Quel impôt payer sur mon capital de retraite ?

Ah les impôts ! Voilà un élément sans doute aussi vieux que le monde. Nous connaissons la fiscalité sur le revenu et sur la fortune, mais savez-vous qu’une taxe frappe vos capitaux de prévoyance lors du versement ? Et vous ne pourrez pas l’éluder, que ce soit sur le 2e ou sur le 3e pilier. Voyons donc le coût de ce prélèvement et les solutions pour le réduire.

L’impôt comme base de l’État

Du financement de la liturgie dans la Grèce antique, à la très contemporaine Taxe sur la Valeur Ajoutée, tout en passant par la gabelle du Moyen-âge, la fiscalité a en tout temps reflété l’activité des hommes et de l’économie au sein de la cité.

Tantôt juste, tantôt injuste, il semble toujours avoir été ardu d’y échapper.

Aujourd’hui, nous pouvons éventuellement les réduire ou voter de leur utilité, mais difficilement les éviter sans nous voir accuser d’évasion ou, pire, de fraude fiscale. La différence entre ces deux termes très suisses mériterait d’ailleurs un article dédié.

Revenons à la tonte de nos moutons, c’est-à-dire à la taxe qui frappe le retrait des avoirs de retraite formés par le 2e et le 3e pilier.

L’impôt sur le capital de prévoyance – de quoi parlons-nous ?

Lorsque vous arriverez à la retraite, vous aurez l’opportunité de récupérer tout ou partie de votre épargne du 2e pilier et l’obligation de « sortir » vos liquidités de 3es piliers.

Ce faisant, vous devrez vous acquitter d’une contribution unique sur l’avoir perçue. Cette taxe, majoritairement déterminée par votre lieu de résidence, est un impôt sur le revenu, mais dit « séparé » des autres revenus que sont vos salaires, vos rentes de pension (1er et 2e piliers) et encore vos recettes du patrimoine (loyers, dividendes, coupons).

Vous pourriez crier à l’injustice, mais l’exonération de l’impôt sur le revenu dont vous avez bénéficié durant vos années de travail sur ces épargnes plaide en votre faveur. Vous devriez ainsi vous en sortir gagnant puisque la somme à verser à l’administration au moment de la retraite sera beaucoup plus faible que l’impôt sur le revenu ordinaire. Disons que pour faire simple, il vous en coûtera entre le cinquième et le tiers du taux d’impôt sur le revenu.

Bonne nouvelle pour les chanceux qui prennent leur retraite maintenant : vous profitez de baisses substantielles dans les cantons de Vaud (depuis 2022) et de Fribourg (depuis 2023). Certains cantons cherchent en effet à conserver les jeunes rentiers sur leurs terres et à éviter le tourisme fiscal. Nous y reviendrons plus loin.

L’impôt sur le capital c’est combien ?

Les bénéficiaires de ce prélèvement sont dans l’ordre d’importance : les cantons, les communes, les paroisses puis le gouvernement fédéral.

L’évaluation de la taxe dépend de plusieurs paramètres. Les deux principaux éléments pris en compte dans le calcul sont votre lieu de résidence et le montant de l’épargne à recevoir.

Votre état civil, votre confession et le fait d’avoir des enfants peuvent également jouer un rôle dans l’estimation.

Une généralisation à l’échelle de la Suisse est ardue, mais ce prélèvement est la plupart du temps progressif. En bref, le pourcentage augmente en fonction de la somme perçue.

Voyons quelques exemples d’impôts pour une personne mariée* :

exemples d’impôts pour une personne mariée

Astuce pour baisser l’imposition : échelonner les versements.

Une astuce pour limiter l’enveloppe fiscale peut consister à étaler les versements dans le temps.

L’âge légal de retraite vous permettant d’empocher vos épargnes de retraite dès 60 ans, vous pourriez retirer vos 3es piliers sur une période de 5 ans, c’est-à-dire entre 60 et 65 ans. Ceci n’est valable que pour le 3e pilier puisque vous ne pourrez percevoir vos capitaux de 2e pilier uniquement à la retraite effective.

Afin d’illustrer mon propos, prenons l’exemple d’un résident lausannois qui détient deux troisièmes piliers de 100’000.- chacun. Il pourrait payer 8’200.- d’impôts en étalant les versements sur deux années plutôt que sur une seule. Notre citadin économiserait ainsi une trentaine de pour cent de la somme soit 3’730.- (8’200.- versus 11’930.- pour un retrait la même année).

L’opération a toutefois une limite. Certaines administrations fiscales peuvent en effet retraiter a posteriori les perceptions de capitaux comme faisant partie d’une unique et même opération en annulant in fine le gain obtenu.

Astuce bis : déménager

Dans le déménagement, nous imaginons deux situations distinctes : les personnes qui vont dans un canton plus avantageux avant la retraite et ceux qui quittent la suisse pour l’étranger après la retraite.

Déménager dans un canton plus favorable

Attention là aussi à une éventuelle requalification de la part des impôts. Si vous ne partez qu’un court moment (c’est-à-dire que vous revenez dans le canton quitté peu de temps après), l’administration pourrait décider que vous n’avez déménagé que dans le seul but de pratiquer une évasion fiscale. Et ce faisant vous demander (enfin, vous obliger serait le terme plus adéquat…) de régler votre contribution chez eux. Le canton qui vous a accueilli quelques mois pourrait même collaborer et verser l’impôt déjà perçu à votre canton d’origine. Puis vous payeriez la différence due.

Récemment et comme nous l’avons vu plus haut, Vaud et Fribourg ont réduit les taux d’impôts afin d’abaisser les inégalités de traitement et d’éviter ce tourisme fiscal.

Quitter la Suisse

En partant vivre votre retraite à l’étranger, une autre solution s’offre à vous. Comme vous l’avez compris, c’est votre localité qui détermine l’impôt. Mais si vous n’êtes plus résident suisse lors du retrait du capital, c’est l’adresse de la fondation de prévoyance qui établit le lieu de taxation. Par exemple, si votre deuxième pilier est déposé dans une fondation vaudoise, c’est l’impôt du canton de Vaud qui s’appliquera tandis que si votre argent est dans une institution à Schwyz, c’est dans ce dernier que vos avoirs seront traités.

Selon les endroits, vous n’aurez pas d’impôt communal à payer, le fédéral étant quant à lui dû dans tous les cas.

Conclusion

Vous le voyez : quelques remèdes existent pour limiter les prélèvements obligatoires sur le capital de prévoyance. Toutefois, et comme je le dis souvent, c’est votre raison d’être qui commande la structure de votre patrimoine et surtout pas le point de vue fiscal.

Vos objectifs propres dictent avant tout la solution à privilégier. À combien se chiffrent vos rentes, quels sont vos besoins mensuels, ou souhaitez-vous vivre à la retraite, ou résident vos enfants et vos petits-enfants, à combien s’élèvent vos dettes hypothécaires… sont sans doute des questions plus pertinentes à se poser ! Bien avant la fiscalité.

Ces questions vous amèneront naturellement au choix rationnel à prendre quant au montant du retrait ou sur la composition globale de votre patrimoine à la retraite.

Si vous souhaitez bénéficier d’une retraite sereine, contactez-moi. Après une analyse de votre situation et une revue de vos objectifs personnels, nous déterminerons le capital nécessaire à prélever de votre caisse de pension puis nous structurerons ensemble votre patrimoine afin d’en profiter pleinement et longtemps.


Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la finance, l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.


* Calcul avec les critères suivant : 65 ans, marié, sans enfant à charge, confession catholique romaine,

Outils :

Pour les calculs j’ai privilégié le site de l’Administration fédérale des contributions, mais vous pouvez également vous rendre sur le site de Postfinance qui est très simple à utiliser. Vous constaterez éventuellement des écarts de montant d’impôts minimes selon la situation.

https://www.estv.admin.ch/estv/fr/accueil/afc/statistiques-fiscales/calculer-vos-impots.html

https://www.postfinance.ch/fr/assistance/services/outils-calculateurs/impots-capital-deuxieme-pilier.html#/

Crédit photo : DR iStock – courtneyk

Quelles solutions pour compléter sa retraite ?

Le financement de l’AVS est à peu près assuré jusqu’en 2030. Les récentes études menées par le Crédit Suisse et par la Raiffeisen montrent que les futurs retraités, âgés aujourd’hui de 30 à 50 ans, percevront 30% à 50% de leur rémunération actuelle.

À la retraite, les sources de revenus principales resteront le premier et le deuxième pilier. Le premier devra être revu sous l’effet d’une démographie défavorable pour les jeunes tandis que le deuxième fait déjà face aux défis de l’allongement de la vie et aux taux d’intérêt bas en vigueur.

Dès lors, comment envisager une retraite sereine ? Quelles actions introduire immédiatement ? Combien épargner ? Quel train de vie viser à la retraite ?

Autant de questions qui méritent une réponse individuelle ! Je vous recommande de vous faire accompagner par un conseiller financier indépendant. Ce dernier vous aidera à mettre en place un plan pour le long terme. Vous devrez le réviser régulièrement afin qu’il colle au plus près de votre vie, de vos envies et de vos projets personnels. Garder une certaine flexibilité se révèle important. Nous ne sommes pas des robots et nos souhaits peuvent évoluer.

Quel train de vie à la retraite ?

C’est la question la plus difficile, je crois. Toutefois et si vous vous plaisez aujourd’hui dans votre vie, vous pouvez partir du principe que le niveau de vos dépenses actuelles sera assez similaire à la retraite.

Établir un budget vous permettra d’y voir plus clair et contribuera à détecter les frais devenus inutiles ou moindres à la retraite. Vous pouvez identifier ici les prélèvements sociaux (inexistants pour le moment sur les rentes de retraite), les impôts (qui seront plus faibles puisque vos revenus seront plus bas), les coûts des enfants (qui auront probablement quitté la maison) ou encore l’épargne devenue superflue.

Des charges telles que celles liées au travail disparaîtront, mais de nouvelles dépenses pourront rapidement les compenser (voyages, restaurants….).

L’un dans l’autre, vous pouvez estimer comme raisonnable de tabler sur 70% à 80% de votre gain actuel. Vous devrez donc financer la différence qui peut grimper jusqu’à 50% (!) de votre train de vie d’aujourd’hui (80% nécessaire moins 30% attendu).

Les basiques de la prévoyance

Je ne vais pas m’attarder sur les deux éléments « de base » que sont le rachat du deuxième pilier et la cotisation au troisième pilier. En plus de constituer un capital pour le long terme, ces deux piliers offrent des rabais fiscaux qui augmentent votre capacité d’épargne.

Comme je l’ai écrit ici, le rachat de 2e pilier peut être favorisé dans les dernières années de travail (dès 50 ans) tandis que le 3e pilier devrait démarrer le plus tôt possible, c’est-à-dire dès le premier travail. Et ce même si le montant économisé est faible.

Les intérêts composés (le rendement) doivent vous aider à faire croître votre capital et à gagner du temps. Vous ne devriez jamais investir en dessous du taux d’inflation de long terme. Cette dernière, additionnée des coûts de détention des avoirs vous reviens au moins à 2% l’an sur les 20 dernières années. Un compte de 3e pilier « placé » à 0% de vos 25 ans à vos 65 ans vous fera perdre plus de 33% de pouvoir d’achat ! Et cela ne vous a sans doute pas échappé, l’inflation est encore plus élevée en ce moment. Votre 3e pilier et votre 2e pilier devraient vous offrir des rentabilités intéressantes sur le long terme et supérieures à 2%.

Vous n’avez malheureusement que peu de choix de placement dans le 2e pilier, mais pour vos 3es piliers (oui, vous pouvez en détenir plusieurs), vous pouvez facilement réaliser 3% à 5% par an bon an mal an.

Petit commentaire personnel quant au rendement minimum légal du 2e pilier : avec un taux de couverture historiquement haut et les bonnes rentabilités de la décennie passée, le conseil fédéral devrait sans aucun doute augmenter le bénéfice minimum servi aux assurés !

Acheter sa résidence principale

Moins évident au premier abord, devenir propriétaire de sa résidence principale permet de financer une partie du manque à gagner à la retraite. Cet achat entraîne deux conséquences. La première, d’ordre psychologique, réside dans le poids de la dette qui appelle à épargner pour être remboursée, au moins partiellement, à un moment ou à un autre. La seconde, d’ordre financier, permet, sur le long terme, d’économiser des charges et donc d’augmenter son épargne, avec un effort moindre qu’en étant locataire. Vous pourriez en effet baisser vos charges de logement d’environ 40% grâce aux taux bas, et ce, malgré des prix de marché élevés. J’en parle ici.

Prenons l’exemple d’une famille locataire qui paye un loyer de 3’000.- par mois. L’économie de 1’200.- francs mensuels (40% de 3’000.-) réalisée grâce à un achat pourra être consacrée à son épargne et à ses investissements sans modifier son train de vie. Alors oui, vous n’obtiendrez que peu d’avantages à rembourser votre dette directement, mais vous avez tout intérêt à capitaliser pour y faire face à la retraite ou lors de la prochaine échéance.

Votre épargne devra donc être investie. C’est là que nous arrivons au thème principal de cet article : construire une épargne liquide.

Épargne disponible et rentable

Si vous cherchez à compléter votre retraite, ou à l’anticiper de quelques années, je ne saurai que trop vous recommander de constituer un capital investi sur le moyen et le long terme.

Au-delà de la retraite, vous tirerez plusieurs avantages à procéder ainsi. D’abord, vous disposerez de réserves supplémentaires pour faire face aux imprévus de court terme.

Ensuite, et selon le montant que vous épargnerez, vous financerez des projets de moyen terme en limitant autant que possible le recours aux leasings ou aux crédits coûteux. Les thèmes courants du moyen terme (5 à 15 ans) sont l’achat de véhicules, le financement de périodes sabbatiques et de grands voyages, les études de vos enfants et, selon la situation, le remboursement partiel d’une dette hypothécaire devenue trop chère ou trop importante.

Enfin, dans les projets de long terme supérieurs à 15 ans, vous pouvez classer la retraite anticipée et les échéances de dettes longues. Retenez que l’interprétation des concepts « moyen » et de « long » terme restent relatives et peuvent varier en fonction de votre situation personnelle. À 55 ans, le long terme correspond typiquement à la dernière ligne droite avant la retraite, c’est-à-dire aux dix prochaines années.

Une épargne en fonds de placement

Épargner régulièrement dans un portefeuille de fonds de placement est sans aucun doute la manière la plus abordable et la plus sûre pour se construire un patrimoine sur du moyen long terme.

Cette épargne qui consiste en un « compte d’épargne plus », travaille sur des périodes généralement supérieures cinq ans.

Selon vos besoins, vous pourriez même attribuer un portefeuille avec un horizon de temps défini pour chacun de vos projets. Sur la base de votre épargne mensuelle, une structure cohérente pourrait par exemple ressembler à cela :

  • Un quart de l’épargne pour remplacer la voiture dans 5 ans et constituer une réserve de sécurité pour les travaux dans la maison,
  • Une moitié pour financer une année sabbatique dans 5 à 7 ans et les études des enfants dans 12 ans,
  • Le dernier quart pourrait être attribué au financement de votre retraite ordinaire ou anticipée.

La flexibilité et la disponibilité sont les autres avantages d’un plan d’investissement en fonds. La vie appelle à rester agile. Vos placements doivent donc s’adapter à vous et non l’inverse. Si vous devez baisser ou augmenter vos mensualités, si vous avez besoin d’argent plus rapidement que prévu, ou tout simplement si vous changez vos plans, il reste très facile d’ajuster les stratégies à la nouvelle donne.

Dans une série d’articles à venir, je me pencherai sur ces avantages, sur les points importants auxquels prêter attention (objectifs, horizon de temps, volatilité, types d’actifs, diversification…) et sur les manières d’implémenter cette épargne en fonction de votre situation personnelle.

Cet article a été posté en tant qu’invité sur le site investir.ch dont je vous recommande vivement la lecture. Vous y trouverez de nombreuses analyses sur la finance, l’économie, l’immobilier ou encore la prévoyance dans notre pays.

Prévoyance : quitter la Suisse

Vous êtes muté à l’étranger ? Vous souhaitez découvrir de nouveaux horizons ? Ou vous retournez dans votre pays natal, après quelques années de travail en Suisse ?

Quitter la Suisse pour l’une de ces raisons est assez fréquent et pose un grand nombre de questions sur le niveau de votre retraite. Est-ce que mes années de cotisations AVS sont perdues ? Ai-je le droit de récupérer mes 2e et 3e piliers ? Comment limiter les impôts de sortie ? À quoi penser pour l’avenir de ma prévoyance ?

Autant d’interrogations légitimes auxquelles nous allons essayer de répondre.

Cotiser à différents systèmes sociaux

Si au cours de votre carrière, vous êtes amené à travailler dans plusieurs pays, vous participerez à des stratégies de prévoyance très différente.

Prenons par exemple les cas de la France et de la Suisse. Le premier pays ne fonctionne quasiment que sur un système de répartition tandis que le second offre un mix entre répartition et capitalisation.

Dans une approche de répartition, ce sont les montants de vos cotisations actuelles qui déterminent le niveau de votre allocation de retraite futur. Nous cotisons en général une quarantaine d’années dans une telle structure, sans former d’épargne. En Suisse, le premier pilier (AVS) fonctionne ainsi sur 44 ans de contributions pour les hommes et 43 ans pour les femmes.

L’épargne est plus simple à comprendre : au travers des caisses de pensions et du 3e pilier suisses, vous accumulez un avoir qui vous sera rendu sous forme de rentes mensuelles ou de capital à la retraite.

Au fil du temps et de vos déplacements, vous construisez un puzzle de systèmes dont le tableau final ne vous apparaîtra que dans 20 ans, 30 ans ou plus. Vous avez donc tout intérêt à y accorder un minimum d’attention et de suivi afin de vous éviter des montagnes de formalités administratives la retraite venue. Mon premier conseil : gardez les preuves de vos cotisations.

L’AVS

Vous devriez conserver vos certificats de salaires annuels (reçus en début d’année pour l’année précédente). Ce document recense vos revenus perçus ainsi que le montant de vos cotisations AVS et du deuxième pilier.

Avant de quitter le pays, je vous invite également à commander un extrait individuel auprès de l’AVS. Ce dernier vous permettra de vérifier l’exactitude des salaires cotisants en plus de vous servir comme preuve à archiver. Demandez-le avant de quitter le territoire pour pouvoir échanger (et éventuellement réagir) facilement et rapidement avec l’administration ou avec un ancien employeur. Vous pouvez commander votre extrait en cliquant ici.

Vous pourrez exiger vos prestations AVS au plus tôt deux ans avant l’âge légal de la retraite, soit à 65 ans pour les hommes et à 64 ans pour les femmes. Une rente anticipée (avec un impact négatif sur la rente) peut être demandée à respectivement 63 ans et 62 ans.

Notez que, comme tout système de répartition en occident, les choses sont amenées à fortement évoluer dans les prochaines années. Le vieillissement très prononcé de la population pèsera de plus en plus lourdement sur ce dispositif. Je vous renvoie à ma série d’articles sur le sujet.

Étant donné qu’une rente pleine nécessite 43 ans à 44 ans (femmes, hommes) de cotisations, vous bénéficierez très probablement d’un montant inférieur au maximum possible.

Lorsque vous aurez atteint l’âge légal de départ à la retraite, vous devrez « simplement » vous adresser à l’AVS.

Pensez aussi que les grandes sociétés et les organismes publics peuvent proposer une expatriation avec une affiliation au système de retraite suisse. Renseignez-vous auprès de votre employeur.

L’épargne du deuxième pilier

Dans le deuxième pilier, vous capitalisez chaque mois une fraction de votre salaire avec le concours de votre employeur. Cette épargne s’accumule dans votre caisse de pension et vous rapporte des intérêts – souvent ridicules, mais c’est un autre sujet. 

Lors d’un départ définitif de Suisse, vous pourriez récupérer tout ou partie de votre avoir selon l’endroit où vous élisez domicile.

Tentons de faire simple. Si vous vous installez en dehors de l’Union européenne, vous avez le droit de mettre la main sur 100% de votre capital.  À contrario, en vous établissant en UE, vous aurez l’obligation de laisser en Suisse une portion de votre deuxième pilier jusqu’à votre retraite. Cette partie forme ce que l’on appelle l’avoir minimum selon la Loi sur la Prévoyance Professionnelle (LPP). Vous trouvez ce chiffre sur votre certificat annuel. Ce montant correspond au minimum des cotisations légales que vous avez épargnées. La part excédentaire peut se libérer sans condition d’utilisation. Vous êtes par exemple au bénéfice d’un capital de 100’000.- francs dont 20’000.- dépendant de la LPP, doivent rester en Suisse.

Retenez que ce n’est pas parce que la loi vous permet de prendre tout ou partie de votre deuxième pilier que vous devez le faire… Si vous quittez la Suisse avec 100’000.-, 200’000.- ou 1’000’000.- de francs, vous devriez vous assurer que votre nouveau pays offre les mêmes niveaux de sécurité politique et financière que la Suisse. Avant de retirer votre capital, demandez-vous pourquoi des épargnants du monde entier placent leur fortune en Suisse… Vous pourriez continuer de bénéficier des structures existantes.

Gardez en mémoire qu’indépendamment du lieu où vous emménagez, les conditions de libération valables en Suisse le sont également à l’étranger. Nous trouvons par exemple l’achat de sa résidence principale ou la retraite anticipée de cinq ans avant l’âge légal (65 ans ou 64 ans).

Que faire de mon deuxième pilier ?

Si vous décidez de laisser votre argent en Suisse, vous devrez ouvrir un compte de libre passage auprès d’une banque ou une police de libre passage dans une assurance.

Choisissez un plan qui vous offrira des rendements dans la durée. Réaliser 2% à 5% « bon an, mal an » est raisonnable si vous avez du temps devant vous. Prenez cette thématique au sérieux : 200’000.- placé à 3% entre vos 40 ans et vos 65 ans vaudront 418’000.- à la retraite. Tandis que 200’000.- juste « stockés » à 0% vaudront… 200’000.-. Traduit en termes de rente, c’est un manque à gagner d’environ 10’000.- par année !

Le troisième pilier

Que vous épargniez votre troisième pilier dans une police d’assurance ou sur un compte bancaire, les réflexions qui s’offrent à vous s’apparentent à celles du deuxième pilier. La principale différence est que vous êtes totalement libre de récupérer vos avoirs et ce, peu importe l’endroit où vous vous installerez.

Faites toutefois attention à une utilisation réfléchie de vos contrats d’assurance. Ils devraient être adaptés à votre nouvelle situation. Les rentes et la libération du paiement des primes en cas d’incapacité de gain ne pourront pas toujours être conservées et vous devrez transformer votre contrat de 3A (lié à la retraite) à 3B (libre) puisque vous ne pourrez plus bénéficier des avantages fiscaux suisses.

Un contrat d’assurance conclu récemment (une dizaine d’années) pourrait par exemple être libéré du paiement des primes (vous arrêtez de cotiser et l’argent épargné continue de porter intérêt jusqu’au retrait, généralement la retraite) ou aligné avec votre nouvelle situation. Vous devriez évaluer avant de partir vos besoins nouveaux en termes de prévoyance et de protection familiale afin d’ajuster en conséquence le niveau des cotisations et des prestations.

Pour ce qui est du troisième pilier bancaire, c’est un peu plus simple. Si vous disposez d’une dizaine d’années devant vous, vous devriez l’investir – même dans un plan conservateur – afin de maintenir au minimum la valeur de votre argent dans le temps (combattre l’inflation).

Minimiser les impôts en cas de retrait de ma prévoyance

En retirant l’un ou l’autre de vos piliers, vous serez confrontés au paiement d’un impôt de sortie sur le versement en capital.

Cet impôt est fonction de votre canton de résidence au moment du retrait du capital. Vous avez ici tout intérêt à faire transférer vos avoirs de prévoyance dans un canton qui offre une fiscalité plus avantageuse. À votre départ, vous déciderez librement du canton où votre deuxième pilier sera investi. Cela ne peut évidemment s’effectuer que lors de votre départ, sauf si vous souhaitez vous installer quelques jours à Zug ou à Schwytz…

Afin de comprendre la différence fiscale, prenons le cas de monsieur Mutation appelé à déménager dans les prochaines semaines. Domicilié à Lausanne, marié et père de deux enfants, son avoir de deuxième pilier se monte à CHF 400’000.-. Le prélèvement fiscal sur le canton de Vaud s’élèverait à 43’039.-, une sacrée somme due à l’un des cantons les plus chers du point de vue de l’impôt. En bon prévoyant, Monsieur Mutation décide d’ouvrir un dépôt de libre passage dans le canton de Schwyz et de retirer son avoir plus tard. Il divisera ainsi son impôt par presque 2 à 23’000.- !

Plus de conseils pour gérer vos avoirs de retraite

Commencez par imaginer où vous passerez votre retraite. Cela vous donnera une feuille de route sur les montants qui apparaîtront nécessaires à ce moment-là. Le coût de la vie apparaîtra comme très différent selon que vous vous installiez en France, en Espagne, aux États-Unis, à Singapour, en Thaïlande ou en Suisse. En 2021, vous viverez confortablement avec 3’000.- par mois en Europe du Sud tandis que la même somme apparaîtra insuffisante pour la Suisse.

Traitez votre capital retraite avec soin sur le long terme. Cette épargne « forcée » offre l’avantage de croître année après année et même les cigales en tireront profit. L’investir est « obligatoire » pour à minima maintenir son pouvoir d’achat. Si vous bénéficiez de suffisamment de temps devant vous, vous devriez chercher à faire mieux que juste battre l’inflation.

Vous pourriez utiliser vos avoirs de prévoyance pour acquérir votre résidence principale à l’étranger. Attention toutefois à bien étudier votre marché avant de procéder. Contrairement à une idée reçue, l’immobilier subit aussi des revers assez violents (-30% à -50% en 1990 et en 2008). Certaines régions comme l’Amérique du Nord sont connues pour être volatiles à moyen terme.

Au-delà du foncier et si vous bénéficiez d’une expérience importante en gestion de patrimoine, vous pourriez gérer vos avoirs vous-même en passant par des actifs liquides. Prêtez toutefois attention à vos émotions. Nous parlons de votre retraite, c’est-à-dire de la période où vous ne disposerez plus de salaire pour payer la vie courante.

Dans ce cas, pourquoi ne pas laisser votre fortune en Suisse ? En gardant un pied à terre patrimoniale en Suisse, votre dépôt sera préservé des banqueroutes bancaires. Peu de pays peuvent en dire autant. Je pense notamment à la France, qui, malgré le discours de François Hollande en 2012 : « mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance », a supprimé le dernier degré de protections des épargnants contre les faillites bancaires. Assez cocasse non ?

Si vous cherchez à placer correctement votre deuxième pilier, contactez-moi. Nous trouverons ensemble une solution qui vous correspond.