Baisse du marché : comment gérer une crise ?

«Gardez le calme dans la tempête et tenez fermement la barre» Guy Roux. Comme dans la vie, gérer correctement une crise vous permettra de tirer votre épingle du jeu.

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Ne pas perdre ses objectifs de vue est important. Surtout lorsque le stress est fort

Cet article aurait dû être le dernier de notre série sur l’indépendance financière ! Mais au vu de la quantité d’informations que je souhaite partager (et par manque de temps, il faut bien le reconnaître), je vais scinder la fin en deux posts. Je vous propose donc aujourd’hui de discuter des crises des marchés et de leurs incidences sur vos patrimoines. Nous verrons comment vous pouvez gérer une crise et comment tirer votre épingle du jeu avec quelques conseils distillés tout au long du présent papier.

Et promis, le prochain article parlera de la volatilité avec des graphiques de mon cru à l’appui. 🙂 Je vous souhaite une bonne lecture.

Nous sommes (presque) toujours en crise !

Selon Wikipedia, il y a eu 33 crises monétaires et financières depuis 1971 !

Sur les 47 dernières années, nous aurions donc passé près de 70% de notre temps en crise. D’ailleurs, si vous lisez ou regardez la presse, vous aurez l’impression que nous ne sommes pas en crise deux jours sur trois mais plutôt tous les jours ! C’est ce qui rend agaçant ce monde d’information en « continu » qui augmente, j’imagine, le niveau de stress général et les prises de décision trop rapides. Il est donc important de savoir gérer une crise.

En ce qui me concerne, je pratique depuis plusieurs années la « diète médiatique ». Cela me libère un temps important que je consacre à des recherches plus profondes et plus ciblées (livres, articles de fonds etc.). Je vous invite à essayer, l’effet est assez magique.

Nous sommes donc deux jours sur trois en crise, mais ces dernières ne nous concernent pas toutes. Pour nous, européens de l’ouest, la crise du rouble russe en 2014 ou celle de la livre turque en 2018 ont eu peu d’impact dans notre vie de tous les jours. Seuls certains commerçants en affaires avec ces pays ont pu bénéficier ou pâtir des mouvements monétaires du rouble et de la livre turque.

A contrario, nous avons tous subi à plus ou moins forte échelle la crise des subprimes de 2008. Certaines crises ont un effet local tandis que d’autres ont un effet global.

Une crise ? Quelle incidence ?

Je ne souhaite pas discuter dans ce billet de Smith, de Keynes, de Walras ou encore de Marx mais rester le plus « terre à terre » possible en vous donnant un éclairage sur les conséquences que peuvent avoir les crises économiques sur vos patrimoines et comment vous pourriez surmonter plus facilement un « passage à vide », voire comment vous pourriez en tirer profit.

Une rapide lecture (3 minutes maximum 😉 ) des principales théories économiques existantes pourrait toutefois vous apporter un plus.

Je définirai donc ainsi le terme de « crise » : une baisse de marché.

Une crise entraîne une baisse de valeur

L’un des points communs entre toutes les crises économiques est la baisse des marchés. Nous pouvons parler des marchés immobiliers (-40% en 1990 pour la Suisse), des matières premières (220% de hausse pour le pétrole entre 2003 et 2008), des obligations (-45% pour les bons du trésor américain entre 1977 et 1981), des actions suisses (-54% entre 2007 et 2009) etc.

En conscientisant ces chiffres, vous commencez déjà à gérer une crise.

Pour le côté émotionnel lié à la perte ou à la baisse de valeur, je vous renvoie à l’article dans lequel j’aborde la notion du risque sous son aspect psychologique.

Pour la suite de l’article, nous allons nous concentrer sur le marché des actions qui offre l’énorme avantage d’être coté en continu en plus d’être très liquide (contrairement à l’immobilier).

Une crise vous donne l’opportunité d’acheter bas

Lorsque qu’un marché baisse, vous avez l’opportunité d’acheter un actif à bas prix. Si vous êtes déjà investi, vous auriez l’occasion de baisser votre coût moyen d’acquisition en achetant à nouveau le même actif.

Un exemple très simple sur le prix moyen d’acquisition

Mettons que vous ayez achetés 1 titre de la société « géniale » à 100.- francs. Quelques mois plus tard, son cours baisse à 50.- malgré des fondamentaux inchangés (bénéfice, parts de marché etc.). Si vous jugez que l’opportunité reste intéressante, vous pourriez acheter 2 titres supplémentaires pour le même montant initial de 100.- et baisser ainsi votre prix moyen d’acquisition à 66.67 contre 100.- après le premier achat [(1 X 100.- + 2 X 50.-) / 3].

En procédant ainsi, vous seriez neutre après une hausse de « seulement » 33% (le cours passe de 50.- à 66.67) tandis qu’il faudrait une hausse de 100% pour retrouver l’équilibre sur le premier achat (50.- à 100.-).

Une baisse expliquée par un graphique

Le graphique ci-dessous présente un aperçu de la période 2000-2003, dans laquelle se sont enchaîné un ensemble d’événements négatifs : un ralentissement économique, l’éclatement de la « bulle internet », les attentats du 11 septembre, les guerres en Afghanistan (2001) puis en Irak (2003).

Indice américain Standard & Poor’s 500 (S&P 500) – réunissant les 500 plus grandes sociétés cotées sur les bourses aux Etats-Unis. Baisse de 48% entre le point le plus haut et le point le plus bas. Période 2000 – 2003.

Retenez que ce sont surtout le ralentissement économique (récession) et la hausse des taux d’emprunt qui font baisser les cours des bourses. Les marchés (bourses) étant gérés par des êtres humains émotionnels, les phénomènes qui accompagnent la récession sont des marqueurs supplémentaires qui augmentent l’intensité de la baisse et la nervosité des marchés (je vous renvoie à nouveau à cet article sur le risque et les émotions).

Tirer votre épingle du jeu

Benjamin Graham, père de l’investissement dans la valeur avec ses célèbres ouvrages Security analysis et L’investisseur intelligent, surnomme la bourse « Monsieur le Marché » et le nomme comme partenaire de l’investisseur. Ce partenaire sera tantôt euphorique (années 1928, 2000, 2007 etc.) et tantôt déprimé (1929, 2002 et 2008), ce qui permettra à l’investisseur que nous sommes de lui acheter (ou de compléter nos achats) à prix bas et de lui vendre nos titres à prix élevé.

Dans la plupart des marchés actions baissiers, et surtout s’ils sont violents, les entreprises en bonne santé voient aussi leurs prix chuter. C’est ici que vous pouvez tirer votre épingle du « jeu » en saisissant cette opportunité et en achetant ces titres « à bon compte ».

Apprendre à gérer une crise, c’est aussi être conscient que les marchés ne restent pas bas longtemps.

Oui, mais je n’ai pas de liquidités à investir puisque je suis déjà investi

Les périodes de hausse et de baisse sont aussi intéressantes pour pratiquer un rééquilibrage.

Selon une croyance bien établie, il faudrait avoir des liquidités prêtes à être investies pour pouvoir profiter d’une baisse de marché. Ce serait en effet idéal, mais c’est très rarement le cas. Aucun investisseur ne voit son patrimoine investi totalement en liquidités lors d’une chute des marchés. La majorité des investisseurs « long terme » n’ont qu’une partie de leurs portefeuilles en liquide et ils ne peuvent anticiper toutes les crises qui vont frapper l’économie.

A ma connaissance, seul Marty Mcfly pourrait avoir la chance de prédire l’avenir… 🙂

Cela dit, si votre patrimoine est asynchrone (s’il contient différentes classes d’actifs) ou s’il est suffisamment diversifié, vous pourriez vendre certains actifs hauts pour racheter certains actifs bas.

Par exemple en vendant des obligations pour acheter des actions ou en vendant des actions de grandes entreprises pour acheter des actions de petites et de moyennes entreprises (en général, en période de baisse, les grandes entreprises voient leur valeur diminuer moins fortement que les petites, ce qui vous donne l’opportunité d’arbitrer).

Augmenter votre épargne mensuelle ou annuelle pendant une période de crise est également une façon de vous différencier de la « foule » et de travailler à contre-courant. Il n’est pas évident d’aller à contre-courant, mais c’est une réelle façon de se distinguer sur le long terme.

Disclaimer

Attention toutefois à ne pas oublier de faire vos devoirs sur l’analyse approfondie de vos investissements et sur le maintien de la pertinence ou non de votre investissement. Votre conseiller financier est généralement de bon conseil et doit vous aider :), même si j’en ai vu certains recommander à leurs clients de vendre leurs portefeuilles fin 2008 et début 2009. Une histoire de pression psychologique, je vous dis…

Lors du prochain et – j’espère cette fois – dernier papier sur l’indépendance financière, nous parlerons de la volatilité. Je vous expliquerai pourquoi il faut du temps pour bâtir un patrimoine et montrerai que les espérances de rendement sont souvent déçues à court terme et réjouissantes à long terme. La volatilité y est pour beaucoup.

Au plaisir de lire vos commentaires sur cet article !

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