Depuis la fin des années 1950, la finance moderne évalue les marchés (en particulier les actions) en mesurant le rapport entre le rendement attendu et le niveau de risque pris. Est sous-entendu ici que plus vous augmentez votre niveau de risque, plus vous pouvez vous attendre à un rendement élevé. Le risque est défini par la volatilité du titre que vous visez puis est remis en perspective avec les autres titres : ceux de votre portefeuille ou ceux que vous pourriez acheter sur le marché (bourse). C’est pourtant le fait qu’un titre ou qu’un marché tangue qui crée l’opportunité d’acheter à bon compte et qui permet de dégager un bon rendement à long terme.
Je ne vous cache pas que je lutte à simplifier ces notions d’espérance, de rendement et de volatilité. Ne partez pas ! je vais vous fournir quelques dessins et graphiques explicatifs d’ici quelques lignes. 🙂
J’aimerais vous montrer dans cet article comment vous pouvez appréhender et vous servir de la volatilité plutôt que la subir. Les marchés sont volatils. C’est un gros avantage pour l’investisseur de long terme patient, prudent et résilient, pour qui les mouvements à court terme, même s’ils peuvent parfois être forts, ne sont qu’une étape dans la vie d’un portefeuille. Cette étape pouvant même offrir une opportunité.
Si vous avez compris qu’une grosse partie du risque était définie par notre psychologie, vous avez fait déjà l’essentiel du chemin 😉
La volatilité c’est quoi ?
La volatilité représente l’ampleur des variations du cours d’un actif financier. De manière synthétique, c’est la différence pour un actif entre les cours les plus hauts et les cours les plus bas par rapport à sa valeur moyenne dans le temps. Elle se mesure en pourcent.
Dans le graphique ci-dessus, vous pouvez observer les actions suisses et les obligations libellées en francs suisses sur la période comprise entre 1926 et 2018.
Le rendement moyen des actions suisses est de 9.50% avec une volatilité supérieure à 20%. S’il n’y avait pas de fluctuation (volatilité), nous aurions une courbe bien lisse. A la place, nous observons une courbe en forme de montagne russe (ou suisse 🙂 ) affichant des fluctuations de cours compris la plupart du temps entre +29.50% et -10.50%. Ces variations sont dues au « jeu » de l’offre et de la demande.
Tout comme nos propres vies ne peuvent être linéaires, un portefeuille ou un patrimoine ne peut être une ligne droite. Nous trouvons ici l’ambiguïté de l’investisseur qui cherche à investir sans risque ou sans volatilité. Si vous voulez « investir » sans volatilité (et donc sans opportunité), vous pourriez garder votre patrimoine en liquide (francs suisses, dollars, euros…) avec malheureusement la certitude de perdre chaque année l’inflation, les impôts et les frais.
Pourquoi investir malgré la volatilité ?
Sur le même graphique, vous pouvez voir la ligne « indices des prix », qui représente la baisse du pouvoir d’achat de la monnaie. Autrement dit, le pouvoir d’achat d’un billet de 100.- en 1926 vaut aujourd’hui 16.- de pouvoir d’achat. Notre billet de banque (ou son équivalent stocké sur un compte salaire) a perdu 84% de sa valeur. C’est le résultat de l’inflation. Ajoutez les impôts et les frais, et vous êtes proche de la valeur 0.
Sur la même période (1926-2018), les actions ont rapporté 150 fois plus que les liquidités et les obligations (beaucoup moins volatiles) 7.8 fois plus.
Conserver son pouvoir d’achat est donc la première raison de l’investissement. Investir est à mon sens le seul moyen de combattre l’inflation. Ainsi nous avons deux choix : refuser la volatilité et subir la perte régulière du pouvoir d’achat ou investir en acceptant une certaine volatilité qu’il est toutefois aisé de relativiser grâce au temps.
Les effets de la volatilité sur votre épargne
Afin de comprendre l’effet de la volatilité sur votre épargne, je vous propose une série de quatre graphiques.
Investissement d’un montant unique
Supposons que vous investissiez un montant unique de 100’000.- en l’an 1 sur une période de 25 ans. Mettons que l’ensemble des fruits de votre placement soit systématiquement réinvesti pour permettre de former des intérêts composés (les intérêts de l’an 1 sont réinvestis et portent intérêts à leur tour l’année 2 et ainsi de suite, année après année).
Dans le premier graphique ci-dessous, vous pouvez voir le « monde idéal » que nous cherchons à atteindre : un rendement continu de x% par an offrant une jolie courbe exponentielle, l’exponentielle étant formée par les intérêts composés. Dans le graphique, nous illustrons ce cas avec deux courbes : la première (verte) offre un rendement de 5% annuel et la seconde (bleu) un rendement de 10% annuel.
Ce monde « sans risque » est idéal mais n’existe pas. Il faut compter avec les soubresauts de la vie économique et financière, appelée ici la volatilité.
Pour notre exemple, vous pouvez voir l’influence d’une volatilité de 10% sur la belle courbe exponentielle évoquée ci-dessus.
Quels enseignements pouvons-nous tirer à ce stade ?
D’abord, voyez que la volatilité de mon exemple est très régulière et pas du tout aléatoire comme elle peut l’être dans la vrai vie. Ensuite, elle est de 10% alors que nous avons vu précédemment que la volatilité des actions suisse est supérieure au double en s’établissant à 20%. Enfin, il n’y a pas d’années très négatives (2008 a vu les actions suisses reculer de 35% par exemple).
Toutefois, 10% de volatilité sur un patrimoine diversifié en classes d’actifs (pas que des actions dans le portefeuille) me semble une moyenne assez cohérente/représentative de la réalité/conforme à ce qu’on observe généralement.
L’enseignement principal de ces illustrations est que même avec une performance strictement positive, vous pouvez voir une performance de 0% à un moment donné et ce même après la cinquième année. Évidemment avec une année offrant un rendement inférieur à -10% (année du type de 2001, 2002, 2008 ou encore 2018) votre placement pourrait encore être négatif après cinq-six ans, à l’inverse d’un « run » positif comme entre 2003 et 2007.
Même exemple avec un investissement mensuel
Faisons le même exercice avec un investissement périodique. Imaginons un plan d’épargne mensuel de 2’000.- par mois réalisé sur 25 ans.
Vous pouvez vous rendre compte sur les deux graphiques ci-dessous, dont les rendements supposés sont identiques aux graphiques précédents, qu’il faut attendre près de 10 ans avant de voir réellement les deux courbes se séparer (d’un côté votre investissement, de l’autre votre investissement additionné du rendement).
Je ferai la même remarque que précédemment : la volatilité dans cet exemple est basse, régulière et il n’y a pas d’année record à la hausse ou à la baisse.
Le temps limite le risque
Les mathématiques de la volatilité nous montrent clairement qu’il faut du temps pour construire un patrimoine. Comme je l’écrivais dans cet article, seul le temps permet de construire un patrimoine résilient.
En complément, vous pouvez également trouver, dans cette étude sur les actions suisses, que depuis 1926, 89 périodes de dix ans d’investissement sur 92 offrent un rendement positif et seulement 3 périodes un rendement négatif. Passé 15 ans d’investissement, toutes les périodes sont positives ! Cela va dans le sens de nos exemples précédents.
Enfin, n’oubliez pas dans votre réflexion que les frais liés à votre investissement (les frais d’entrée, de modification, de suivi, de sortie etc.) peuvent vous faire « perdre » deux à trois années de rendements et ce surtout si les années où vous commencez à investir sont moyennes ou mauvaises.
En conclusion
Ne pas investir vous fait perdre du temps et de l’argent. Cela donne l’illusion tranquille d’avoir une belle ligne droite « sans risque ». C’est tout le contraire. Refuser la volatilité vous fait perdre du pouvoir d’achat inexorablement, année après année. A contrario, investir rendra votre épargne vivante et si vous êtes patient et tenace, cela lui évitera de se faire grignoter à long terme par l’inflation.
Je ne peux m’empêcher de citer à nouveau Warren Buffett :
» Aujourd’hui les gens qui détiennent du cash ou l’équivalent se sentent en sécurité. Ils ne devraient pas. Ils ont choisi le pire actif possible à long terme. Un qui ne paie rien et qui est certain de perdre de la valeur avec le temps. «
Warren Buffett
Mettez vos objectifs personnels en lien avec vos horizons de temps. Constituez une réserve de liquidités suffisante. Elle doit vous permettre de faire face aux aléas de la vie sans avoir à piocher à court terme dans vos investissements.
Gagner son indépendance financière n’est pas toujours évident, c’est pourquoi se faire conseiller dans la construction de son patrimoine peut être générateur de gain de temps et de profit. En réfléchissant et en clarifiant vos objectifs de vie, il sera finalement assez simple de construire un patrimoine résilient qui vous permettra d’atteindre votre indépendance financière.
Vous avez aimé cette série d’article sur l’indépendance financière ? Avez-vous appris des choses ? Si c’est le cas, je vous demande une chose 😉 : partagez l’article de la série sur l’indépendance financière que vous avez préféré avec l’un(e) de vos ami(e)s, de vos collègues de travail, de vos partenaires de sport ou encore avec un membre de votre famille.
Vous trouvez ici les liens pour l’épisode 1 : Qu’est-ce que l’indépendance financière ? L’épisode 2 : Comment construire votre patrimoine sûr et rentable. L’épisode 3 : Que mettre dans votre patrimoine ? et l’épisode 4 : comment gérer une crise. Le présent article sur la volatilité est le cinquième.