Prévoyance : ce qui change (ou pas) en 2021

2020 arrive en bout de course et je suis partagé entre l’enthousiasme de commencer la nouvelle année et, le doute de savoir si ce sera mieux… ou pire. 🙂 Une chose est sûre : la vie continue. Et qui dit nouvelle année dit adaptation de la prévoyance retraite. Faisons le point sur ce qui va changer en 2021, sur ce qui ne va pas changer et sur les discussions ouvertes pour l’avenir des retraites.

AVS : hausses des prestations

Si vous bénéficiez d’une rente AVS individuelle, vous percevrez entre 10.- francs (pour la rente minimale) et 20.- (rente maximale) de plus par mois dès le 1er janvier 2021.

Un couple percevra quant à lui au maximum 30.- de plus par mois.

De quoi vous offrir quelques cafés supplémentaires. Mais comme les cafés sont fermés…

Les rentes individuelles minimales et maximales seront donc portées dès le 1er janvier à respectivement 1’195.- et 2’390.-. La pension de couple sera adaptée au maximum de 3’585.-. La Confédération revoit le niveau des rentes chaque deux ans afin de les adapter à l’inflation.

Les taux de contributions AVS/AI restent inchangés l’an prochain. Toutefois, la votation en faveur du congé paternité fait progresser la taxe sociale APG de 0.05%. Les employeurs et les employés subventionneront cette hausse à parts égales. Le taux global de cotisation AVS/AI/APG pour les salariés passera donc de 10.50% à 10.55%. La même cotisation pour les indépendants sera adaptée à 9.95% contre 9.65% en 2020, pour la part maximale.

Quel avenir pour l’AVS ?

La Confédération rappelle au travers de l’office fédéral des assurances sociales que « les finances de l’AVS se détériorent toujours plus ». Elle a donc lancé un projet de réforme « AVS21 pour assurer l’équilibre financier de l’AVS jusqu’en 2030 tout en maintenant le niveau des prestations vieillesse ». La Confédération se retrouve en effet dans l’obligation d’affronter la réalité que le peuple a refusé d’aménager depuis les années 1970 avec trois refus de réformes dans les urnes.

Depuis 2014, les cotisations ne suffisent plus à payer les rentes. Le Conseil fédéral annonce que « ce problème ne fera que s’aggraver à partir de 2020 avec le départ à la retraite des personnes nées durant les années à forte natalité ». Les derniers baby-boomers passeront à la retraite en 2030.

À court terme, le Conseil fédéral propose d’augmenter la retraite des femmes à 65 ans et d’augmenter les recettes en 2022 grâce à un relèvement de la TVA.

Rendement inchangé dans le 2e pilier

Du côté du 2e pilier, le taux d’intérêt minimum LPP reste inchangé à 1% malgré la recommandation de la Commission LPP de le baisser à 0.75%. Cette commission consultative (non décisionnelle) est composée de 16 membres représentant la Confédération, les cantons, les employeurs, les salariés et les institutions de prévoyance telles que des caisses de pension ou des assureurs vie.

Retenez que ce pour cent de rétribution concerne uniquement la part minimum légale LPP et non la part sur obligatoire. Un taux différent peut frapper cette dernière. Un « rendement » de 0% n’est pas chose rare.

Quid de votre caisse de retraite ?

En termes de performance, je vous invite à chercher si votre deuxième pilier se trouve du côté des bons ou des mauvais élèves. Vous pourriez par exemple comparer le rendement moyen annuel des dernières années de votre caisse à la moyenne nationale. Selon un article d’investir.ch : sur les dix années comprises entre 2010 et 2019, la performance moyenne des caisses suisses s’est élevée à 4.2%. En prenant en considération la rentabilité probablement nulle de cette année 2020, le rendement moyen des dix dernières années devrait se monter à environ 3.9% pour la fin d’année 2020 (projection personnelle à fin octobre 2020).

Vous pourriez également vérifier le degré de couverture de votre fonds de pension. À la fin du premier trimestre 2020, et selon un article du Temps, les réserves moyennes des caisses privées se montaient à 108.9%. Pour faire simple, ce pourcentage précise le rapport entre la fortune de la caisse et ses engagements de rentes. Dit autrement : à 100%, toutes les prestations peuvent être payées. Dans la pratique, ce cas ne peut pas se présenter, mais c’est un bon indicateur de sécurité.

Le rendement annuel de la caisse doit donc être réparti entre les assurés et les réserves nécessaires aux fluctuations des marchés et des prestations payées aux bénéficiaires de rentes.

Plus de rachat possible les trois dernières années de travail

Restons dans le deuxième pilier. Jusqu’a aujourd’hui, vous pouviez bénéficier d’une sorte de passe-passe fiscalement attrayant. Je m’explique : si vous aviez retiré, durant votre vie active, une partie de vos avoirs de retraite pour financer l’achat de votre résidence principale, vous deviez rembourser votre caisse de ce montant avant de pouvoir y effectuer des rachats déductibles des impôts.

Les trois dernières années de cotisation avant la retraite constituaient une exception. En effet, durant ces trois années, vous pouviez épargner dans votre fonds de pension sans avoir à le rembourser au préalable. Ce ne sera plus possible dès le 1er janvier 2021.

Si vous êtes une femme de plus de 62 ans, ou un homme de plus de 63 ans, il ne vous reste que quelques semaines pour profiter une dernière fois de ce stratagème… Je vous recommande toutefois d’effectuer une ultime vérification avec votre administration fiscale.

Adaptation du montant déductible dans le troisième pilier

Dernière nouveauté concernant la prévoyance : le montant de l’épargne individuelle dans le troisième pilier sera augmenté en 2021.

Les salariés cotisants à une caisse de pension pourront déduire jusqu’à 6’883.- tandis que les indépendants seront limités à 34’416.- dans la limite des 20% du revenu déclaré à l’AVS.

Rappelons qu’au mois de juin 2020, le Conseil national a pris une position favorable pour le droit au rachat rétroactif dans le 3e pilier. Il suit ainsi le Conseil des États qui avait adopté la motion en septembre 2019.

L’idée ici est de « rattraper » les cotisations des années passées. Actuellement, une année fiscale est close au 31 décembre et la cotisation ne peut être versée rétroactivement.

À l’avenir, les versements rétroactifs seraient possibles tous les cinq ans. Le montant rachetable devra être réduit des retraits anticipés effectués pour l’acquisition d’une résidence principale. Sauf référendum, ce projet verra le jour prochainement.

Mon défi presque réussi !

Au mois de juin 2019, j’ai lancé le blog MaRetraite.ch, avec comme ambition de vulgariser la finance personnelle autour des thèmes de la retraite et de l’indépendance financière en vous donnant, cher lecteur, un maximum de valeur.

Quel bilan ?

Dans l’article où j’annonçais mon défi d’écrire un texte par semaine pendant un an, je mentionnais que MaRetraite.ch devrait contenir au moins 52 articles la semaine du 11 juin 2020.

Alors suspense… après 52 semaines, j’ai rédigé et mis en ligne… 51 articles.

Quel est ce fichu papier qui manque ? Dans le mille ! L’annonce du confinement, le vendredi 13 mars, m’a scotché sur place et un week-end n’aura pas été de trop pour reprendre mes esprits.

Je dois bien me trouver une excuse. 😉 En même temps, la sidération induite par cet événement me pousse à dire que mon article n’aurait trouvé que peu de lecteurs cette semaine-là.

J’y suis donc presque arrivé et ça n’a jamais été facile. Entre respecter les délais de parutions que je m’étais imposés, réparer les bugs inhérents à la plateforme internet, réécrire presque complètement des textes déplaisants, maintenir mon activité principale, continuer de suivre mes clients, être présent pour la famille et j’en passe, autant dire que ces 12 mois n’ont pas été une ligne droite.

Merci à ma femme, qui a relu mes premiers articles et m’a donné de forts bons conseils. Ce blog a vu le jour en grande partie grâce à elle.

Si cela vous intéresse, je vous propose, ci-dessous, une petite revue d’expérience.

Ce que j’ai appris

Je me rends compte, en écrivant ce bilan, que j’ai adoré ces mois d’écriture et qu’ils m’ont apporté beaucoup.

Humainement d’abord, et c’est le plus important ! De nombreuses personnes sont venues vers moi et m’ont permis de faire leur connaissance. Des blogueurs, des journalistes, des nouveaux clients, des banquiers, des assureurs, des gestionnaires de fortune, des conseillers financiers, et d’une façon générale des gens super sympathiques et bienveillants qui m’ont encouragé et remercié pour les idées et les astuces données dans les articles. Merci à vous !

Ensuite, j’ai dû apprendre à « écrire » de manière régulière. J’adore lire, mais écrire est une autre paire de manches, surtout dans un domaine qui peut être rébarbatif comme la finance ou pire : la retraite. J’ai donc dû trouver des stratagèmes pour rendre mes textes appétissants et digestes. Deux livres m’ont aidé à structurer mes textes et à trouver une certaine discipline d’écriture. Je ne peux qu’en recommander la lecture : « Mémoire d’un métier » de Stephen King et « The Boron Letters » de Gary Halbert.

Je tiens également à remercier Patrick pour les relectures et les nombreux conseils avisés.

Le plus compliqué ? la machine internet

Enfin, j’ai appris beaucoup de choses sur le blogging et sur la mise en ligne d’un site web.

Les publicités qui laissent entendre que créer un site internet est enfantin sont mensongères !

Publier un site web est compliqué et demande du temps. J’ai étudié des sujets plus ou moins barbares tels que l’optimisation du référencement, les Plug in, le SEO, le trafic, l’auto répondeur, les optin… Sans les écrits et la formation « Blogueur Pro », d’Olivier Roland, j’en serai encore à chercher la plateforme idéale pour mettre en ligne mon premier article… Cette partie technique du site web aura clairement été la moins fun ! Avec au minimum près d’un bug plus ou moins important par semaine, mon ordinateur a failli devenir le meilleur ami du mur de mon bureau. 🙂

Quels résultats ?

Au début du projet, je prévoyais de consacrer environ quatre heures par semaine pour écrire et mettre en ligne un article. Les pros du « time-management » recommandent de doubler le temps estimé pour accomplir une tâche mais, même avec huit heures, j’étais loin du compte. Si j’ajoute la « formation blog » et surtout la mise en place du site, l’équivalent de deux jours de travail par semaine n’aura pas été de trop. Beaucoup de samedi et de dimanche y sont passés.

J’avais effectivement omis un certain nombre de points tels que la recherche de contenu, la vérification des données et des chiffres, les nombreux bugs inhérents à la mise en place du site web, les mises à jour, le paramétrage des réseaux sociaux… bref vous l’aurez compris, ce n’était pas « juste » écrire.

Alors tout ça pour quels résultats ?

Vous êtes près de trois cents personnes à vous être abonnés au blog et près de trois cent cinquante sur Linkedin. Ce dernier représente, avec Facebook, le principal moyen de diffusion de mes articles. MERCI 😉

Si vous souhaitez me soutenir et ne rater aucune nouvelle à l’avenir, je vous invite à vous abonner directement au blog (en inscrivant votre adresse e-mail à droite de l’écran). En effet, les réseaux sociaux ne vous montrent que ce qu’ils veulent. 🙄

Et les meilleurs articles ?

Les trois articles qui ont attiré le plus de lecteurs sont dans l’ordre :

  1. Immobilier : faut-il rembourser votre dette hypothécaire.
  2. Racheter ma caisse de pension. Utile ou pas ?
  3. Quel niveau de dette hypothécaire à la retraite ?

La plus grande visibilité est toutefois venue du blog investir.ch, sur lequel Fabio Lopes m’a invité à écrire. Merci Fabio pour votre confiance 🙂

Les deux articles qui ont récolté le plus de suffrages sont ceux sur « la retraite à l’étranger : les bonnes questions à se poser avant de faire ses valises » avec 40’000 (!) vues chacun. Cliquez ici pour lire le premier article et ici pour le second.

Vos autres articles préférés ont été, avec près de 7’000 vues chacun : « Retraite : cotiser au troisième pilier ou au deuxième pilier ? » et « 2e pilier : prendre et placer son capital à la retraite ».

Quel avenir pour MaRetraite.ch ?

Tout cela dit, j’espère sincèrement que vous, chers lecteurs, avez pu retirer un grand nombre d’idées applicables dans votre situation personnelle ou pour votre métier.

Il me reste tellement de sujets à aborder que je ne peux que continuer de publier. 🙂

J’aimerais également vous proposer des vidéoconférences autour de l’immobilier, des investissements et de la prévoyance, des articles axés sur la pratique, des résumés de livres et des articles invités.

D’ailleurs, si vous avez envie de faire paraître un article et que vous êtes dans le domaine de la finance ou que vous travaillez dans un thème lié à la retraite (loisirs, voyages…), je reçois avec plaisir votre contact.

Ce bilan ne doit pas être à sens unique. Je cherche à améliorer tout ce qui est possible et surtout à répondre aux questions que vous pourriez avoir sur ces sujets. Sentez-vous libre de m’écrire via le formulaire de contact ou laissez simplement un commentaire ci-dessous.

Merci encore à vous pour vos commentaires, vos encouragements et vos suggestions.

Retraite et hallucination collective

Cette semaine, je suis tombé sur cet article hallucinant qui cite une étude de VZ, et relatant la confiance de la population dans l’avenir du système de retraite. Il en ressort notamment que « 54,4% des Suisses pensent que les rentes AVS seront dans vingt ans aussi sûres qu’aujourd’hui ». Je me demande, au vu des chiffres et de la démographie, comment autant de gens peuvent être certains de ce fait. Sommes-nous en présence d’une hallucination collective ?

L’avantage des chiffres est qu’ils ne mentent pas. Toutes les études montrent que les rentes de retraite vont sérieusement baisser à l’avenir. Le point le plus abracadabrantesque de cette étude est la confiance que mettent les citoyens dans le premier pilier (AVS). C’est pourtant la partie la plus à risque des trois piliers. Très loin devant le deuxième pilier. Les auteurs concluent que les citoyens sous-estiment largement le problème.

L’AVS, ce pot commun

Pour rappel, l’AVS est un système de répartition créée en 1948. Le but de cette assurance sociale est d’offrir le minimum vital à la retraite. Son financement était assuré jusqu’alors par les travailleurs cotisants. Depuis quelques années, la ponction sociale sur le salaire n’est plus suffisante et une grande partie (un tiers !) de l’impôt fédéral direct complète le trou. Nous pouvons ici nous demander jusqu’où les impôts devront satisfaire un rôle social dans la structure de prévoyance.

Le premier pilier s’apparente à un pot commun nourri par la population active et dans lequel se servent immédiatement les retraités. Il n’existe pas d’épargne individuelle ou collective ici. Lors de son instauration, la rente servie équivalait au maximum à une dizaine de pour cent de l’ancien revenu. Notons également que l’âge de la retraite était fixé à 65 ans et que l’espérance de vie était de 65 ans… Enfin, 10 travailleurs cotisaient pour financer un pensionné.

Effondrement démographique et hausse de l’espérance de vie

Aujourd’hui, et après de nombreuses modifications opérées par la génération du baby-boom, nous constatons que la rente maximum s’élève à 28’440.- par an, ce qui correspond à plus de 35% du salaire moyen helvétique (augmentation de 250%). L’âge de la retraite est quant à lui resté inchangé à 65 ans, mais l’espérance de vie a grimpé à 85 ans (+ 30%). Et surtout, un retraité ne voit que 3 travailleurs pour lui verser une pension (- 70%). Les actifs seront moins de 2 (!) dans dix ans, lorsque le dernier baby-boomer passera à la retraite. L’effondrement démographique est réel.

Donc même en cherchant bien, je ne vois pas où l’on peut placer de la confiance dans cette structure.

Relevons enfin que, tant en Suisse qu’en Europe, le développement des systèmes de retraite s’est accompagné de la forte croissance des trente glorieuses et d’un taux d’emploi élevé. Tout ceci n’est plus d’actualité sauf, peut-être, pour le chômage qui – en Suisse – reste faible en comparaison européenne.

Alors sauf si les gens interviewés ont un plan caché pour l’avenir, je ne vois pas comment l’AVS existera en l’état dans dix ans. Je ne parle même pas pour dans 20 ans…

Je vous renvoie à mon article sur le fonctionnement des trois piliers pour plus d’informations.

Quelles solutions ?

Si vous êtes actif, et que vous vous demandez comment préparer votre retraite, vous pourriez penser à épargner en troisième pilier, à racheter votre caisse de pension et surtout à construire votre patrimoine. Devenir propriétaire de votre résidence principale vous permettra également de faire des économies pendant longtemps. Ces dernières pourront être réinvesties.

Si vous êtes déjà retraité, vous disposez évidemment de moins de marge de manœuvre. Réfléchissez à long terme et ne tenez pas vos rentes comme acquises : les prestations du premier et du deuxième pilier pourraient se voir infliger des charges sociales dans le futur qui baisseront de facto vos revenus. Investir votre épargne ou vendre la maison familiale peuvent être des pistes.

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