de 2008. Certaines crises ont un effet local tandis que d’autres ont un effet global.

Une crise ? Quelle incidence ?

Je ne souhaite pas discuter dans ce billet de Smith, de Keynes, de Walras ou encore de Marx mais rester le plus « terre à terre » possible en vous donnant un éclairage sur les conséquences que peuvent avoir les crises économiques sur vos patrimoines et comment vous pourriez surmonter plus facilement un « passage à vide », voire comment vous pourriez en tirer profit.

Une rapide lecture (3 minutes maximum 😉 ) des principales théories économiques existantes pourrait toutefois vous apporter un plus.

Je définirai donc ainsi le terme de « crise » : une baisse de marché.

Une crise entraîne une baisse de valeur

L’un des points communs entre toutes les crises économiques est la baisse des marchés. Nous pouvons parler des marchés immobiliers (-40% en 1990 pour la Suisse), des matières premières (220% de hausse pour le pétrole entre 2003 et 2008), des obligations (-45% pour les bons du trésor américain entre 1977 et 1981), des actions suisses (-54% entre 2007 et 2009) etc.

En conscientisant ces chiffres, vous commencez déjà à gérer une crise.

Pour le côté émotionnel lié à la perte ou à la baisse de valeur, je vous renvoie à l’article dans lequel j’aborde la notion du risque sous son aspect psychologique.

Pour la suite de l’article, nous allons nous concentrer sur le marché des actions qui offre l’énorme avantage d’être coté en continu en plus d’être très liquide (contrairement à l’immobilier).

Une crise vous donne l’opportunité d’acheter bas

Lorsque qu’un marché baisse, vous avez l’opportunité d’acheter un actif à bas prix. Si vous êtes déjà investi, vous auriez l’occasion de baisser votre coût moyen d’acquisition en achetant à nouveau le même actif.

Un exemple très simple sur le prix moyen d’acquisition

Mettons que vous ayez achetés 1 titre de la société « géniale » à 100.- francs. Quelques mois plus tard, son cours baisse à 50.- malgré des fondamentaux inchangés (bénéfice, parts de marché etc.). Si vous jugez que l’opportunité reste intéressante, vous pourriez acheter 2 titres supplémentaires pour le même montant initial de 100.- et baisser ainsi votre prix moyen d’acquisition à 66.67 contre 100.- après le premier achat [(1 X 100.- + 2 X 50.-) / 3].

En procédant ainsi, vous seriez neutre après une hausse de « seulement » 33% (le cours passe de 50.- à 66.67) tandis qu’il faudrait une hausse de 100% pour retrouver l’équilibre sur le premier achat (50.- à 100.-).

Une baisse expliquée par un graphique

Le graphique ci-dessous présente un aperçu de la période 2000-2003, dans laquelle se sont enchaîné un ensemble d’événements négatifs : un ralentissement économique, l’éclatement de la « bulle internet », les attentats du 11 septembre, les guerres en Afghanistan (2001) puis en Irak (2003).

Indice américain Standard & Poor’s 500 (S&P 500) – réunissant les 500 plus grandes sociétés cotées sur les bourses aux Etats-Unis. Baisse de 48% entre le point le plus haut et le point le plus bas. Période 2000 – 2003.

Retenez que ce sont surtout le ralentissement économique (récession) et la hausse des taux d’emprunt qui font baisser les cours des bourses. Les marchés (bourses) étant gérés par des êtres humains émotionnels, les phénomènes qui accompagnent la récession sont des marqueurs supplémentaires qui augmentent l’intensité de la baisse et la nervosité des marchés (je vous renvoie à nouveau à cet article sur le risque et les émotions).

Tirer votre épingle du jeu

Benjamin Graham, père de l’investissement dans la valeur avec ses célèbres ouvrages Security analysis et L’investisseur intelligent, surnomme la bourse « Monsieur le Marché » et le nomme comme partenaire de l’investisseur. Ce partenaire sera tantôt euphorique (années 1928, 2000, 2007 etc.) et tantôt déprimé (1929, 2002 et 2008), ce qui permettra à l’investisseur que nous sommes de lui acheter (ou de compléter nos achats) à prix bas et de lui vendre nos titres à prix élevé.

Dans la plupart des marchés actions baissiers, et surtout s’ils sont violents, les entreprises en bonne santé voient aussi leurs prix chuter. C’est ici que vous pouvez tirer votre épingle du « jeu » en saisissant cette opportunité et en achetant ces titres « à bon compte ».

Apprendre à gérer une crise, c’est aussi être conscient que les marchés ne restent pas bas longtemps.

Oui, mais je n’ai pas de liquidités à investir puisque je suis déjà investi

Les périodes de hausse et de baisse sont aussi intéressantes pour pratiquer un rééquilibrage.

Selon une croyance bien établie, il faudrait avoir des liquidités prêtes à être investies pour pouvoir profiter d’une baisse de marché. Ce serait en effet idéal, mais c’est très rarement le cas. Aucun investisseur ne voit son patrimoine investi totalement en liquidités lors d’une chute des marchés. La majorité des investisseurs « long terme » n’ont qu’une partie de leurs portefeuilles en liquide et ils ne peuvent anticiper toutes les crises qui vont frapper l’économie.

A ma connaissance, seul Marty Mcfly pourrait avoir la chance de prédire l’avenir… 🙂

Cela dit, si votre patrimoine est asynchrone (s’il contient différentes classes d’actifs) ou s’il est suffisamment diversifié, vous pourriez vendre certains actifs hauts pour racheter certains actifs bas.

Par exemple en vendant des obligations pour acheter des actions ou en vendant des actions de grandes entreprises pour acheter des actions de petites et de moyennes entreprises (en général, en période de baisse, les grandes entreprises voient leur valeur diminuer moins fortement que les petites, ce qui vous donne l’opportunité d’arbitrer).

Augmenter votre épargne mensuelle ou annuelle pendant une période de crise est également une façon de vous différencier de la « foule » et de travailler à contre-courant. Il n’est pas évident d’aller à contre-courant, mais c’est une réelle façon de se distinguer sur le long terme.

Disclaimer

Attention toutefois à ne pas oublier de faire vos devoirs sur l’analyse approfondie de vos investissements et sur le maintien de la pertinence ou non de votre investissement. Votre conseiller financier est généralement de bon conseil et doit vous aider :), même si j’en ai vu certains recommander à leurs clients de vendre leurs portefeuilles fin 2008 et début 2009. Une histoire de pression psychologique, je vous dis…

Lors du prochain et – j’espère cette fois – dernier papier sur l’indépendance financière, nous parlerons de la volatilité. Je vous expliquerai pourquoi il faut du temps pour bâtir un patrimoine et montrerai que les espérances de rendement sont souvent déçues à court terme et réjouissantes à long terme. La volatilité y est pour beaucoup.

Au plaisir de lire vos commentaires sur cet article !

Le risque dans vos investissements sont vos émotions

Fait surprenant, le premier risque de vos investissements sont vos émotions. Savoir les gérer est primordiale !

Lorsque je demande à mes clients les éléments qui leur importent en priorité pour leurs investissements, ils me répondent souvent le risque et le rendement. Étant donné que nous avons abordé le rendement des classes d’actifs dans cet ici, je vous propose, pour compléter notre série sur l’indépendance financière, de discuter de la notion de risque qui, fait surprenant, a plus à voir avec les émotions qu’avec la rationalité.

Si vous avez lu les articles précédents, vous avez normalement compris que le temps et la discipline sont des éléments primordiaux dans la construction d’un patrimoine sûr et rentable. En recherchant un minimum de diversification dans vos actifs, vous construirez un patrimoine asynchrone, ce qui lui permettra d’affronter différents cycles économiques tout en limitant ses fluctuations de valeurs.

Un patrimoine asynchrone pourrait par exemple contenir 50% d’immobilier, 40% d’actions et 10% d’or physique. Voyons cela.

Faut-il vraiment diversifier ses investissements (et donc son risque) ?

Chaque actif (or, action, obligation, immobilier etc.) voit ses fluctuations de valeurs décorréler de celle des autres actifs qui composent votre patrimoine. Dans le graphique ci-dessous, vous pouvez observer trois courbes de rendement évoluer à des rythmes différents.

L’or est en noir, l’immobilier suisse est en bleu (un fonds du Crédit Suisse) et le SMI est en orange (20 principales actions suisses). Ces actifs n’évoluent pas au même rythme. C’est à dire qu’ils ne sont pas corrélés entre eux sur le long terme, même s’ils peuvent l’être sur des courtes périodes.

Evolution décorellée du SMI, de l’or et de l’immobilier suisse. Graphique extrait de Swissquote.

Ce graphique reflète bien l’effet que la diversification d’actifs peut apporter sur le risque global d’un portefeuille en limitant les pertes (et les gains). Mais selon votre propension à prendre des risques (et à espérer un rendement plus élevé), vous pourriez la juger inutile. En effet, il semble que le gain de sécurité obtenu par cette diversification n’est qu’une vue de l’esprit. La notion de risque liée à la perte et au gain potentiel est une affaire psychologique individuelle. Ainsi, votre aversion ou votre propension à prendre des risques différera de celle de votre voisin.

Prenons l’exemple de Warren Buffett, l’un des investisseurs contemporains les plus célèbres. Sa fortune est essentiellement composée d’entreprises (des actions) via la société dont il est actionnaire majoritaire Berkshire Hathaway. Son patrimoine est diversifié en entreprises (actions) mais pas en classe d’actifs à proprement parler. Autrement dit : lorsque les marchés actions subissent un « krach » comme en 1974, 1990, 1997, 2001, 2008 ou 2018 (!) son patrimoine subit la baisse du marché action sans aucun élément contrebalançant cette baisse.

L’appétit du risque

Quel rapport avec la propension au risque me direz-vous ? C’est que Warren Buffett voit ces baisses temporaires (pouvant quand même afficher jusqu’à -48.7% en 1974 !) comme des opportunités d’achats intéressantes offertes par le marché. Il a donc une propension au risque assez élevée. J’ajouterai qu’il est demandeur de marché baissier puisqu’il cherche à acquérir à bon compte des entreprises quelque peu délaissées par le marché (bourse).

Pour les curieux et en cliquant ici, vous arriverez sur le rapport financier 2018 de Berkshire Hathaway. Allez à la page 4 pour observer les performances du fonds de Warren Buffett (et Charles Munger, son associé) entre 1965 et 2018. Une performance moyenne annuelle de 20.5% entre 1965 et 2018 et de 12.2% sur les dix dernières années. Intéressant non ? 🙂

Notez toutefois que Berkshire Hathaway diversifie le nombre d’entreprises qui la composent. 15 entreprises forment près de 90% de la valeur totale du fonds (valeur de marché à fin 2018).

En d’autres termes là où beaucoup voient la fin de leur monde, d’autres voient des opportunités.

J’ai pris l’exemple de Warren Buffet mais il existe beaucoup d’investisseurs qui travaillent de la même façon, en concentrant leurs investissements : les investisseurs immobiliers (vous avez sans doute deux trois noms qui vous viennent en tête en Suisse romande), des personnes comme Jim Rogers pour les matières premières, Peter Lynch aussi pour les actions… Et pour faire encore plus « simple », vous trouvez tout autour de vous des entrepreneurs de petites et moyennes entreprises qui investissent dans leur propre société.

Donc la perception du risque semble être une affaire psychologique. Si vous ne le croyez pas, faisons ensemble un petit jeu avec des billets de loterie.

Le risque est aussi une histoire de probabilité – Jouons ensemble.

Avant de commencer, demandez aux personnes autour de vous de participer et de jouer avec vous (sans lire les réponses tout de suite !). Vous pourrez échanger entre vous sur votre propension et votre aversion au risque.

Premier jeu

Vous avez le choix entre deux billets de loterie pour une dizaine de francs :

  • Le billet 1 vous donne 100% de chance (probabilité) de gagner 2’500.- francs.
  • Tandis que le billet 2 vous donne :
    • 50% de chance de gagner 0.- franc et
    • 50% de chance de gagner 5’000.- francs.

Quel billet choisissez-vous ? Je vous laisse quelques secondes (sérieusement, prenez quelques secondes). Tic tac, tic tac…

Personnellement je choisis le billet 1. Mais si 2’500.- ne représentent pas grand chose pour vous ou si votre propension au risque (et à l’opportunité) est grande, vous aurez peut être choisi le billet 2.

Sachez juste que l’espérance de gain mathématique de ces deux billets est la même ! C’est à dire 2’500.-.

Pour les « non matheux », voici le résultat des opérations : 100% X 2’500.- = 50% X 0.- + 50% X 5’000.- = 2’500.-.

Et si ces billets valaient 2’400.-, auriez-vous répondu différemment ?

Deuxième jeu

Vous avez encore une fois le choix entre deux billets. 🙂

Le billet 1 vous offre :

  • 50% de chance de gagner 5’000.-
  • 50% de chance de gagner 15’000.-.

Le billet 2 vous offre :

  • 95% de chance de gagner 4’000.- francs
  • 5% de chance de gagner 125’000.-.

Prenez quelques secondes de réflexion. Quel billet préférez-vous avoir ?

Avez-vous résisté au chiffre de 125’000.- ou au contraire, vous avez sauté dessus ?

Le fait est que l’espérance mathématique du billet 1 est supérieure (10’000.-) à celle du billet 2 (9’800.-).

Et quelle aurait été votre réponse si ces billets valaient 5’000.- ?

Un troisième jeu, l’euro millions

Beaucoup d’entre vous (si si 🙂 ) jouent à l’Euro Millions.

Et une grande partie d’entre nous jouent plusieurs grilles. C’est pourtant inutile (et illusoire) car la probabilité de gagner le gros lot à l’euro millions avec une grille est de 1 chance sur 139’838’160.

Expliquez-moi s’il vous plaît à quoi il sert d’avoir 10 ou même 100 chances de plus (et donc d’acheter autant de grilles) de « gagner » avec une probabilité infinitésimale ? 🙂

Si vous vouliez augmenter vos chances à une sur cent (1%), vous pourriez acheter 1’500’000 grilles et dépenser plus de 5 millions de francs !

Notez que a probabilité de perte (gain inférieur à la mise) est de 92.29% et la probabilité de gain (gain supérieur à la mise) est de une sur treize (7.71%).

Par contre il est vrai qu’entre ne pas jouer (0 chance) et jouer (1 chance) cela peut faire la différence. Ceci n’est pas une incitation à jouer aux jeux de hasard…

Je vous dis que le risque est une affaire psychologique

Une lumière supplémentaire sur le risque est apportée dans de nombreuses études psychologiques. Robert Hagstrom, dans son excellent livre le portefeuille de Warren Buffett, en résume une partie que je cite ici :

Le portefeuille de Warren Buffett par Robert G. Hagstrom

L’aversion asymétrique aux pertes

« Selon de nombreuses expériences (notamment celles de Richard Thaler), la douleur provoquée par une perte est bien plus forte que le plaisir éprouvé par un gain. Les gens auraient besoin de deux fois plus d’expériences positives pour triompher d’une expérience négative. Sur un pari à 50/50, où les chances sont égales, la majorité des gens ne prendront aucun risque à moins d’avoir un potentiel de gain deux fois supérieur au potentiel de perte.

Cette constante est connue sous le nom d’aversion asymétrique aux pertes. Le risque négatif a un impact plus lourd que le risque positif, et c’est une composante fondamentale de la psychologie humaine. Dans le cadre de son application au marché boursier, cela veut dire que les gens se sentent deux fois plus mal quand ils perdent qu’ils ne se sentent bien quand ils gagnent.

(…) Cette aversion aux pertes rend les investisseurs bien trop conservateurs. Les détenteurs de plans de retraite par actions (équivalent de nos caisses de pension ndlr) dont l’horizon de temps s’étend sur des décennies, conservent tout de même jusqu’à 30% ou 40% de leur argent investi sur le marché obligataire. Pourquoi ? Seule une aversion pour le risque profondément enracinée en nous provoque une allocation de fonds aussi prudente. Mais l’aversion aux pertes peut vous toucher d’une façon beaucoup plus immédiate, en vous poussant à vous accrocher de façon irrationnelle à vos valeurs perdantes. Nul ne veut admettre avoir fait une erreur. Mais si vous ne vendez pas une erreur, vous abandonnez potentiellement le gain que vous auriez pu obtenir en investissant intelligemment.

La comptabilité mentale

(…) Un dernier aspect de la finance béhavioriste est ce que les psychologues ont coutume d’appeler la comptabilité mentale… Une situation simple illustrera le phénomène.

Imaginons que vous reveniez d’une soirée au cinéma avec votre épouse. Vous mettez la main à votre portefeuille pour payer la baby-sitter, et c’est alors que vous découvrez que le billet de 20 dollars que vous pensiez avoir n’y est plus. Donc, en raccompagnant la baby-sitter chez elle, vous vous arrêtez devant un distributeur de billets et retirez 20 dollars. Plus tard, vous retrouvez le billet de 20 dollars que vous aviez égaré dans la poche de votre blazer.

Si vous vous comportez comme la plupart des gens, vous réagirez en vous frottant les mains. Ces 20 dollars, c’est comme de l’argent gagné. Bien que ce billet-là et celui que vous avez remis à votre baby-sitter proviennent de votre compte bancaire, qu’ils représentent l’un et l’autre de l’argent que vous avez gagné à la sueur de votre front, ce billet retrouvé représente de l’argent que vous ne pensiez pas avoir, et cela vous donne le droit de le dépenser à des choses superficielles.

(…) De la même manière qu’un aimant puissant rassemble les pièces métalliques situées alentour, votre niveau de tolérance au risque rassemble tous les éléments de la psychologie de la finance. Les facteurs psychologiques sont abstraits ; et ils prennent une forme concrète dans les décisions que vous prenez au jour le jour à l’achat et à la vente. Et le fil conducteur commun à toutes ces décisions est la façon dont vous ressentez le risque. »

Fin de la citation.

Alors comment gérer ses émotions ?

Cette partie profondément humaine des « investissements » est passionnante et nous pourrions citer beaucoup d’études sur les biais psychologiques influant nos décisions d’investissement.

Nous pourrions aussi épiloguer sur l’égo qui peut à l’inverse de l’aversion au risque apporter un excès de confiance en soi sur la prise de décision et donc la prise de risque. Cela est davantage vrai en période « d’euphorie ».

Sur les deux dessins très explicites que je vous invite à voir ici, vous pouvez observer dans le premier le comportement standard des investisseurs qui achètent lorsque les marchés sont hauts et vendent lorsqu’ils sont bas alors qu’il faudrait idéalement faire l’inverse, comme vous pouvez le voir dans le second.

Ce fonctionnement très typique de la « foule », accentué par les médias et les ragots du café, peut nous donner une information intéressante sur le niveau d’euphorie ou de déprime des marchés et permettre de relativiser notre propre aversion ou propension au risque à un moment donné, ce qui nous permettra in fine de prendre des décisions adéquates.

Il est toutefois difficile de séparer nos émotions de celles de la « foule » et d’éviter l’effet moutonnier qui en découle.

« Les marchés haussiers naissent dans le pessimisme, grandissent dans le scepticisme, mûrissent dans l’optimisme et meurent dans l’euphorie.« 

Sir John Templeton. Cette phrase résume parfaitement « l’esprit de la foule » et peut vous aider à situer où en est un marché.

Retenez surtout que ce sont nos propres tendances émotionnelles qui sont à fuir absolument.

Trop d’émotions ? Cherchez de la rationalité !

Il est toutefois possible d’empêcher en partie ses émotions de prendre le pas sur ses décisions d’investissement en introduisant des éléments de rationalité. Vous pourriez par exemple établir un profil d’investisseur permettant de clarifier certains points tels que :

  • être au clair sur ses objectifs de vie et les objectifs pour son patrimoine,
  • investir de manière automatique et systématique,
  • vous donner un horizon de temps cohérent avec vos objectifs et les risques historiques des actifs investis,
  • réfléchir en termes de probabilité,
  • couper vos pertes ou prendre vos gains à certains niveaux etc.

Votre conseiller financier doit pouvoir vous aider à mettre en place ces éléments pour que votre patrimoine vous permette d’atteindre vos objectifs de vie et votre indépendance financière.

Une autre recommandation Pour augmenter sa sécurité est de conserver en « liquide » quelques mois de salaires auxquels vous pouvez ajouter les dépenses planifiées des trois prochaines années (rachat chaudière, voiture…).

Enfin, vous pourriez gagner en sérénité et vous passer de profil d’investisseur si vous épargnez de manière systématique (un pourcent du salaire par exemple) et si vous n’investissiez qu’à long terme (à propos : fuyez le court terme).

 » Vous ne pouvez pas exercer de contrôle sur le marché. Vous devez essayer d’enclencher le pilote automatique de manière que vos émotions n’aient pas raison de vous. « 

Burton G. Malkiel

Lors d’un prochain article – et pour conclure cette série sur l’indépendance financière – j’aborderai la « réalité » des marchés et ce qu’implique la volatilité sur vos rendements.

Et vous ? Êtes-vous plutôt conservateur ou téméraire ? Voyez-vous d’autres biais psychologiques ou d’autres éléments rationnels pour éviter les prises de décision émotives ? Partagez les en commentaire 😉

Trois habitudes simples pour rester zen financièrement

Soi disant tout va plus vite dans notre société. Appliquer ces trois habitudes vous évitera de prendre des décisions trop rapidement et vous permettra de rester zen toute la vie durant…

Aujourd’hui, je vous propose un article un peu particulier afin de rester zen financièrement. Olivier Roland (je vous recommande vivement sa chaîne YouTube ainsi que son site internet) organise un événement interblogueurs sur le thème « 3 habitudes indispensables pour être zen au quotidien ».

Je vais rester dans le thème du blog www.MaRetraite.ch et vous montrer (enfin, je vais essayer !) qu’avec trois habitudes très simples à mettre en œuvre, vous pourrez gagner du temps et de la sérénité tout en traçant la route de votre indépendance financière.

Zen, c’est quoi ?

Si être zen est un mouvement de pensée bouddhique implanté au Japon aux XIIe et XIIIe siècles, je vais dans le présent article le réduire au fait de diminuer ou d’éliminer son stress.

Le stress est étymologiquement – selon mon dictionnaire préféré, le Trésor de la Langue Française – issu de l’ancien français « destresse » qui signifie détresse. Ce dernier aurait donné naissance au mot anglais « distress » dont le sens est à rattacher à « tension, gêne, contrainte, entrave » et à « distresse », terme de l’anglais médiéval signifiant « cause de peur ou d’angoisse, danger ».

Comment être zen financièrement

Et qu’y a-t-il, dans nos sociétés modernes, après la santé et la famille, de plus préoccupant que la perte d’un revenu ou la survenance d’un événement imprévu nécessitant entre autres et potentiellement une réponse d’ordre pécuniaire ?

Évidemment, on ne peut apporter une unique réponse matérielle à la sérénité. Mais rejeter totalement la fortune dans son sens général (comme Buddha l’aurait expérimenté), n’est pas à mon sens la solution si l’on veut vivre et s’intégrer à la société.

Il n’est pas non plus nécessaire d’être riche ou dispendieux pour vivre heureux. La frugalité (j’en parle ici) et le minimalisme sont souvent reconnus comme étant des éléments indispensables au bonheur (si tant est que l’on arrive vraiment à définir ce terme propre à chacun).

Atteindre ses objectifs grâce aux habitudes

« Sème un acte, tu récolteras une habitude ; sème une habitude, tu récolteras un caractère ; sème un caractère, tu récolteras une destinée. »

Dalaï Lama

Un autre élément reconnu dans le développement personnel et l’atteinte d’objectifs personnels est la mise en place de routines ou d’habitudes.

Je suis persuadé que la mise en place de routines permet de diminuer le stress, et donc de vivre plus zen. 😉 La répétition nous évite de divaguer ou de remettre en question trop souvent les décisions que nous prenons individuellement pour atteindre nos objectifs. Ces habitudes finissent également par nous forger.

De plus, toute habitude, même si elle peut paraître pénible ou difficile à mettre en place au début, permet d’augmenter son propre niveau d’exigence. Qu’il s’agisse d’une exigence envers soi-même, dans son travail ou dans les objectifs attendus.

Par exemple, pratiquer du sport régulièrement est reconnu comme étant une bonne habitude. Notre degré de motivation n’étant pas constant, le fait d’en faire une routine (plage fixe dans la semaine) n’augmente pas le degré de motivation mais permet de s’en passer pour réaliser ce bienfait de santé.

S’imposer des règles strictes permet également d’augmenter son niveau de résilience et de persévérance. « Peu importe ce qu’il se passe, je continue d’avancer ». Faire son running, peu importe qu’il pleuve, vente ou neige.

La conscience permettra généralement 🙂 de mettre le « holà » si des événements exceptionnels rendaient trop dangereuse la pratique de la routine.

« Choisis toujours le chemin qui semble le meilleur même s’il paraît plus difficile : l’habitude le rendra bientôt agréable. »

cette citation serait attribuée à Pythagore

Vous trouvez ici un super article expliquant comment vous pouvez lier la méditation à la volonté, le but étant de créer une routine et de la discipline.

Voyons maintenant quelles habitudes financières vous pouvez adopter.

Trois habitudes pour rester zen financièrement

Une fois vos objectifs de court, moyen et long terme fixés, je vous invite à passer à l’action du point de vue financier en mettant en place trois habitudes simples.

Habitude 1

La première habitude est de réaliser un budget et de le mettre à jour régulièrement. Lister vos dépenses fixes et variables vous permettra de voir où vous allez et de repérer les anomalies.

Vous éliminerez ainsi le biais cognitif qui vous fait penser que vous dépensez beaucoup ou peu dans tel ou tel domaine. En ayant la connaissance des chiffres, vous pourrez agir concrètement dessus. Sans connaissance, pas d’action possible.

Cela vous permettra également de savoir combien d’argent vous devriez avoir en réserve : je vous recommande deux à quatre mois de dépenses hors impôts afin de pallier tout pépin. En plus d’être rationnelle, cette méthode vous permettra de rester zen en cas de problème (financièrement du moins 🙂 ).

Si vous ne savez par où commencer, notez pendant trois mois vos dépenses et gardez les tickets. Oui, c’est fastidieux, mais qu’est-ce que trois mois dans une vie ? Puis ajoutez vos dépenses fixes et faites une moyenne de vos dépenses de vacances et de week-end des trois dernières années. Nous entrons dans l’hiver, c’est une bonne période pour le faire. 😉

Enfin et surtout, une fois votre budget réalisé, vous serez en mesure de connaître votre niveau d’épargne.

Habitude 2

La seconde habitude est de vous payer en premier ! Autrement dit : épargnez et mettez de côté cet argent le premier jour du mois. Cet automatisme vous permettra de réaliser vos rêves, vos objectifs et donc de rester zen longtemps.

Avant de payer votre bailleur, votre opérateur téléphonique, votre abonnement de fitness et vos prochaines vacances au soleil… le premier retrait du mois à quitter votre compte doit être votre épargne.

Si vous souhaitez plus de détails, j’ai écrit une série d’articles sur l’indépendance financière dont vous trouvez le premier ici.

Voir croître votre épargne mois après mois et années après années devrait vous permettre d’être plus zen financièrement.

« Les chaines de l’habitude sont en général trop peu solides pour être senties jusqu’à ce qu’elles deviennent trop fortes pour être brisées. »

Samuel Johnson

Habitude 3

Tout ceci nous amène à la troisième habitude, qui est d’investir votre épargne. En effet,  vous pourriez être averse autant que vous voulez aux investissements, la réalité est que si vous gardez vos économies sous le matelas ou sur vos comptes bancaires, vous perdrez environ 2% par année.

Vous pourriez me rétorquer que ce n’est pas beaucoup. En réalité, pour qui se projette un minimum à long terme, il n’en est rien. Perdre 2% de pouvoir d’achat chaque année efface sur une vie de travail de 40 ans 80% de la valeur de votre billet de 100 francs ou de 100 €…

Le « cash » est l’un des pires actifs à détenir sur du moyen ou du long terme. L’inflation, les frais bancaires, les impôts et les éventuels intérêts négatifs viennent chaque année manger votre épargne. Donc si vous voulez à minima maintenir la valeur de votre épargne acquise à la sueur de votre front, je vous recommande vivement de l’investir. Plus d’informations ici.

Habitude bonus 😉

En bonus, une quatrième habitude pour être vraiment zen : sauver votre patrimoine et le faire fructifier.

Si vous souhaitez être vraiment zen, détachez-vous du court terme, évitez les ouï-dire (au bistrot et dans la presse), évitez les effets de mode et gardez une vision à long terme pour votre patrimoine.

Pendant une tempête (crise immobilière des années 1990, crise boursière de 2008, événement personnel), gardez le cap que forment vos objectifs et continuez d’appliquer les routines financières que vous avez mises en place… Vous pourrez vous y accrocher. A l’autre extrême, ne jouez pas non plus à « l’autruche » en refusant de voir les problèmes (ou les opportunités !) : cherchez à rester rationnel et continuez de regarder de l’autre côté du nuage.

La majorité des gens regardent à court terme et aiment avoir tort avec les autres. Votre persévérance finira par vous distinguer à un moment ou à un autre.

Et vous, avez-vous une habitude financière qui vous permet de rester plus zen ? Partagez la en commentaire 😉